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De la médiocratie cathodique !

par El-Houari Dilmi

Au moment où la communication institutionnelle tente de remettre de l'ordre dans ses affaires avec la nomination d'un porte-parole officiel au niveau de la présidence de la République avec son interface à l'échelon du gouvernement, le chaos, qui marque le paysage audiovisuel algérien en ce mois de Ramadhan où les Algériens sont collectivement « assignés à résidence surveillée », vient ajouter une couche de sinistrose à un mois des plus éprouvants. C'est que l'on nous annonce à la figure que plus de 40 milliards de dinars ont été claqués en frais de publicité au profit de la seule presse écrite-papier durant les quatre dernières années. Et pour nettoyer ce que d'aucuns appellent les « écuries d'Augias », l'on nous annonce, aussi, que beaucoup de chaînes TV privées seraient en train de vivre leur dernier quart d'heure, dans le sillage de la reconfiguration politico-institutionnelle en cours. Il est attendu du nouveau cahier des charges en préparation la fin de l'anarchie réglementaire et surtout financière qui a permis à de nombreux « faux magnats » des médias d'amasser des fortunes colossales. Évoluant, pour certaines, dans le proche orbite du pouvoir déchu, des chaînes TV, au détriment de l'éthique journalistique la plus élémentaire, ont été utilisées comme de véritables « machines à casser de l'homme et des destins » contre de l'argent sonnant et trébuchant, tiré de la publicité étatique et privée. Montrées du doigt pour servir «d'instrument de propagande et d'abêtissement», plusieurs de ces chaînes TV ont déjà été averties par l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, de simples coups de semonce qui ne semblent pas vraiment comme une volonté sincère de nettoyer ces « boîtes fourre-tout », capables de représenter une menace réelle pour la sécurité du pays et la santé mentale des Algériens. Ainsi, les télévisions privées algériennes seront fermées sous peu, le temps qu'elles se mettent en conformité avec les nouvelles lois. Le PAA (entendre paysage audiovisuel algérien), en élaguant ces promoteurs patentés de la médiocratie cathodique, et en élargissant les espaces de débat d'idées fécondes et de liberté d'expression, va certainement gagner en crédibilité en veillant à remettre de l'ordre dans ce capharnaüm médiatico-financier qui a gravement discrédité le métier d'informer. Aussi simple qu'une démocratie vidée de sa sève, celle du droit à l'information amène directement le citoyen à se désintéresser de la gestion des affaires de la cité, un citoyen bien informé est un citoyen (et pas seulement un électeur) qui exerce son droit de savoir ce qui se passe dans son propre pays mais aussi et surtout savoir où il va?