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Le nom de Benyelloul Smail est intimement
lié aux évènements du 16 janvier 1956, date où fut assassiné le docteur Benaouda Benzerdjeb. Le médecin
martyr fut enterré «clandestinement» vers 5h du matin par l'armée au cimetière
Sidi Senouci pour éviter des débordements populaires.
C'est le gardien qui informa ses parents de cette forfaiture.
Mais c'était sans compter sur la vigilance et la ténacité du service du FLN, très discret, qui commençait à gérer les funérailles. Le cortège se mit en route drainant plus de 15.000 personnes. A l'entrée du cimetière tout un contingent de CRS et de gardes mobiles formait des cordons de sécurité. Les gens en pleurs se bousculaient pour pénétrer à l'intérieur du cimetière. Au chant de ?Mindjibalina' s'éleva à l'unisson une voix des jeunes. Des cris, des slogans anti-français, pro-FLN se mêlaient à la colère de la population. Le retour s'amorça péniblement, les jeunes continuaient de crier «Vive l'Algérie libre !», «A bas la France !». Au premier carrefour qui mène vers la ville, le débordement fit ses effets. Un coup de feu, parti d'une villa d'El Hartoun devant l'hôtel ?Le Transat' (aujourd'hui ?Les Zianides'), a été tiré sur la foule déchaînée : la balle toucha mortellement le jeune Sid Ahmed Belkaïd dit «Herfoul». Une jeune femme enleva son voile et l'en recouvrit ; il s'agit de Fatima Zohra Méchiche, qui allait devenir l'épouse du colonel Lotfi. La casse des vitrines des magasins coloniaux fut la proie privilégiée des jeunes manifestants. Au niveau d'El Medress, les bijouteries des juifs furent saccagées sans toutefois faire l'objet de pillage. Les élèves avaient spontanément déserté ce jour-là les bancs des écoles et collèges pour rejoindre la foule, déployant courageusement le drapeau national vert et blanc avec le croissant rouge écarlate, en scandant à travers les rues du centre-ville «vive FLN», «Français assassins», «indépendance nationale», «vive l'Algérie algérienne». La répression fut sanglante. Parmi les manifestants, notamment le groupe dit des «huit» de Riat El Hammar dont Gaouar Abdelaziz, un adolescent âgé de 14 ans et 2 mois seulement, Benyelloul Smail ould Baghdad, élève à l'école ?Henri Adès', cartable à la main, est allé défier les parachutistes, armés jusqu'aux dents, pour les insulter et crier haut et fort «tahia el djazair». Benyelloul Smail de même que ses infortunés compagnons furent tabassés sur toutes les parties du corps, humiliés, arrêtés manu militari, menottés et embarqués dans un camion pour être transférés vers la caserne où ils furent fichés puis relâchés. Ils ne purent retourner à l'école car ils ont été définitivement exclus par le directeur Sécolier Guy qui les avait dénoncés à la police pour leur militantisme précoce. Ils étaient dès lors considérés comme étant de jeunes ?fellagas'. Benyelloul après son expulsion de l'école est allé travailler comme tisserand chez Chérif Benmoussa Bénaissa à Ras El B'har pour aider ses parents à subvenir à leurs besoins, en cette période de chômage et de vie difficile. Quelques mois après, le 8 juin 1956, le jeune Benyelloul Smail, encore mineur, car il n'avait pas encore atteint 15 ans, fut convoqué via une assignation à prévenu notifiée par l'huissier de justice Me Armand Bibas, par devant le tribunal pour enfants de la rue de Paris où il fut entendu par le juge d'instruction qui l'a inculpé à la peine de 5 mois de prison ferme pour troubles à l'ordre public, destruction des clôtures de l'école Henri Adès, lapidation d'un convoi militaire, soustraction à l'autorité de la France. Il a été transféré, au sinistre centre spécialisé situé à El Kalaa supérieure appelé «Moissons Nouvelles». La «Bataille de Tlemcen» a, elle aussi, son «petit Omar». Il faut rappeler qu'un colloque international sur les «Enfants des guerres» avait été organisé en novembre 2015, par l'Université ?Abou Bekr Belkaïd', via le Laboratoire de recherche «Diversité des Langues, Expressions Littéraires, Interactions Culturelles » (L.L.C). Après l'indépendance, Benyelloul Smail (devenu plus tard expert judiciaire et expert géomètre foncier) a voulu faire valoir ses droits auprès du ministère des Moudjahidine pour obtenir un simple document de reconnaissance mais en vain. Fort de documents et témoignages, il réclame légitimement ce document en guise de «testament» patriotique pour ses enfants, qu'il dédiera à l'indépendance du pays chèrement acquise. |