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Dès 20H, des youyous
fusèrent du quartier général du candidat Abdelmadjid Tebboune
et des feux d'artifices sont lancés. Les premières tendances du vote le
donnaient pour le vainqueur à la magistrature suprême.
Les premiers taux de participation et des voix au profit des 5 candidats commençaient à tomber dés la fin de l'après-midi. A cet instant, le quartier général (Q.G) de Tebboune grouillait déjà de monde, des membres de son staff de campagne et de ses nombreux soutiens. Ils étaient tous persuadés que le candidat qui se voulait «indépendant» avait gagné les élections présidentielles. Tous, sans exception exprimaient leur joie et leur bonheur «d'avoir réussi parce que nous avons travaillé dur pour atteindre cet objectif». Les journalistes se poussaient des coudes pour pouvoir se frayer un chemin au milieu de cette foule euphorique. Les youyous et les feux d'artifice commençaient à se faire entendre de toute part. Le seul absent était le candidat lui-même rentré chez lui pour, nous dit-on «se reposer un peu». Contacté par téléphone, il a bien accepté de nous parler. Au son de sa voix, il était le candidat heureux des premières grandes tendances qui lui étaient très positives. «C'est une très très lourde responsabilité que d'avoir la confiance du peuple», nous a-t-il dit à ce propos. Il s'est refusé à tout autre commentaire avant, nous a-t-il dit, «d'avoir tous les chiffres et les taux». Jeudi dernier, jour du vote, a été une longue journée pour les 5 candidats mais aussi pour les nombreux journalistes qui suivaient attentivement tout ce qui pouvait les éclairer sur une élection présidentielle qui a pratiquement gardé tous ses secrets jusque dans la soirée. Si les alentours du centre-ville d'Alger paraissaient dans la matinée de ce jour-là quelque peu déserts, les après-midi commençaient à voir l'affluence des votants, hommes et femmes. A Bab Ezzouar, Belcourt, Mohamadia et autres proches banlieues, les femmes étaient venues voter avec leurs enfants. Mais à vu d'œil, les hommes étaient plus nombreux que les femmes et ce pratiquement dans l'ensemble des centres de vote. «Tebboune est président au 1er tour» Son directeur de communication nous avait précisé tout de suite que «le candidat Tebboune a bénéficié de 50% des voix dans 35 wilayas, les indicateurs dans toutes les wilayas classent notre candidat à la 1ère place, on considère que Tebboune est président dès le 1er tour.» Les membres du staff suivaient de très près les données par wilaya. De nouveau, des youyous stridents sont poussés. «Ce sont de simples citoyennes qui font les youyous et de simples citoyens qui lancent les feux d'artifice,» nous dit un membre de son staff. Avant, vers 18H30, nous nous sommes rendus au QG du candidat Azzedine Mihoubi à Hydra, où l'ambiance était moins festive. Le candidat a bien accepté de nous recevoir dans son bureau. Comme à son habitude, Mihoubi paraissait calme et serein. Comment vous sentez-vous ?, lui avions-nous demandé. «C'est comme quelqu'un qui s'est bien préparé pour passer son bac et quand on l'interroge, il dit moi j'ai travaillé, j'ai fait ce qu'il fallait faire...,» nous a-t-il répondu. Il affirme que «nous avons fait une campagne électorale propre, nous l'avons partagée entre les meetings, la proximité avec les citoyens et des rencontres avec les médias nationaux et étrangers. Son pronostic ? «C'est difficile d'affirmer quoi que ce soit, pour moi la réussite c'est celle des élections qui ont eu lieu et se sont bien déroulées, on regrette bien sûr les quelques mauvais moments qui ont émaillé cette journée (jeudi), les scènes de violence font très mal, mais en gros, tout s'est bien passé, la participation a été importante par rapport aux pressions qui pesaient sur la tenue de ces élections,» a-t-il dit. Pour lui «la légitimité d'un président se gagne par le respect de ses engagements vis-à-vis du peuple.» Si vous êtes président de la République, quelle est la première action que vous allez entreprendre ?, lui demandions-nous. «Je m'adresserai au peuple avec sincérité, loin de la politique et de l'autorité, parce que je sais qu'il a un problème de confiance, et si on réussit à régler ce problème, on aura fait un grand pas. Je l'écouterai en ouvrant les portes du dialogue, je recevrai tous ses représentants, si le hirak continue, je continuerai à protéger son caractère pacifique,» répond-t-il. Mihoubi abordera la question de l'enseignement pour affirmer que «l'école est pour moi le 1er enjeu national, c'est le plus grand défi à relever, il faut qu'on sorte l'école des discussions dans laquelle elle a été plongée, il faut revoir les programmes, en trois ans, il faut que l'enseignement devienne numérisé.» Mihoubi serein, Bengrina souriant Il pense en outre que «l'Algérie ne peut pas être un terrain d'affrontement des langues, toute langue c'est la connaissance, la langue française est une réalité historique, je suis aussi à une demi-heure de l'Espagne (...).» Il est persuadé que pour recréer l'Algérie «il faut réhabiliter la confiance, le travail, l'intelligence....» Et il fera du 22 février «une journée nationale de la souveraineté du peuple, c'est fini, on ne peut rien faire sans le peuple, il est devenu la donne principale dans toute équation politique, désormais, il faut qu'on retienne ça, c'est un acte qui a une valeur morale et non populiste.» A Hydra toujours se trouve le siège du parti Talaïe El Houriet où le candidat Ali Benflis était entouré de ses soutiens, d'anciens hauts responsables. Benflis nous a reçu avec le sourire mais s'est refusé à toute déclaration. «Je suis en période de silence électoral, je ne peux faire aucune déclaration, je respecte la loi, l'éthique et la déontologie,» nous a-t-il dit avec une grande amabilité. A Dely Brahim, au QG de Abdelkader Bengrina, c'est Ahmed Dane, son directeur de campagne qui nous reçoit. Il nous prévient que le candidat va venir nous saluer mais ne nous fera aucune déclaration. Dans une grande salle, des jeunes avaient entonné des chansons des stades. Les soutiens du candidat étaient très confiants. Ils étaient sûrs que Bengrina était classé 2ème après Tebboune au plan national et qu'un 2ème tour devenait inévitable. A 21H30, l'on entendait dire que «Tebboune était en tête de liste dans 37 wilayas et Bengrina l'était dans 29 autres.» Le candidat, sourire aux lèvres, habillé en gandoura, était sorti de son bureau pour venir nous voir. Mis à part les propos de bienvenue qu'il nous a adressé, il s'est refusé à tout commentaire de quelque taux qu'il soit. Au Vieux Kouba, le siège du Front El Moustakbal du candidat Abdelaziz Belaïd était bien le plus calme. Il était 22h passées. Le froid s'était bien installé dans ces ruelles sombres. Le staff du candidat était quasiment silencieux. Abdelaziz Belaïd n'était pas sur place. «Il est absent,» nous a dit son directeur de campagne. On ne peut aps lui parler au téléphone ?, lui avions-nous demandé. «Non, il est absent,» nous a-t-il répondu. Il est zéro heure 35 m, Ahmed Dane, le directeur de campagne de Bengrina s'est adressé à la presse présente au QG du candidat pour affirmer que «Abdelkader Bengrina est classé 2ème dans la majorité des wilayas et aucun candidat n'a dépassé 42% dans aucune wilaya, donc un 2ème tour est obligatoire, c'est une responsabilité qui doit corriger les erreurs qui ont été faites durant le 1er tour, on ne comprend pas comment à 15h, le taux national de participation annoncé par l'ANIE était de 20,43% et à peine à 17H, il a atteint 41,14%, c'est curieux !» Dane venait d'exprimer ses premiers doutes sur la crédibilité du scrutin. Il semble persuadé qu'il y a eu fraude. |
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