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Plus de régime préférentiel pour le montage: Retour à l'importation des véhicules neufs par les concessionnaires

par M. Mehdi

Le dernier Conseil des ministres, tenu dimanche dernier, a sonné le glas de l'«industrie automobile». En février, il était encore question de «la révision des textes réglementaires encadrant le dispositif CKD». Trois mois plus tard, c'est l'arrêt total de ce dispositif qui est décidé.

Présidé par Abdelmadjid Tebboune, le Conseil des ministres a fait une deuxième lecture de l'exposé du ministre des Finances, relatif à l'avant-projet de loi de finances complémentaire 2020 (LFC). Parmi les mesures dans le volet «relance économique», il a été décidé de la «révision de la règle 49/51 à l'exception des secteurs stratégiques et des activités d'achat et de vente de produits», et d'une «révision à la hausse du taux de prélèvement à la source pour les sociétés étrangères exerçant dans le cadre de contrats de prestation de services en Algérie». Ce taux passe de 24% à 30% pour «les encourager à ouvrir des bureaux en Algérie», indique le communiqué du Conseil des ministres.

L'«annulation du droit de préemption et son remplacement par l'autorisation préalable des investissements étrangers et l'annulation de l'obligation de leur financement à travers le recours aux financements locaux» figurent également parmi les mesures prises dimanche dernier.

Il a été également décidé d'exonérer, pour une durée de deux ans renouvelables, des taxes douanières et de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) «pour les composants acquis localement par les sous-traitants dans le secteur des industries mécanique, électrique et électronique et les pièces de rechange, et la création d'un régime préférentiel pour les activités de montage».Mais la décision phare reste celle de l'«annulation du régime préférentiel pour l'importation des lots SKD-CKD pour le montage de véhicules» et de revenir à l'importation de véhicules touristiques neufs par les concessionnaires automobiles.

Depuis son lancement il y a quelques années, l'industrie de montage automobile n'a pas réussi à démarrer, se contentant de consommer des milliards de dollars dans l'importation de kits CKD-SKD sans réel impact sur le développement des métiers de l'industrie mécanique. Sans compter que la facture d'importation de kits CKD-SKD devenait plus coûteuse que l'acquisition de véhicules neufs.

Grosses factures

Pour rappel, dès janvier 2020, le «dossier d'importation des kits CKD-SKD destinés au montage automobile en Algérie» était appelé à être «assaini d'urgence». Un mois plus tard, le Conseil des ministres avait envisagé «la révision des textes réglementaires encadrant le dispositif CKD» afin «d'augmenter le taux d'intégration dans les activités de montage dans différentes activités industrielles et promouvoir la sous-traitance». Mais le poids de la facture des importations de kits CKD-SKD a pesé sur la nouvelle décision d'annuler le «régime préférentiel» dont bénéficiait l'«industrie» de «montage de véhicules».

A noter que la facture d'importation des kits SKD destinés au montage automobile des véhicules de tourisme et du transport du personnel et de marchandises s'est élevée à 2,3 milliards de dollars durant les neuf premiers mois de 2019. En 2018, la facture globale d'importation de ces kits a dépassé 3,73 milliards de dollars, contre 2,2 milliards de dollars en 2017, soit une hausse annuelle de 70%. Le montage local des véhicules a réalisé en 2018 une production de 4.500 véhicules industriels et 180.000 véhicules de tourisme, contre 110.000 véhicules de tourisme en 2017.

Les affaires judiciaires révélées dans le dossier du montage automobile, impliquant d'anciens ministres et des hommes d'affaires, a révélé des faits «catastrophiques» à l'origine de lourdes pertes pour le Trésor public estimées à près de 129 milliards de DA.