Il est déconseillé de se
promener du côté du principal marché de légumes et fruits. De préférence, la
dextérité est de mise pour faire ses emplettes et quitter l'endroit au plus
vite. Et pour cause, l'espace est devenu irrespirable, ça ne date pas
d'aujourd'hui, dit-on. L'espace est connu depuis longtemps pour son
insalubrité, envahi par les odeurs pestilentielles, à cause des ordures
amoncelées, jetées par les vendeurs squattant les alentours du marché. Les
actions de bonne volonté et les campagnes périodiques de volontariat demeurent
inopérantes. C'est l'histoire de Sisyphe d'après la mythologie grecque : «Zeus
décida de punir Sisyphe pour outrage aux dieux et lui infligea un châtiment
éternel, rouler un rocher en haut d'une montagne, qui retombait à chaque fois,
et Sisyphe devait le ramener de nouveau au sommet». Moralité de l'histoire, le
problème de l'insalubrité est-ce un éternel châtiment, un recommencement, qui
n'en finit pas, jusqu'à la fin des temps ? Eradiquer les saletés amassées
semble se transformer en une corvée pour tous, alors que nettoyer chez soi est
le premier geste d'un citoyen responsable de la propreté de sa cité. Les autres
places et ruelles du centre-ville ne sont guère mieux loties. Et puis, on
gesticule et on crie sa colère, devant tant de détritus jonchés qui, au final,
vont à leur tour obstruer avaloirs et caniveaux. L'écoulement des eaux
pluviales ne fait qu'aggraver la situation d'une ville qui s'étouffe.
L'insouciance préjudiciable de certains achève le peu d'espoir existant, afin
de maintenir en vie un soupçon de protection du milieu environnemental. C'est
la responsabilité de tous, chacun à son niveau. Tébessa prétend à des jours
meilleurs pour redevenir une devanture attractive, de par sa position
géographique de région frontalière. Tébessa, c'est aussi une richesse
architecturale au vu de ses trésors archéologiques uniques, selon les
spécialistes. Alors, faudra-t-il retrousser les manches et donner le coup de
balai salvateur pour que Tébessa brille de nouveau ?