
Condamné à trois ans de prison ferme par
le tribunal de Sidi M'hamed, Saïd Djabelkhir
a été menacé de mort après avoir été condamné pour «offense à l'islam» et va
porter plainte, a indiqué un de ses avocats, cité par l'AFP. «Nous allons
déposer une plainte auprès du procureur du tribunal de Sidi M'hamed pour menaces de mort, diffamation et incitation à la
haine», a déclaré Me Moumen Chadi. «Saïd Djabelkhir a reçu plusieurs messages de menaces sur
Facebook», a ajouté Me Chadi, en précisant que de nombreux comptes étaient
anonymes mais que quatre étaient «identifiables». Interrogé par la presse, Saïd
Djabelkhir a dit «ne plus se sentir en sécurité».
«S'il m'arrive quelque chose, chacun assumera la responsabilité qui lui
incombe», a-t-il affirmé. Accusé d'»offense aux
préceptes de l'islam», le chercheur a été condamné le 22 avril à trois ans de
prison ferme, sans mandat de dépôt. Il a été poursuivi par un collègue
universitaire, soutenu par sept avocats. «J'ai reçu des messages me menaçant et
me disant: «Nous attendons ton arrivée en prison pour
te régler ton compte», a-t-il expliqué. «Depuis le
dépôt de la plainte contre moi en janvier 2020, je reçois régulièrement sur ma
messagerie privée, sur Facebook, des messages contenant des menaces directes de
mort», a ajouté Saïd Djabelkhir. Ces messages,
parfois accompagnés de sa photo et de son adresse, appellent à le décapiter, à
l'égorger ou le lapider, toujours selon le chercheur.
Djabelkhir a fait appel de sa condamnation et promis de poursuivre
son «combat pour la liberté de conscience». Pour rappel, le procès s'est
déroulé le 1er avril dernier, suite à une plainte déposée contre Saïd Djabelkhir par un enseignant universitaire, spécialiste en
sécurité électronique, à l'université de Sidi Bel Abbès.
Au cours du procès, le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed avait requis l'application de la loi contre Saïd Djabelkhir. Répondant aux questions de la juge, l'accusé,
qui est un spécialiste en jurisprudence de la charia, avait déclaré que ses
publications sur Facebook ne constituaient pas une offense à l'islam. Il
s'agit, a-t-il soutenu, de commentaires qui reposent
sur des recherches qu'il avait faites sur les livres de la tradition
prophétique (sunna) et de la charia. «Il est inconcevable qu'un spécialiste de
la charia offense la religion musulmane», a-t-il
ajouté, soulignant que «ses écrits s'inscrivent dans l'ordre de la
jurisprudence, sans plus». Le jour même du verdict, Saïd Djabelkhir
a annoncé sur son compte Facebook que ses avocats allaient faire appel au
verdict. «Nous ferons appel de cette décision avec le collectif de défense
devant la cour d'Alger, en défense de la liberté d'opinion et d'expression
garanties par la Constitution», a-t-il déclaré.