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Il ne faut pas être utopique,
la transition énergétique demandera du temps. Entre 2020 / 2025 plusieurs
facteurs détermineront le prix des hydrocarbures qui occasionne entre 2019 /
2020 avec les dérivées 98% des recettes en devises de l'Algérie. Gouverner
c'est prévoir d'où l'importance pour l'Algérie de se préparer à ces nouvelles
mutations évitant de vivre sur l'utopie du passé, devant se projeter à
l'horizon 2025 / 2030 / 2035. En décidant un investissement massif, dans le
cadre de l'efficacité énergétique, les énergies alternatives aux fossiles
classiques dont les énergies renouvelables, le nouveau pouvoir USA, l'Europe et
la Chine, ayant les moyens de leurs politiques, le monde devrait connaître à
l'horizon 2030 un profond bouleversement de la carte et du pouvoir énergétique
à l'échelle mondiale
1.- Les déterminants du prix du pétrole entre 2020 / 2025 Premièrement, l'élément central de la détermination du prix du pétrole entre 2020 / 2030 est la croissance de l'Economie mondiale. Entre 2020 / 2030, aucun expert ne pouvant prévoir au-delà, du fait des importantes nouvelles mutations. Mais le plus inquiétant c'est le prix de cession du gaz traditionnel représentant un tiers des recettes de Sonatrach. Or, selon le FMI a atteint son cours le plus bas, en douze ans, en raison certes, dû à la chute des cours du pétrole, mais également par la vigueur de l'offre russe en gaz naturel et par l'affaiblissement de la demande asiatique. Avec des prix concurrentiels, hors de portée pour l'Algérie, du Qatar, de l'Iran et de la Russie en direction de l'Asie, l'entrée de nouveaux producteurs en Afrique dont le Mozambique sans compter le Nigeria, le Gabon et la Libye. Le marché naturel de l'Algérie est l'Europe ou avec l'expiration des contrats à long terme, l'Europe a fait savoir à l'Algérie qu'elle devra s'aligner sur le marché ayant perdu, récemment, des parts de marché au profit du Qatar, de la Russie et des Usa (en Espagne et Italie notamment). Du côté de l'offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévu de la production de pétrole (non conventionnel) des USA qui bouleverse toute la carte énergique mondiale. Ils sont passés de 5 millions de barils/jour de pétrole il ya 10 ans à plu de 10 million de barils/jour. Les Etats-Unis, importateur par le passé, sont devenus le plus grand producteur de pétrole brut (tenant compte de la consommation intérieure) devant l'Arabie Saoudite et la Russie. Selon ?The Telegraph', les Etats-Unis, devraient pénétrer fortement le marché mondial avec des quantités sans précédent de gaz naturel liquéfié (GNL). Trente projets sont en cours de réalisation, grâce au gaz et le pétrole de schiste pesant ainsi sur le marché mondial du GNL Deuxièmement, la stratégie des pays OPEP et non-OPEP, en plus de l'évolution des cotations du dollar et l'euro, toute hausse du dollar, bien que n'existant pas de corrélation linéaire, peut entraîner une baisse du prix du baril, ainsi que les stocks américains et souvent oubliés les stocks chinois , en mentionnant qu'il sont le cinquième producteur mondial. Contrairement au passé, l'OPEP joue, certes, comme régulateur mais ne représente en 2019 qu'environ 40% de la production commercialisée mondiale, 60% étant hors OPEP. Les rivalités au niveau de l'OPEP dont certains ne respectent pas les quotas, de la rivalité Iran-Arabie Saoudite (plus de 35% de la production OPEP). Cela rentre dans le cadre géostratégique avec l'Occident dont les USA, pour affaiblir la Russie. L'Arabie Saoudite est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de peser sur l'offre mondiale, et donc sur les prix, tout dépendant d'une entente entre les USA et l'Arabie Saoudite pour déterminer le prix plancher, encore que cette entente pourrait se déplacer dans un proche avenir avec une entente avec l'Iran par le nouveau président des Etats-Unis d'Amérique. Ainsi, le retour sur le marché de la Libye, en cas de la résolution du conflit, pouvant aller facilement vers 2 millions de barils/jour, de l'Iran (un des plus importants réservoirs mondiaux, à un coût de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents) pouvant aller vers plus de 5/7 millions/jour et de l'Iran ayant des réserves de 160 milliards de barils de pétrole, lui permettant facilement d'exporter entre 4/5 millions de barils jour sans compter le gaz naturel , 30.000 milliards de m³ ( 2ème réservoir mondial). A cela s'ajourent les nouvelles découvertes dans le monde, en offshore, notamment en Méditerranée orientale, 20.000 milliards de m³ gazeux expliquant en partie les tensions dans cette région entre la Turquie et la Grèce. Mais le pays qui concurrence le plus l'Algérie au niveau européen est la stratégie expansionniste russe dont le géant Gazprom, pour le gaz (45.000 milliards de m³ gazeux de réserve) à travers le North Stream et le South Stream (ce dernier gelé actuellement) d'une capacité prévue de plus de 125 milliards de m³ gazeux pour approvisionner l'Europe, sans compter les nouvelles canalisations vers l'Asie. La Russie a besoin de financement, les tensions en Ukraine n'ayant en rien influé sur ses exportations en Europe où sa part de marché a été d'environ 30%. C'est pourquoi un accord circonscrit à l'OPEP, sans la Russie, ne suffirait pas à peser sur les cours. Toutes ces données incluent sur le niveau des prix. 2.- La nouvelle politique américaine et le devenir de la carte énergétique mondiale 2025 / 2030/ 2035 L'élection américaine sera déterminante pour l'avenir car les démocrates ont une autre vision de la politique énergétique, avec le retour des USA aux accords de Paris COP21 sur le réchauffement climatique. Bien que le nouveau président dit ne pas vouloir interdire le développement du pétrole / gaz de schiste dont les UA sont le premier producteur mondial, s'engageant avec les nouvelles techniques à améliorer les effets de la fracturation hydraulique, le programme de Joe BIDEN prévoit 2.000 milliards de dollars sur les 20/30 prochaines années, soit 10% du PIB, 2019, pour le développement des énergies renouvelables, les industries écologiques et l'efficacité énergétique mais supposant d'avoir l'aval du Sénat en majorité républicain. Ce qui devrait être avec la nouvelle politique. Entre 2020/2030, les USA/Europe qui représentent actuellement plus de 40% du PIB mondial pour une population inférieure à un milliard d'habitants, poussent à l'efficacité énergétique avec une prévision de réduction de 30% et l'urgence d'aller vers la transition énergétique afin de lutter contre le réchauffement climatique car si les Chinois, les Indiens et les Africains avaient le même modèle de consommation énergétique que les USA et l'Europe, il faudrait 5 fois la planète actuelle. Je rappelle que selon le rapport de l'ONU une sécheresse sans précédent frappera l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne entre l'horizon 2025. Cette prise de conscience d'un désastre planétaire a été accentuée avec l'épidémie du coronavirus où la majorité des pays ayant entériné l'Accord de Paris, issu de la COP 21, engagement conforté à la COP 22 de Marrakech, devraient axer leurs efforts pour la limitation du recours aux énergies fossiles, charbon et pétrole, horizon en tête le monde et donc aller vers un Mix énergétique, l'énergie de l'avenir horizon 2030/2040 étant l'hydrogène où la recherche-développement connait un réel essor. Dans ce cadre de la transition, j'entrevois deux axes pour l'Algérie. Le premier axe est d'améliorer l'efficacité énergétique car comment peut-on programmer 2 millions de logements, selon les anciennes normes de construction exigeant de fortes consommations d'énergie alors que les techniques moderne économisent 40 à 50% de la consommation ? Par ailleurs s'impose une nouvelle politique des prix (prix de cession du gaz sur le marché intérieur environ un dixième du prix international) occasionnant un gaspillage des ressources qui sont gelées transitoirement pour des raisons sociales. A cet effet, une réflexion doit être engagée par le gouvernement algérien pour la création d'une Chambre nationale de compensation, que toute subvention devra avoir l'aval du Parlement pour plus de transparence ; Chambre devant réaliser un système de péréquation, segmentant les activités afin d'encourager les secteurs structurants et tenant compte du revenu par couches sociales, impliquant un système d'information transparent en temps réel. Le deuxième axe est le développement des énergies renouvelables devant combiner le thermique et le photovoltaïque dont le coût de production mondial a diminué de plus de 50% et il le sera plus à l'avenir. Or, avec plus de 3.000 heures d'ensoleillement par an, l'Algérie a tout ce qu'il faut pour développer l'utilisation de l'énergie solaire, ou presque. Le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. La production à grande échelle permettrait de réduire, substantiellement, les coûts tout en favorisant, à l'aval, une multitude de PMI-PME, renforçant le tissu industriel à partir des énergies propres (industries écologiques). La promotion des énergies renouvelables suppose des moyens financiers importants en investissement et en recherche-développement. Depuis de longues années les gouvernements successifs ont annoncé que l'Algérie installera une puissance d'origine renouvelable de près de 22 000 MW dont 12.000 MW seraient dédiés à couvrir la demande nationale de l'électricité et 10.000 MW à l'exportation et que d'ici 2030, l'objectif serait de produire, 30 à 40% de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables : beaucoup de paroles, plus de cinq conseils de ministres lui ont été consacrés depuis et des réalisations insignifiantes faute d'une stratégie clairement définie. Car tout le problème consiste en la mobilisation du montant de l'investissement, grâce à un partenariat gagnant/gagnant, et surtout de se préparer déjà à former la ressource humaine pour la maîtrise technologique 3.-L'urgence d'une nouvelle stratégie d'adaptation L'Algérie devrait connaître de fortes turbulences financières entre 2021 / 2022 et devra se préparer à ces nouvelles mutations énergétiques. Comme je l'ai démontré récemment dans l'interview donnée à l'American Herald Tribune ?USA-le 23 avril 2020 « Prof. Abderrahmane Mebtoul: We Have Witnessed a Veritable Planetary Hecatomb and the World Will Never be the Same Again », l'impact de l'épidémie du coronavirus sur l'Economie mondiale sera fonction du vaccin dont les dernières nouvelles optimistes ont permis une hausse du cours des hydrocarbures entre le 13 novembre 2020 à plus de 43 dollars, le Brent mais n'ayant pas influencé le cours du gaz naturel qui s'établit à 2,949 dollars le MBTU. Cependant évitons toute euphorie car le rapport de l'OCDE de novembre 2020, ainsi que la déclaration de la directrice du FMI, en date du 11 novembre 2020, si reprise réelle il y a, il ne faut pas compter avant fin 2021, début 2022. Selon le rapport de l'OPEP d?octobre 2020, la demande mondiale de pétrole fin 2020, devrait reculer plus fortement qu'anticipée jusqu'à présent, de 9,5 Mb/j, pour atteindre 90,2 Mb/j en raison de la crise sanitaire et économique, liée à la pandémie de Covid-19 et concernant la demande mondiale pour 2021, revues à la baisse, de 0,4 Mb/j par rapport cette demande devrait en 2021 s'établir à 96,9 Mb/j, loi des prévisions avant la crise de plus de 100 millions de barils/jour. A court terme, les recettes de Sonatrach auxquelles il faudrait retirer les coûts et les parts des associés pour avoir le profit net, contre d'environ 34 milliards de dollars en 2019, devrait s'établir fin 2020, entre 19/20 milliards de dollars, au vu des dernières statistiques de l'ONS du 07 novembre 2020 et dans l'hypothèse d'un cours moyen de 35/37 dollars, le second semestre 2020 pour le pétrole, et trois quart de dollar le MBTU, pour le gaz et devant tenir compte de la baisse des exportations en volume physique. Or sans un apport extérieur, les prévisions du ministre de l'Energie dans sa déclarations du 11/11/2020, d'investir 20 milliards de dollars dans le gaz durant les 5 prochaines années est difficilement réalisable, dans la conjoncture actuelle, avec de surcroît l'apparition de nombreux concurrents. Le rapport de Sonelgaz prévoit un besoin de plus de 20 milliards de dollars entre 2020 / 2029 sans compter les autres secteurs dont plusieurs conseils des ministres ont prévu 60 milliards de dollars pour les énergies renouvelables..Où trouver le capital argent avec la baisse des réserves de change 44 milliards de dollars fin 2020 selon le gouvernement, 35/36 selon le FMI d'autant plus qu'entre 2021 / 2022, l'Algérie connaitra de vives tensions budgétaires. Le PLF2021 prévoit les dépenses budgétaires (dépenses de fonctionnement et d'équipement) se situent à environ 8.113 milliards de dinars, tandis que les recettes fiscales globales (ordinaires et pétrolières) sont estimées à 5328 milliards de dinars, soit un déficit budgétaire record de 2784,8 milliards de dinars, soit au cours de 128 dinars un dollar, plus de 21,75 milliards de dollars contre, à la clôture 2020 de 18,60 milliards de dollars. Le déficit global du trésor prévu est de 3614,4 milliards de dinars soit 28,26 milliards de dollars, soit 17,6% du PIB. Nous assistons également à une augmentation du budget de fonctionnement et à une augmentation des transferts sociaux estimés par le PLF2021 à 1927,5 milliards de dinars soit 15,06 milliards de dollars en hausse de 79,98 milliards de dinars par rapport à la Loi de finances 2020, dont 63,8% destinés à l'habitat et la santé. Et comme dans les années passées, le PFL2021 ne propose pas d'actions ciblées et donc pas de solutions concrètes sur les véritables impacts de réduction des inégalités et de la cohésion sociale. Cette vision est intenable dans le temps car la justice sociale ne saurait signifier égalitarisme source de démotivation des énergies créatrices et pouvant conduire le pays à la dérive économique et sociale, toute Nation ne pouvant distribuer plus que ce qu'elle produit. Fortement connectée à l' Economie mondiale via les exportations des hydrocarbures, la raison principale de cette situation socio-économique est la baisse des recettes d'hydrocarbures due à l'épidémie du coronavirus mais également des nouvelles tendances du nouveau modèle de consommation énergétique, au niveau mondial, avec la dépense publique qui reste le facteur essentiel de la croissance économique. Or, le PFL2021 prévoit une baisse de la fiscalité pétrolière estimée à 1919,2 milliards de dinars (artificiellement gonflé par le dérapage du dinar par rapport au dollar pétrole/libellé en dollars d'au moins 10%), contre 2667 en 2019, soit une baisse de 748,8 milliards de dinars. En résumé, en décidant un investissement massif dans le cadre de l'efficacité énergétique, les énergies alternatives aux fossiles classiques dont les énergies renouvelables, le nouveau pouvoir USA et l'Europe, suivi de la Chine, ont les moyens de leurs politiques et le monde devrait connaitre, horizon 2030, un profond bouleversement de la carte énergétique et donc du pouvoir économique mondial, l'énergie étant au cour de la sécurité des Nations ( interviews- Pr A.Mebtoul AfricaPresse Paris, American Herald Tribune et Afrik Economy 2019//2020). Aussi les changements économiques survenus depuis quelques années dans le monde ainsi que ceux qui sont appelés à se produire dans un proche avenir, doivent nécessairement trouver leur traduction dans des changements d'ordre systémique destinés à les prendre en charge et à organiser leur insertion dans un ordre social qui est lui-même en devenir, une stratégie axée sur la bonne gouvernance, la valorisation du savoir avec l'objectif horizon 2030, la transition numérique et énergétique. Un bon développement allège le poids sur les forces de sécurité ; un frein au développement par une mauvaise gouvernance accroît les tensions sociales et donc l'insécurité. L'Algérie n'a pas d'autres choix que de réussir les réformes dont celle de la transition énergétique, qui seront douloureuses, à court terme, mais porteuses d'espoir à moyen et long termes pour les générations présentes et futures. Rester en statu quo, en retardant les réformes structurelles conduira inéluctablement à la cessation de paiement FIN-2021? horizon 2022 avec les risques de tensions sociales et la déstabilisation de la région méditerranéenne et africaine avec des interférences étrangères, du fait que l'Algérie est un enjeu géostratégique, ce qu'aucun patriote algérien ne souhaite. J'ose imaginer une Algérie où les nouvelles générations vivront confiantes et heureuses dans leur pays et où nous assisterons à un retour volontaire progressif des cadres expatriés. Aussi, l'Algérie qui a d'importantes potentialités, grâce à la mobilisation de tous, dans le cadre d'un nouveau contrat social, sera ce que le peuple algérien et les responsables chargés de gérer la Cité, voudront qu'elle soit. *Docteur. Professeur des universités, expert international - Directeur d'études ministère Industrie/Energie/Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000 /2007-2013/2015, Président de la commission transition énergétique de la société civile Europe orientale des 5+5 + Allemagne |