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Tout pour éviter le naufrage ?

par Abdelkrim Zerzouri

Après avoir fait la sourde oreille à l'appel lancé par la direction de l'Eniem pour une reprise d'activité le 3 janvier dernier, à l'issue d'un mois de congé technique, les travailleurs ont finalement décidé de rejoindre leurs postes de travail à partir de ce dimanche 31 janvier. La crise désamorcée ? Tout est bien qui finit bien. La situation problématique, de par les exigences soumises par les travailleurs contestataires, à savoir «la non comptabilisation du congé technique dans les salaires» et «le départ du Pdg de l'Eniem», a débouché sur une heureuse conclusion. L'ex- Pdg, Djilali Mouazer a été dégommé et son remplaçant, M. Mustapha Chaoui, a été installé mardi dernier dans ses fonctions à la tête du groupe électroménager au siège de la direction du groupe, en présence du président du groupe Elec El Djazair. Quant à l'annulation du congé technique décidée par l'ancienne direction, la question a été soumise au nouveau Pdg lors d'un bref entretien avec les travailleurs initié à l'occasion de son installation à la tête du groupe électroménager, et il s'est engagé à l'étudier au sein du Conseil d'administration, selon le représentant syndical.

Autant dire que la question a trouvé réponse. C'est ce qui ressort clairement de la réaction des travailleurs qui, après leur entrevue avec le nouveau Pdg, ont exprimé leur satisfaction à la suite de la décision prise par les pouvoirs publics et ont décidé de reprendre le travail dès ce dimanche avec l'organisation d'une assemblée générale pour la désignation de leurs représentants au Conseil d'administration (CA). L'harmonie entre les travailleurs contestataires et les pouvoirs publics, représentés par le ministère de l'Industrie, n'a pas été facile à établir, ayant pris assez de temps, près d'un mois, pour se mettre au même diapason, mais elle est là, pour le grand bien de l'avenir professionnel des travailleurs et pour l'industrie en général qui cherche encore ses réelles marques loin de ces histoires stériles d'importation de véhicules. Seulement, il reste à se demander s'il s'agit d'une nouvelle vision conciliatrice des pouvoirs publics, qui se sont montrés disponibles et à l'écoute des préoccupations des travailleurs pour régler ce conflit socioprofessionnel, ou s'agit-il d'un traitement spécial réservé uniquement à cette entreprise ?

Franchement, selon les us et coutumes, on s'attendait à ce que la tutelle saisisse la justice pour déclarer la grève illégale (non chapeautée par le syndicat) et opposer une fin de non-recevoir concernant la revendication exigeant le départ du Pdg, dont la nomination et l'éloignement fait partie des prérogatives régaliennes de la tutelle, mais rien ne fut. Bien au contraire, le ton conciliant de la tutelle n'a pas son égal dans les annales des conflits socioprofessionnels, sauf si on remontait à la gestion socialiste des entreprises publiques (GSE) où le syndicat faisait la pluie et le beau temps au-dessus des têtes des gestionnaires. Peut-être aussi qu'en agissant de la sorte, la tutelle a mis les travailleurs devant leur lourde responsabilité, réussir le redémarrage des activités et assurer la pérennité de l'entreprise, en leur ôtant tout alibi ou argument servant une quelconque thèse d'un énième naufrage de l'Eniem. Climat socioprofessionnel apaisé et déblocage acquis de la matière première pour remettre en marche les unités de production, reste aux travailleurs de montrer qu'ils sont capables de relever le défi de la relance de cet important groupe industriel.