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Vol de voiture via le site Ouedkniss: Cinq ans et un acquittement pour les accusés

par M. Nadir

  Après avoir été condamnés en février dernier à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs, vol qualifié et faux et usage de faux dans une affaire de vol d'une Volkswagen Caddy à travers le site Internet Ouedkniss (voir Q.O. du 14 février 2018), B. Hasni et L. Mohamed Farès ont comparu, mardi dernier, devant la cour criminelle d'Oran, pour une affaire du même type impliquant, cette fois-ci, une Peugeot 208.

Selon le dossier d'accusation, les faits remontent à avril 2016 lorsque H. Abdelhak a porté plainte pour le vol d'une Peugeot 208 flambant neuve qu'il venait d'acheter auprès de B. Hasni, via Ouedkniss.           

«Une dizaine de jours après l'acquisition de la voiture, je me suis garé rue Abane Ramdane pour déjeuner avec un ami. En revenant, je n'ai pas trouvé trace de ma 208. J'ai interrogé le gardien du parking qui m'a dit que quelqu'un était parti à bord le plus normalement du monde», témoignera la victime à la barre en indiquant avoir acheté la voiture 232 millions de centimes. En enquêtant sur le vol, la police découvrira que le nom du vendeur, B. Hasni, était apparu dans une affaire similaire au cours de laquelle il avait vendu à un certain Mehdi une Volkswagen Caddy équipée d'un GPS pour 316 millions de centimes. Le lendemain, il l'avait tracté et repris le véhicule, près du marché Michelet, grâce à une clef contrefaite. Confronté à ces nouvelles accusations, Hasni ne fera aucune difficulté pour reconnaître les faits. Comme pour l'affaire Volkswagen Caddy, il tentera d'endosser toute la responsabilité et innocentera Mohamed Farès. A la barre du tribunal criminel, B. Hasni, 36 ans, expliquera avoir agi seul en se servant de la voiture de son patron, Mohamed Farès : «J'avais des problèmes de logement. C'est pour cela que j'ai commis cette erreur», dira-t-il en substance. De son côté, L. Mohamed Farès, 33 ans, gérant d'une entreprise de transport, rejettera les accusations d'association de malfaiteurs, vol qualifié, et faux et usage de faux : «Je ne savais pas qu'il avait vendu la voiture et qu'il l'avait récupérée plus tard jusqu'à ce que la police vienne m'interroger», affirmera-t-il. Appelés à témoigner, Oussama et Ilyès (qui ont effectué l'achat de la Peugeot 208 pour le compte de leur ami Abdelhak retenu par des obligations à Zahana) ont déclaré avoir traité avec Hasni à Bir El Djir et n'avoir jamais vu Mohamed Farès. Dans son intervention, l'avocat de la partie civile a affirmé que Mohamed Farès ne pouvait prétendre ignorer la transaction : «C'est sa voiture, c'est lui qui a installé le système GPS et il pouvait suivre les déplacements de ses véhicules sur son propre mobile. Comment peut-il dire qu'il est innocent ?», s'interrogera l'avocat.

Le représentant du ministère public abondera dans le même sens en déclarant sa conviction que les deux accusés sont également coupables : «Les faits sont ici avérés et la complicité établie. Hasni tente de couvrir son acolyte mais les faits sont têtus», dira-t-il en reprenant les arguments de la partie civile et en soulignant le précédent de la Volkswagen Caddy. Il requerra la peine de 15 ans de réclusion contre les deux mis en cause. L'avocat de B. Hasni plaidera les circonstances atténuantes pour son client en proie à des problèmes socioéconomiques en soulignant sa coopération avec la justice : «Il a reconnu les faits et aidé les enquêteurs à boucler le dossier», dira-t-il en substance en rejetant l'accusation d'association de malfaiteurs, Hasni ayant juré avoir agi seul.

Les trois avocats de Mohamed Farès plaideront, eux, l'acquittement à la fois sur la base des aveux de Hasni mais aussi en raison de preuves matérielles accablantes : «Hasni travaillait pour notre client, il avait accès au garage et aux voitures. On peut même considérer que notre client est une victime», diront-ils.

Après délibérations, le tribunal criminel de première instance condamnera B. Hasni à cinq ans de prison ferme, acquittera L. Mohamed Farès qui, il est utile de le signaler, avait interjeté appel auprès de la Cour suprême après sa condamnation en appel dans le cadre de la première affaire.