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Outre ses
richesses, l'étendue de ses espaces, la beauté de ses paysages et
l'authenticité de ses cultures, l'Algérie dispose d'une manne financière
appréciable qui peut faire rêver sa jeunesse, mais aussi bien d'autres, qui
n'ont pour seul lien que le flair de la bonne affaire.
Oui, l'espoir est permis, pour peu qu'on soit en mesure de casser la courbe de l'informel en offrant par une authentique formation et un apprentissage adéquat, une perspective honorable de travail, aux exclus du système scolaire, aux universitaires en chômage, aux travailleurs en quête de reconversion, à la femme au foyer et à tous ceux qui vivent en marge de la société. Cela n'est certainement pas facile d'amorcer un virage aussi déterminant pour les générations futures, dans un contexte fortement bureaucratique, bien souvent empreint de méprise pour les jeunes diplômés, qu'on dit paresseux et incapables de relever le défi ! Cette jeunesse est tout au contraire, cette «sève» bienfaitrice pour la croissance de notre jeune Nation qui détient en sa force et sa vitalité, un atout maître pour son ancrage dans son siècle. Même si nos jeunes disposent de diplômes pas toujours reconnus, il n'en demeure pas moins, qu'ils ont pour eux, l'environnement favorable de la société de la communication et de l'information et la pratique des nouvelles technologies qui les porteront à la pointe du progrès, tout en étant de toute évidence, moins habiles que leurs ainés à s'exprimer, à écrire et à rédiger. Les emplois d'attente qui leur sont offerts à travers les sociétés de gardiennage, les parkings auto et autres petits boulots précaires, ne sauraient être à hauteur de leurs aspirations légitimes. C'est dans l'opérationnalité d'une authentique politique d'aménagement spatial, dans ses dimensions d'attractivité, de maintenance et de mise en valeur territoriale, qu'il est possible de leur offrir un projet d'avenir, dès lors que cette politique est consacrée désormais, comme option nationale incontournable, après moult tergiversations. C'est à partir du développement harmonieux et équilibré à travers les diverses régions du pays, de la création de nouvelles richesses et d'une répartition équitable des fruits de la croissance, que l'Algérie retrouvera ses marques et ses repères et que seront préservées la cohésion sociale, l'unité nationale et l'intégrité territoriale. AMENAGEMENTS ET PROMOTION DU CITOYEN Dans sa rencontre avec l'Algérie profonde, la politique d'aménagement du territoire constitue une réponse idoine au besoin d'épanouissement, d'émancipation et d'intégration sociale du citoyen, en tout lieu du territoire, dès lors qu'elle assure la pleine réalisation de l'égalité des chances et de promotion de tous les citoyens, à partir d'une répartition juste et équitable des moyens du développement. Au regard des disparités territoriales qui favorisent la frange tellienne et surtout littorale, au détriment des vastes espaces Hauts Plateaux et Sud, l'action de l'Etat se doit d'être modulée selon deux niveaux. Le premier, fait référence à l'attractivité des régions du Nord, déjà largement engagée à travers la réalisation d'équipements de maillage infrastructurel (autoroute, métro, tramway, aéroports?) et le développement de services de haut standing. Le second, est celui de la reconquête des espaces intérieurs qui vise la mise à niveau de ces régions, garantissant ainsi la faisabilité d'un authentique développement durable dans sa triple dimension : économique, sociale et environnementale, à hauteur des aspirations de la population et des attentes de notre jeunesse. Il s'agit en quelque sorte, de rechercher des alternatives aux modes d'exploitation traditionnelle, afin de construire un projet d'avenir qui puisse assurer une insertion adéquate des jeunes diplômés de ces régions, en même temps que sera assuré le bien être de leurs communautés. Ces jeunes pour la plupart diplômés, ne sauraient accepter de reproduire indéfiniment, les pratiques traditionnelles peu rémunératrices, telles l'élevage extensif, ou l'agriculture oasienne à l'échelle d'exploitations familiales, à un moment où ils sont interpellés par rapport aux défis de la mondialisation et à la maîtrise des nouvelles technologies de l'information et de la communication. C'est par rapport à ces enjeux du futur, que doit être nécessairement réhabilitée cette Algérie utile, qui rassemble les universitaires, les chercheurs, les intellectuels, les cadres de la Nation et les bâtisseurs de différents profils, dans la fonction de «locomotive» d'un authentique développement global et durable, à l'échelle de l'ensemble du territoire. Cette mobilisation des forces vives de la Nation est d'autant plus impérative qu'il s'agit de dégager à travers la reconquête de ces espaces, une alternative au risque majeur de la littoralisation du pays et à la croissance démesurée des grandes villes du Nord. C'est à ce titre, que l'aménagement et le développement durable des régions Hauts Plateaux et Sud, prend valeur d'un acte éminemment stratégique, par rapport à la nécessité d'un redéploiement des activités et du peuplement à moyen terme. L'amorce de cette dynamique qui tend à offrir à de jeunes pionniers, une perspective d'avenir, suppose l'initiation de grands chantiers, à l'échelle de ces régions intérieures. UN EQUILIBRE DES SYSTEMES URBAINS Cette reconquête territoriale est d'autant plus opportune, que la politique spécifique de maintenance territoriale que l'Etat destine prioritairement aux quatre ensembles métropolitains, ne constitue en fait, qu'un élément de réponse au desserrement d'Alger, d'Oran, de Constantine et d'Annaba. La recherche d'un meilleur équilibre des systèmes urbains des régions du Nord, n'est en fait, qu'un palliatif. Cette action volontariste est la meilleure manière pour l'Etat, d'exprimer sa volonté dans l'exercice de ses missions de régulation, à partir d'une juste répartition des fruits de la croissance et du bien être social, à l'échelle de tout le territoire. Elle constitue également, une opportunité pour les jeunes d'affirmer leurs personnalités par le travail, par rapport au sentiment d'angoisse et de désespoir que leur inspire la précarité de vie, au niveau des grandes agglomérations urbaines et des centres ruraux dévitalisés. Encore faut-il préciser, que contrairement aux idées reçues qui consistent à croire que ces ensembles géographiques sont des entités en dérive, la réalité des efforts d'investissement consentis par l'Etat à la faveur des différents programmes, indique tout au contraire, un niveau d'équipement appréciable qui doit être cependant renforcé. Il faut savoir que les espaces Hauts-Plateaux par exemple, disposent d'un réseau de (15) Universités, Centres, Instituts et Etablissements de formation professionnelle, soit plus de 400.000 diplômés, dont bon nombre sont au chômage. Ce potentiel humain pourrait s'investir dans des actions pionnières et assurer le bond qualitatif nécessaire à la mise à niveau de ces régions. Cette mobilisation requiert cependant, une meilleure facilité d'accès aux aides et soutien de l'Etat, ainsi que des mécanismes appropriés au caractère volontariste de ce projet d'envergure nationale. Cette ressource humaine, dispose pour la plénitude d'expression de ses capacités à l'échelle des régions de Chott Chergui, d'Oued Touil Boughzoul, du Hodna et des Aurès Nememchas, de potentialités appréciables de mise en valeur hydro agricole, de vastes étendues de parcours steppiques à restaurer, d'un capital cheptel à valoriser et de productions agricoles qui favorisent le développement de la filière agro-alimentaire. A cela s'ajoute, la présence de gisements de substances utiles, dont la valorisation pourrait donner lieu à la création d'un réseau de PME/PMI, favorisant ainsi l'effort de construction envisagé à travers les différents programmes d'investissements. Cette dynamique de développement des activités productives génératrices d'emplois et de richesses, est à consolider par le renforcement du maillage infrastructurel, les grands transferts hydrauliques, le développement des N.T.I.C., la connexion des réseaux d'énergie, l'aménagement de zones industrielles selon les standards internationaux et l'intégration des actifs dormants, dans le dispositif de création d'emplois. Au même titre que pour les Hauts plateaux, des projets de grands travaux peuvent être engagés à l'échelle des régions du Sud, au niveau des espaces de la Saoura, du Touat/Gourara, de la vallée du M'Zab, de Oued Ghir et du Hoggar/Tassili, tout en adaptant les actions à initier, aux spécificités de chacun des terroirs, afin d'intégrer correctement les préoccupations liées à la fragilité des milieux et aux us et coutumes des populations locales. Il s'agit donc d'entrevoir l'évolution de ces régions dans des cheminements totalement ancrés dans la mise en valeur de leurs atouts propres et de la mise en exergue de leurs avantages comparatifs, à partir d'un maillage infrastructurel approprié, d'une recherche d'excellence à l'échelle des établissements humains, de l'émergence de pôles de développement économique, de pôles d'excellence touristique et d'un co-développement transfrontalier. Au titre de la permanence des systèmes ksouriens et oasiens, la poursuite des actions de restauration des ksour d'Adrar, de Béchar, de Ghardaïa, de Ouargla, de Biskra et d'El Oued devrait viser l'élargissement de la base productive de ces établissements humains, le rétablissement des conditions de leur convivialité, ainsi que leur émergence en tant que vecteurs d'une dynamique touristique à promouvoir. Cet objectif correspond à l'option d'un tourisme de découverte scientifique et culturelle, fondé sur le caractère spécifique des systèmes oasiens et ksouriens, dans les domaines de l'anthropologie, de la biodiversité, de l'architecture saharienne, de l'irrigation traditionnelle, de l'agriculture oasienne et des arts et métiers. Cela requiert un effort d'introduction d'éléments de modernité et le développement des activités qui favorisent la stabilisation des populations. DE NOUVEAUX CENTRES DE VIE C'est à ce titre que la promotion des activités artisanales et de l'agriculture oasienne, prend toute sa signification, d'autant plus que ces actions restent les formes les mieux adaptées aux traditions locales et à la fragilité de ces milieux. C'est là, la meilleure manière de forger l'image d'un pays accueillant, soucieux de la préservation de son patrimoine, de la culture de ses terroirs et respectueux de son environnement. Au titre de l'organisation urbaine et de la promotion de nouveaux centres de vie, les situations éminemment dangereuses évoquées pour ce qui concerne la croissance des villes du Sud et pour lesquelles les pratiques de «l'urbanisme communal» ont largement fait faillite, impliquent des stratégies à option territoriale plus vaste. En effet, toutes ces grandes villes posent le problème de la maîtrise urgente de l'urbanisation désordonnée et irrationnelle que l'on a laissé s'y développer. Il s'agit donc, de prendre dès le court terme, des mesures conservatoires adéquates, pour restituer chacune d'elles, dans les conditions écologiques spécifiques qui conditionnent leur développement efficient et durable. Dans ce cas, la structuration des espaces sahariens, apparaît aujourd'hui, comme une nécessité absolue et un impératif incontournable, dans la mesure où les risques majeurs qui se rattachent à l'évolution des villes de ces régions, hypothèquent lourdement les intérêts des générations futures. Les actions à entreprendre, visent non seulement le report de l'urbanisation sur les aires d'influence des villes, comme cela a été le cas à Ghardaïa et à Adrar, à partir de la réalisation de nouvelles agglomérations, mais aussi une requalification urbaine à hauteur des besoins d'attractivité des cadres «ressource stratégique» des entreprises de demain. Cette option orientée sur la réunion des conditions d'excellence et d'émergence de pôles urbains dynamiques, est susceptible d'assurer la promotion d'une industrie touristique, en prévision de l'ère de l'après pétrole. Au chapitre de l'émergence d'une agriculture moderne, orientée sur l'exportation de produits agricoles labellisés, les efforts déployés en matière de reconstitution des palmeraies, de développement des cultures primeurs et d'économie de l'eau, se doivent d'être consolidés. L'objectif cette fois-ci, serait de réunir les conditions à l'émergence d'un « agropole » propice à la production de dattes de qualité supérieure et de primeurs, destinés à l'exportation. Cet espace géoéconomique pertinent, pourrait se concevoir à l'échelle des territoires d'Oued Ghir et des Zibans et doit être appuyé par des structures de recherche, de formation et d'animation, de production de djebbars, de semences certifiées, d'aires de stockage et de conditionnement. Dans cet espace d'une mise en valeur repensée par rapport à la fragilité du milieu, l'on devrait encourager l'initiative privée, le partenariat, la création de sociétés par actions et de sociétés mixtes, dès lors qu'il s'agit de réaliser de nouvelles performances, à hauteur des défis de la mondialisation et d'inscrire notre agriculture au même titre d'ailleurs que le tourisme, dans l'ère de l'après pétrole. Pour ce qui concerne la création ex nihilo d'établissements oasiens et dans la conformité des études de schémas directeurs établis par le secteur de l'agriculture, des projets pilotes de mise en valeur doivent être déployés pour de jeunes pionniers, sélectionnés parmi les résidents des Wilayas du Sud. Cette action devrait par la suite s'élargir à d'autres jeunes des régions intérieures et du Nord. Avec les aides et les avantages fiscaux à dégager, les montages financiers à concevoir à partir de différentes sources de financement, il s'agit de procéder à la mobilisation des ressources en eau, à la mise en place des systèmes d'irrigation, à l'épierrage, à l'amendement des sols, à la plantation de palmiers et à la réalisation de programmes de logements en auto-construction. C'est là, une manière de donner l'occasion aux jeunes pionniers de la mise en valeur de réaliser par eux mêmes, au titre du régime des concessions agricoles, l'essentiel des travaux sous la responsabilité directe d'un encadrement technique, qui doit les assister tout au long de la période de réalisation de leurs projets. Comme il convient également, d'asseoir les conditions d'émergence d'établissements humains oasiens par la réalisation des équipements de proximité, au fur et à mesure que se confirmera la réussite de tels projets. Cette action d'utilité publique est de nature à inverser le regard de ces jeunes vers les profondeurs stratégiques de leur pays et à susciter leur enthousiasme, dans la construction de cette Algérie de demain, qui offre de nouvelles opportunités de travail à travers les différents chantiers inspirés par cette reconquête territoriale. Au titre de la promotion des centres supports au développement transfrontalier dans les Wilayas de Tindouf, de Béchar, d'Adrar, de Tamanrasset, d'Illizi et d'El-Oued, il serait souhaitable d'initier des études de prospective territoriale qui pourraient s'élargir aux pays riverains, dans le prolongement des accords conclus et des orientations politiques édictées en la matière, dans le cadre du N.E.P.A.D. AUTOUR DE LA TRANSSAHARIENNE Ces études ont pour objet, de définir les modalités de promotion des atouts des zones frontalières et devraient conduire à l'émergence de centres de vie. Au-delà de l'objectif de stabilisation des populations frontalières, ces établissements humains doivent également constituer, des pôles de sécurisation des espaces frontaliers et de maîtrise des flux migratoires. Le souci de contrôle et de réinsertion des échanges frontaliers dans les circuits économiques normaux, milite tout naturellement pour la création de zones d'expansion économique en tant que premier maillon de toute la dynamique de coopération, à envisager autour de la transsaharienne tout particulièrement et de l'ouverture qu'elle assurera aux pays enclavés du Sahel, vers les ports algériens. Ces zones d'expansion économique devraient avoir pour objet, la réhabilitation et le renforcement des relations transfrontalières traditionnelles établies depuis des siècles avec tous les pays riverains. Il s'agit en fait, de normaliser, d'organiser et de sécuriser ces relations, en partie perverties ces dernières années par les pratiques et agissements informels. Afin d'étayer scientifiquement les orientations de ce projet, il est souhaitable d'envisager la création d'une Institution d'études et de recherches sur le co-développement transfrontalier. Organisée en Observatoire des pays du Sahel, cette structure aurait à préparer tous les instruments d'aide à la décision, afin de fiabiliser l'approche prospective et la construction de ce projet régional, qui demeure un des axes majeurs de la politique d'aménagement du territoire, dans son volet structuration des espaces sahariens. Au titre du maillage infrastructurel et eu égard au caractère onéreux de réalisation des infrastructures dans le grand Sud, les actions à mener doivent être raisonnées en fonction des finalités recherchées. Dans le choix des projets, l'on devrait tout d'abord privilégier, les axes en relation avec la création de centres de vie ex-nihilo, le long des axes de communication, qui favorisent le désenclavement et l'intégration territoriale (cas de Tindouf, Adrar, Tamanrasset et Illizi). Il en est de même des axes en rapport avec l'ouverture de nouveaux espaces et la création des centres frontaliers, dans la perspective d'une intégration des économies à l'échelle des régions sub-sahéliennes et maghrébines. C'est ainsi, qu'outre la recherche d'optimisation des axes existants, de l'intégration de la transsaharienne et de son ouverture aux régions du Nord, il s'agira aussi, d'achever la boucle ferroviaire Touggourt/Ouargla/ Ghardaïa/ Hassi Messaoud. Au titre de la prévention des risques majeurs liés à la remontée des eaux, à la salinisation des sols et aux rejets dans des cuvettes fermées sans exutoire, une attention particulière doit être accordée à l'observation des écosystèmes oasiens, dès lors que la rupture des équilibres est de nature à entraîner, non seulement le déclin de l'agriculture, mais aussi et surtout, de mettre en péril les établissements humains. De grands projets de restauration des milieux sont à concevoir (travaux de drainage, amendement des sols, ceintures vertes, traitement des eaux en vue de leur réutilisation) et une attention particulière doit être accordée aux aspects de mobilisation de la ressource en eau et à sa gestion rigoureuse. Sur un autre chapitre, la question des inondations doit relever d'une démarche régionale, voire trans-régionale, à l'effet de cerner convenablement les régimes d'écoulement des oueds et d'envisager à travers de grands chantiers de travaux hydrauliques et forestiers, la réduction de leurs effets dévastateurs. C'est là, une nécessité, dans la mesure où ce risque majeur ne saurait être correctement perçu dans les limites des entités wilayas. Cette démarche devrait également s'appliquer aux questions de la lutte contre la désertification et de la protection des bassins versants. L'engagement de grands chantiers, constitue en fait, la traduction d'une volonté qui consiste à voir autrement l'aménagement du territoire, que dans le ?scénario catastrophe ? auquel se rattache la quasi-littoralisation des activités et du peuplement et le risque majeur de désertification des régions Hauts Plateaux et Sud. Cette action d'envergure à l'échelle des espaces régionaux des Hauts Plateaux (Chott Chergui - Oued Touil Boughzoul ? Hodna - Aurès Nememchas) et du Sud (Saoura -Touat Gourara - vallée du M'Zab - Oued Ghir - Hoggar Tassili) est certainement la meilleure manière de susciter l'enthousiasme des populations locales et d'offrir aux jeunes, l'opportunité d'un projet d'avenir, totalement ancré dans les réalités nationales. Ce projet majeur véhicule l'espoir de construction d'une Algérie nouvelle, réconciliée avec elle-même dans ses aspirations légitimes de paix, de cohésion sociale et de prospérité partagée. Au-delà des grands travaux de maillage infrastructurel, dont la réalisation relève du ressort des entreprises publiques et privées, ce projet doit être totalement dédié aux jeunes diplômés dans les domaines de l'agronomie, de la foresterie, de l'hydraulique, du génie rural, de l'agro-alimentaire, de l'économie, de la sociologie et de la technologie du froid? Ces jeunes pourraient entreprendre pour leur propre compte, des actions pionnières dans les domaines de la mise en valeur agricole, de la réalisation des pépinières pastorales, des concessions alfatières, de la création de nouvelles oasis, du renforcement des capacités d'études, d'ingénierie territoriale et de réalisation. Ils doivent être considérés à ce titre comme des acteurs essentiels de cette politique des grands travaux, que devra initier l'Etat, dans le cadre de ces différents programmes. Cette action de reconquête territoriale par les jeunes, doit être largement soutenue, à l'effet d'assurer l'émergence d'un agropole, à l'échelle de l'espace d'Oued Touil, qui sert d'ancrage au projet de ville nouvelle de Boughzoul. A ces jeunes promoteurs, pourraient s'associer également, à la faveur des grands travaux de reboisement, d'aménagement des parcours, de lutte contre la désertification, de revitalisation des espaces ruraux, de plantations et de réhabilitation des palmeraies, de maillage infrastructurel et de construction, d'autres jeunes chômeurs. Cette reconquête territoriale est possible, pour peu que soient réunies les conditions de vie et de travail à ces jeunes pionniers. C'est de cette manière, que l'Amérique et l'Australie, ont construit leur prospérité et que nos jeunes pourront concevoir leur avenir, sans avoir à subir les affres de l'exil. Leur adhésion à ce projet doit être accompagnée par des mesures spécifiques, à hauteur de cette volonté politique. Pour que cette action soit suffisamment attractive, il faudrait que les jeunes puissent trouver dans des bases de vie, les éléments nécessaires à leur épanouissement culturel et sportif et à l'expression de leurs talents et de leurs créativités. Cette vie communautaire, dans la phase d'exécution prend la forme d'une pédagogie, qui consiste à combattre les égoïsmes étroits des cités dortoirs du Nord. Ces centres d'accueil, correctement encadrés et gérés par des professionnels, sont aussi une manière, d'assurer la symbiose entre générations. Ces lieux de vie et d'expression correctement modulés aux aspirations des jeunes doivent s'adosser aux espaces de travail, que sont les concessions agricoles, qui doivent être dotées en réseaux d'irrigation, en énergie et en voies de communication. DU CONCRET DANS LE DOMAINE DU VIRTUEL L'Etat aura également à initier en direction de ces jeunes, des programmes de logements et d'équipements de proximité, qui préparent la seconde phase dont la finalité serait l'émergence d'établissements humains propices à la stabilisation de ces jeunes, au sein des espaces ainsi aménagés et mis en valeur. Cette action d'utilité publique à inscrire totalement dans l'esprit d'un service civil national utile à la Collectivité est de nature à inverser le regard de ces jeunes, vers les profondeurs stratégiques de leurs pays et à susciter leur enthousiasme, dans la souscription à la construction de cette Algérie nouvelle, qui offre des opportunités de travail, à travers ses différents chantiers de relance économique. Plus qu'un vœu, cette action pionnière est possible comme le confirment les expériences réussies des jeunes pionniers de la mise en valeur, originaires de Mascara, de Baraki, de Boufarik, de Meftah, de Kouba, dont l'esprit entrepreneurial a permis la réalisation de milliers d'hectares de vergers arboricoles dans les wilayas de Tiaret, de M'Sila, de Djelfa et de Biskra, ainsi que le développement des cultures maraîchères grâce au soutien de l'Etat. C'est à la faveur de cet esprit pionnier que des centres ruraux comme : Rechaiga, Serguine, Boussâada, El-Mâadher, El Ghrouss, M'Zirâa, Hassi F'Doul, Birine, Benhar, Tadmait, Ain El Bel et Zaccar, sont aujourd'hui en mesure d'assurer la couverture des besoins en fruits et légumes de leurs wilayas respectives, voire de dégager des excédents pour les exportations vers les régions du Nord et l'étranger. Par ailleurs, le projet de réalisation de la ville nouvelle de Boughzoul dont les principales vocations, sont le tertiaire supérieur, les technologies avancées, la recherche scientifique ainsi que d'autres fonctions de soutien est une opportunité à saisir par les jeunes diplômés dans d'autres filières scientifiques, telles l'informatique et l'électronique. Cela pourrait donner lieu à la création de micro-entreprises dans les NTIC. L'Inde nous a déjà indiqué la voie à suivre dans ce créneau, qui porte aujourd'hui, l'essentiel de sa croissance et de ses exportations ! C'est dans le domaine du virtuel, que ces jeunes exprimeront au mieux leurs talents et permettront ainsi à notre pays, de rattraper le temps perdu et le retard pris sur les autres Nations, qui ont su s'arrimer sur le savoir et les technologies de pointe. L'habilité de nos jeunes dans ce domaine, leur a prévalu reconnaissance et respect au Canada, en France et aux Etats-Unis. Alors, pourquoi ne seraient-ils pas capables d'exercer leurs talents chez eux, pour peu que des moyens soient mis à leur disposition et que la considération leur soit accordée ! Dans le même ordre d'idées, l'importance du programme de logements et d'infrastructures socio-éducatives, situe les secteurs du bâtiment, de la construction et des travaux publics, comme centres pourvoyeurs d'emplois, tout particulièrement pour les jeunes diplômés des écoles d'architecture et d'urbanisme, de génie civil et de travaux publics. Outre les possibilités offertes à ces jeunes diplômés dans la création de leurs projets de bureaux d'études et d'entreprises, leur recrutement par les entreprises publiques et privées, devrait être une obligation pour la délivrance des certificats de qualification à ces entreprises, qui exercent pour la plupart leurs métiers, en dépit des normes requises et sans contrôle rigoureux de leurs activités professionnelles. La responsabilité morale de l'Etat vis-à-vis des constructions hors normes, de l'anarchie urbaine et du choix inapproprié des terrains à bâtir, sont autant de raisons, pour apporter une rigueur dans l'établissement des cahiers de charges et pour préciser les règles d'éligibilité à la création des entreprises et bureaux d'études. C'est là, autant d'argent et de temps de gagnés pour l'Etat, qui recouvre ainsi son autorité morale et de bien être assuré pour la Collectivité. L'on pourrait ainsi accéder à une meilleure qualité de vie dans nos villes et campagnes et à une meilleure durabilité des constructions et ouvrages. Le regard attentif de l'Etat vis-à-vis de cette question fondamentale, en rapport direct avec la protection des biens et personnes, est la meilleure expression du regain de sa crédibilité et de son écoute aux questions récurrentes évoquées par le citoyen. Le déclic psychologique suscité par les catastrophes de Bab El Oued et de Boumerdès, pour ce qui concerne la question des risques majeurs est si présent dans la mémoire collective, que cela rend acceptable, l'action volontariste d'intégration des jeunes diplômés dans les différentes phases de réalisation des projets d'habitat et d'infrastructures d'accueil du public. Cette recherche d'une meilleure qualité de vie, à travers la restauration de l'image urbaine et la revitalisation de nos campagnes, doit également s'accompagner par l'ouverture d'opportunités d'emplois aux jeunes diplômés des filières de biologie, d'environnement et de paysagisme, que l'on devrait retrouver au niveau de toutes nos communes, qui dans leur quasi-totalité, véhiculent des risques majeurs de maladies hydriques, de pollution de nappes phréatiques, de décharges sauvages etc. Ces collectivités enregistrent également, un déficit alarmant en espaces verts et en zones récréatives. Cette implication des jeunes universitaires est si importante, qu'il nous faut redessiner nos cadres et espaces de vie, pour réapprendre à vivre et à évoluer dans des milieux sains, où la cohabitation est empreinte de convivialité et de civilité, par opposition aux milieux précaires et insalubres, sources de maladies endémiques, d'attitudes violentes, de conflits et de maux sociaux. L'UNIVERSITE A L'AVANT-GARDE C'est là, une priorité, une urgence et une nécessité d'action directe, sur la transformation des mentalités, qui nous fera retrouver notre authenticité, dans cet ordre nouveau du monde d'aujourd'hui, où la culture environnementale détermine la traçabilité des sociétés et leur degré d'association à la prospérité partagée. Cette action de marketing qui forge l'attractivité de nos villes, ne peut être portée que par des managers correctement formés dans la gestion des villes, dans l'économie, dans la sociologie et l'esthétique urbaine. C'est là, tout l'intérêt de s'associer les compétences de nos jeunes universitaires, qui trouveront ainsi, une opportunité d'évolution dans un environnement propice à la créativité et à l'expression de leurs talents. Cette évolution de la société, situe avec pertinence le rôle et la place de l'université et de nos grandes écoles, qui doivent inscrire cette dynamique dans leurs cursus de formation diplômante et de stages de perfectionnement des personnels techniques et administratifs des Collectivités locales. C'est à ce titre que les universités à caractère régional de Saïda, de Tiaret, de Laghouat, de Djelfa, de M'Sila, de Sétif, de Batna, d'Oum El Bouaghi, de Béchar, d'Adrar, d'Ouargla, de Biskra, d'El Oued, de Ghardaïa et de Tamanrasset, devraient trouver leurs vocations, dans l'ouverture des vastes chantiers de grands travaux retenus à l'échelle de leurs espaces régionaux respectifs. C'est de cette manière, que l'université pourrait alors jouer son rôle d'avant-garde, en fiabilisant la démarche du développement régional, permettant ainsi à notre société, d'évoluer dans le courant positif de sa marche vers le progrès, à la faveur de ses apports scientifiques, techniques et managériaux. La politique des grands travaux devrait être également saisie comme opportunité d'adaptation du projet NEPAD au contexte de nos régions intérieures. En effet, au?delà de son caractère éminemment stratégique pour tout le continent Africain, ce projet a besoin d'être perçu comme réponse idoine aux attentes des populations africaines qui vivent au quotidien, les affres de la désertification, de la pauvreté, de l'exode et de l'immigration clandestine au péril de leur vie. C'est par rapport à ces risques majeurs qui menacent durablement la paix et la sécurité à l'échelle de tout le continent, que le projet NEPAD se doit de transcender son caractère politique pour devenir, un projet de société qui ressuscite l'espoir d'un bien être global à l'échelle des pays africains et de nos régions intérieures. L'approche d'ingénierie territoriale qui consacre la reconquête des espaces intérieurs en tant qu'axe stratégique de notre politique d'aménagement du territoire, est tout à fait compatible avec le caractère continental de ce projet, qui prend dans ce cas, la signification d'une amorce effective des options Hauts plateaux et Sud. Encore faut-il préciser, que la politique de grands travaux, que l'Etat gagnerait à initier dans les plus brefs délais pour mieux marquer sa disponibilité à agir dans le sens de la restauration de l'égalité des chances à travers l'ensemble de notre territoire, ne saurait s'accommoder de la vision administrative actuelle de programmation des actions de développement, qui reste fortement cloisonnée et par conséquent, sans conjugaison des politiques sectorielles autour de mêmes objectifs. L'amorce des options Hauts plateaux et Sud en tant que traduction du NEPAD dans sa dimension algérienne, constitue plus que jamais, un impératif du présent dès lors qu'il s'avère urgent de surmonter les inégalités entre les territoires et les déséquilibres socioéconomiques, afin de préserver la cohésion sociale et que soit réduite la pression sur les villes. L'ampleur de ce défi ne signifie pas pour autant, que rien n'a été fait pour l'aménagement et le développement de ces espaces. Ce qui a surtout fait défaut, c'est l'absence de vision quant à l'inscription des programmes sectoriels dans la convergence et la synergie au sein du cadre référentiel de la politique d'aménagement et de développement durable du territoire. Face à l'échec des dynamiques sectorielles de par leur absence de conjugaison, il s'avère aujourd'hui nécessaire de recentrer la démarche dans le sens de la globalité, ce qui suppose bien évidemment une permanence de la coordination intersectorielle et une unicité d'actions, autrement dit, une planification par objectif. Le caractère obligatoirement intersectoriel et la recherche d'une meilleure efficience dans la conduite d'une politique des grands travaux à caractère forcément régional, rend nécessaire la mise en place, d'une Administration de missions qui aurait en charge, l'animation, la coordination, le suivi et l'évaluation des programmes. Cette Institution doit être considérée tout simplement, comme un élément fédérateur des politiques sectorielles, des organismes scientifiques et techniques en charge des zones arides et des initiatives de la Société civile. C'est dans cet esprit d'une Administration qui tend à fédérer les synergies des différents partenaires, que sera assurée l'efficience dans la faisabilité des options Hauts plateaux et du Sud. Cette manière d'agir, en faisant faire dans un esprit partenarial avec les différents acteurs, est une manière de souligner le souci de recherche d'efficacité et d'exprimer correctement notre adhésion aux principes de bonne gouvernance, en vigueur dans les pays dits développés. C'est de cette vision novatrice, qui tranche avec la programmation cloisonnée des investissements sans ancrage dans une démarche prospective, que dépendra l'avenir de la collectivité nationale. Cela veut dire, que la dépense publique aussi conséquente soit-elle, ne saurait suffire par elle-même. En fait, un développement bien inspiré, est celui dont les programmes et actions sont totalement inscrits dans la convergence et la synergie au sein d'un cadre référentiel, qui détermine la configuration de l'image consensuelle de cette Algérie de demain, telle que définie par le Schéma National d'Aménagement et de Développement Durable de notre Territoire, dans toute son immensité. Faut-il le dire encore une fois, c'est à travers l'exécution de grands projets fédérateurs des initiatives des pouvoirs publics et de la société civile, que notre pays pourra évoluer dans un environnement empreint de sérénité et de civilité, autrement dit, dans une trajectoire tout à fait à l'opposé des cheminements violents. A défaut de cela, l'approche musculaire ne pourra conduire, qu'à l'effondrement de l'Etat dans ses différentes composantes et qu'à l'effritement de la cohésion sociale. Alors, faisons en sorte, que notre dynamique du développement soit inscrite sous le signe de la réhabilitation du savoir, de la connaissance et du travail, comme fondements d'une société déterminée à se prendre en charge. |