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![]() ![]() ![]() ![]() Lorsqu'on
ne possède que l'empathie pour seule arme contre l'injustice ou l'acharnement
du sort et des hommes, on ne peut que demander, en silence, pardon à tous ces
millions de gens qui souffrent de par le monde. Quand les larmes remplacent les
actions et que la compassion se conjugue à l'impuissance, c'est que le délit du
voyeurisme menace d'investir les sentiments les plus innocents. Dans ces
moments de troubles où le fusil tire sur le fils de sa mère, où l'enfant pleure
son père, mort sous ses yeux, où au nom d'un idéal religieux obscur, on égorge
son sang comme un vulgaire bestiau, la frontière entre le fanatisme et le
meurtre est ténue. En cet hiver sibérien, le monde continue à essorer
l'aliénation des hommes et partout où les intérêts du monde civilisé, de la
démocratie occidentale sont en jeu, on assiste à un assaut commando de la
folie. Dans ces contrées où le pétrole régit la politique, où la sécurité
d'Israël est au-dessus de la vie d'un Arabe, le feu de la sédition est allumé
au nom d'un Printemps importé, d'un Dieu alibi ou d'un nationalisme douteux.
Sur ces terres de la désolation, une petite fille syrienne pleure la famille,
la patrie. Installée dans un camp où le froid et la neige sont des invités
indésirables, ses larmes doivent peser aussi lourd qu'une montagne de plomb sur
la conscience des régimes arabes, monarchies et républiques fussent-ils. Au
Yémen, ce sont des milliers d'enfants qui crèvent de faim sous l'indifférence
des yeux. En Algérie, un gosse, sandales aux pieds qui foule la neige glaciale
en partance vers l'école. Le monde est complice de non-assistance à personne en
danger, l'ONU reste sourde, BHL est devenu antimilitariste et l'OTAN ne
s'ingère plus dans les affaires des autres. Enfin quand ça l'arrange. Nous
aussi, chacun à son niveau, sommes complices de ce qui se passe dans le monde.
Nous sommes coupables par notre silence, notre passivité face aux souffrances
de nos frères et sœurs. Nous sommes coupables par notre indifférence face aux
exactions commises en notre nom et au nom de notre Dieu et au lieu de
protester, nous préférons nous prosterner parce que nous avons trouvé tout le
monde à genoux. Que faire alors ? : fermer les yeux, détourner le regard, faire
semblant que le cours de la rivière n'a pas débordé et que les hommes sont
toujours bienveillants. Convoquer la résilience, peut-être, ou bien non,
puisque la résilience est une invention d'un esprit qui a mangé à sa faim et
qui s'est vengé jusqu'à n'en plus pouvoir. Le crime est un tout comme la
victime, mais les coupables sont légion et nous sommes tous coupables.
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