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Au vrai, pour revenir à notre
sujet central, l'incrimination du seul impérialisme supposément agressif,
alléguée par la propagande adverse, légitime l'enrégimentement de la population
dans la guerre.
Quoi qu'il en soit, depuis un siècle, le militarisme et l'impérialisme constituent le mode de fonctionnement systématique du capitalisme ordinaire. À l'ère de l'impérialisme triomphant, tous les États sont fondés, outre la guerre économique, sur une économie de guerre. Plus que jamais, l'économie est au service de la guerre. Et la scandaleuse flambée des dépenses militaires en pleine crise économique et pandémique vient rappeler l'irrationalité du capitalisme. Au moment où tous les budgets sociaux sont déclarés en mort cérébrale, le budget de la mort connaît une résurrection extraordinaire. Le budget militaire affiche une santé financière indécente. Depuis le début de notre siècle, c'est-à-dire en vingt ans, les dépenses militaires de tous les pays ont doublé, illustration de la militarisation des États. Actuellement, une grande partie du globe est en proie à des conflits armés. C'est le cas du Yémen, en guerre, dans l'indifférence générale, depuis au moins 11 ans, victime de l'agression impérialiste menée par la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite. Le Yémen déplore plus de 233.000 morts et 2,3 millions d'enfants souffrant de malnutrition aiguë dont 400.000 risquent de mourir sans traitement, selon l'ONU. La population manque d'eau potable et de soins médicaux. L'Organisation des Nations unies (ONU) classe le Yémen comme la pire situation humanitaire au monde, avec 5 millions de Yéménites au bord de la famine. On peut citer également les guerres en Syrie, Haïti, l'Afghanistan, Mali, etc. Dans cette phase historique marquée par l'expansion phénoménale du capitalisme d'État et l'exacerbation des tensions commerciales, la guerre est devenue le seul instrument de régulation du système économique en crise permanente. L'unique moyen employé par chaque impérialisme pour tenter de résoudre, au détriment des autres États rivaux, ses contradictions. Désormais, chaque capital national est contraint par les lois imparables du mode de production capitaliste à s'insérer dans la compétition impérialiste à son seul profit ou à la solde d'un camp puissant hégémonique. Pour se faire, l'État mobilise tous les moyens coercitifs et instruments propagandistes pour enrégimenter l'ensemble de la société au service de l'économie de guerre en vue d'affronter militairement ses rivaux économiques ou stratégiques. La guerre est devenue le pivot de la production industrielle, la variable d'ajustement du fonctionnement économique de la société. C'est la raison pour laquelle tout progrès technologique est conditionné par le militaire. Toute l'économie nationale repose sur le développement exponentiel de l'armement destiné à neutraliser les pays rivaux, concurrents. À l'ère de l'unification mondiale du commerce sur fond d'une surproduction effrénée, la guerre est devenue l'unique moyen employé par les États pour s'accaparer les marchés ou préserver leur hégémonie. Cependant, avec l'entrée du capitalisme dans sa phase de déclin historique, la guerre impérialiste a perdu sa rationalité économique. La dimension géopolitique ou purement idéologique (défense de la liberté abstraite ou de la « nation ancestrale » offensée) tend à phagocyter l'intérêt proprement économique. Comme on le relève avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie, il s'agit d'une simple conquête géostratégique, arrachée au prix de destructions massives barbares. En effet, comme l'illustre l'actuel conflit militaire en Ukraine, la guerre constitue un véritable désastre socioéconomique et une hécatombe humaine. Autrement dit, dans cette guerre en Ukraine, comme la majorité des guerres impérialistes entreprises ces dernières décennies partout dans le monde, les coûts dépassent largement les bénéfices tirés par les belligérants. Déjà, moralement, toute guerre est, par principe, condamnable et inacceptable. À plus forte raison à notre époque impérialiste décadente, la guerre, de plus en plus « irrationnelle » du point de vue économique, devient inadmissible et révoltante. Surtout incompréhensible. Assurément, la guerre en Ukraine témoigne de l'accélération brutale du militarisme. Rappelons que le militarisme se manifeste, ces dernières décennies, par la prolifération de conflits militaires sanglants, fréquemment opérés sous la forme de guerres civiles, la manifestation d'ambitions impérialistes et la désintégration de structures étatiques : Somalie, Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Syrie, Yémen, Mali, etc. Sans conteste, la guerre en Ukraine illustre l'irrationalité de toute guerre impérialiste. En effet, l'actuelle guerre menée par la Russie est dénuée de toute fonction économique et intérêt stratégique. Pour preuve. Pour justifier et légitimer le déclenchement de la guerre contre l'Ukraine, baptisée par euphémisme « opération militaire spéciale », la Russie a argué défendre les russophones ukrainiens. Or, elle massacre des dizaines de milliers de civils dans les régions habitées essentiellement par des russophones. Elle détruit des infrastructures et des immeubles situés principalement dans les zones russophones. Où sont l'amour et le respect de la Russophonie ? Des régions russophones ? Quand toutes les régions russophones sont transformées en champs de ruines. Une chose est sûre, quand bien même la Russie viendrait à s'emparer du Donbass et des régions limitrophes du Sud, elle conquerrait des décombres, des débris, mais, surtout, soumettrait une population meurtrie animée d'une haine inexpiable, totalement rebelle et ingouvernable. Sans oublier qu'elle subirait une débâcle stratégique dans ses ambitions d'hégémonie et une érosion de sa moyenne puissance économique régionale. Sans nul doute, avec sa politique belliciste, sa stratégie de la « terre brûlée », dépourvue de bénéfices économiques et intérêts stratégiques manifestes, la Russie illustre de manière éclatante l'irrationalité de toute guerre menée à l'ère du capitalisme impérialiste décadent. Par ailleurs, de nos jours, l'amplification de l'irrationalité des conflits militaires se conjugue avec l'irresponsabilité et la dangerosité des nouveaux gouvernants hissés aux commandes de l'État, illustration de l'intensification du militarisme et du délitement de la gouvernance, corollaires de l'étiolement du pouvoir d'encadrement de la bourgeoisie sur ses structures politiques et ses institutions étatiques, livrées à la gabegie générale, l'incurie gouvernementale, l'amateurisme en matière d'administration, conduisant à des politiques aventuristes menaçant la stabilité et le fonctionnement de la société, voire la survie de l'Humanité, notamment par le brandissement du recours à l'arme nucléaire, comme s'il s'agissait d'une arme inoffensive, ainsi que l'agite actuellement Poutine contre les dirigeants occidentaux, tout autant psychopathes que va-t-en-guerre, ces soudards de la politique, soulards de guerres, enivrés d'une hystérique bellicosité éthylique. |