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Cette décision
qui n'arrive pas, qui perturbe toute la classe politique, cette annonce cachée,
«qui dit oui, qui dit non», laisse perplexe tout un pays et tout un peuple qui
ne sait plus où donner de la tête, au point de démissionner de la politique.
Et, à quelques encablures de la prochaine élection, les dirigeants politiques, qu'ils soient au pouvoir ou dans l'opposition, prennent conscience de la fragilité de leur situation, entre un peuple mécontent et insatisfait, un occident exportateur du «Printemps arabe», et une animosité affichée, aux frontières, par les pays dits «frères». Tout ce monde se retrouve entre le marteau et l'enclume ; les politiques et le pays avec, se cherchent dans la grisaille en attendant que tous les protagonistes du jeu électoral, les vrais, soient connus. Pour l'instant, à part 2 ou 3 insignifiants lièvres, il n'y à qu'un chef de parti à s'être déclaré partant Abdelaziz Belaïd; celui là même qui durant tout cet été chaud, au propre et au figuré, n'a pas rebondit sur les grosses polémiques qui ont agité la place politique et qui auraient pu constituer un carburant politique à n'importe quel parti prétendant se poser comme alternative! Il y a, aussi, comme l'a écrit un chroniqueur, une génération qui n'a pas su partir à temps, qui a peur du néant et de la fin de l'histoire. Elle est accompagnée d'une classe de hauts fonctionnaires pour la plupart serviles, égoïstes, sans sens de l'État, mais souvent, régionalistes ou peureux et angoissés par la perspective de la disgrâce. Ils ont commencé à y goûter, pour un certain nombre, eux qui étaient, hier, puissants secrétaires généraux ministrables et directeurs généraux impitoyables, faiseurs et défaiseurs de carrières. Leur téléphone, symbole de leur puissance perdue, ne sonne pas et ne sonnera plus. Ceux qui sont encore en poste, doiventils abandonner l'attelage, maintenant qu'il se murmure l'hypothèse que le président ne se portera pas candidat à un cinquième mandat ? Doivent-ils changer de braquet et aller voir, opportunistes qu'ils sont, du côté d'Ahmed Ouyahia, qui, semble-t-il, tiendrait la corde ? Ils pourront tout perdre à cause de leur manque de courage et de leur opportunisme. Doivent-ils rester, s'assumer et accepter la défaite, leur retrait du pouvoir et la fin de leurs privilèges dans le cas ou Abdelaziz Bouteflika renoncerait à se représenter ? Que dire aussi de ces responsables du FLN, tantôt redresseurs, tantôt légalistes, ennemis d'hier, amis d'aujourd'hui mais qui ne peuvent exister en dehors du pouvoir et du système qui les a enfantés. Ils sont pour le puissant du moment ; pour cela ils marcheront, si leurs intérêts sont menacés, sur les corps de leurs frères d'hier pour survivre ! Restons dans l'ambiance de la présidentielle pour citer ceux qui pensent, dur comme fer, qu'Ahmed Ouyahia, dans l'option où le président ne postulerait pas pour un cinquième mandat, serait « l'homme du consensus et de la continuité et qu'il a sa chance parce qu'il n'est l'ennemi de personne, pas même l'ennemi de lui-même». Ce dernier s'en défend, mais, semble-t-il, beaucoup commencent à parier sur lui, au moins comme vice-président. Il a eu, au moins, à clarifier sa position: «Il est pour Bouteflika et rien, sauf la mort, ne lui fera changer d'avis », a-t-il dit, à en croire une télévision qui aurait rapporté l'information. S'il est acquis au Président, cela est certainement dû aux scores électoraux réalisés par ce dernier et qui sont allés en s'améliorant : 73,5% en 1999, 85% en 2004 et 90% en 2009 et un plébiscite en 2014. En définitive, les réseaux ne savent plus sur quel pied danser. À trop temporiser, à s'entêter à garder un pied dans chaque camp et la tête à l'étranger pour un certain nombre, ils risquent de tout perdre. Tous ces opportunistes s'accrochent aux basques des «présidentiables» et notamment le plus «banquable » d'entre eux, le président de la République. Gageons que nos «Eric Besson» locaux attendront le dernier moment pour se positionner et prendre le train en marche ! Rappelons pour ceux qui ne connaissent pas encore ce personnage politique français, qu'il est l'incarnation de «la traîtrise en politique» ; Il est passé, le temps d'une campagne électorale, entre les deux tours de la présidentielle française, de soutien de la candidate socialiste Ségolène Royal à soutien zélé de Nicolas Sarkozy candidat de la droite. Une fois élu, ce dernier l'a nommé ministre, responsable du «pôle de gauche»! Pour l'heure, le président de la République, apparemment sourd aux appels désespérés d'Amar Ghoul, Bensalah, Sidi-Saïd et «les partillons» emmenés par Akif Abderrahmane, continue de cultiver le mystère sur ses intentions. À ce stade de la convocation du corps électoral, il parait plus qu'invraisemblable qu'il n'ait pas pris sa décision, de rempiler ou pas, pour un cinquième mandat. Que le Président brigue ou non un autre mandat, à la limite c'est son affaire et il en a le droit. Il peut encore temporiser jusqu'à début mars, au grand dam des «retourneurs de vestes» qui continueront à ronger leurs ongles et à se morfondre dans leur doute. S'il décide d'y aller, il aura, comme on dit au football, « l'avantage du terrain » et, fatalement, il supplantera tout le monde. Parmi ses «supporters » on ne veut pas subir le sort de Djamel Ould Abbas et conséquemment «on ne veut pas insulter l'avenir», on reste à l'écoute et surtout on garde «le doigt en l'air» pour humer le vent favorable. Bien évidemment, ils seront présents, les Amar Ghoul, Amara Benyounes, Belkacem Sahli, Sidi-Said, Nouria Hafsi et tant d'autres, pour battre la campagne, mégaphone à la bouche et aux couleurs du candidat favori en avril 2019, fut-il celui du «consensus », qui les protégerait et, dans le même temps, ferait pérenniser le système et gonflerait, davantage, leurs acquis ! Dans l'autre camp, celui des «opposantspartisans » qui auraient, semble-t-il, (presque) tourné casaque, il y a déjà Louisa Hanoun, fervente supportrice du président de la République qui ira, bien sûr, aux élections mais pas pour les gagner, ce n'est pas dans sa feuille de route. Il en va de même pour le président du FNA, Moussa Touati ou encore Fawzi Rebain qui sera lui aussi candidat, comme d'habitude. Pendant ce temps là, «les Brutus » affûtent, peut-être, leurs armes. Rappelons que Brutus, c'est celui qui voulait tuer le père, César en l'occurrence; il est peut-être embusqué au FLN, au MPA ou très probablement au Taj. Ils sont dans la périphérie du pouvoir comme Abdelaziz Belkhadem, Abdelmalek Sellal ou plus encore dans le gouvernement, comme Ahmed Ouyahia qui se verrait bien à la place du calife, si d'aventure le président de la République ne voudrait pas rempiler. A défaut, ils se contenteront d'un poste de vice-président. Les intentions et, peut-être, même les ambitions des uns et des autres sont, semble-t-il, désormais claires. Et l'enjeu, c'est la présidentielle, le poste de vice-président, voire la conduite du gouvernement pour les uns et les autres. Ceci donc, en ce qui concerne les Brutus de chez nous qui n'iront pas jusqu'à attenter à la vie du Président, cela vous l'aurez compris, même si tous commencent à rêver du palais d'El Mouradia et des dorures de la République, tous les matins en se rasant, comme disait l'autre. Qu'en déduire si ce n'est que notre monde politique, qui a perdu depuis longtemps crédibilité et confiance est bien confus et que la loyauté en politique, tout comme les programmes et les idées sont absents. Dans notre pays, les politiciens tuent le débat. En l'espèce, l'opposition (combien de divisions ?) est, par exemple, contre un cinquième mandat pour le tenant du poste, sans plus et en l'état, elle n'est même pas capable de sortir «un candidat consensuel» pour cause d'ambition des uns, et de l'attentisme patent des autres. Quant au corps électoral qui va être convoqué, il peut voter x et revenir dix ans en arrière ou plus encore il votera y et dans ce cas là, il nous précipitera dans les abysses des années 90 et des drames qu'elles ont charriés. Faut-il pour autant boycotter comme le préconisent le MSP et le RCD et s'abstenir de voter, cela ne fera que pérenniser le système ? L'autre exutoire, c'est aussi la violence du printemps dit «arabe», personne n'en veut, surtout pas le peuple! Ce peuple qui, dit-on, ne sait pas voter ; faut-il pour autant revenir sur le suffrage universel et opter pour celui des grands électeurs, comme aux USA ? C'est peut-être le débat à venir, même si cela peut faire grincer des dents et puis l'Amérique c'est bien, mais c'est loin ! Dans la démocratie moderne, l'alternance se définit comme la succession au pouvoir dans les organes de l'État. Elle ne concerne, évidemment, pas les autorités juridictionnelles de l'ordre administratif ou judiciaire. Les walis, les chefs de daïra, les dirigeants des entreprises publiques, ceux des grandes chaînes de télévision et de radios publiques et les autres grands commis de l'État n'ont pas, en principe, à craindre pour la suite de leurs carrières, quel que fut le locataire d'El-Mouradia. L'alternance ne s'appliquant qu'à des organes élus par le peuple, elle est une exigence de la démocratie qu'on peut faire remonter à la Grèce antique ; il est plus qu'urgent de consacrer, constitutionnellement, cette notion en tant qu'élément fondamental et fondateur qui doit être respecté et pratiqué par tous ceux qui auront la charge de gouverner et de se succéder à la tête de l'État. En somme, une thématique de campagne électorale pour ceux, candidats à la candidature qui auront le blanc-seing du conseil constitutionnel ; sauront-ils en faire bon usage? Mais sinon revenons à ces politiciens prêts à se nourrir dans n'importe quelle auge, pourvu qu'ils aient le poste convoité avec émoluments et limousine avec gyrophare ! Dans une certaine mesure la vague qui va les transporter pourrait s'avérer fort utile même aux tenants du pouvoir, car elle fait du ou des partis les embrigadant, le plus grand ramassis d'opportunistes, permettant ainsi de mieux identifier ceux qui n'en ont que pour leurs intérêts personnels. Il y a plus de chance de trouver des gens aux idéaux élevées dans les autres formations politiques auxquelles on donne peu de crédit de remporter le prochain scrutin. C'est peut-être de ce côté que les électeurs devraient, à l'avenir, tourner leur regard pour se débarrasser des profiteurs politiques. Mais, a contrario, on peut quand même s'étonner de cette mauvaise réputation trainée par ce type de politiciens; ne dit-on pas que «l'opportunisme, qui relève de l'adaptabilité aux circonstances, est une des caractéristiques principales des espèces qui ont survécu »? Et l'étonnement se prolonge quand on pense aux injonctions à « saisir les opportunités. qui jalonnent un parcours professionnel, ou même politique»! En général, quand on dit de quelqu'un qu'il est opportuniste, c'est un hommage à son intelligence mais pas un éloge de son niveau d'éthique et c'est toute la somme des comportements inopportuns, sans discernement, égoïstes, qui connote péjorativement le fait d'être opportuniste. On connait la réponse d'Edgar Faure, moult fois ministres sous la IVème République, amateur de bons mots, et raillé pour sa «souplesse » politique, à celui qui le taxait d'opportuniste politique, en utilisant le terme irrévérencieux de «girouette». Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent», lui a-t-il répondu. Que faut-il faire des opportunistes s'interrogeait un homme politique français? A part les brûler disait-il, je ne vois pas très bien ce que l'on pourrait en faire! Certes, ils ont perdu la considération des leurs et ont dû subir la tiédeur de leurs nouveaux amis (qui n'aiment pas non plus les opportunistes). Tout ce que l'on peut espérer pour eux, c'est qu'ils puissent se regarder dans la glace ! Ils sont légion en politique ; ils sont reconnaissables au bruit de leur retournement de veste ; mais pour eux, il ne subsiste qu'une règle : chasser ou être chassé ! |
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