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IDEAUX FLOTTANTS

par Abdou BENABBOU

Au cours du dernier Conseil des ministres, il a été largement question de nouvelles facilités à accorder à l'investissement étranger. Le point nodal sur le sujet concernait les approches à adopter dorénavant pour ce que l'on doit comprendre par souveraineté nationale. Recommandation impérieuse pour toute nation qui se respecte pour ne pas être soumise aux dictats pluriels et pour éviter un bradage de sa raison d'être, il faut cependant reconnaître qu'une souveraineté d'un pays est devenue relative dans le monde d'aujourd'hui devenu un village. Des puissances étrangères, autrement mieux armées que l'Algérie, s'en rendent compte et leurs démêlés actuels autour du sujet frisent avec bruits et coups de semonce des niveaux dangereux pour le monde entier. Pour preuve, le bras de fer politique et économique actuel entre la Chine et les Etats-Unis offre un tableau conforme de la mise et des enjeux et les ondes de choc provoquées par leurs tiraillements ont impliqué immanquablement la plupart des pays du globe sans leur consentement. La notion de souveraineté, depuis longtemps, n'est pas dans les idéaux flottants ni dans les griseries des poésies et des sentiments mais dans la farouche compétition des intelligences et des calculs bien ordonnés.

Les autorités algériennes donnent l'impression d'avoir compris que les rêves ne suffisent plus à nourrir les peuples et qu'obligation est faite pour un retour à la réalité et à la raison. Un investisseur étranger est l'extrême opposé du mécène et il ne s'installe pas dans un pays dans l'intention de récolter des chimères mais pour rentabiliser son investissement. Le profil est acceptable pour peu que l'investisseur ne vienne pas pour fourguer du vent. La souveraineté prend alors un réel sens quand un peuple sait se prémunir des grosses filouteries des grands escrocs et quand il est en capacité de prouver qu'il n'est pas un peuple d'idiots. Le reste, tout le reste relatif à une souveraineté nationale n'est qu'une littérature de fanfarons.



Erratum : dans l'édito de l'édition du dimanche 10 mai «l'esprit et la lettre», il fallait lire «leurs CARAPACES qui ont alourdi leur mutisme politique» au lieu de «leurs CARCASSES...».