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En
écrivant cet article je me suis remémoré l'appel de l'UGEMA du 19 mai 1956 où
les étudiants ont quitté les bancs de l'Université et des lycées pour rejoindre
le maquis. Ils étaient nombreux ces infirmières et étudiants en médecine qui
soignèrent les moudjahidine, dans des hôpitaux de fortune. C'est ce devoir qui
a vu nos médecins et paramédicaux, répondre à l'appel pour aider, avec leurs
frères et sœurs policiers, gendarmes, pompiers et militaires, les malades de
cette épidémie. L'élite répondant présente lorsque les premières mesures sont
tombées et que les autorités nationales, le président de la République, son
Premier ministre et le gouvernement ont mis en œuvre la stratégie pour lutter
contre cette pandémie. Tous les moyens financiers, humains et sécuritaires ont
été mobilisés. Cette anticipation a permis au pays d'entreprendre les premières
consignes au Plan sanitaire et d'approvisionnement de la population.
Alors que je suivais le déroulé de cette stratégie, je parcourais quelques extraits d'un ouvrage de 3.000 pages, publié sous le titre «Akhbar al Zaman wal ?Ajaïb Al bouldan», écrit il y a plus d'un millénaire par un auteur irakien du nom d'Al Messaoudi Ibrahim Ben Salloukieh (1), devenu plus célèbre en cette période de pandémie par l'anticipation qu'il a pensée en son temps, c'est-à-dire au IVè siècle de l'Hégire. Il avait prédit qu'au 2020, il y aurait une épidémie qui interdira le pèlerinage à La Mecque, qu'il y aurait un confinement général. Le roi des «Rom» mourra de cette pandémie et l'humanité sera fatiguée de cette épidémie. Le frère aura peur de son frère, et les gens seront égarés. Une inflation gagnera les prix qui ébranleront comme un séisme les fondements de cette économie ou plus du tiers de l'humanité périra. L'enfant, à son jeune âge, verra ses cheveux blanchir. L'auteur du livre (?Les nouvelles de ce temps et les miracles du monde), écrit par Abou Al Hassan Ali ben Hocine ben Ali Al Messaoudi Ibrahim Ben Salloukieh, né à Bagdad, rendu célèbre par ses recherches astrologiques et décédé en 346 de l'hégire, en Egypte. Certains lui attribuent l'origine maghrébine, fut un grand voyageur visitant la Perse, l'Inde, l'Asie centrale, le Soudan, le Yemen et Bilad Echem. Il avait écrit entres autres : «Mouroudj Al Dhahab» (Les prairies en or), «Ma3din Al Jawhar Fi Touhouf Al Achraf» (Les perles serties ornent les habits des nobles). De même qu'un autre ouvrage «Al Moulouk Wa Ahl Al Diar», une sorte d'encyclopédie de géographie et d'histoire, traduit en plusieurs langues telles l'anglais, le français et le Perse. Il y a aussi son livre «Al Tan Bih Wal Achraf» qui a porté sur l'astronomie, la galaxie, les saisons, le calendrier lunaire et solaire traduit en langue française. Un autre ouvrage «Al Massail Wal 3llal Fil Almadhahib Wal Malal» consacré aux rites. Sans oublier un ouvrage sur la généalogie et les secrets de la nature. Etre visionnaire pour anticiper les catastrophes Pourquoi me diriez-vous avoir évoqué cet auteur irakien du premier millénaire ? Au regard de ce que vit la planète, la pandémie née du coronavirus a-t-elle été prédite de son temps pour que nous faisons référence à sa vision ? Peut-elle accélérer la fin du monde comme chez Francis Fukuyama qui avait écrit la fin de l'histoire mais pas celle du monde, pour nous. Sa réflexion consistait à glorifier la démocratie libérale qui est une forme finale de tout gouvernement humain. De leur temps Hegel et Marx voyaient dans l'évolution des sociétés humaines qu'elle n'était pas infinie. Ils avaient comme le dit Fukuyama, établi une fin de l'histoire. Cela signifie que le cycle naturel de la naissance, de la vie et de la mort allait s'arrêter. Pour Fukuyama, c'est dans son esprit, la fin de «la guerre froide». Tout l'héritage intellectuel des penseurs du XX siècle lui semble être orienté. Les deux guerres mondiales et les armes de destruction massive Deux guerres mondiales, épouvantablement destructrices, ont vu le détournement de la science contre l'humanité (nucléaire, bactériologique et chimique). Est-ce que le futur est en train de nous apporter des catastrophes biologiques, touchant la santé, créant des pathologies rongées par des virus, affectant la sécurité sanitaire mondiale ? En lisant ?Le premier homme' d'Albert Camus et ?Le dernier homme' de Francis Fokuyama, on se ramène à cette fin de l'histoire et de la «créature qui naît à la fin». Beaucoup vont penser qui va régenter ce nouvel ordre mondial ? L'avenir, à long terme, ne doit pas engendrer des inégalités sociales et économiques. Alexis de Tocqueville, n'a-t- il pas failli dans sa conception de l'émancipation, en Amérique, alors qu'en Algérie il se mettait du côté du colonisateur ? Le dernier homme était satisfait de son bonheur sans ressentir l'autre. Il cessa d'être un humain. Il devient sujet de mépris car porteur de danger, de risque semblable à une brute primitive avec des armes de destruction massive. En tant qu'humains, nous devons garder notre optimisme sur nos perspectives de santé et de bonheur, même si nous sommes en train de vivre la fin du monde ancien, dans une crise sanitaire jamais égalée. Ce passé nous a fait vivre les essais nucléaires, chimiques et bactériologiques, durant la période coloniale. Cela a été un désastre lorsqu'on se remémore les ?enfumades' du Dahra ou Reggan et B. Namous, dans notre Sahara. Une guerre mondiale sanitaire sans feu ni fusil Aujourd'hui le monde vit une pandémie qui met les Etats dans toute l'incapacité de venir au bout sur ce coronavirus. Le pessimisme a envahi les esprits. Une guerre mondiale sans feu ni fusil. Une guerre biologique... Tous les peuples sont sommés de se mettre au confinement au risque d'être emportés par cette épidémie qui a laissé les scientifiques et les politiques, dans un égarement total où tout semble être à l'arrêt. Le monde réfléchit à sa propre survie. C'est une guerre mondiale dont l'ennemi principal n'est autre qu'un virus insaisissable, invisible même à travers un microscope électronique. Alors que depuis la Deuxième Guerre mondiale, l'humanité continuait de vivre la menace des armes nucléaires et d'une catastrophe écologique. Le monde est confronté, aujourd'hui, à trouver un vaccin contre le coronavirus. Les laboratoires pharmaceutiques sont engagés dans la bioéthique. L'Afrique n'est pas un laboratoire de cobayes de l'Europe La Technologie cherche à trouver dans les meilleurs délais, le meilleur vaccin. Des cobayes sont mis à recevoir ce vaccin (animaux et humains volontairement). Le taux de dangerosité est tel que ce virus se développe à une vitesse exponentielle. Comment couper les tissus les plus pathogènes. Il y a eu la chloroquine qui a été prise du vaccin contre la malaria ou le paludisme. De toute façon ça sera un virus émergent. Ces dernières semaines la Corée du Sud, Singapour ou Taïwan ont appliqué des tests massifs approfondis. L'Etat organise la distribution des masques en responsabilisant les citoyens de nettoyages pour désinfecter et stériliser les lieux et moyens de transport ainsi que du gel hydro-alcoolique afin de veiller à la propreté des mains. L'Algerie pour une communion sanitaire mondiale Les dépistages se font parfois plusieurs heures sur des patients dans des cabines stérilisées et sécurisées pour que le virus ne pénètre pas, sans qu'il n'y ait de contagion. En Algérie il faut dire que nous avons été très tôt à prendre les premières mesures afin de barrer l'entrée de ce virus, introduit par des porteurs venus d'Europe et d'ailleurs. Il fallait stopper l'épidémie qui envahit la population, en commençant par fermer les crèches, les écoles, les lycées et les universités. Interdire les compétitions sportives, les manifestations culturelles et musicales. Même les lieux de culte furent fermés aux fidèles partout, de La Mecque à Médine jusqu'aux églises. Un comité scientifique suit de près l'évolution, en apportant l'expertise scientifique et médicale nécessaire au gouvernement qui met tous les moyens pour faire face à la pandémie. Le confinement partiel ou général a été imposé, en fonction de l'évolution du coronavirus. Tous les hôpitaux sont mobilisés pour prendre en charge des porteurs potentiels. Les aéroports, les ports et les frontières sont fermés. En quoi cette pandémie va changer le monde ? C'est une rupture systémique où plus d'un milliard d'individus et les gouvernements vont tirer des enseignements pour le futur proche. Tout va changer en termes d'égalité de chance. La famille va trouver une émancipation qui tient compte de la richesse des Nations pour le bonheur de l'humain. La richesse des Nations et l'égalité des chances Le Commerce mondial, selon les conclusions du rapport de l'OCDE baisserait de 1,4% au 1er semestre 2020 et 0,9% sur l'ensemble de l'année. Cette même source prédit, selon un scénario plus alarmiste qu'une contagion à effet domino où l'effet sur le PIB mondial, atteindra le 1,5%. Certains font référence à la guerre commerciale qui eut lieu entre les Etats-Unis d'Amérique et la Chine. La Chine a confiné, la première, son peuple pour venir à bout de cette pandémie. Bien qu'affectée, elle demeure la plus grande usine à fournir dans le monde, des milliards de masques et autres produits afin de parer à l'épidémie. Ce pays ami qui a soutenu la Cause algérienne durant la guerre de Libération est resté proche des causes justes de par le monde. La Chine s'est réveillée alors que Wuhan et Hubei vivent la pandémie, ils sont affectés par ce coronavirus. Malgré sa croissance à deux chiffres, ce géant asiatique a confiné toute sa population pour endiguer ce fléau. La puissance économique de la Chine se manifeste grâce à ses disponibilités financières et la met à l'abri des conséquences de cette pandémie. Les compagnies aériennes demandent une aide d'urgence de 200 milliards de dollars, pour les mesures de confinement selon l'Association internationale du Transport aérien. Les pays du G20 connaîtront une contraction de 0,5% de leur PIB en 2020. Nombreux groupes industriels verront leurs actions fondre. Le prix du baril connaîtra une chute vertigineuse. C'est ce qui pousse les pays du G20 à promettre l'injection de 5.000 milliards de dollars. Les Etats-Unis prévoient une aide de 2.000 milliards de dollars aux ménages et à leurs entreprises. En parlant de la dette des Etats-Unis, elle avoisinera, fin 2020, le seuil de 63.000 milliards d'euros, alors que la Chine atteindra la barre de 35.000 milliards d'euros, selon le rapport publié, en 2019, par l'Institut international des Finances. La France avait annoncé 45 milliards de dollars dont 8,5 milliards pour soutenir le chômage partiel. L'Allemagne locomotive économique de l'Europe voit sa croissance chuter de 5%. Selon la commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie occidentale, il y aura environ 8,3millions de personnes qui sombreraient dans la pauvreté. Les pays occidentaux connaîtront une accentuation de dettes. Selon UBS, l'ensemble des plans de relance, à travers le monde, peut atteindre les 2,6% du PIB mondial, dépassant largement les effets de la crise financière de 2008 soit 1,7% du PIB. Par exemple la dette de l'Italie s'élève actuellement à 135% du PIB, pouvant passer à 181% en fin d'année. La France passera de 101% à 141% du PIB. (Statistiques source Jefferies infographie Le Monde (3). Dans un article publié sous le titre : «Que naîtra-t-il ?», Jacques Attali prédit que «chaque épidémie majeure, depuis mille ans, a conduit à des changements essentiels dans l'organisation politique des Nations, et dans la culture qui sous-tendait cette organisation... La tragédie sanitaire du coronavirus et la n.e.p du XXIè siècle On peut dire que la Grande Peste du 14ème siècle, réduisant d'un tiers la population de l'Europe, a participé à la remise en cause radicale sur le vieux continent. De la place politique du religieux et à la police, comme seule force efficace de la protection de la vie des gens. L'Etat moderne, comme l'esprit scientifique y naissent comme des conséquences des ondes de chocs de cette immense tragédie sanitaire, et de ce fait ne pouvant donner un sens à la mort, le policier remplaça le prêtre. Il en est de même à la fin du 18ème siècle, quand le médecin remplaça le policier comme le meilleur rempart contre la mort». (2) La Communauté scientifique est en alerte maximum. L'intelligence artificielle est mise en œuvre. Ce virus voyage à une vitesse exponentielle. C'est tout le système sanitaire mondial qui est remis en cause du fait de son incapacité de juguler cette épidémie dans l'espace-temps. Les économies les plus performantes sont incapables de trouver les bavettes ou les masques et les respirateurs nécessaires pour venir à bout à cette pandémie. Avons-nous tiré les enseignements du SRAS ou de la grippe H1N1 ? Une paralysie quasi générale a frappé le monde. Nous sommes au XXIè siècle et les sciences médicales, dans leur partie expérimentale, semblent ne pas trouver le remède miracle créant toute une controverse dans le milieu des savants. Quelles premières leçons devrons-nous apprendre, en dehors de l'hygiène, en se lavant continuellement les mains par ce gel anti-bactérien et se distancer de plus d'un mètre dans les supermarchés ou autres rassemblements ? Sauver l'Humanité de ce désastre planétaire Le confinement est venu s'imposer à tous les humains sur cette terre pour ralentir ce fléau, devenu pandémie. Pour vaincre ce virus les Etats du monde doivent se solidariser afin de sauver l'Humanité. Le coronavirus a gagné toutes les grandes puissances de ce monde. Personne ne peut se prévaloir d'être dominant par sa force nucléaire, militaire ou économique. Chaque gouvernement doit s'investir pour protéger son peuple et militer pour une communion sanitaire mondiale afin de lutter contre les infections mortelles de ce virus. En Algérie, bien que les pouvoirs publics tentent de rassurer l'opinion en évoquant la maîtrise de nos équilibres puisque les réserves de change dépassent les 60 milliards de dollars, permettant au pays de subvenir aux besoins de consommations en biens et produits agro-alimentaires de la population. Avec un prix de baril de 30 dollars, nous pouvons aisément maintenir le cap, même si la propagation continue de suivre sa courbe ascendante. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter. L'essentiel est dans la discipline et le respect du confinement. Cette crise sera contenue. Au moment où le monde déploie tous ses efforts pour produire, ne serait-ce que les masques et les respirateurs en quantité suffisante, la population affectée par le coronavirus ne trouve pas l'essentiel pour sa survie vitale. Le monde ne communique qu'à distance de la même manière que les citoyens face à leur voisinage. La question reste celle de tous, à savoir : «comment surmonter cette crise sanitaire tant que la menace est devant la porte de chaque habitant de cette terre ? Avons-nous atteint le pic de cette pandémie ? L'économie est au ralenti. Si ce rythme continue dans la durée, il y aurait risque d'une récession impactant le taux de croissance mondiale. * Dr d'Etat en Sciences économiques, ancien ministre (Les modèles de régulation du SMFI) Bibliographie : 1. Al Messaoudi Ibrahim Ben Saloukieh : https://.bealfn.me/3641 2. Guillaume Fonteneau : «Quel sera le monde d'après le Coronavirus ? Revue de prospective et d'analyse- le Blog Patrimoine-Paris 3. Rapport de l'OCDE «Impact du Covid-19 https://www.web managercenter. com. 4. Samuel P. Huntington : «Le choc des Civilisations ; Odilo Jacob Paris 2000. 5. Francis Fukuyama : «La fin de l'histoire et le dernier homme». Editions Flammarion- Paris 1992. |