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Suite et fin
Une crise dont «les conséquences aujourd'hui ne sont encore qu'un préliminaire compte tenu des événements à venir qui auront à changer la face du monde». LA CRISE DE LA DETTE SOUVERAINE DE LA GRECE, PAR EXEMPLE, EST UN CAS D'ECOLE POUR LES PAYS EN DEVELOPPEMENT. 3. LES PLANS DE SOUTIEN FINANCIER NON CONVENTIONNEL CONTRE LA CRISE AUX ÉTATS-UNIS Aux États-Unis, le même processus a joué et en plus fort. La première opération de sauvetage des banques et soutien à l'économie, après l'éclatement de la crise financière, s'est déroulée de l'automne 2008 au printemps 2010. Cet assouplissement monétaire non conventionnel ou quantitative easing (QE1) en fin de programme a permis à la Banque centrale américaine (Fed) de racheter des titres publics et privés pour un montant de 1700 milliards de dollars. Les déficits publics enregistrés sont gigantesques. De -3,1% du PIB en 2006, le déficit public américain passe à -7,2% en 2008. En 2009, il est à -12,8%. En 2010 à -12,2%, en 2011 à -10,7%, en 2012 à -9%. (4) La dette publique américaine s'envole avec la crise financière de 2008. A 8950 milliards de dollars (64,3% du PIB) en 2007, la dette passe à 9986 milliards de dollars en 2008, à 11 875 milliards de dollars en 2009, à 13 528 milliards de dollars en 2010. Les exercices 2008 à 2010 ont fait augmenter la dette publique américaine de 4578 milliards de dollars. La politique expansionniste américaine est facilitée par le statut du dollar dans le système monétaire international. Première monnaie internationale, le dollar jouit du «premier droit de seigneuriage» sur le monde. Combien même l'euro, la livre sterling et le yen jouissent du droit de seigneuriage, il demeure cependant que «leur droit reste vassal au droit de seigneuriage du dollar» qui lui dispose du double statut de monnaie de réserve et de compte (facturation) des matières premières dont le pétrole des pays du Moyen-Orient et du Maghreb. On comprend mieux pourquoi la première phase de soutien de la Réserve fédérale américaine (Fed) à l'économie américaine et les opérations de sauvetage et de relance qu'elle a procédée entre l'éclatement de la crise financière en 2008 et 2010 dépasse celle de la zone euro. En novembre 2010, s'enclenche la deuxième phase de soutien financier pour l'économie américaine. A l'instar de l'Europe, un second assouplissement monétaire quantitatif, ou quantitative easing (QE2), est mis en place pour un montant de 600 milliards de dollars. La Fed a racheté des titres (bons de Trésor toutes maturités confondues) et des créances titrisées détenus par des institutions financières américaines pour favoriser l'accroissement de l'activité économique américaine. Ce qui a évité aux États-Unis les contraintes financières et donc un fort ralentissement économique. En juin 2011, le QE2 en fin de programme a atteint un montant de 1000 milliards de dollars. C'est dire que le taux directeur de la Fed proche de zéro et les QE1 et QE2 étaient nécessaires pour permettre de sauver l'économie de la crise de 2008 et à relancer l'économie. Il faut rappeler que le taux de chômage après la crise financière est passé de 4,5% en 2008 à 10% en 2009. Ce qui est un record pour la population active américaine. Le seul record dépassé depuis la fin du Deuxième Conflit mondial était celui de 1982 : le taux de chômage américain est passé de 7% en 1981 à près de 11% en 1982. Après un plan de relance de 447 milliards de dollars annoncé par le président Obama le 9 septembre 2011, le président de la Fed Ben Bernanke à son tour annonce le 22 septembre 2011 une nouvelle opération du nom de code « Twist ». Il s'agit pour redynamiser la croissance de faire reculer les taux d'intérêt à long terme en jouant simplement sur les maturités du portefeuille obligataire américain. L'objectif poursuivi consiste de vendre des titres à court terme pour acheter des bons de Trésor ou hypothécaires à long terme, et par ses opérations croisées, d'anticiper des rendements à long terme plus bas que ceux que le QE2 a permis. D'autant plus que le Trésor a accru le montant de ses émissions de titres sur les maturités comprises entre 10 et 30 ans, et avec des taux d'emprunt plus bas, celui-ci peut se financer à moindre coût, comme d'ailleurs les entreprises et les investisseurs immobiliers américains. L'opération Twist a une portée globale sur l'économie et se fait sans création monétaire. Les opérations d'enchères inversées de rachats de dettes souveraines ont stérilisé les liquidités injectées par l'échange de titres à court terme contrairement aux deux phases de rachats d'actifs non stérilisés (QE1 et QE2). Le 21 juin 2012, la Fed annonce qu'elle prolonge jusqu'à la fin de l'année son programme d'échanges d'obligation du Trésor américain qui était censé s'achever le 30 juin. Notons toutefois qu'à cette date le taux de chômage aux États-Unis reste encore élevé (8,2%), et la Fed prévoit que la croissance économique américaine « restera modérée dans les trimestres à venir et qu'elle se redressera ensuite très progressivement ». Le 13 septembre 2012, le Comité de la politique monétaire de la Fed (FOMC) annonce un nouveau programme (QE3), de 85 milliards par mois d'achats d'actifs financiers, dont 45 milliards de dollars d'obligations du Trésor US. Contrairement aux QE1 et QE2, le QE3 n'a pas de date d'expiration précise. Il sera conditionné par la performance du marché du travail selon le FOMC. Si le marché du travail s'améliore substantiellement, ce programme sera terminé, si, au contraire, le marché du travail ne s'améliore pas, la Fed poursuivra et pourra même renforcer le QE3. La mise en œuvre du QE3 aura les mêmes effets que l'opération Twist, qui est d'abaisser encore les taux d'intérêt à long terme des obligations d'Etat et des créances hypothécaires (MBS) et d'entreprises, contribuant ainsi à la reprise du marché immobilier et à l'amélioration de l'économie américaine. Pour l'Opération Twist, la Fed annonce qu'elle continuera jusqu'à la fin de l'année son programme de rallongement de la maturité moyenne des actifs détenus par la Réserve Fédérale. Ces actions devraient mettre la pression baissière sur les taux d'intérêt à long terme, et donc aider à rendre les conditions financières générales plus accommodantes. 4. UNE «MAIN INVISIBLE GOUVERNE LE MONDE», ET CE JUSQU'AU DERNIER DOLLAR, DERNIER EURO? DERNIER CENTIME Ce programme américain ne devrait pas entraîner la hausse du taux d'inflation qui restera proche de l'objectif de la Fed de 2%. Une question cependant se pose à juste titre sur ces formidables liquidités émises par l'Occident depuis 2008. « Pourquoi il n'y a pas eu d'inflation en Occident ? » Ni d'inflation généralisée à l'ensemble du monde comme dans les années 1970. Une véritable énigme, devrons-nous dire ? La réponse en réalité peut être toute simple. Contrairement à la crise de 1929 où le monde a vécu la dépression des années 1930 avec des dizaines de millions de chômage par le monde, la crise de 2008 a fait irruption avec une humanité qui a complètement changé. Aujourd'hui, il existe un formidable gisement d'absorption. La décolonisation du monde a ouvert une nouvelle voie à l'humanité. Une humanité qui compte plus de 7 milliards d'êtres humains, alors que l'Occident de naguère en 1930 qui représentait moins de 500 millions régnait sur 1,5 milliard d'êtres humains. En 2015, ce rapport Occident/reste du monde s'est encore démultiplié. L'Occident compte pour moins de 14% de la population mondiale, soit environ un milliard d'êtres humains. Et demain dans les 50 prochaines années ou plus, avec le vieillissement et la chute de la natalité, l'Occident comptera probablement moins de 10%. De plus la situation économique d'aujourd'hui n'a rien à voir avec les années 1980. La Chine s'est reconvertie à l'économie de marché. Deux puissances économiques mondiales sont en train de monter en Asie, la Chine et l'Inde. L'Amérique du Sud a dépassé la situation d'endettement des années 1980, comme d'ailleurs la Russie, le Proche et le Moyen-Orient et l'Afrique. La situation d'endettement s'est inversée aujourd'hui, c'est l'Occident qui s'est endetté par la perte d'une partie de son industrie (délocalisations) et de compétitivité donc dans le commerce mondial. C'est dire que les dix mille milliards ou plus de dollars, d'euros, de livres sterling et de yens qui sont allés remplir les coffres des Banques centrales des 171 pays du reste du monde (excédents commerciaux), ont gonflé certes leurs réserves de change dont avaient besoin ces pays pour leur croissance, mais entrent aussi comme une conséquence due à la transformation à la fois démographique, politique et économique de ce monde. En d'autres termes, une croissance optimale mondiale relevant de l'historicité du monde. Et c'est cette ironie de l'histoire qui en fait n'est pas une ironie mais « un développement nécessaire du monde par les gisements même que ceux-ci offrent qui ont voulu cette inversion de la situation mondiale ». Les États-Unis, l'Europe des 28 et le Japon qui constituent 30 États et en 2015 cumulent seulement 962 millions d'habitants (320 pour les USA, 515 pour l'UE des 28 et 127 pour le Japon) émettent les principales monnaies de réserves du monde pour les 171 États que compte le reste du monde, d'une population d'environ 6 milliards d'être humains. N'est-ce pas naturel que les pays d'Occident se trouvent endettés et globalement débiteurs nets (mais en leurs monnaies) envers le reste du monde ? N'est-ce pas naturel que ces montants colossaux émis par l'Occident pour sauver son économie permettent aussi la croissance économique du reste du monde ? Sinon à quoi serviraient l'Occident et la détention des principales monnaies mondiales pour l'Humanité et l'Histoire du monde ? L'Occident a été sauvé mais des centaines de millions d'emplois ont été crées en Chine, en Inde, en Russie, au Brésil, en Algérie, au Maroc?, et dans tous les pays d'Afrique, d'Amérique du Sud et d'Asie. Les pays du BRICS ont pris de la vigueur, et non moins les pays arabes exportateurs de pétrole, parce que cela fait partie de la trajectoire historique de l'humanité. Et l'Occident aussi en a profité en soutenant son économie après la crise. Naguère l'Occident en son temps s'est déversé sur le monde, et encore de la manière la plus odieuse, par la colonisation, c'est-à-dire le fer et le sang. Qui doit-on dire incriminer aux « Yeux de l'Histoire ». La colonisation ? La libération ? La crise financière ? Le « droit de seigneuriage » de l'Occident ? Les délocalisations d'entreprises occidentales vers le reste du monde ? Le Progrès du reste du monde ? Mais ce qu'on ne peut oublier est qu'il y a une « loi du Progrès » constante dans le développement du monde. Et ce « Progrès qui a force de loi » est tout aussi nécessaire aujourd'hui qu'il l'a été hier. N'y a-t-il pas une harmonie dans le développement du monde ? Comme avant comme aujourd'hui ? Le processus économico-financier qui joue depuis au moins trois décennies entre dans un contexte évolutif naturel. La croissance hors-Occident a pris le relais de la croissance Occident qui se saturait économiquement, un processus non seulement naturel et auquel l'Occident n'y pouvait mais a été aussi complémentaire. Sans ce gisement que constituent ces 6 milliards d'êtres humains, l'Occident aurait dépéri comme il l'a été lors des années 1930. Donc, il y a une «Main invisible» (Adam Smith), ou plus simplement une «Main de Dieu qui gouverne le monde», et ce jusqu'au dernier dollar, dernier euro? dernier centime. Que tous les QE1, 2, 3 et Twist ou SMT, LTRO, T-LTRO, etc., ne sont que des évènements contingents nécessaires à la bonne marche du monde. Des lois de la Nécessité qui font avancer l'humanité. 5. QU'EN SERA-T-IL DEMAIN, EN 2016? ? Le monde s'achemine vers des horizons incertains. Il y a aussi beaucoup d'incertitudes lorsque la Réserve fédérale américaine procèdera au relèvement de son taux d'intérêt directeur court ? «Que se passera-t-il en 2016? ?» N'y aura-t-il pas un «nouveau tour de vis monétaire» qui vient compléter celui déjà en cours ? la chute des cours pétroliers ? Il est évident que la Banque centrale américaine est souveraine dans sa politique monétaire. Et tout fait penser que la nouvelle gouverneure Janet Yellen, et son comité directeur le FOMC, s'apprête à relever ce taux qui est presque au plancher à 0,25%, depuis le 16.12.2008, soit plus de six ans et demi. Et tout laisse penser qu'il commettra des préjudices graves pour l'économie mondiale, surtout pour les pays du reste du monde. En cet été 2015, les nouvelles venant de la Chine et de la politique monétaire américaine ne présagent rien de bon pour les pays hors Occident, notamment les pays arabes et d'Afrique ? les pays pauvres de la mondialisation. Mais le problème évident est qu'en cas de relèvement d'intérêt soutenu de la Réserve fédérale américaine, il existe aussi un « risque d'un krach obligataire à l'échelle mondiale ». La Chine engrange 3 952,130 milliards de dollars (5) en 2014 et tous investis en placements en bons de Trésor aux États-Unis et en Europe. Et un krach obligataire s'il venait à éclater lui occasionnerait de lourdes pertes financières. Et cela entre dans les risques d'accumulation d'excédents en Chine qui doit évidemment penser à cette perspective, d'y parer aux pertes ou du moins à limiter le plus possible le montant de leurs pertes. Et ce que risque la Chine le risque également les autres pays émergents (Russie, Inde, Brésil...) et pétroliers. Ces derniers aura à affronter une « double contrainte, pétrolière et obligataire ». Qu'en est-il de ce compte à rebours qui s'est imposé par la force même des conjonctures économiques historiques ? Que les puissances occidentales, les pays émergents et en développement, pris dans la nasse de la mondialisation, ne peuvent réagir que selon ce que offrent les possibilités politiques et économiques à chaque acteur de l'économie mondiale. Aussi que peut-on dire sur ce compte à rebours ? Et le sens de la crise mondiale? ? Il appartient à ceux qui auront à lire cette analyse de réfléchir à cette « main invisible », qui, visible par ses effets, doit les inspirer pour dire ce qu'ils en pensent. Et ce pour enrichir le débat d'autant plus qu'il concerne « leur avenir, l'avenir du monde et l'avenir des peuples » A vous, messieurs les lecteurs, la parole ? Note : 1. Les Echos Data. Source : Eurostat et OCDE. http://data.lesechos.fr/pays-indicateur  ; 2. Le Bilan mondial 2011 du journal français « Le Monde », page 5 3. Ibid. page 28 4.Les Echos Data. États-Unis. http://data.lesechos.fr/pays-indicateur  ;:etats-unis 5. Echos Data. Chine. http://data.lesechos.fr/pays-indicateur  ;:Chine |