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Il va de soi que l'essentiel de cette rétrospective concernera la finale et
ses deux protagonistes, l'Allemagne et la Hongrie. A cette époque, ces deux
formations étaient on ne peut plus différentes physiquement, techniquement et
tactiquement. Alors que les Hongrois brillaient de mille feux avec leur jeu
résolument orienté vers l'offensive et faisaient figure de grands favoris de
cette édition, les Allemands ont dû cravacher pour se qualifier dans un groupe
comprenant la Norvège et la Sarre, équipe représentant une région d'Allemagne
occidentale intégrée dans ce pays plus tard, en 1957. D'ailleurs, pour se
qualifier dans le groupe 2, les Allemands ont dû livrer un match barrage contre
la Turquie avec laquelle ils étaient à égalité au classement. Si leur premier
match s'est soldé par une confortable victoire aux dépens de la Turquie (4-1),
le second aura été une déroute face à des Hongrois au jeu extraordinairement
efficace (8 buts). Si ces buts inscrits « s'expliquent » par le festival des
partenaires de Puskas pourtant sorti sur blessure, en revanche, les trois buts
encaissés ont surpris les journalistes. Comme réponse, l'entraîneur hongrois
Gustav Sebes leur a dit : « Oui, nous avons encaissé
trois buts, mais nous en avons inscrits huit. Vous savez que, pour gagner un
match, il faut marquer plus que l'adversaire».
On notera que, des huit équipes qualifiées aux quarts de finale, l'Allemagne était la moins citée par les bookmakers. Il n'empêche que, pour l'entraîneur Sepp Herberger, l'objectif était atteint. Entre autres, la blessure de Puskas, très diminué lors de la finale, la fatigue due aux prolongations face à l'Uruguay, la facilité des nombreuses victoires obtenues durant quatre années et à leur manque d'influx nerveux. Avant la finale, ils étaient visiblement inquiets après avoir tant gagné, à l'inverse des Allemands plus décontractés. Il est à noter enfin que lors de cette édition 1954, les organisateurs suisses ont fait preuve de perspicacité. En effet, pour garantir de bonnes recettes, les équipes d'Allemagne, de France et d'Italie ont évolué dans les villes frontalières avec ces pays, respectivement à Bâle, Genève et Lugano. Leurs supporters n'avaient à parcourir que quelques kilomètres pour traverser les frontières et assister aux rencontres. La fiche Pays participants : 16 Finale : RFA 3 Hongrie 2 Attaque : Hongrie (27 buts) Défense : Uruguay (9 buts) Buteur : Sandor Kocsis (Hongrie) 11 buts Echos Dopage Quelques semaines après cette finale une curieuse épidémie a touché les joueurs allemands ayant participé au sacre. Aussi, quelques observateurs n'ont pas hésité à prononcer le mot «doping», ce qui n'a jamais été prouvé. Tous les observateurs se sont accordés pour dire que ce fut la plus grande injustice de l'histoire du football. Car au cours de leur longue période d'invincibilité (quatre années, 28 victoires et 4 nuls), les Hongrois avaient inventé le 4-2-4, un système qui sera repris quatre ans plus tard par les Brésiliens. Bentifour Avant que les trois pays du Maghreb ne recouvrent leur indépendance, tous les joueurs algériens, marocains et tunisiens pouvaient endosser le maillot de l'équipe de France. Ainsi, le célèbre Abdelaziz Bentifour a joué un match lors de cette édition avant d'être, quatre années plus tard, l'un des principaux joueurs de l'équipe du FLN qui s'est couverte de gloire de 1958 à 1962. Ce fut le même cas pour le Marocain Abderrahmane Mahjoub. Dix contre onze Lors du match face à l'Allemagne, après la sortie de Puskas (le changement n'existait pas encore), la Hongrie, fidèle à sa philosophie de football offensif, est parvenue à inscrire deux buts malgré la «supériorité» numérique du côté allemand. Crampons L'entraîneur brésilien Moreira nous a rappelé certains de ses collègues du temps présent par sa façon destinée à masquer leurs faiblesses et celles de leurs équipes. Pour expliquer le revers subi face à la Hongrie, il a tenu aux journalistes le discours suivant : «Notre principal adversaire aura été la pluie. Mes joueurs avaient des crampons de 16 millimètres alors que sur ce terrain, il en aurait fallu de 22 millimètres.» Wembley Le 25 novembre 1953, le glas a sonné pour la fière Angleterre qui s'autoproclamait la meilleure. Ce jour-là, un mythe est tombé avec une défaite qui a fait l'effet d'un séisme : Winterbottom, le célèbre entraîneur anglais, avait tenté de dédramatiser cet échec : «Nous avons été surpris par la position en retrait de Sandor Hiderghuty mais, maintenant que nous avons compris, nous le montrerons lors du match retour à Budapest.» Le 23 mai 1954, soit moins d'un mois avant le coup d'envoi de la cinquième Coupe du monde, la note fut plus salée : 7 à 1. Avec cette cinglante gifle, le onze de la Rose venait d'être démythifié, tandis qu'elle a confirmé la plus belle équipe de football de tous les temps. Espagne Prévue comme future tête de série, l'Espagne n'a pu être au rendez-vous suisse. Après avoir battu la Turquie (4-1), elle s'est inclinée à Istanbul (1-0). Le goal-average n'existant pas à cette époque, il a fallu jouer un match barrage à Florence (Italie) qui s'est terminé par un score nul (2-2). Le tirage au sort a été favorable à la Turquie. Pointure Ferenc Puskas, l'un des plus grands footballeurs de tous les temps, chaussait du 38. En revanche, ses tirs du pied gauche ont fait beaucoup de ravages. En championnat de Hongrie, il a inscrit 357 buts en 356 rencontres et le bilan en équipe nationale est également très éloquent. 84 buts pour 85 matches. Il était surnommé «Le major galopant». Honved C'est l'inoubliable équipe qui a régné durant plusieurs années sur le football européen. Honved signifie «Le défenseur de la Patrie» et regroupait les meilleurs joueurs du pays. Dès leur incorporation, ils étaient dispensés du service militaire et accédaient d'office au grade d'officier, une pratique en vogue dans les pays de l'Est européen. Télévision C'est lors de la Coupe du monde 1954 que les matches ont commencé à être diffusés, et ce grâce à l'accord entre plusieurs pays européens. L'Eurovision était née pour le plus grand plaisir des téléspectateurs. Clubs La Hongrie ayant été envahie en 1956 par l'URSS, tous les joueurs de cette équipe se dispersèrent en signant dans des clubs espagnols, italiens et allemands. Puskas a opté pour le Réal Madrid et sera même international espagnol après sa naturalisation. Quant à Kcosis surnommé «tête d'or», il a fait une belle carrière au FC Barcelone avec son compatriote Csibor. Puskas s'est produit à Oran avec le Real Madrid. Sportivité Autre attitude très surprenante des Sud-Coréens battus sèchement par les Hongrois (9-0). Après chaque but, ils saluaient leurs adversaires, ne dramatisant pas la situation. Ils auront salué leurs adversaires neuf fois. A méditer. Félicitations Bien que battus par la Hongrie de façon indiscutable, les joueurs uruguayens ont fait preuve d'une surprenante sportivité. Qu'on en juge : lorsque l'arbitre de la rencontre, le Français Vicenti, est allé aux vestiaires, ils l'ont félicité chaudement. Et c'était sincère ! Conseils Avant le coup d'envoi de cette édition, l'entraîneur sud-coréen Kim Young Shik a sollicité de la part de ses quinze collègues des conseils pour améliorer le rendement de son équipe. Depuis, les temps ont beaucoup changé. La preuve, de peur que leurs propos ne soient décryptés sous l'œil des caméras, les entraîneurs actuels mettent la main sur leur bouche. Handicap Le match Angleterre-Uruguay a été marqué par un constat surprenant. En effet, les Sud-Américains ont battu les Anglais bien qu'ils étaient réduits en fin de partie à 9. Il est vrai que les remplacements n'existaient pas, et ceci atteste que cette sélection anglaise était d'un niveau médiocre. Règlement Estimant que le système «championnat» adopté quatre ans auparavant au Brésil n'était pas satisfaisant, les dirigeants de la FIFA ont adopté un système hybride pour le moins surprenant. Effectivement, chaque participant d'un groupe de quatre ne devait rencontrer que?deux adversaires au lieu de trois ! Les têtes de série ne devaient pas se rencontrer. Une remarque assez piquante : l'Allemagne, future championne du monde : n'était pas tête de série. Critiques Les Belges se souviendront longtemps des remarques désobligeantes du journaliste anglais Desmond Hackett après la victoire de ses compatriotes (5-0). Morceaux choisis : «Les Belges sont venus souiller le gazon de Wembley. La Belgique ? Une bande de novices qui courent en paquet !» |
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