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Débat :
Projet suicidaire de Trump pour Ghaza: Une menace pour toute la région, y compris Israël
par Salah Lakoues ![]() La proposition de Donald Trump de transformer Ghaza en une
«Riviera » tout en déplaçant ses habitants vers d'autres pays reflète une
approche profondément coloniale et déshumanisante. Il traite ce territoire,
marqué par une histoire tragique et une identité nationale forte, comme un
simple projet immobilier, ignorant complètement la notion de patrie, de nation
et de droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
L'absence de considération pour la nation palestinienne Trump ne reconnaît pas Ghaza comme faisant partie d'une nation palestinienne légitime. Sa proposition suggère qu'un territoire peut être vidé de ses habitants et réaménagé comme s'il était une simple propriété foncière. C'est une vision qui rappelle les logiques coloniales du XIXe siècle, où les grandes puissances redessinaient des cartes sans tenir compte des populations locales. Un mépris pour la notion de patrie et d'identité La patrie est plus qu'un lieu géographique ; elle représente un lien historique, culturel et émotionnel entre un peuple et son territoire. En suggérant que les Ghazaouis peuvent être déplacés vers d'autres pays, Trump nie leur attachement à leur terre et leur droit fondamental à y vivre. Il considère implicitement que les Palestiniens sont interchangeables et que leur souffrance peut être effacée par un projet touristique. Un projet néocolonial sous couvert de philanthropie Trump tente de présenter cette idée comme une œuvre philanthropique, mais en réalité, elle rappelle les projets de «transfert de population» qui ont marqué les pires pages de l'histoire. Si son but était réellement d'aider les Ghazaouis, pourquoi ne leur proposerait-il pas de s'installer aux États-Unis ? La réponse est évidente : son projet ne repose pas sur l'humanisme, mais sur une volonté de satisfaire les intérêts israéliens et de faire disparaître la question palestinienne en effaçant Ghaza. Une vision marchande du monde Trump voit Ghaza non pas comme une terre habitée par un peuple avec une histoire et une identité, mais comme un terrain de développement. Cette approche est typique de sa manière de penser, où tout devient une affaire de transaction, de deal et d'investissement. Pour lui, même une crise humanitaire se gère comme un projet immobilier. Un refus de reconnaître le drame des Ghazaouis Les Ghazaouis vivent une tragédie humanitaire : bombardements incessants, blocus, destructions massives. Plutôt que d'aborder la situation sous l'angle des droits de l'homme et du droit international, Trump en parle comme s'il s'agissait d'un problème d'urbanisme. Cette indifférence totale aux souffrances humaines est frappante. Une négation du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes La proposition de Trump est une négation absolue du droit des peuples à l'autodétermination. Elle montre une vision du monde où seules les puissances économiques et militaires décident du sort des autres. En présentant Ghaza comme une future «Riviera» débarrassée de ses habitants, il reprend une vieille rhétorique coloniale qui nie aux peuples dominés toute légitimité politique et historique sur leur propre terre. En fin de compte, cette idée n'est pas seulement irréaliste et immorale, elle révèle aussi l'aveuglement de Trump face aux réalités historiques et politiques du conflit israélo-palestinien. Si un projet aussi extrême était mis en œuvre, il ne ferait qu'exacerber l'instabilité et l'insécurité dans toute la région, y compris en Israël. Voici pourquoi : Un déclencheur d'un conflit régional élargi Le déplacement forcé des Ghazaouis vers d'autres pays ne serait pas accepté par les États voisins, notamment l'Égypte et la Jordanie. Ces pays ont déjà exprimé leur refus catégorique d'accueillir des réfugiés palestiniens supplémentaires, car cela menacerait leur propre stabilité politique et démographique. Une tentative de déportation massive provoquerait des tensions diplomatiques et pourrait même entraîner des réactions militaires ou des sanctions internationales. Une montée en puissance des groupes armés Un projet d'expulsion totale des Ghazaouis alimenterait un sentiment de révolte et de vengeance, renforçant les groupes armés non seulement en Palestine, mais aussi dans toute la région. Des factions radicales, déjà en conflit avec Israël, trouveraient un argument puissant pour recruter de nouveaux combattants, et le risque d'attaques asymétriques en Israël et ailleurs augmenterait considérablement. Un risque d'embrasement pour Israël lui-même Israël, malgré sa puissance militaire, ne pourrait pas ignorer les conséquences de cette politique. L'instabilité croissante à ses frontières, notamment avec le Liban (Hezbollah), la Syrie et la Cisjordanie, créerait un climat de guerre permanent. Même à l'intérieur d'Israël, les tensions entre juifs et arabes israéliens s'intensifieraient, rendant la situation intérieure encore plus explosive. Une fracture avec ses alliés occidentaux Si un tel plan était mis en œuvre, il mettrait Israël en contradiction avec ses alliés occidentaux, notamment les États-Unis et l'Union européenne, qui peinent déjà à justifier leur soutien face aux critiques internationales sur la gestion du conflit. Une telle entreprise serait perçue comme une purification ethnique et susciterait des condamnations internationales, y compris dans certains cercles pro-israéliens modérés. Un effet boomerang sur la sécurité du Moyen-Orient Les États du Golfe, notamment l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui tentent de normaliser leurs relations avec Israël, ne pourraient pas cautionner une telle opération sans risquer des révoltes internes. Cela mettrait en péril les accords d'Abraham et anéantirait toute perspective de paix durable dans la région. Un projet suicidaire pour la région L'idée de Trump n'est pas seulement immorale et illégale, elle est aussi totalement irréaliste et dangereuse pour la sécurité de tous les acteurs de la région. Israël, loin d'en sortir gagnant, se retrouverait encore plus isolé et menacé, tandis que le Moyen-Orient plongerait dans un cycle de violences sans précédent. Cette proposition montre une méconnaissance totale des dynamiques régionales et des réalités géopolitiques. Elle ne ferait qu'accélérer la déstabilisation d'une région déjà en proie à des tensions extrêmes. |
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