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C'est la
fin d'un cycle. La démission mardi du président Bouteflika, à un peu plus de
trois semaines avant la fin de son mandat, a été perçue comme une délivrance,
un soulagement par les Algériens. La fin d'une expédition politique que tout un
peuple, excédé par une gouvernance qui a tourné à la prédation, avait décidé de
mener depuis cet historique 22 février. Le soutien indéfectible de l'armée, qui
est montée plusieurs fois au front pour faire avancer le départ à la fin de son
mandat d'un président qui voulait aller aux prolongations, a été décisif dans
cette bataille entre le pouvoir et la rue. Le Conseil constitutionnel est
aujourd'hui au creux de la vague, car soupçonné d'avoir traîné les pieds face
aux appels de la «grande muette» pour appliquer légalement les dispositions de
la loi fondamentale.
Les choses auraient pu encore durer avec des escarmouches entre le président et ses «conseillers» contre la rue, soutenue à chaque instant par l'ANP à travers son chef d'état-major dont les interventions très médiatisées ont rappelé aux forces de police de ne jamais intervenir, ni envisager quoi que ce soit contre les manifestants pacifiques. Une protection qui a été d'ailleurs saluée autant par les Algériens que par la reconnaissance internationale quant au caractère pacifique et civilisé de ces manifestations contre le pouvoir. Mais, ces escarmouches ne pouvaient durer, d'autant que l'ANP a vivement réagi après une réunion «douteuse» samedi dernier de personnalités politiques pour imposer, via l'article 102, une autre sortie de crise que celle réclamée par le peuple et soutenue par l'armée. C'est ce qui a motivé mardi en fin de journée le tir de la dernière salve d'Ahmed Gaïd Salah qui avait appelé le président à démissionner. Il a fallu donc ce puissant rappel à l'ordre, ce rapport de force, pour que Bouteflika annonce sa démission au président du Conseil constitutionnel. La rue et l'armée ont remporté une bataille importante, elles ont réussi à imposer la volonté populaire et prémunir en même temps le pays d'une crise politique majeure, si le bras de fer s'était poursuivi. Pour autant, la partie n'est pas encore terminée, car l'après-Bouteflika s'annonce d'ores et déjà délicat. D'abord, il a réussi à miner le terrain. Tout dépendra maintenant de l'attitude de Bensalah et l'exécutif, fortement contestés par la rue, pour mener à bon port cette période de transition et, surtout, en application de l'article 102, organiser des élections présidentielles dans une période n'excédant pas les 90 jours. Après, il y a bien sûr ce départ par la petite porte, à la limite comme une abdication du président Bouteflika dont le narcissisme et une «mission divine» que lui ont prêtée tous ses flagorneurs l'auront empêché de partir dignement au bout de quatre mandats successifs. |
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