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La
mondialisation est devenue le maître-mot de la politique économique imposée
tantôt par la persuasion, tantôt par la violence armée, sous le double prétexte
de répandre les bienfaits de la liberté d'entreprendre et de la démocratie
pluraliste, d'un côté, et de la lutte contre toutes les formes d'extrémisme
religieux, dont on fait croire qu'il serait le monopole des adeptes de l'islam,
au point où sont associés à cette religion, et de manière délibérée et
systématique, les termes «radicalisme» et «terrorisme».
Ainsi, le sionisme, idéologie religieuse fondamentaliste, car elle se réclame du retour aux racines du judaïsme, telles qu'elles expriment dans les différents livres de la Bible juive, est-il dans la presse et les médias dits du «monde libre» présenté comme un mouvement «laïc» nationaliste et «démocratique». La mondialisation, une idéologie «politiquement neutre et fondée sur des analyses objectives ?» On veut faire croire, dans la même veine, que la poussée vers la mondialisation constitue seulement l'imposition d'un modèle économique, ayant des fondements scientifiques démontrés par les analyses de fournées d'économistes utilisant les découvertes les plus récentes de l'économétrie aidée des avancées de l'informatique, qui garantirait la prospérité pour toute l'humanité et une ère de bonheur universel partagé. Ceux qui prôneraient la mondialisation seraient donc des «humanistes» généreux qui trouveraient leur bonheur dans cette ère de prospérité touchant tous les membres de la race humaine, sans distinction de race ou de religion, puisque, par définition, les analyses qui conforteraient cette idéologie seraient totalement neutres, ou politiquement aveugles, car elles tirent leur force de l'étude de données statistiques à la fois complètes et précises. Ainsi, selon les doctrinaires de la mondialisation, qui trouve sa concrétisation dans l'Organisation mondiale du commerce, (OMC), cette neutralité idéologique constituerait la garantie que la fusion des économies nationales dans une économie mondiale sans frontière n'aboutirait pas à la domination de cette économie ouverte par un seul groupe de pays ou de sociétés «transnationales». La «dénationalisation» de l'économie mondiale rendrait impossible, selon ces théoriciens de l'économie mondialisée, l'exploitation des petits peuples par les grandes puissances, et assurerait la diffusion des richesses créées, grâce à la libération des énergies créatrices qui provoqueraient automatiquement les mécanismes du marché libéré de toute contrainte réglementaire établie par les Etats et les gouvernements nationaux. La conclusion que l'on tirerait, selon les idéologues mondialistes, serait donc qu'il est de l'intérêt bien conçu de toute nation et de tout gouvernement «nationaliste», d'embrasser la mondialisation, sans réserve et sans retreinte, car elle assurerait la prospérité de son peuple et le mettrait, de manière définitive, sur la voie du progrès, tant économique que social, et assurerait aux gouvernants la paix et la stabilité intérieure comme extérieure. Une gouvernance économique mondiale, garantie de la prospérité universelle ? En bref, selon ces doctrinaires, la création d'une gouvernance mondiale des économies nationales, fondée sur les mêmes règles dictées par les «lois universelles du marché» ferait disparaître les disparités inter-étatiques et internationales qui découleraient des différences dans la distribution des richesses naturelles, des inégalités des niveaux de développement technologique. On aboutirait à la situation où l'uniformité des politiques et des réglementations économiques et fiscales ferait disparaître totalement les causes de l'exploitation des plus forts par les plus faibles, et donnerait à ceux-ci les mêmes avantages dans l'économie de concurrence mondiale, qu'aux entreprises «supranationales» qui dominent la scène économique internationale, et qui détiennent le monopole de la technologie et du commerce international, dont elles fixent les règles de jeu, faussées à leur avantage exclusif, grâce aux exonérations fiscales que leur accordent les gouvernements de leurs pays d'origine, aux subventions plus ou moins occultes dont elles bénéficient de la part de ces pays, aux règles protectionnistes opaques imposées par ces mêmes pays au profit des produits de ces «multinationales» et des politiques en matière de sécurité nationale qui freinent les concurrents étrangers. La mondialisation, un jeu où les plus riches se donnent le droit de tricher lorsque les lois du marché jouent contre leurs Intérêts Le grand paradoxe dans la mondialisation est que les pays qui sont à la pointe de la lutte pour une économie mondialisée sont les premiers à tout faire pour que cette mondialisation n'échappe pas à leur contrôle et qu'ils en monopolisent les avantages, sans compter le fait que leur politique monétaire, qui est loin d'être motivée par des raisons de pure économie, leur assure un quasi-monopole dans l'émission des liquidités destinées à fluidiser les échanges internationaux, en dehors de tout contrôle international et sous la seule dictée de leurs intérêts nationaux. Ils exigent des autres pays du monde la clarté dans les échanges internationaux qu'eux-mêmes se gardent de s'imposer sans regard pour leur propre sécurité et leurs propres intérêts. La mondialisation n'a pas fait disparaître le déséquilibre entre pays du «centre» et pays «de la périphérie», elle l'a exacerbé, au contraire, car elle contribue à diffuser un mode de vie fondé exclusivement sur la consommation, par les pays de la périphérie, de produits conçus et fabriqués par les pays du centre. La mondialisation diffuse des modèles de consommation bénéfiques aux économies des pays les plus riches Loin d'avoir assuré une diffusion internationale de la prospérité, la mondialisation a créé une uniformité dans la consommation fondée sur le mode de vie des pays les plus riches, et a abouti à la désindustrialisation des pays les plus vulnérables économiquement, socialement et politiquement, et a créé, sous le slogan de dégagement de l'Etat de toute la sphère économique, une classe mondiale de «compradores cosmopolites» aux loyautés politiques ambiguës, même s'ils bénéficient de tous les droits de citoyenneté et de l'accès à toutes les fonctions reflétant la souveraineté nationale. L'Algérie, membre clandestin de l'OMC et victime de la mondialisation L'Algérie n'a pas échappé à ce phénomène de perte par l'Etat national de tout contrôle de son économie, et on a vu non seulement disparaître de manière quasi totale tout le tissu industriel créé, ex-nihilo, depuis l'indépendance nationale, à coût de milliards de dollars de sacrifices de la population, mais également l'éclosion d'une classe d'importateurs-importateurs, ou de «piranhas voraces» des projets sociaux et infrastructurels de l'Etat, dont les richesses accumulées grâce à la rente pétrolière distribuée généreusement, se retrouvent en bonne partie dans des comptes aux quatre coins de la planète, ou sont investies, paradoxalement, dans le sauvetage d'entreprises industrielles de pays avancés. Ils se gardent bien d'investir dans la ré-industrialisation de notre pays, mais trouvent le moyen, malgré les multiples freins mis à l'exportation des capitaux, d'aller à la rescousse d'entreprises privées en difficulté dans les pays dits «industrialisés». La privatisation a créé une classe de compradores cosmopolites prédateurs et monopoliseurs de la rente pétrolière Une étude, même superficielle, de la source des richesses de ces «milliardaires-minute» - dont les fortunes dépassent même celles de nombre de chefs d'entreprises des pays avancés, y compris celles accumulées par le nouveau président élu de la plus grande puissance du monde - montrerait qu'elles proviennent de la destruction de l'industrie nationale, sous l'effet de l'ouverture du marché national, devenu le bazar tant critiqué par la plus haute autorité du pays, mais néanmoins encouragé en sous-main, à des fins de politique intérieure et étrangère évidentes, de l'adoption, en conséquence, du mode de consommation des pays les plus riches, et de la politique «sociale» à travers tant les subventions aux produits de première nécessité qu'à l'accès au logement, toutes aussi légitimes les unes que les autres. Le secteur privé en Algérie est loin d'avoir contribué ni à la richesse nationale - il est le plus gros bénéficiaire de la politique de distribution de la rente, sous toutes ses formes - ni au minimum d'autosuffisance qui permet au pays de maintenir un minimum d'indépendance économique. Le réseau de distribution de Häagen-Dazs, le symbole de la turpitude de l'économie nationale L'économie algérienne, tous secteurs inclus, s'est non seulement «omécisée» sans limite, et bloquant toutes retombées positives assurant le développement d'une base productive projetant un avenir de prospérité continue aux citoyens de ce pays, mais également s'est «häagen-dazsée», c'est-à-dire s'est ouverte à l'importation de produits aussi banals et aussi faciles à concevoir et à produire localement que la glace. Devant cette invasion de produits à faible contenu technologique et aisément fabricables en Algérie avec de la matière première nationale, les simples et directes questions suivantes apparaissent dans toute leur pertinence, car elles soulèvent la problématique cruciale de l'évolution économique et politique comme sociale du pays, qui a pris le mauvais sentier débouchant inévitablement sur l'impasse, quelle que soit par ailleurs l'évolution du niveau des prix internationaux des hydrocarbures. A quoi servent ces milliers d'ingénieurs en toutes spécialités, de «managers», chimistes, biochimistes, pharmaciens industriels, médecins, laborantins, etc. que déversent annuellement les dizaines d'universités, de centres de formation professionnelle, si nos entrepreneurs, qui maintenant exigent un «partenariat public-privé» payé évidemment avec les actifs et l'argent public, ne sont même pas capables de créer une marque algérienne de glace à consommer ? Pourquoi ces supérettes, supermarchés dominés par quelques groupes de milliardaires algériens ne contiennent-ils, en guise de produits nationaux, que des légumes et des fruits de mauvaise qualité ? Pourquoi ces mêmes richards, qui peuvent accéder à n'importe quelle fonction supérieure de l'Etat, parce qu'ils remplissent, dans leur majorité le double critère de la nationalité unique et de la résidence permanente de dix ans sur le territoire national, refusent-ils de lancer des investissements dans la création de réseaux de sous-traitants nationaux pour approvisionner leurs supermarchés «à la mode française» tout en jouant aux «super-nationalistes» prêts à sauver l'Algérie du chômage, de la misère, de l'instabilité politique et sociale, pourvu que l'Etat les aide à devenir encore plus riches en leur cédant à un prix de «copain et de complice» les infrastructures industrielles et les terres publiques ? Avant d'exiger plus, ces entrepreneurs, qui n'ont rien d'entreprenant, feraient mieux de prouver qu'ils ont réellement les intérêts de la population dans leur esprit et dans leur cœur, en lançant des investissements - et en aidant les petites entreprises - destinés à mieux explorer et exploiter les ressources naturelles nationales pour couvrir la consommation, au lieu de recourir systématiquement à l'importation, même pour un produit aussi simple à produire que de la glace, auquel on peut ajouter la vinaigrette et la sardine à l'huile importée et tous ces produits simples à fabriquer localement, mais importés, qui se trouvent alignés par milliers sur les étagères des superettes et autres centres commerciaux algériens. En conclusion L'Algérie est de droit, comme de fait, membre de l'OMC, même si on continue à entretenir la fiction officielle qu'elle poursuivrait ses négociations pour son adhésion avec cette organisation internationale, nouveau symbole de la domination, sans contrepoids, des intérêts économiques, monétaires, politiques, sociaux et militaires d'un groupe très restreint de pays puissants. Cette adhésion, non officiellement annoncée, a abouti à l'ouverture du pays, sans contrepartie, et sans réciprocité, à toutes les sociétés de services étrangères, dans l'assurance, la banque, le consulting, la publicité, la promotion immobilière, la téléphonie mobile, etc., et à toutes les marchandises et à la main-d'œuvre, sans restriction de pays d'origine ou de nationalité, et également sans considération pour les conséquences désastreuses et quasi irréversibles de cette ouverture sur l'industrie locale, si peu dense et si peu diversifiée qu'elle ait jamais été. La privatisation et l'encouragement de l'entreprise privée nationale, qui a complété cette adhésion non déclarée à l'OMC, a abouti à l'éclosion d'une race de prédateurs qui ont simplement réussi à détourner une partie de la rente pétrolière à leur profit, avec la complicité d'autorités publiques, et qui a rendu le pays encore plus dépendant de l'etranger pour satisfaire les besoins d'une population maintenant habituée à accéder aux besoins de consommation des pays les plus avancés. Le secteur privé veut, jouant des incertitudes politiques, et utilisant le slogan de la coopération public-privé, s'accaparer à vil prix du domaine public sous le prétexte de mieux contribuer à la croissance économique et à la création d'emplois. La faillite de la politique des zones industrielles, transformées en dépôts de produits d'importation, ou détournées pour la promotion immobilière, l'inexistence d'industries de transformation nationales pour l'approvisionnement des supérettes et supermarchés, qui poussent comme des champignons à travers le pays, mais ne distribuent que les produits importés, constituent les preuves, a contrario, que l'Algérie n'a pas un secteur privé national dans le sens propre du terme, mais une classe de compradores cosmopolites qui, comble du paradoxe, se présentent comme des sauveurs, des «nationalistes» aptes à prendre les rênes du pouvoir dont ne les écartent ni la Constitution nationale actuelle ni ses textes d'application. On risque d'avoir, dans les années à venir, un président ayant une seule nationalité, remplissant les conditions de séjour, mais dont les intérêts se confondent avec ceux de puissances étrangères et qui dirigera ce pays, en conformité avec ces intérêts, et non ceux de l'Algérie. On peut faire commerce de la vente de son pays à l'encan et, paradoxalement, être jugé apte à occuper n'importe quelle fonction officielle sans restriction ! L'implantation de Häagen-Dazs - fondée par Reuben Mattus, un sioniste extrémiste qui a été un grand financier du rabbin Kahane, le précurseur du Likoud actuellement au pouvoir en Israël - dans le pays constitue le symbole le plus clair d'une politique de libéralisation devenue sauvage et périlleuse pour la stabilité, et qui garantit à l'Algérie des lendemains de pleurs et de sang, sous le goût doucereux, mais empoisonné, d'une glace autrement plus dangereuse pour l'économie et l'indépendance du pays qu'un haut fonctionnaire ayant une double nationalité et occupant un grade élevé dans la hiérarchie du pouvoir politico-administratif. L'économie de bazar va-t-elle déboucher sur la «bazardation» de l'Etat national ? Est- il trop tard pour «déhäagandazser» l'économie algérienne pour sauver l'Algérie ? Questions dangereuses, mais qu'il est nécessaire de poser en final. |