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Dès mon arrivée dans une ville débordant autant de monde que de papier, une chose m’est apparue très claire : les enjeux du sommet qui se tient à Copenhague vont bien au-delà de la simple négociation internationale. Le sommet de Copenhague marque un moment crucial pour le monde. Je suis résolu à ce que nous fassions le bon choix.
Que ces pourparlers soient une réussite ou un échec, le monde sera différent en 2050. À nous de définir ces transformations. Nous pouvons choisir l’avenir que nous voulons pour nous-mêmes et pour nos enfants, ou bien laisser aux événements le soin de choisir à notre place un avenir moins positif. Si nous réussissons à maîtriser les changements climatiques, nos efforts auront permis de transformer le monde. Les nations auront oeuvré de concert pour réduire nos émissions de carbone. Nous aurons bâti un système énergétique neutre en carbone, générant de nouveaux emplois et une nouvelle croissance. Nous aurons déployé un immense éventail de technologies sobres en carbone. Nos économies jouiront d’une plus grande sécurité d’approvisionnement énergétique. La coopération aura triomphé de la rivalité. Si nous échouons, le monde aura déjà subi une hausse de température de deux degrés. Il poursuivra une course irréversible vers une hausse de quatre degrés et plus. La carte que j’ai lancée le mois dernier montre à quel point ce monde sera impossible à gérer, crues et sécheresses causant des pénuries de nourriture et d’eau pour des centaines de millions d’habitants. La concurrence pour les ressources triomphera de la coopération. Tel est le choix que nous devons faire à Copenhague. Nous possédons la technologie requise et, en dépit de la récession, nous possédons également les moyens financiers nécessaires à la transformation de notre système énergétique. Reste à savoir si nous sommes capables d’une volonté politique collective. Les enjeux pour l’humanité ne sauraient être plus importants ; c’est pourquoi Gordon Brown fut le premier de plus de 130 dirigeants nationaux à s’engager à être présent. Tandis que débute la seconde semaine, tout reste à jouer. La forme du principal marché à conclure est claire. Il doit refléter le fait que le monde industrialisé est responsable de la plus grande partie de la charge de carbone accumulée jusqu’à ce jour. Mais il doit également se poser la question de savoir d’où proviendra l’augmentation future de cette charge au fur et à mesure que les économies émergentes se développeront et prospéreront. Les pays industrialisés doivent s’entendre sur le plafonnement de leurs émissions de carbone. L’UE fut la première à présenter une proposition, qui a gagné du terrain depuis. D’importantes propositions ont maintenant été présentées par tous les grands pays développés ; les Etats-Unis, le Japon, la Norvège et la Russie ont tous dévoilé les leurs depuis l’été. Dans le même temps, les économies émergentes doivent indiquer les mesures qu’elles envisagent de prendre pour éviter les émissions de carbone. Cela est déjà en cours : le Brésil, l’Indonésie, l’Afrique du Sud et la République de Corée ont tous exposé les mesures envisagées. Notre mission, ici à Copenhague, consiste à faire en sorte que ces propositions soient suffisantes pour mettre le monde sur la bonne voie et rester en deçà de deux degrés de réchauffement. Ensemble, nous devons pousser nos propositions plus loin et consentir davantage d’efforts que ceux envisagés à l’heure actuelle. L’effort du Royaume-Uni s’inscrit en exemple. Nous sommes le premier pays à imposer une cible contraignante de réduction des émissions de 34 pour cent d’ici à 2020 par rapport aux niveaux de 1990, et à envisager un objectif de 80% à l’horizon 2050. Le Royaume-Uni peut faire encore plus en tant que membre de l’Union européenne. Comme l’a dit le Premier ministre, nous recherchons les moyens de permettre à l’UE d’élever son offre à 30%. Les pays industrialisés doivent aussi présenter des propositions aux court et long termes pour le financement de l’action dans le monde en développement, soit pour s’adapter aux changements climatiques inévitables, soit pour réduire les émissions. Ce financement devrait s’élever à 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020. Il présentera un potentiel énorme de croissance sobre en carbone dans les pays pauvres, permettant de sauver des millions de personnes de la pauvreté et de leur donner accès à une énergie propre, tout en les protégeant de l’impact du changement climatique que nous avons déjà laissé se produire. Nous devons nous entendre sur un grand nombre d’autres questions, mais le coeur du débat se décline ainsi : plafonnement des émissions des pays développés, action dans les économies émergentes et financement pour la réalisation des objectifs. Si nous n’arrivons pas à nous entendre sur ces points, les autres questions à l’ordre du jour ne pourront que très peu progresser. Pour compléter le choix, le marché politique conclu entre les dirigeants mondiaux à Copenhague doit devenir le mandat pour la finalisation d’un traité juridiquement contraignant d’ici à la mi-2010 au plus tard. On nous rappelle constamment que la politique est l’art du possible. Le succès à Copenhague exige plus que cela. Nous devons trouver la volonté politique d’élargir le domaine du possible. Telle est la définition du leadership politique. À nous maintenant de saisir ce qui se trouve aujourd’hui à portée de main. * Ministre britanique de l'Energie |