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L'année
2018 va se terminer comme elle a commencé: avec une
forte migraine sur le plan financier et social. Et une incertitude encore plus
profonde quant à la tenue de l'élection présidentielle, prévue au mois d'avril
prochain. Le recours pour la troisième fois en une année à la «planche à
billets» pour soutenir des dépenses publiques devenues un fardeau pour le
budget de l'Etat du fait des faibles performances de l'économie nationale, en
novembre 2017 et en janvier 2018, s'est poursuivi en novembre dernier. Un signe
qui traduit sinon une extrême confusion dans la conduite des priorités
financières et économiques du pays dont la relance de la croissance et la lutte
contre les déficits, du moins une incapacité pas démentie du gouvernement à trouver
des solutions au problème de la baisse des recettes pétrolières.
Tous les ingrédients déployés par le gouvernement pour enrayer la perte de vitesse de l'économie algérienne, dont une chute de la part de la production industrielle dans le PIB, tout comme l'agriculture et les services, n'ont pas donné de résultats concrets. Au moment même où les déficits gonflent au rythme d'une demande sociale en équipements socio-éducatifs, de transport et en énergie devenue incontrôlable. Le gouvernement est acculé autant par une perte d'efficacité des grands indicateurs de l'économie nationale, dont le rendement des recettes pétrolières, mais surtout une détérioration des stocks financiers, dont les réserves de change. Fatalement, le poids de la demande sociale, qui peut être décryptée autant par des demandes de hausse des salaires de dizaines de milliers de travailleurs, de logements, de routes, de création d'emplois ou de résoudre l'équation de la baisse des ressources à allouer à la CNR, véritable gouffre financier, a submergé et débordé le gouvernement. Les manifestations de protestation, les routes bloquées par des villageois en colère, les grèves dans les grandes entreprises et le malaise social ambiant donnent l'impression que tout part en vrille. En face, le gouvernement garde un silence difficile, quant à la situation sociale et économique du pays, à décrypter, d'autant que le Premier ministre ne fera pas devant l'APN de déclaration de politique générale, prévue aujourd'hui, dimanche 16 décembre, comme il est exigé par la Constitution. Cette année, il est même fort probable que le Premier ministre ne le fera pas, officiellement pour des raisons «d'agenda». C'est, une fois de plus, une fuite en avant, car le gouvernement gagnerait beaucoup à rassurer sur sa démarche et, surtout, sur ce que sera 2019 pour les Algériens. Certes, il en a donné quelques «aspects» lors de sa rencontre avec les walis, mais la déclaration de politique générale est un moment incontournable pour le gouvernement et l'Assemblée nationale, un moment où l'état de la nation est exposé aux élus du peuple qui pourraient opposer une motion de censure et précipiter le départ du gouvernement. Nous n'en sommes pas là, mais l'exécutif va zapper un moment important dans la vie parlementaire du pays et, surtout, s'expliquer sur sa politique économique, sociale, ses solutions de sortie de crise, pourquoi un recours massif au financement non conventionnel. Et, pour garder les apparences politiques que la prochaine élection présidentielle est toujours d'actualité, le gouvernement, même avec des indicateurs économiques en berne et une situation sociale difficile, a le devoir de se présenter devant le Parlement et de parler aux Algériens. Le refuser, c'est d'abord une violation de la Constitution, ensuite une confirmation que le gouvernement n'est plus en mesure de faire quoi que ce soit pour éviter l'iceberg. Plus que jamais, les Algériens ont besoin d'être rassurés. |
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