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Qu'on ne se fasse pas
d'illusion ! Rien n'est encore gagné dans ce bras de fer, entre le peuple
algérien et les autorités publiques.
Manœuvres dilatoires et tentatives d'entretenir la confusion dans la problématique du soulèvement populaire Il y a, sans aucun doute, au sommet de l'Etat, des discussions intenses qui ne tournent vraisemblablement pas autour des réponses à donner aux revendications populaires, telles qu'elles sont exprimées à travers les banderoles et les slogans des manifestants. Sans qu'on soit dans le secret de ces conciliabules, qui regroupent, sans doute, tout ce qui compte dans le système politique rejeté par la masse des Algériennes et Algériens, on peut affirmer que beaucoup des participants à ces conclaves , tenus loin des yeux et des oreilles du commun des mortels, sont convaincus que le système peut être sauvé dans sa totalité, et qu'il suffit de continuer à jouer le jeu habituel des manœuvres dilatoires, de livrer quelques têtes, particulièrement, haïes à la vindicte populaire, de présenter à la justice un certain nombre de boucs émissaires parmi les prédateurs les plus proéminents, et d'éviter les provocations pouvant transformer les manifestations en émeutes et justifiant le recours à la force pour ramener l'ordre. Pour ceux qui ont prospéré grâce au système de prédation, tout espoir n'est pas perdu de revenir à la situation régnant avant l'explosion de la colère populaire. Certains des tenants du pouvoir ne sont pas disposés à abandonner les privilèges qui accompagnent le pouvoir politique, ni le prestige qu'il donne, ni même l'impunité qu'il pourrait assurer. Une classe politique composée de renégats du système qui crachent dans sa soupe par opportunisme La situation politique est loin d'être favorable à une évolution qui mette, définitivement, fin au régime actuel, d'autant plus qu'une partie de la classe politique, qui tient à se placer sous la rubrique de l'opposition, mise à la fois sur le maintien du système et sur la réussite de la mobilisation populaire. On ne peut pas avoir été ancien chef de gouvernement de Bouteflika et prétendre à la virginité politique Certains des membres de cette classe exploitent les titres qu'ils ont obtenus comme serviteurs fidèles du système, pour vendre une image de modération et de compétence qui pourrait servir à les monétiser, quel que soit le cours que prendraient les évènements. Ils se présentent comme des ouvriers spécialisés munis de leur boîte à outils, prêts à voler au secours du système tout en proclamant leur « patriotisme » de pacotille, car ils ont toujours su se faufiler entre les interstices de ce système, et en profiter pour se promouvoir. Nul de ceux-ci n'a les mains aussi propres qu'il le prétend ou qu'il pourrait apparaître. La compromission et la docilité, sinon la servilité, sont les critères sine qua non pour l'accès à une fonction aussi sensible que celle de chef du gouvernement, qui contrôle, pour le compte des maîtres du pays, l'appareil administratif. Une version corrigée et mensongère d'un parcours politique sous le signe de la duplicité Un certain personnage est, même, allé à se donner une version corrigée et lissée de son parcours politique, le présentant comme un « opposant farouche » du système, mais, cependant tellement indispensable pour sa survie que ce système aurait fait appel à lui, chaque fois qu'il aurait été en difficulté, bref, « l'homme qui arriverait » à pic pour sauver le système. Cet « homme indispensable, » et « toujours disposé à rendre service par pur patriotisme » veut accréditer l'idée qu'on en fait, tout en trempant dans les magouilles de ce système patrimonial, il aurait réussi à garder sa virginité politique intacte. Il veut faire croire, à tout un chacun, que même s'il s'est vautré dans le milieu boueux, et à un niveau proéminent, du système politique, il n'en serait pas moins sorti blanc de blanc, comme s'il venait de naître ! Il joue de la naïveté populaire et de l'absence de transparence dans la gestion des affaires de l'Etat patrimonial dont il a été un serviteur fidèle, récompensé par une position particulièrement importante. C'est une histoire à dormir debout qu'on donne de lui à longueur de pages de journaux, d'interviews, de conférences. Bref, on veut le présenter comme futur sauveur du pays, alors que les manipulateurs qui tirent la ficelle de cette marionnette, n'ont d'autre objectif que de perpétuer le système en faisant appel à un de leur ancien serviteur. Cette « pièce de monnaie » à double face se présente comme un personnage que n'animerait aucune ambition politique, mais qui aurait les idées qu'il faudrait pour sortir le pays de la situation catastrophique à laquelle il n'a pas peu contribué comme complice et comparse de ce système. Quant on n'a aucune ambition politique, on se procure une canne à pêche et on s'installe sur un rocher, au bord de la mer qui baigne la baie de Honaine, pour y jeter son hameçon ! Le retour, par ancien chef de gouvernement interposé, à la stratégie coloniale de la troisième voie, ni contre le régime, ni contre le peuple ! Ces types de personnages-caméléons qu'on veut, à tout prix, imposer à l'opinion publique, constituent les plus dangereux, car ils font croire, à tout un chacun, qu'on peut, à la fois, sauvegarder le système et répondre aux revendications populaires. Ces figures de proue de la « troisième voie» que l'ancienne puissance coloniale a tenté de lancer avec Chekkal, dont on connaît le triste et mérité sort, portent , évidemment d'autres noms, mais ils tentent, par ambition politique, de prouver que l'on peut être ami de la chèvre et du chou, que l'on peut épargner le chou sans faire mourir de faim la chèvre, bref une gageure impossible. Barrer la route aux opposants fictifs qui sont portés par une habile manipulation médiatique Il y va de la réussite des revendications légitimes du peuple de barrer la route à ces faux opposants qui parient sur la confusion politique actuelle, où rien n'est joué, pour se présenter comme alternative, au leadership actuel, tout en lui garantissant sa survie sociale et le maintien du régime dans son entièreté. Pour couper court à cette manœuvre, qui se développe au fil des jours, il faut non seulement que la mobilisation populaire s'étende et s'approfondisse jusqu'à réunir l'ensemble des classes socioprofessionnelles, et à rendre intenable le statu quo auquel s'accrochent les tenants du pouvoir politique. En conclusion Une tentative de manipulation grossière de l'opinion publique, destinée à accréditer l'idée qu'un personnage ayant atteint les plus hautes responsabilités dans l'instance exécutive jouirait , malgré cela, de la virginité politique, la plus totale le présentant comme le candidat le plus apte, moralement et techniquement, à assumer la responsabilité d'une éventuelle période transitoire, en rupture avec le chemin actuel, bouché, de la stricte application de la Constitution. C'est là la résurrection de la vieille ruse de la « troisième voie » où le personnage mis en avant pourrait être pour le système qu'il a servi, fidèlement, et qui l'a récompensé en lui donnant le poste de responsabilité suprême sur l'administration du pays, et simultanément pour le peuple, pour la défense du statu quo, et dans le même temps, pour la rupture avec les pratiques politiques passées, rejetées par le peuple, quelqu'un qui pourrait garantir que la chèvre ne pourrait pas mourir de faim, et que le chou serait épargné ! Bref une situation absurde improbable et invraisemblable ! La duplicité, dans ces temps troubles, n'a pas de limites, mais le peuple en marche sera-t-il dupe de cette habile manipulation ? Rien n'est moins sûr. |