Dans sa
politique étrangère, l'Algérie qui a maintenant un nouveau président de la
République, aura à faire face dans l'immédiat au conflit libyen, où les
hostilités redoublent de violence, rappelant le chaos qui a suivi la chute de Maamar Khadafi, en 2011. Avec une
nouvelle donne plus inquiétante, en l'occurrence les ingérences étrangères qui
ont internationalisé le conflit, plaçant l'Algérie sur un banc de spectateur.
D'où la montée au créneau du président de la République, A. Tebboune,
qui a averti dans son discours, à l'issue de son investiture, que l'Algérie ne
se confinera pas dans ce rôle de spectateur face au conflit libyen. Comprendre
que l'Algérie ne restera pas les bras croisés alors que la Turquie, l'Egypte,
les pays du Golfe, la France, les Etats-Unis et la Russie, pour ne citer que
ces pays, sont engagés politiquement et militairement sur le front libyen. La
plupart de ces pays apportent soutien et assistance effective sur le terrain à
une autorité aux dépens d'une autre (le général dissident Khalifa Haftar d'un côté et de l'autre Fayez
al-Sarraj, le chef du
gouvernement d'union nationale), défendant des feuilles de route
basées sur les intérêts intrinsèques et les dividendes à tirer pour leurs pays
respectifs lors de l'accession au pouvoir de leurs protégés. Au-delà des
considérations géostratégiques, la Libye reste un gigantesque réservoir
énergétique et cela attise, forcément, les convoitises. Ce qui n'est pas le cas
de l'appréciation algérienne, qui a toujours plaidé pour le dialogue entre les
Libyens, qui doivent trouver entre eux la solution à leurs problèmes. L'Algérie
ne défend aucune feuille de route autre que le règlement politique, à
l'amiable, du conflit libyen entre les principales parties antagonistes, chose
qui n'est pas pour plaire aux pays qui planifient leurs stratégies, eux, selon
des aspects de rendement purement matériels. Cela leur importe peu ou pas du
tout que les Libyens meurent par centaines, soient déplacés par dizaines de
milliers, l'essentiel pour eux c'est de pomper les plus grandes parts de l'or
noir une fois leurs protégés au pouvoir. Presque la thèse et l'antithèse. C'est
toute la difficulté de manœuvre offerte au président de la République. D'autant
que la longue absence de la scène, due à la crise interne qu'elle a traversée,
complique davantage la position de l'Algérie. Aujourd'hui, dans l'impossibilité
d'appeler à la sagesse et la retenue Haftar, ou
d'inviter les parties rivales à une table de dialogue, que fera l'Algérie? On n'est pas trop loin du scénario syrien dans ce
pays voisin, dont l'embrasement menace directement la stabilité et la sécurité
de l'Algérie.