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La
démission du président Bouteflika a provoqué des scènes de liesse populaire.
Les Algériens ne pouvaient en effet qu'applaudir à son départ qui a été la
revendication première ayant cristallisé leur mouvement citoyen. Ils ont
légitimité à voir en elle une victoire qui doit plus à leur persévérance à
l'exiger qu'au lâchage de Bouteflika par la camarilla politico-militaire sur
laquelle il s'est appuyé pour régner pendant 20 ans.
Celle-ci n'a basculé en faveur du mouvement populaire qu'au constat que ce dernier étant devenu irrépressible, il lui fallait l'accompagner pour être à même de le canaliser et d'en dévoyer l'objectif. C'est pourquoi si liesse populaire il y a eu à l'annonce de la démission de Bouteflika et de la neutralisation du dernier carré de ses proches et fidèles, elle a été tempérée par la conviction partagée qu'ont les Algériens que leur mouvement citoyen a certes gagné une bataille mais pas la guerre. En démissionnant Bouteflika a ouvert la voie à un processus transitoire dont les Algériens ont toutes raisons de ne pas en vouloir parce que constitutionnellement sa mise en œuvre et son pilotage vont rester aux mains d'institutions et de personnages dont ils exigent qu'ils en soient écartés parce que symbolisant le système et le régime qu'ils ne veulent plus voir se pérenniser. Ils ont d'autant conscience que cette transition est piégeuse que ceux qui vont la piloter sont loin de s'être convertis au concept de la souveraineté populaire en tant que source de laquelle émane toute forme d'organisation et de gouvernance à donner à la République. Malgré leur conversion affichée qui leur a fait promettre qu'ils respecteront scrupuleusement les articles constitutionnels 7 et 8 établissant la primauté formelle de cette souveraineté populaire, ils s'ingénieront à la contourner en faisant une application « stricto sensu » de ce dernier article qui dispose qu'il revient aux institutions élues d'exprimer la volonté populaire. Lesquelles institutions existantes sont peuplées de pseudo-élus qui trouveront en l'occurrence le moyen de contrer les revendications citoyennes visant la fin de leur monde. Pour déjouer la contre-révolution que tenteront d'amorcer les pilotes de la transition dans le cadre constitutionnel biaisé, les Algériens doivent rester le peuple debout qu'ils sont devenus faisant l'admiration du monde entier et ne pas redevenir une foule manipulable se contentant des miettes de souveraineté que l'on voudra lui concéder pour en faire l'usage qui lui sera dicté. |
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