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M.
Jean-Pierre Chevènement, le président de la ?Fondation pour l'Islam de France'
était l'invité du journaliste Mohamed Kaci, ce jeudi 22 février, sur la chaîne
de télévision TV5 Monde.
Dans cette émission en direct, l'ancien ministre socialiste de l'Intérieur du gouvernement de cohabitation de Lionel Jospin, sous le mandat du président français Jacques Chirac, s'est d'abord exprimé sur la loi française de 1905, dite de « séparation de l'Eglise et de l'Etat ». Il a précisé « qu'elle ne s'est pas appliquée à l'Algérie (alors sous domination coloniale. Ndlr) et de toute façon s'appliquait à un pays (la France métropolitaine) où l'Islam n'existait pas encore ». «Il faut, a-t-il déclaré, que l'Islam puisse s'organiser, à l'égal des autres cultes, et qu'il puisse aussi former ses ministres du culte à un niveau comparable à celui des rabbins, des curés et des pasteurs, c'est-à-dire: bac+5. Aujourd'hui, la fonction d'imam est très mal rémunérée, quand elle l'est. Ce sont très souvent des bénévoles ou des personnes qui sont désignées par le consensus collectif ». M. Chevènement a fait remarquer ensuite que « certains imams ne parlent pas français. Il y a, environ, 2.500 lieux de culte en France, 2 fois plus qu'il y a 20 ans. Il y a environ un millier de mosquées. Trois cents imams sont des imams qui sont rémunérés par leurs pays d'origine, l'Algérie, le Maroc, la Turquie essentiellement. Les autres sont rémunérés par les fidèles dans des conditions parfois problématiques ». Le président de la ?Fondation pour l'Islam de France' s'est dit convaincu que ?si nous voulons avoir un Islam cultivé qui puisse être un rempart contre l'idéologie salafiste, qui est une idéologie primaire, manichéenne, sommaire, fruste, qui encourage les dérives mortifères, (...) il faut l'aider à s'organiser. On ne doit pas confondre l'Islam et l'islamisme djihadiste. Les Français ont su ne pas faire l'amalgame jusqu'à présent ». «Il faut, a ajouté M. Chevènement, que l'imam puisse diffuser un Islam qui tienne compte de ce qu'est l'histoire de l'Islam. On peut, peut-être, penser à créer une faculté de théologie musulmane, à Strasbourg, puisqu'il existe une faculté de théologie catholique et une faculté de théologie protestante, cela serait conforme au principe d'égalité. Cela ne remettrait pas en cause, à mon sens, la laïcité ». «Le problème de fond est de donner à voir un Islam qui a une histoire, qui a une diversité, qui a connu plusieurs califats, plusieurs empires... Il y a une richesse historique de l'Islam qui n'est pas comprise et qu'il faudrait rendre sensible par opposition à cette vision binaire et dangereuse que représente l'idéologie salafiste ». «Le principe de la laïcité, tel qu'il est compris aujourd'hui, fait que l'Etat français considère qu'il n'a pas vocation à s'intéresser aux questions religieuses. Le Président Macron a dit, précisément, le contraire, qu'il voulait veiller à structurer enfin, le culte musulman. On a essayé de le faire, j'ai moi-même lancé une consultation en 1999». Concernant le financement du culte musulman, en France, M. Chevènement a donné des pistes : « Le marché du halal représente plus de 5 milliards d'euros, par an. Par ailleurs, il y a les dons des fidèles; la religion musulmane est la deuxième en effectifs en France ». Il a achevé son interview par une déclaration qui aurait mérité davantage d'éclaircissements puisqu'elle résume toute la politique du gouvernement français actuel, concernant la religion musulmane, dans l'Hexagone: « L'Islam de France est un chantier que nous nous sommes donnés à la ?Fondation pour l'Islam de France » qui est, aujourd'hui, sur orbite pour travailler dans le domaine culturel, dans le domaine éducatif, pas dans le domaine religieux. Mais je ne confonds pas l'Islam de France et l'Islam en France ». Dans cette précision, se jouerait-il, aux yeux de M. Chevènement, l'essentiel sur ce sujet sensible, voire épineux? |
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