Quel consensus rencontre l'avant-projet de loi organique
relative aux élections au sein de la classe politique ? Vraisemblablement, tout
le monde trouve à redire sur un article ou un autre, mais les critiques sont
focalisées sur quelques articles seulement, dont le nombre se compte sur le
bout des doigts d'une seule main. Les concepteurs de cet avant-projet de loi
électorale, ainsi que le gouvernement, y voient de toute évidence, toute une
armure d'articles qui consacreront à l'avenir la transparence et la régularité
des élections, prévoyant également des solutions efficaces pour l'éradication
de la corruption qui collait à l'urne. En somme, cet avant-projet de loi
présente tous les atouts à même d'instaurer « les institutions tant espérées
par les Algériens depuis l'indépendance », comme le souligne le président de
l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi. Que peut-on rêver de plus ? Quoi qu'on puisse dire,
l'ANIE en soi est un acquis inestimable sur ce plan de l'organisation des
élections où les voix des électeurs sont « halal », mais pour s'enfoncer dans
le fond des articles de la nouvelle loi électorale en débat, le dernier mot
devrait revenir aux partis politiques, aux représentants de la société civile,
aux hommes politiques en général et à tout prétendant qui souhaiterait
présenter sa candidature au choix des électeurs. Au-delà, donc, de la garantie
d'aboutir à travers cet outil juridique, à des scrutins qui bannissent, à tout
jamais, la fraude et la corruption, on se demanderait, d'une manière fondée et
légitime, s'il n'y pas en amont des obstacles, sciemment mis en place ou
croyant bien faire en les disposant dans le parcours, pour exclure des
candidats potentiels aux élections locales ou législatives ? Les articles
proposés par la mouture de cet avant-projet de loi électorale des « pour » et
des « contre », où il est quasiment impossible de trouver un équilibre entre
les uns et les autres tellement les intérêts et les ambitions sont aux
antipodes de la raison politique qui les anime. Forcément, on ne peut
satisfaire ceux qui demandent le maintien des quotas pour les femmes aux
assemblées élues et ceux qui acquiescent à cet arrangement introduit par la
nouvelle loi électorale. Idem pour la condition du score de 4%, réalisé lors
des précédentes législatives, exigée aux partis pour participer aux prochains
scrutins, alors qu'on ne sait vraiment pas qui a réalisé quoi, à l'ombre de
votes truqués par le passé, ou encore cette condition relative au niveau
d'études des futurs candidats aux élections, qui ressemble à l'organisation
d'un concours et non d'un vote qui donne la parole ou le choix libre aux
électeurs. D'ailleurs, cette condition aurait-elle besoin d'être, tout autant
que le quota réservé aux jeunes de moins de 35 ans, quand l'élite qui a fui les
sentiers, voire les bourbiers, de la politique, se réinstallera dans son rôle
de guide du pays. Et cette condition de « bonne moralité» des candidats, qui
pourrait s'en porter garant ? L'extrait du casier judicaire
ne suffit-il pas ? Il ne faut rien laisser à l'interprétation des humeurs pour
éviter le risque de créer de nouveaux parrains qui lavent plus blanc que la
justice.