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Au moment
où l'opinion pré-préparée s'attendait à un ensemble de mouvement, voilà qu'un
quartet de mouvement vient disconvenir la persistance d'une rumeur frôlant en
son temps toute la certitude.
On les a vus, pour certains défiler furtivement sur un podium n'ayant même pas eu le temps pour parachever un début d'une propre feuille de route. D'autres, la boule au ventre épient le moindre bruit et soupçonnent la plus banale des informations. Le baromètre évaluatif ne serait plus un résultat à atteindre ou un bilan à argumenter. Le critère n'étant ainsi qu'aléatoirement dans un regard, une embrassade ou une géographie d'équilibre. Ils viennent de leur petit coin tranquille, de leur place naturelle et s'émerveillent une fois logés dans ce qu'ils prennent pour les hauteurs du pouvoir. Là, les comportements changent autant que changent les agendas et les répertoires téléphoniques. Les consignes passées, que la consigne presque héréditaire se consigne dans l'effacement d'un passé le plus souvent en mal adéquation avec le nouveau virage pris. Là aussi, les zéphyrs du protocole et du rang prennent de l'allure et leur font dévier les anciens raccourcis et oublier les vieilles connaissances et même celles d'hier. Pauvres commis ! De ces commis moulus dans les interstices d'un texte de nomination et vermoulus dans les affres du temps il en restera toujours des scories indélébiles à jamais. Peu aguerris au jeu des couloirs et tapis dans le calfeutrage précaire de quelques mètres carrés, ils empoignent l'emploi comme une nature, comme un chez-soi intimement douillet. C'est le poste qui dessine leurs contours, c'est lui qui configure à la longue le geste, l'action et la réaction. L'habitude irrésistible aux horaires précis les plisse sans qu'ils ne voient passer les jours et les mois. Au moment où ils s'ingénient à réglementer, croyant changer les us des autres , ils perdent inconsciemment les leurs. Les uns ne s'échelonnent des autres que par une certaine conjoncture. Ceux qui perdurent ne sont pas forcement les meilleurs. Ils sucent lentement le désarroi de l'éviction prochaine et s'attendent toujours à un retour, un autre un peu plus triomphant. Les remaniements qui se font depuis peu à une fréquence trop vertigineuse ne semblent pas trop s'emboîter dans un élan d'efficacité qu'ils ne le sont dans une manœuvre ou à faire un peu de douleur ou à rendre service. Ramener des jeunes, parfois sous une simple étoffe de stagiaire pour ensuite les jeter dans une caisse de mauvaise retraite ; c'est leur tordre le cou et partant les contaminer du mythe du probable retour aux affaires. Si le rajeunissement était pris comme paramètre pour la promotion des jeunes dans les emplois supérieurs, une autre approche corolaire devrait l'accompagner. Celle d'encourager ou de stimuler le déploiement vers d'autres fonctions intrinsèques et conformes au cursus accompli ou la réintégration au poste d'origine , une fois out l'orbite gouvernemental. Sinon c'est à l'oisiveté gratuite, creuse et inutile qu'il se voit malheureusement destiné. Le désormais ex-Ministre du tourisme, était bien dans sa direction du livre et de la lecture publique ; il faisait un excellent travail. Ainsi, encore jeune et après 8 mois et 23 jours d'un séjour ministériellement « touristique » que va-t-il faire ? Retourner à sa fonction initiale ? J'en doute fort. Aucun individu nommé Ministre et une fois dégommé n'avait rempilé vers la place qu'il occupait précédemment, à l'exception de deux Walis. Pour le Ministre chargé des relations avec parlement, rappliqué en deux fois, le temps n'est qu'une affaire de temps, de relations, de coulisses et d'échéances. Militant invétéré, il saura aux termes des accointances sortir de la tête, sinon il misera sur son âge. Ceci est devenu une pratique que partagent tous les ex. Le meilleur poste doivent-ils se dire, c'est l'attente, l'hypothétique rappel au service. L'expérience l'avait bien par ailleurs démontré. Le retour aux affaires est pris comme la résultante d'un savoir-attendre, se terrer, patienter et guetter ce jour salutaire. Arrivera, arrivera pas ? Pour certains l'assiduité au silence et la constance de l'enterrement ont été gratifiées, pour d'autre les calendes grecques sont toujours de mise. L'attente dans le parking est longue et use les limites sachant que le temps n'est toujours pas un facteur déterminant mais un vecteur d'angoisse et de tourmente. Ils sont nombreux dans la chaine de l'attente. Les réservistes de la république constituent une armée à mobiliser au simple son de cor. Il y a parmi ce lot relativement de très jeunes cadres, encore en mesure de donner de la vitalité ailleurs ou du moins là où ils exerçaient post-ministrabilité. Silence en bout, bouche cousue et oreille sensiblement tendue ; ils scrutent l'écran d'un smartphone qui ne vibre plus et ne retentit que pour un cercle restreint familial ou fortement amical. L'appel finit là où finissent les intérêts. Certains iront faire leurs lavages d'os aux lieux saints, d'autres iront amèrement se gargariser la gorge sur la rive gauche de l'ile de France. Façon d'écarter un tant soit peu le calvaire et de moudre le chagrin. Si le pouvoir pense que nommer des Walis Ministres fera l'affaire de l'investissement et de la croissance, que fera-t-on alors du produit des pépinières politiques que sont censés ensemencer les partis ? Finir Ministre devait être une phase qui est loin encore d'être finale couronnant tout un parcours de militantisme partisan et d'exercice de l'acte politique en toutes ses dimensions. C'est l'aboutissement d'un long processus d'activités socio politiques confondues, de gestion, de mandats électoraux, d'assurance, de sérénité, de maturité et de poids. Les sources à cet effet ne manquent pas. On a vu des sénateurs ou des députés qui ont en leur poitrine plusieurs mandats. On a vu dans les bureaux politiques ou les organes centraux des partis des personnalités qui peuvent avoir du gabarit. On a vu à l'université, dans la société civile, dans l'entreprise nationale ou dans la diaspora installée à l'étranger des valeurs à qui peut-on toutefois accorder un crédit de confiance. Mais de là, ne puiser que dans le corps des Walis l'on met en place un gouvernement administratif. Une grande administration centrale de hauts fonctionnaires. Si certains de ces Walis ont été vaillamment énergiques et ont rajouté de la valeur du terrain à leur missions gouvernementales, d'autres continuent encore à souffrir du manque de punch et de challenge qu'exige le costume à ce niveau. L'agriculture est à sec malgré un climat clément et une pluie miséricordieuse. Comme il est tout aussi question de ces Walis compétents en leur domaine que l'on a naïvement consommés dans des taches dites politiques. L'ancien Ministre de l'habitat faisait excellemment son travail de Wali à Annaba. En deux mois et une humeur on en a fait un homme au foyer. Idem pour l'ex-Wali de Tlemcen qu'un contingentement de marchandises avait emporté dans les flots d'un commerce qui cherche encore sa voie et ses mercuriales. Même dans le choix de ces Walis aucun élément critériologique ne transparait pour traduire le mérite des uns et le sursis des autres. Le pouvoir discrétionnaire a certes tous les droits juridiques, légitimes et solennels liés à sa décision. Il en possède également toutes les raisons pour tisser le staff gestionnaire de sa politique. Mais aussi, somme toute légitime l'interpellation se pose quand il y a des Walis doyens et chevronnés en cette qualité et qui se voient supplanter par d'autres tout à fait naissants. Pourquoi l'un et pas l'autre ? Ce quartet de mouvement qui n'aurait été décidé éventuellement que pour faire démentir la forte rumeur et la dépouiller de toute crédibilité n'augure-t-il pas dans un proche avenir un autre plus consistant ? A voir ou à lire tout ce qui s'écrit et se dit sur Ouyahia, l'on commence à croire sans trop de conviction que l'homme tient encore et résiste à tous les contrecoups et pas pour longtemps. Rien ne vient, en fait préfigurer le paysage de ce lendemain politique. Les carrières se font et se défont au gré des instants. Personne n'est capable de dire comment sera fait ce demain gouvernemental, tellement que du matin au soir l'histoire peut s'exécuter avec chamboulements, générer des surprises ou dissiper toute illusion. L'essentiel de toute évidence c'est que tout finira, que chacun rejoindra sa propre solitude. Et là ce sont d'autres jours que l'on ne va pas consommer, mais qui vont nous consumer, d'autres nuits plus blanches, interminables que l'on ne voit pas passer mais qui vont passer en mauvais éveil. |