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La
question du traitement sécuritaire, juridique et humanitaire des affaires liées
à l'immigration clandestine et les réfugiés semble tomber à pic en cette
Journée mondiale des réfugiés, célébrée le 20 juin de chaque année. Le
branle-bas de combat pour trouver solution radicale à ce phénomène des migrants
clandestins et des réfugiés, en vigueur depuis quelques jours en Europe, en
Amérique et au niveau des pays de transit, en Afrique du Nord notamment, inquiète
au plus haut point les Organisations non gouvernementales (ONG), investies dans
le créneau de défense des Droits de l'homme. Ces dernières déplorent le
renoncement de ces pays à leur responsabilité humanitaire face à la détresse
des réfugiés, abandonnés de plus en plus à leur pitoyable sort, sinon enfoncés
plus encore dans leur solitude. Dans ce contexte, Amnesty International Algérie
a lancé, en cette date du 20 juin, un appel aux autorités algériennes pour
«l'adoption, dans les plus brefs délais, d'une législation nationale sur le
droit d'asile conforme aux normes internationales, notamment la Convention
relative au statut des réfugiés de 1951, son protocole additionnel de 1967, et
la Convention africaine sur les réfugiés». Une loi sur le droit d'asile qui
permettrait, souligne-t-on, d'offrir «une protection suffisante aux réfugiés et
demandeurs d'asile et de protéger de la violence toutes les personnes qui ont
fui leur pays et qui se trouvent en Algérie en quête de sécurité». C'est à
travers cet aspect de «vide juridique» que des organisations de défense des
Droits de l'homme, locales et internationales, tentent de coincer l'Algérie sur
ce registre de la gestion de ce dossier des réfugiés.
Le Premier ministre avait annoncé il y a près d'une année déjà, l'élaboration d'un projet de loi sur les réfugiés. Un projet qui n'a pas encore vu le jour, doit-on le souligner, laissant la porte grande ouverte aux condamnations qui accablent à chaque fois l'Algérie sur ce dossier. Ainsi, en termes plus critiques encore à l'égard des autorités algériennes, Amnesty International Algérie estime que «les autorités doivent arrêter les arrestations arbitraires et les expulsions des ressortissants étrangers qui ne respectent pas les procédures légales prévues par la loi nationale et par les conventions internationales dont l'Algérie est signataire et le principe de non-refoulement». Pour rappel, l'Algérie qui fait face à quelque 500 tentatives d'entrées illégales de migrants par jour, selon une récente déclaration du ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, avait refoulé ces derniers mois, selon la même source, quelque 27.000 migrants clandestins vers leurs pays d'origines. Dans son document, Amnesty International se dit scandalisée par le fait que «la communauté internationale, notamment les pays riches, se montre incapable de réellement partager la responsabilité de protéger les réfugiés». Ajoutant qu' «il est urgent que cette communauté internationale parvienne à se mettre d'accord sur un système équitable pour offrir une protection aux personnes forcées à tout quitter en raison des conflits, de la violence et de la persécution». Un prêche dans le désert ? Cela en a tout l'air quand on sait que les Etats-Unis sont passés brutalement à la «tolérance zéro» sur le plan de l'immigration clandestine et que l'Europe, de son côté, a érigé un mur virtuel au sud de ses frontières, en mer Méditerranée, et se dirige vers un durcissement sans pareil dans l'histoire de sa politique migratoire. L'Union européenne envisage sérieusement de créer des «plateformes régionales de débarquement» en dehors du territoire de l'Union, soit dans les pays de l'Afrique du Nord, pour les migrants secourus en mer. L'idée n'est pas nouvelle mais l'épisode de l'Aquarius, ce bateau plein de 630 migrants clandestins secourus en mer, qui a erré plusieurs jours en mer sans trouver de port d'accostage dans les pays de la rive méditerranéenne, a poussé l'UE à y songer sérieusement en programmant ce principe de la lutte contre l'immigration clandestine dans un «projet de conclusions» du sommet européen programmé les 28 et 29 juin à Bruxelles. Bien sûr, la question de la politique migratoire divise les Etats européens, mais peu à peu tous les pays de l'UE s'orientent vers une même vision, celle de la fermeture des frontières et la filtration des migrants au cas par cas. C'est pour cela d'ailleurs qu'on veut installer des plateformes hors de l'UE, afin de gérer les demandes d'asile dans la sérénité et, surtout, éviter d'appliquer le principe juridique du renvoi du demandeur vers le premier pays d'accueil sur le sol européen. De la sorte, les migrants seront installés très loin et leurs demandes seront traitées par chaque pays sollicité. C'est une solution qui exigerait un financement commun, mais c'est le prix à payer pour éviter la répétition de drames en haute mer (15.000 morts sur les cinq dernières années) et bloquer sur le sol africain tout demandeur qui ne réponde pas aux critères du bénéfice du statut de réfugié. Reste seulement à connaître les pays qui seraient partants pour accueillir ces»plateformes» sur leurs terres. L'Algérie étant foncièrement opposée à cette idée, ayant déjà dénoncé par la voix de son Premier ministre le fait d'une Europe qui veut «transformer l'Algérie et l'Afrique du Nord en campements pour stopper les Africains», des pays comme la Tunisie et l'Albanie sont souvent associés à ce projet.. |
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