
Le « soulèvement de la
dignité », enclenché la semaine écoulée par le personnel enseignant des trois
cycles dans la wilaya d'Oran, suite à un flagrant retard dans le versement des
salaires, fait tache d'huile dans le secteur de l'éducation nationale.
Plusieurs établissements
scolaires, notamment dans le cycle primaire, ont rejoint hier ce mouvement de
grève pour exiger l'assainissement de la situation des primes, des indemnités
de l'expérience professionnelle et des promotions de tous les travailleurs du
secteur et dénoncer la dégradation des conditions de travail et la perte
continue du pouvoir d'achat. Les portes de plusieurs établissements scolaires
sont restées fermées aux élèves durant la période matinale. Des parents
d'élèves, qui accompagnaient leurs enfants, ont été surpris par cette grève inopinée.
« Je suis pris au dépourvu par ce débrayage. Les enseignants de l'école
primaire où est inscrite ma fille ne font presque jamais grève même durant les
précédents mouvements de contestation qui ont secoué les écoles », affirme ce
parent d'élève à Oran. Le mouvement de contestation soutenu par plusieurs
organisations syndicales et presque tous les corps du secteur (corps communs,
proviseurs, inspecteurs, adjoints de l'éducation?) gagne du terrain et les
prémices du durcissement de cette grève sont déjà apparentes sur le terrain.
Hier matin encore, des centaines de travailleurs du secteur de l'éducation,
essentiellement des enseignants, ont tenu un rassemblement de protestation
devant l'académie pour dénoncer la « mauvaise gestion » et réclamer le « versement
des indemnités, des primes de promotion et des heures supplémentaires bloquées
depuis plusieurs années à Oran ». Les promesses lancées la veille par
l'académie, qui s'était engagée à verser les salaires le 8 de chaque mois et à
débloquer au fur et à mesure les primes et les indemnités professionnelles,
n'ont pas apaisé la colère des contestataires. Les délégués des concernés sont
unanimes sur la nécessite de maintenir la pression pour arracher le maximum de
revendications. Ils promettent d'ores et déjà l'escalade dans les jours à venir
tout en annonçant que ce mouvement, qui a commencé à Oran, s'est étendu hier à
d'autres wilayas du pays. Une plateforme nationale de revendications
socioprofessionnelles est désormais prête et comporte plusieurs points,
notamment la révision à la hausse des salaires et des primes ainsi que le droit
à la promotion automatique. Les contestataires et leurs délégués appellent
désormais à une grève générale pour dénoncer la dégradation du pouvoir d'achat
des enseignants et pour exiger de bénéficier de la retraite anticipée, des
prestations de la médecine du travail et bien sûr de meilleurs salaires.