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La
dernière réunion Gouvernement-Walis a fait sortir, au grand jour, des fissures
au sein du gouvernement qui confirment l'incompétence des ministres à régler
les récurrents problèmes socio-économiques et l'ambition de
Ahmed Ouyahia d'être « l'alternative » pour la
prochaine élection présidentielle.
Des signes tangibles dans ce sens, ont été observés tout au long des deux jours de travail, qui plus est, leurs échos se font aujourd'hui, entendre de plusieurs milieux. Le mécontentement des walis qui se sont plaint des propos prononcés par Ouyahia, le jeudi, jour de clôture de l'événement, se font encore entendre, ici et là. Propos jugés par nombre d'entre eux comme étant « une attaque frontale » qui leur ait directement adressée même si les cadres du ministre de l'Intérieur pensent qu'ils le sont plus contre leur ministre, Nouredine Bedoui. Pour de nombreux responsables, « Ouyahia était venu à la clôture avec l'idée de prendre sa revanche sur le fait qu'il ait été empêché d'être présent à l'ouverture des travaux. » Pour cause, « c'est une véritable feuille de route qu'il a présentée, avec des instructions fermes, des reproches, voire même, des accusations contre ministres et walis, il voulait à tout prix faire oublier le message inaugural du président prononcé mercredi, » disent-ils. Aujourd'hui, il n'y a pas que Bedoui qui semble n'être pas sur la même longueur d'ondes que son Premier ministre. L'on ne peut penser que Tayeb Louh ne l'est pas depuis qu'il a dirigé à partir d'Oran, des critiques acerbes contre Ouyahia, lui rappelant la terrible chasse aux sorcières qu'il a menée contre les cadres de la Nation, sur instruction du premier conseiller de Liamine Zeroual, alors chef de l'Etat. Louh devait en novembre dernier, s'adresser aux représentants de la Société civile de la wilaya pour en évidence, soutenir l'appel fait au président de la République pour « poursuivre sa mission à la tête de l'Etat. » Le ministre de la Justice, Garde des sceaux a eu écho que Ouyahia avait interdit à ses élus de participer à son meeting. Il aura, alors, le feu vert de Saïd Bouteflika de « tomber à bras raccourcis » sur le Premier ministre. Le reste est connu. Rien ne va plus entre les deux hommes. La réunion Gouvernement-Walis est venue démontrer, que d'autres ministres que Louh, trouvent du mal à supporter, disent certains d'entre eux, « un commis de l'Etat qui ne veut plus le demeurer parce qu'il veut être placé plus haut. » Il est clair que « plus haut » est l'accession à la présidence de la République en 2019, si élection il y a, au regard des difficultés qu'éprouvent les Bouteflika à trouver une alternative « sûre et rassurante » pour remplacer le président, «en cas de dégradation profonde de sa santé. » Ouyahia joue aux cartes Le dernier communiqué de la présidence de la République laisse entendre que c'est le cas même si ses rédacteurs ont précisé que le chef de l'Etat ne pouvait recevoir le prince héritier saoudien, Mohamed Ben Salman, à cause d'une grippe aiguë. La santé de Bouteflika se dégrade au fur et à mesure que la date de l'élection présidentielle avance. Avril 2019 n'est pas loin pour les stratèges et les politiques. Les Bouteflika sont, aujourd'hui, devant le lourd dilemme d'avoir sous la main un plan B, bien ficelé. Pour l'heure, c'est Ouyahia qu'on dit le plus préparé à en sortir un qui aille à la mesure de l'ambition qui l'anime. Les voix et écrits de presse qui font avancer l'idée de sa candidature, en tant qu'« alternative évidente », doivent en avoir eu écho par certaines officines. Il y a longtemps que le Premier ministre joue aux cartes et en abat, à chaque occasion, en toute évidence, celle qu'il considère gagnante. Depuis 2017, il a fait preuve de beaucoup de sympathie à l'égard des autorités politiques et des lobbys français. De deux fois, en 2017 et en 2018, il fera des discours assez généreux, en amabilité à leurs égards. Les responsables algériens l'ont relevé sans conteste puisque certains d'entre eux ne s'empêchent pas de lui comptabiliser ce qu'ils qualifient d'écarts vis-à-vis de la Nation mais d'« offres de service » à la France. «Ouyahia veut plaire aux Français pour qu'ils le soutiennent dans sa quête du Palais d'El Mouradia, son appel, l'année dernière, aux pieds-noirs pour investir en Algérie, son évocation à Paris, cette année, des morts de la Révolution et non des martyrs comme l'exigent les sacrifices de ceux qui ont combattu pour l'indépendance de l'Algérie sont, disent nos sources, pour concorder avec le discours du président Macron qui refuse non seulement de parler de la guerre d'Algérie mais demande aux autorités nationales de reconnaître officiellement les harkis. » Ouyahia n'appelle pas du pied que les Français qu'il sait qu'ils ont toujours voulu avoir leur mot à dire dans les rendez-vous cruciaux de l'Algérie. Mais il recompose en parallèle, l'échiquier des grosses fortunes pour qu'elles lui servent de tremplin, en avril prochain. « A chaque fois qu'il préside une réunion du CNI (Conseil national de l'Investissement), il règle des dossiers de richissimes hommes d'affaires, mieux encore, c'est lui-même qui les appelle au téléphone pour le leur faire savoir, » soutiennent de hauts responsables. Certains milieux ont même affirmé que la présidence de la République devait lui retirer le CNI mais, soutiennent nos sources « c'est de la poudre aux yeux, il n'en est encore rien. » Aux dernières nouvelles, après Issad Rabrab qui a fait inauguré par Macron en personne, en région parisienne, une immense usine avec en prévision la création de 1.000 emplois, c'est Ali Haddad qui lorgne de l'œil au-delà des mers pour investir en France. « Services secrets français, responsables politiques, patrons des plus grands groupes, membres du Medef, lui auraient promis d'importantes exemptions d'impôts s'il apporte ses capitaux pour créer des emplois en France, » affirment nos sources. Comptant sur un repositionnement plutôt régionaliste, affairiste de tous bords et opportunistes, Ouyahia joue pour gagner la grande bataille de la présidentielle. Son proche entourage le soutient sans ambages. « A telle enseigne que Seddik Chihab a déjà commencé sa campagne pour le remplacer à la tête du RND, » disent nos interlocuteurs. Quand Paris brûle, Oran prie « Les contours de l'hypothèse Ouyahia, candidat de la France en attendant d'être celui du consensus (national), semble se préciser, au fur et à mesure que le temps avance et que la santé du président rassure de moins en moins, » avancent-ils inquiets. « A chaque rendez-vous crucial, la France a toujours tenu à négocier des dossiers dont l'impact sur les relations bilatérales pourrait entraîner des crises assez lourdes, » soulignent-ils encore, en évoquant à ce effet, « le dossier des visas, la demande de reconnaissance des harkis exprimée par Macron, les déclarations des différents ambassadeurs français qui ont été en poste en Algérie mais, qui faut-il le préciser, sont tous membres de la DGSE (direction générale de la sécurité extérieure).» Entre l'Algérie et la France, « il y a de la passion qui veut voir dans certains événements ce qui n'existe pas du tout, » rétorquent des diplomates français qui refusent que le dossier des visas ou autres déclarations de Bageolet, soient liés à des pressions françaises sur l'Algérie. Il est attendu, « d'ici à janvier prochain », que la présidence de la République prenne des décisions qui provoqueront de grands bouleversements sur l'échiquier politique, » laissent entendre des responsables convaincus que le clan présidentiel tient « à l'œil » le Premier ministre. Si, indiquent nos sources, « les Bouteflika ont réussi à faire éclater les cabinets noirs et autres clans dans les hautes instances de l'Etat, il est clair que les réseaux dormants d'anciens responsables civils et militaires pourraient être réactivés, à tout moment et dans n'importe quelle région pour redéfinir les rôles, ce qui fait très peur et va faire très mal au pays. » En attendant que les choses se clarifient, Paris brûle et vit son plus mauvais automne, secoué par des événements dramatiques comme l'ont été les pays arabes et musulmans pendant « leur printemps arabe ». Bombes lacrymogènes, arrestations musclées de manifestants par les forces de l'ordre, des revendications socio-économiques comme dans les pays sous-développés, y compris des « Macron démissionne (dégage !). » Tout y est pour voir que la France a perdu de son aura de « la mère des démocraties. » De ce côté-là de la Méditerranée, Oran, la capitale de l'ouest algérien, a vécu hier de merveilleux moments de réconciliation, de tolérance et de paix. « Le vivre ensemble » a pris toute son ampleur à travers la cérémonie de béatification des hommes de religion chrétienne aux côtés de nombreux musulmans, sur les hauteurs de Santa Cruz. Oran a prié pour le monde entier, musulman et chrétien. |
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