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![]() ![]() ![]() ![]() La gestion actuelle des
allocations de voyage en Algérie, basée sur une distribution en espèces, pose
de nombreux défis économiques : fraude, efficacité logistique et fuite
incontrôlée des devises. Face à ces problématiques, la mise en place d'un système
de cartes prépayées permettrait une meilleure régulation des flux monétaires,
une modernisation du secteur bancaire et un impact positif sur le transport
aérien.
Cet article analyse en profondeur les effets économiques d'une telle réforme, en prenant en compte les nouvelles données sur la part de marché d'Air Algérie, qui s'élève à 61,3% sur les vols internationaux en 2023. 1. Les limites du système actuel et la nécessité d'une réforme Aujourd'hui, les Algériens bénéficient d'une allocation de voyage de 750 euro par adulte et 50 euro par enfant, uniquement utilisable à l'étranger. Toutefois, sa distribution en espèces engendre des risques majeurs : Alimentation du marché noir : Beaucoup de bénéficiaires revendent leur allocation sur le marché parallèle, favorisant un commerce illégal de devises. Absence de traçabilité : L'État ne peut pas surveiller l'utilisation réelle des fonds, ce qui compromet la gestion des réserves de change. Coût élevé pour les banques : Manipuler d'importantes quantités de cash implique des charges logistiques et sécuritaires importantes. La transition vers des cartes prépayées en devises offrirait une solution plus moderne et plus efficace, en garantissant un meilleur suivi des flux financiers et en empêchant la spéculation sur le marché noir. 2. Une opportunité stratégique pour la Banque centrale et les banques commerciales Le rôle de la Banque centrale En tant qu'émetteur de la monnaie et garante des réserves de change, la Banque centrale tirerait plusieurs bénéfices de cette réforme : Contrôle accru sur les sorties de devises, en limitant l'usage des allocations aux paiements internationaux uniquement. Réduction du marché parallèle, en empêchant la revente de devises en espèces. Optimisation des réserves de change, grâce à un meilleur suivi de la consommation des allocations. Les bénéfices pour les banques commerciales Les banques locales seraient chargées d'émettre et de gérer ces cartes prépayées, ce qui générerait d'importants revenus : Frais d'émission des cartes : 25 millions $ par an. Frais de gestion annuels : 100 millions $. Frais de transaction internationale : 67 millions $. Le potentiel de revenus annuels pour les banques serait donc de 192 millions $, tout en contribuant à la modernisation du système bancaire algérien. 3. Un impact positif sur le transport aérien et Air Algérie L'amélioration de l'accès aux allocations de voyage pourrait stimuler la demande en voyages internationaux. Actuellement, 5 millions d'Algériens voyagent chaque année. Avec une croissance projetée du trafic de 3% la première année, 5% la deuxième et 7% la troisième, cette réforme pourrait dynamiser le marché aérien. Air Algérie, qui détient 61,3% des parts de marché sur les vols internationaux, serait la première bénéficiaire de cette hausse de la demande. Avec un tarif moyen de 54 000 DZD par billet international, cette augmentation du trafic pourrait générer pour Air Algérie un surplus de revenus de 142,2 millions $ sur trois ans. Cette réforme pourrait également stimuler le tourisme sortant et favoriser les compagnies étrangères qui captent 38,7% du marché. 4. Risques et défis à anticiper Si la mise en place des cartes prépayées présente de nombreux avantages, elle comporte aussi des défis qu'il faudra anticiper : 1. Contournement du système et marché noir des cartes Certains usagers pourraient être tentés de revendre leurs cartes prépayées à des tiers ou de les utiliser à des fins non prévues. Des mesures de contrôle strictes devront être mises en place : Restreindre les transferts de fonds entre cartes. Limiter les retraits en cash à l'étranger. Suivre les transactions suspectes et imposer des plafonds de dépenses. 2. Impact sur la demande de devises et stabilité monétaire Un accès plus facile aux allocations pourrait augmenter la pression sur les réserves de change. Pour éviter cet effet, il sera crucial de : Maintenir un plafond d'allocation adapté à la situation économique du pays. Limiter la convertibilité des fonds en dehors des paiements à l'étranger. 3. Acceptabilité sociale et adoption des cartes La transition vers des cartes prépayées nécessite une éducation financière et une sensibilisation des citoyens pour éviter des résistances au changement. 5. Conclusion : Une réforme stratégique pour une Algérie plus moderne L'introduction des cartes prépayées pour la distribution des allocations de voyage représenterait un avantage majeur pour l'économie algérienne : üLa Banque centrale pourrait mieux contrôler les sorties de devises et protéger les réserves de change. üLes banques commerciales bénéficieraient d'un marché estimé à 192 millions $ par an. üLe secteur aérien, notamment Air Algérie, pourrait voir ses revenus croître de 142,2 millions $ en trois ans. Cependant, pour garantir le succès de cette réforme, il est impératif de : Mettre en place un cadre réglementaire strict pour éviter les fraudes et le marché noir. Assurer une gestion prudente des devises pour protéger l'équilibre monétaire. Sensibiliser les citoyens à l'utilisation des paiements électroniques. Si ces conditions sont réunies, cette transition pourrait marquer une avancée majeure dans la modernisation du secteur financier algérien, tout en garantissant une gestion plus transparente et plus efficace des ressources en devises. |
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