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Le général de corps
d'armée, vice-ministre de la Défense, chef d'état-major de l'Armée nationale
populaire (ANP), Ahmed Gaïd Salah, est décédé hier matin
à l'âge de 79 ans suite d'une crise cardiaque, laissant ainsi l'Algérie face à
des défis complexes et périlleux.
Le faire-part a été rendu public dans la matinée d'hier, lundi 23 décembre 2019, par la présidence de la République. «Suite au décès du moudjahid, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, le président de la République, ministre de la Défense nationale, chef suprême des forces armées, M. Abdelmadjid Tebboune, a décrété un deuil national de trois jours et de sept jours pour l'institution de l'ANP», a fait savoir hier un communiqué de la présidence de la République. Le chef de l'Etat a nommé de suite le général major Saïd Chengriha en tant que Chef d'état-major de l'ANP par intérim. Jusque dans l'après-midi d'hier, beaucoup d'Algériens ne croyaient pas à ce départ brusque et inattendu de celui qui a été l'homme fort d'une situation politique nationale des plus critiques et des plus dangereuses. Ahmed Gaïd Salah l'a été pendant près d'une année. Il a été l'homme de la situation incarnant le pouvoir absolu après la démission forcée du président Bouteflika le 2 avril dernier. L'atmosphère qui règne en Algérie depuis ce moment-là est lourde de complots, de visées et de calculs envers un pays programmé à la déflagration. Avant de partir, Gaïd Salah avait déjoué le dernier coup bas qui visait à remettre en cause sa feuille de route, particulièrement celle d'organiser une élection présidentielle qu'il voulait comme aboutissement à un processus qu'il avait engagé contre vents et marées, contre tous, contre ceux à l'intérieur et à l'extérieur du pays qui avaient décidé de le combattre. Il a atteint tous les objectifs qu'il s'était fixé à cet effet et pour cette période précise. Jeudi dernier, il a applaudi Abdelmadjid Tebboune qui prêtait serment pour être investi comme président de la République. Personne ne savait alors que c'était son dernier baroud d'honneur, son dernier sourire et sa dernière décoration, celle de la médaille du ?Mérite national de l'ordre Sadr' que lui avait décerné le chef de l'Etat. La volonté divine déjoue tous les pronostics Après ses multiples apparitions sur le terrain, ses inspections dans les casernes, ses ordres à l'ensemble des armées, terre, mer, air, ses importantes manœuvres militaires au niveau de plusieurs régions, ses nombreux discours et appels à l'unité nationale et à la préservation de la stabilité et de la sécurité de l'Algérie, sa vigilance contre les complots internes et externes, ses menaces envers l'ensemble de ses détracteurs, le Chef d'état-major de l'ANP, qui a gouverné l'Algérie avec une main de fer depuis avril dernier, a quitté ce bas monde sur la pointe des pieds. De posture imposante et à la poigne ferme, il ne fera pas de bruit au moment de son départ vers un monde meilleur. Il a tiré sa révérence alors que l'Algérie dormait encore ou se réveillait à peine. Il était 6h du matin quand, selon la présidence de la République, il a été pris chez lui d'un malaise cardiaque qui l'a emporté à jamais. Le défunt a été évacué vers l'hôpital militaire, Mohamed Seghir Nekkache d'Alger, où son décès a été constaté. La volonté divine est venue déjouer tous les pronostics qui étaient lancés sur le devenir de sa personne, de son rôle et de ses missions après l'élection de Abdelmadjid Tebboune à la magistrature suprême. Tous les observateurs et analystes pariaient sur les différents sorts qui devaient lui être réservés dans la nouvelle phase qu'augure l'élection du nouveau chef de l'Etat. Sera-t-il reconduit comme vice-ministre de la Défense ? Sera-t-il maintenu à son poste de Chef d'état-major de l'ANP ? Rentrera-t-il chez lui de son plein gré ? Fera-t-il confiance à ceux qui l'entourent et à l'ensemble de ses services dont certains ont essayé, il y a à peine quelques jours, de contrecarrer son plan de remettre l'Algérie sur la voie de la légitimité constitutionnelle par l'élection d'un nouveau président ? Toutes ces interrogations et nombreuses d'autres étaient posées pour savoir qu'allait devenir l'homme qui avait incarné le pouvoir absolu pendant près d'une année. La réponse a été simple, rapide et nette. Dieu a voulu ainsi que Gaïd Salah n'apparaîtra plus jamais. Il lui a signifié une fin de mission en lui accordant une belle mort, tranquille, parmi les siens. Il a quitté à jamais casernes, Haut Commandement de l'armée, terrain des manœuvres militaires et champ politique national qu'il a investi par effraction pour raison d'Etat. Il s'en est allé alors qu'il venait juste de passer le relais à Tebboune en qui il a mis toute sa confiance pour remettre de l'ordre sur un échiquier politique bouleversé par des coups de boutoir féroces. Le général de corps d'armée n'a eu de cesse de répéter que l'Algérie est en proie à des complots fomentés par plusieurs officines internes et étrangères dont les échos sont répercutés sur l'ensemble du territoire national. Défis périlleux et ordre civil Conscient des lourdes menaces qui pèsent sur le pays, Gaïd Salah est parti en sachant pertinemment que les conspirateurs continueront de travailler sur l'hypothèse d'émietter un pays-continent dont l'indépendance leur est restée à travers la gorge. Un pays qui a sa souveraineté nationale à fleur de peau. Un pays devenu la cible de tentatives d'ingérences étrangères violentes, à la limite du crime. Dès ce moment très matinal qui rappelle que nul n'est éternel, Abdelmadjid Tebboune est désormais l'homme qui a perdu son appui le plus fort et le plus sûr pour entreprendre ses missions de président de la République en toute quiétude et en toute assurance. Gaïd Salah est parti sans crier gare, sans peut-être le prémunir contre ses adversaires qui affûtent leurs armes pour renverser des équilibres instaurés par la force et l'ordre militaires dans un tumulte militaro-politico-social effrayant. Minée par les réseaux apparentés à l'Etat profond, l'Algérie aura besoin de se mobiliser encore plus fortement pour pouvoir faire face à des tentatives certaines de déstabilisation. L'armée, seul et unique rempart pour préserver l'unité de la Nation contre les soubresauts de l'ingérence étrangère et assurer la sécurité du pays, est plus que jamais appelée à encadrer ces vastes territoires nationaux que la communauté internationale n'a pas hésité à faire entourer par les pires conflits du siècle. Les guerres en Libye et dans la bande sahelo-sahélienne ne lui laissent aucun répit. Le départ inattendu de Gaïd Salah exige de l'institution militaire de resserrer ses rangs pour préserver l'Algérie contre les complots néocolonialistes comme l'a fait l'Armée de libération nationale contre le colonialisme français. La conjoncture ne permet pas d'erreurs tactiques, de conflits de leadership, de règlements de comptes ou de quelconques revanches à prendre. L'unité nationale dépendra étroitement de l'unité des rangs de l'institution militaire. Confronté à des défis périlleux, l'ordre civil est plus que jamais soumis au test complexe et compliqué du respect des lois de la République. Il dépend étroitement de la préservation de la cohésion sociale, de l'unité des territoires du pays et du soutien du peuple à son armée en faction tout au long des frontières. |
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