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Dans le quatrième discours
du Président Macron on peut en toute objectivité relever l'essentiel des
questions qui préoccupent, aujourd'hui, l'esprit de tout citoyen.
La peur amène souvent l'homme à remettre en cause ses choix sociétaux quand les faits lui fournissent la preuve irréfragable que ceux-ci mettent en péril sa vie. Mais cette remise en cause est toujours tempérée chez les gouvernants par un réflexe irrépressible de sauver la face. Au fil du discours on apprend pour certains, peu nombreux, et on redécouvrent pour beaucoup d'autres que l'organisation politique de la société souffre de nombreuses imperfections et de graves dysfonctionnements. Elle est handicapée par l'imprévision, la chape procédurale, la faiblesse logistique. Elle est affaiblie par la précarité de beaucoup de ses membres et de l'inégal accès à l'emploi, au logement, à la santé, à l'éducation. Elle est fragilisée par la rigidité de son système bancaire et financier et l'insuffisance de la couverture de ses risques. Elle est diminuée par la négligence du savoir local et du bon sens de ses élus de terrain. Elle sous-évalue et rémunère mal les métiers qui lui permettent en période exceptionnelle de sortir la tête de l'eau. Elle est timorée par « l'esprit routinier, loin de l'élan des fondations». Tous ces constats relèvent en vérité de l'ordre moral. L' approche politique est plutôt de reconnaître que l'organisation de la société souffre d'impréparation stratégique, de sacralisation de la liberté du monde de la finance, de l'hibernation idéologique, de la condescendance organisée de l'élite centrale envers les échelons opérationnels, du traitement plus ostentatoire qu'efficace des inégalités économiques et sociales, de l'affectation plus tactique que stratégiques de «l'argent magique «... du présidentialisme désarmant. La crise de l'ordre sanitaire a dénudé l'ordre politique et fait vaciller l'ordre économique. Le véritable défi est aujourd'hui de trouver un équilibre dynamique (l'équilibre statique est mortel pour l'économie aussi) entre l'ordre sanitaire et l'ordre économique. L'ordre sanitaire a désormais posé ses exigences : la santé publique ne relève pas de la gestion comptable de dépenses médicales mais de la gouvernance politique des investissements en ressources humaines. La santé publique dans toutes ses dimensions est le vecteur du développement du capital humain. Ceci étant dit, l'ordre sanitaire demeure tributaire de l'ordre économique. Un ordre menacé, en ces temps, d'effondrement. L'objet de la gouvernance politique est de trouver des solutions créatives, innovantes et proportionnelles au défi de l'heure. Des solutions à même de concilier exigences sanitaires et impératifs économiques. Le temps est venu de donner un coup d'accélérateur à l'économie de demain : les espaces et les objets connectés, le développement des robots collaborateurs de l'homme (on parle déjà de «cobots «), les interfaces vocales, les plateformes numériques peuvent tenir leurs promesses rapidement. La nanotechnologie, la science des matériaux, l'impression 4 D, n'attendent que des investissements conséquents. La production physique peut être épaulée par l'intelligence artificielle et le traitement des données globales. Les menaces économiques peuvent être sinon évitées, grandement atténuées par une réaction solidaire, raisonnée mais forte et déterminée. Il faut cesser de gérer la phobophobie pour gouverner en toute proportionnalité. «Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir»(1). La gestion par la phobophobie est l'anticipation obsessionnelle de la peur des dangers encourus, le déroulement d'une démarche sans génie d'évitement des difficultés qui installe le détachement du pouvoir par rapport à la société. Le confinement intégral ne peut être qu'une réponse par manque de modernité. La gouvernance par la proportionnalité est un exercice difficile mais le seul exercice offert actuellement à tout pouvoir par la condition humaine. Cet exercice remet de l'ordre dans la hiérarchie des compétences utiles à la société, il rétablit l'ordre vital des besoins sociaux, il redistribue la responsabilité politique entre toutes les composantes de la société, il érige la transparence en infrastructure de l'édifice politique. L'objectif de l'action de l'État n'est plus le changement structurel mais la promotion d'un état d'esprit. (1) Frantz Fanon, Les damnés de la terre. |