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Oran :
Des vendeurs de grillades à chaque coin de rue: Un commerce nocturne éphémère... mais florissant
par J. Boukraa ![]()
Comme
chaque année, le mois de Ramadan est la période propice pour certaines
activités et pratiques commerciales douteuses. Mais s'il y a un phénomène qui a
vraiment pris de l'ampleur c'est bien les gargotes ambulantes spécialisées dans
les grillades. Depuis le début du mois sacré, les vendeurs de grillades
poussent comme des champignons. A chaque coin de rue on trouve un barbecue et
une table de fortune sur laquelle s'entassent des dizaines de brochettes et
toutes sortes de viandes, rouges ou blanches, préparées à l'avance. Ainsi, des
brochettes sont proposées entre 40 et 120 DA juste après la rupture du jeûne et
jusqu'à l'aube, au moment du s'hour. D'où provient
cette viande ? Dans quelles conditions d'hygiène est-elle conservée ?... Ces
métiers ont la particularité de s'exercer dans la totale illégalité et bien
évidemment sans le moindre respect des normes élémentaires d'hygiène. On y
trouve de la viande hachée, des merguez, des brochettes de viandes, de foie et
même de cœur de veau. La viande est exposée sur des étals de fortune couverts
de papiers d'emballage, en général fleuri, directement à l'air libre et aux
vapeurs d'essence et de gasoil dégagées par les moteurs des véhicules. Ça ne
peut que faire le bonheur des petites bourses qui ne peuvent se permettre un
tel repas sur leur table de ramadan. Cela permet également aux jeunes chômeurs
de gagner un peu d'argent, le temps que dure le mois sacré. Si les prix sont
abordables et à la portée de tout le monde, il faut dire, toutefois, que les
conditions d'hygiène, de conservation et de commercialisation de ces viandes
sont très douteuses. Un véritable danger ! Les feux sont allumés juste après la
rupture du jeûne et jusqu'à l'aube. La fumée montante titille les papilles des
passants. L'odeur des brochettes grillées attire de plus en plus de passants,
en particulier les jeunes hommes. Dans des présentoir
en verre, des brochettes de dinde et de merguez, foie, viande rouge sont
soigneusement alignées sur un tapis de persil. Les commandes
affluent et la plupart ne sont certainement pas conscients du danger qui
les guette. Chacun y va de sa méthode pour attirer ses clients. Certains font
cuire sur les braises de morceaux de crépine ovine qui dégage une odeur à laquelle
personne ne peut résister. D'autres font appel à des jeux de lumières et des
projecteurs pour illuminer leurs étals, d'autres les garnissent avec des
poivrons, des fromages, des frittes et autres herbes
aromatiques. «Je préfère venir de temps à autre ici manger deux ou trois
brochettes de plusieurs sortes de viande et dont le prix ne dépasse pas 300
dinars, au lieu d'acheter des quantité de chaque viande. Cela me revient mois cher et c'est plus bon», dira un jeune rencontré lundi
soir devant une table de grillade à Maraval. Mais consommer de telles viandes
mal conservées est vraiment risqué. C'est l'intoxication alimentaire sévère,
peut-être même l'infection botulique qui guette ces consommateurs. Cette viande
dans ça majorité est issue de l'abatage clandestin.
«Je m'approvisionne auprès d'un commerçant à Douar Boudjmaâ
; ça me revient moins cher et comme ça je vends mois
cher. J'exerce ce métier depuis 5 ans. J'ai même des clients fidèles. Ils
consomment mes brochettes pour le s'hour», rapporte
un vendeur de grillade. Ces barbecues sont dangereux pour la santé, car
l'origine de la viande n'est pas connue, d'autant qu'il y a beaucoup à dire sur
les conditions de sa conservation et d'hygiène, d'où le risque des
intoxications alimentaires et autres complications infectieuses.
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