Dans l'intention de rassurer les partenaires étrangers sur leurs intérêts et expliquer la feuille de route de Bouteflika, le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a entamé une tournée internationale qui l'a conduit en Italie puis en Russie. Hier, il a été reçu par le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, à Moscou, où ils ont fait le point sur la situation politique en Algérie. Lors de la conférence de presse qui a suivi leur rencontre, le ministre russe a affirmé que «c'est au peuple algérien de décider de son destin, en s'appuyant sur les décisions de son gouvernement, de sa constitution et des lois internationales». Lavrov s'est félicité de l'initiative du gouvernement algérien visant à dialoguer avec l'opposition, après plusieurs semaines de manifestations. Auparavant, Sergueï Lavrov avait déclaré que la Russie était inquiète par les manifestations en Algérie, y voyant des tentatives de déstabiliser la situation dans le pays, rapporte l'agence ?Reuters'. La position russe était déjà connue puisque Maria Zakharova, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe a considéré que «les événements qui se déroulent en Algérie comme une affaire strictement intérieure d'un pays ami de la Russie». Pour elle, Moscou espère que les problèmes auxquels l'Algérie est confrontée seront résolus « dans le cadre d'un dialogue national destiné à assurer la stabilité et les conditions nécessaires pour avancer sur la voie des réformes dans les intérêts du peuple algérien». De son côté, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué être porteur d'une lettre qu'il a remis à son homologue russe étant donné que le président russe Vladimir Poutine était absent de Moscou. Dans son intervention, Lamamra a rappelé la vision commune des deux pays quant au principe du respect de la souveraineté et la non intervention dans les affaires internes de pays tiers. Il a également indiqué avoir évoqué avec Lavrov ce qui se passe en Algérie qu'il a qualifié d'étape historique pour le pays. Il a expliqué que la jeunesse algérienne a pris l'initiative de promouvoir activement des changements radicaux de l'infrastructure politique et institutionnelle. Il a souligné que l'Etat algérien a répondu à cet appel en proposant à tous les acteurs une conférence nationale inclusive, déroulant la feuille de route de Bouteflika qui s'appuie sur une période de transition dont la durée n'a pas été définie, rappelant la «volonté du président de transmettre, pacifiquement, le pouvoir au prochain président élu par le peuple ». Il a précisé qu'«une commission électorale indépendante va être en charge de la présidentielle et des personnalités de l'opposition feront partie du prochain gouvernement», ajoutant que «la prochaine constitution va refléter la réalité du consensus nationale pour un avenir radieux». Cette tournée de Lamamra, il sera aujourd'hui en Allemagne, a été mal reçue par des Algériens qui y ont vu une demande caution du régime algérien qui devra faire encore plus de concessions à ses partenaires étrangers pour avoir leur appui.