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Il était une
fois, un prince des croyants qui chérissait son peuple - qualifié de Cha3bi El
3aziz - avec l'assistance de son «superflic» Hadjaj Benyoucef du royaume, Dris
Basri.
Il avait tellement aimé son peuple qu'il sacrifia pour lui, entre autres, son élite militaire dont le Général Oufkir qui, avant sa mise à mort*1, fut informé du sort infernal de sa famille. Cette dernière qui allait vivre une descente aux enfers, une horreur qui laissa pourtant, de glace, la «liberté, égalité, fraternité» froide même après l'évasion des quatre enfants Oufkir qui parvinrent, en s'évadant après avoir creusé un tunnel sous terre de leurs mains nues, à rejoindre l'Espagne puis la France, pour dévoiler au monde entier, au micro de RFI, leur calvaire. Ils furent, cependant, réexpédiés vers le Maroc - relation avec «Notre ami le Roi»*2 oblige -. Néanmoins, les dix-neuf années des ténèbres lucifériennes, que vécurent ces innocents/coupables, donnèrent autant à la littérature carcérale marocaine, en l'enrichissant par «La vie devant moi»*3, «Les jardins du roi»*4, «La prisonnière et l'Etranger»*5 et «Les invités»*6, qu'à la Une des journaux et dépêches du Quai d'Orsay. Par ailleurs, ironie de l'histoire, ce même Oufkir, alors chef de la police secrète de sa majesté, fut jugé et condamné par contumace par la justice française en 1967, pour enlèvement*7, torture et assassinat de Mehdi Ben Barka (1920-1965), figure historique du mouvement national marocain sous le protectorat et leader de l'opposition au début du règne de l'ex-président du comité Al-Qods. Pour le général de Gaulle, interrogé par des journalistes en 1966, l'implication française se limiterait à des niveaux subalternes !? Et bien que son fils Bachir Ben Barka, nourrissant l'espoir de connaitre la vérité, rien que la vérité, sur la disparition de son père dans le territoire du pays, qui ne veut pas fonder ses relations «sur le mensonge» en étant prêt à lever même le précieux secret-défense comme c'est le cas pour les moines de Tibhirine, notamment après la diffusion de quatre mandats d'arrêt visant de grosses pointures au service de sa majesté. Ces mandats d'arrêt dont ils ont fait l'objet, signés par le juge d'instruction parisien Patrick Ramaël le 22 octobre 2007, alors que le locataire des Champs Élysées effectuait une visite officielle au Maroc, avaient plongé la tour Eifel dans l'embarras et provoqué un incident diplomatique avec Rabat. Restés sans exécution sous l'ancienne ministre de la Justice, désormais au Parlement européen, ces mandats avaient finalement été transmis à la mi-septembre au ministère de l'Intérieur, puis notifiés ces derniers jours à Interpol. Paradoxalement, le soir même de leur diffusion internationale, la procédure de ces documents «gênants» fut suspendue ! Le rêve de la famille de Ben Barka ne fut que de courte durée ! Son fils, qui qualifie cette soif de vérité comme course contre le temps, insista en disant: «Chaque année compte car les témoins vieillissent et nous n'aimerions pas que la vérité parte au fond d'une tombe.»*8. Et sans risquer de «sauter de la grenouille à l'éléphant», c'est un secret de polichinelle que d'évoquer la complaisance diplomatique du «bleu, blanc, rouge» avec le «rouge noyant l'étoile verte» ! Le lièvre qui a alerté le sanglier par la publication de «Notre ami le roi» de Gilles Perrault demeure un indice d'une politique étrangère vis-à-vis des droits de l'Homme gérée par deux poids et deux mesures ! Aussi, l'expulsion au Gabon, «justifiée» par le successeur de Valéry Giscard d'Estaing (ex-ministre de l'Intérieur de l'Algérie française !), de Abdelmoumene DIOURI le 20/06/1991, interpellé devant son domicile, à Neuilly, par sept fonctionnaires de la DST, et le soir même, embarqué sous bonne escorte dans un 747 d'Air Garbon, sans avoir obtenu l'autorisation de prévenir sa femme et ses trois enfants, parce qu'il avait «osé» écrire, dans le pays de «J'accuse» *9 et de «Traité sur la tolérance»*10, «Réquisitoire contre un despote», «Réalités marocaines - La Dynastie alaouite, de l'usurpation à l'impasse» et la goutte qui a débordé le vase «A qui appartient le Maroc?», reste greffée, en lettres enflammées, dans la conscience diplomatique et démocratique de l'ex-«puissance» coloniale, qualifiée par Giap de «mauvais élève » !? A l'instar du spectre de Ben Barka, qui indispose, par le complot de complicité machiavélique, «le médecin sans frontières», la frêle «Ghandi sahraoui», Aminatou Haider en atterrissant à Lanzaroute (îles Canaries), après avoir été expulsée par «l'occupant» des territoires sahraouis depuis la «marche verte», de sa ville Elayoune, s'est imposée, coiffée par son humilité et armée par sa «puissante» et dangereuse grève de faim, tant à l'intransigeance du Makhzen qu'à l'allégeance et la complaisance des socialistes ibériques et de l'UMP lepenienne ! Ainsi, ni les menaces emballées dans des offres alléchantes, ni l'exigence d'un sine qua none «baiser de main» de sa majesté n'ont pu déstabiliser cette «petite» créature sahraouie, qui s'est ressourcée de la foi du «Che Guevara du polisario» El-Ouali Moustapha Sayed...! Le quotidien français l'Humanité, en se demandant, dans l'article publié sur ses colonnes le 05/10/2009, «Qui veut enterrer l'affaire Ben Barka?», suggère une lecture - on ne peut claire et explicite - sur cette justice de «liberté, égalité, fraternité» qui peine à rendre son verdict voilà - simplement ! - quarante-quatre ans, en s'efforçant de convaincre les justiciables par la poudre aux yeux de «l'affaire Mami»*11, et les dispositions d'une exigence de la levée secret-défense dans «l'affaire des moines de Tibhirine» !? Tant il est vrai, qu'il a fallu, à cette même justice, presque un siècle, pour casser et annuler, en date du 31/05/1949, le jugement*12 condamnant Charles Baudelaire, pour les six fameux poèmes incriminés de ses «Fleurs du mal», et décharger la mémoire du poète quatre-vingt-deux ans après sa mort !? Aussi, la fuite en avant quant à la position officielle de la politique étrangère de l'ex-Protecteur du royaume alaouite dénote une complaisance flagrante qui, contre vents de sable sahraouis et marées canariennes, s'efforce de se convaincre - à la tête d'autruche - que le plan de colonisation royale déloyale camouflée par l'emballage de «l'autonomie», arriverait à bout voire suffirait à ces hommes «bleus», qui indisposent et dérangent «Notre ami le roi» ! Personne ne s'attendait à ce qu'une «insignifiante» femme vienne émietter les plans conçus dans les antichambres «coloniales» d'une diplomatie occidentale qui peine à vendre son produit dépassé et déplacé ! Si, de son côté, le chef de la diplomatie espagnole, qui a affirmé à Bruxelles que son pays «n'a fait aucune concession» au Maroc, a exprimé sa «satisfaction sur le fait qu'elle [Aminatou Haidar] ait pu rentrer chez elle. Nous sommes contents. Cela a été une longue lutte pour elle ». En rappelant que «l'Espagne a une position très claire concernant la solution pour le Sahara occidental : une solution juste, politique, définitive, acceptable pour toutes les parties et qui permette l'autodétermination du peuple sahraoui». Le «libérateur» des infirmières bulgares, qui se félicite que son «ordre» de restituer le passeport «marocain» à celle qui l'avait interpellé par lettre écrite, ait été «exécuté», il fait, néanmoins, semblant de ne pas reconnaître la réalité frappante, en s'enfonçant d'avantage dans le sable de la tromperie à la «armes de destruction massives irakiennes!», qui reflète la position de soutien d'un ex-colonisateur pour un nouveau occupant semblable, en réaffirmant la marocanité du Sahara occidental dans son communiqué «le voeu que le royaume du Maroc puisse, dans sa tradition d'ouverture et de générosité, faire remettre à Mme Aminatou Haïdar son passeport marocain à son arrivée sur le territoire du royaume» ! Une réalité que tout le monde en entier en suivait les détails, depuis les premiers jours de grève de faim, observée par la Ghandi sahraoui, qui a déclaré, à la presse «C'est un triomphe du droit international, des droits de l'Homme, de la justice internationale et de la cause sahraouie»... Il fut un temps, où cette même position, sous l'administration de la France coloniale, essayait - tant mal que très mal - par tous les subterfuges et faux-fuyants, de véhiculer vainement l'image d'une Algérie française, et puis du Sahara français *13, jusqu'au jour où l'architecte des Accords d'Evian, Saad Dahleb, alors secrétaire général du ministère des Affaires étrangères du GPRA, et lorsque le chef de délégation française à Evian suggère que le Sahara demeure français, se leva et va s'asseoir à côté de la délégation française, alors, Krim Belkacem lui demande de revenir à sa place, le fils de Ksar Echellala dira : «si les Français s'approprient le Sahara qu'ils me prennent avec, nous sommes tous Sahariens». Jusqu'à quand demeurent le complot et la complaisance, un obstacle devant le droit international, principe vanté et chanté par les démocraties occidentales qui furent dans un récent passé-et le sont encore malheureusement! - des puissances coloniales !? Tant qu'il y'aura des Femmes, ne pesant guère plus qu'un Ghandi, toutes les chaînes rouillées de l'oppression, de l'agression, de la colonisation,... et de l'asservissement seront cassées quand bien même elles seraient «solidement» cadenacées !!! «Lorsque le peuple un jour veut la vie Force est au destin de répondre Aux ténèbres de se dissiper Aux chaînes de se briser...»*14 Notes: *1- La version officielle est qu'il se serait suicidé, au lendemain du putsch raté du 16 août 1972, en se tirant lui-même une balle dans le dos, tout comme son successeur le Général Dlimi, qui est mort le 25/01/83, sa voiture aurait été violemment percutée par un camion fou sur un boulevard périphérique de Marrakech et dont le conducteur s'était tout simplement volatilisé et plus jamais retrouvé.. *2- Gilles Perrault *3- Soukaina, Cadette du général Oufkir) *4- Fatima (épouse du Général Oufkir) *5- Malika (fille du général) *6- Raouf (fils du général) *7- Mehdi Ben Barka est enlevé le 29 octobre 1965 devant le 151 Boulevard Saint-Germain à Paris par des policiers français et conduit dans une villa de Fontenay-le-Vicomte dans l'Essonne. Il n'est plus réapparu. Après sa mort débutait l'«affaire Ben Barka». *8- Rapporté par R.M, article paru le 05/10/2009 dans le quotidien français «l'Humanité», rubrique «politique, social, économie », sous le titre «Qui veut enterrer l'affaire Ben Barka ?». *9- Célèbre lettre écrite au Président Félix Faure, publiée par le journal « l'Aurore » le 13/01/1898, sur l'affaire Dreyfus. *10- Texte écrit en 1763 par Voltaire après l'injustice subie par Jean Calas, protestant faussement accusé et exécuté pour le meurtre de son fils, qui s'est converti au catholicisme, afin de le réhabiliter. Connu sous le nom de « l'Affaire Calas ». *11- Décoré officiellement le 09/09/1999, par Catherine TRAUTMANN, ministre de la culture, qui décerna au chanteur l'ordre des arts et des lettres. *12- Jugement du 27/08/1857, condamnant le poète pour six poèmes, publiés dans son oeuvre «Fleurs du mal» jugés offensant «délit d'outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs». *13- Pour préserver les richesses en pétrole en tentant sans succès d'amputer le nord algérien de son sud naturel ! *14- Abou Abou El-Kacem Chebbi |