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Le
parti Talaie El Houriat
qu'il préside ne prendra pas part aux élections législatives, mais Ali Benflis n'a pas l'intention d'être aux « abonnés absents »
dans le débat que suscite cette échéance électorale. Ce qu'il a entrepris de
démontrer en mettant à profit chaque circonstance lui permettant de se faire
entendre. Droit dans ses bottes, il défend la position de son parti de ne pas
participer à la compétition électorale et à être ainsi l'un des rares à faire
preuve de cohérence en la matière puisqu'il considère qu'une participation aux
élections aurait fait renier à Talaie el Hourriyet tout ce qu'il déclare sur le pouvoir et sur
l'impossibilité pour qu'il y ait des consultations électorales propres et
régulières tant que celui-ci en aura l'organisation. Le crédo de son parti,
l'ancien chef du gouvernement l'assume avec l'assurance qu'il découle d'une
vision juste de la réalité qui prévaut dans le pays, créée par un régime en «
déliquescence » et incapable d'affronter les problèmes que son impéritie lui a suscités.
La franchise de ses propos en fait incontestablement la bête noire du régime
qu'il pourfend. Ne pas solliciter son franc-parler serait anti- démocratique.
Attitude que le Quotidien d'Oran ne fait pas sienne. Ce qui justifie qu'il lui
ouvre ses colonnes.
- Votre parti Talaie El Hourriyet ne participant pas aux élections législatives, vous n'en scrutez pas moins, l'on imagine, les préparatifs qui ont donné lieu au sein de certains partis à des déballages peu ragoûtants et révélé que de condamnables pratiques ont été à l'œuvre dans la confection de leurs listes de candidature. Qu'est-ce que cela vous inspire ? Cela suscite en moi de la répulsion et de la révulsion, pour rester poli. D'autres, plus crûment, parlent d'écœurement et de dégoût. Nous croyions qu'avec la tricherie politique et la fraude électorale, les scrutins organisés dans notre pays avaient touché le fond. Mais nous n'avions encore rien vu. L'argent douteux s'est rendu maître de la prochaine échéance électorale. La frontière inviolable entre la politique et l'argent, de surcroît douteux, a totalement disparu sans que les pouvoirs publics ne s'en émeuvent le moins du monde. Nos médias se sont fait l'écho de scandales inimaginables qui auraient, sous d'autres cieux, provoqué de véritables séismes politiques. Chez nous, rien de tout cela. Le gouvernement se mure dans le silence. La prétendue instance de surveillance des élections s'en lave les mains. La justice ne se sent pas du tout concernée. Jusqu'ici, nos élections portaient les stigmates de la tricherie politique et de la fraude électorale. Et voilà que vient s'y ajouter la stigmate infamante de l'argent douteux. L'on peut tout dire à propos de ce dangereux développement sauf qu'il était imprévisible et inattendu. En effet, faute de légitimité, le régime politique en place repose sur des clientèles qui lui servent d'appoint et d'appui. Il les récompense par un accès privilégié à la rente. A l'abri d'un régime politique aussi complaisant, aussi accommodant et aussi permissif, les bénéficiaires de l'argent douteux croient avoir acquis la stature de puissance d'argent et que le temps est venu pour elles de peser politiquement de tout leur poids. C'est là que réside l'un des enjeux majeurs de la prochaine échéance électorale : l'entrée en force des forces de l'argent douteux dans la future Assemblée nationale. Impuni, banalisé et entouré d'une tolérance bienveillante, l'argent douteux s'enhardit et se sent pousser des ailes. J'ai le sentiment qu'une sorte de nouvelle alliance objective s'est tissée entre le régime politique en place et ces forces de l'argent douteux : elles l'aident dans sa quête de survie et, en retour, il pourvoit à leurs appétits politiques. Voilà, sous nos yeux, le piège fatal qui se referme sur nos institutions et, à travers elles, sur l'Etat national lui-même. - Comment est l'ambiance au sein de votre parti depuis que son instance dirigeante a voté le boycott des élections, ce qui, selon nos sources, a déplu à d'aucuns dans ses rangs ? Au vu des conditions honteuses dans lesquelles se prépare la tenue de la prochaine échéance électorale, nos militantes et nos militants se disent qu'ils ont eu raison. Ils se sentent confortés dans le choix qu'ils ont fait de se tenir éloignés de cette échéance électorale qui sent si fortement le soufre. Depuis la décision prise par notre parti de ne pas être présent à cette échéance, j'ai animé cinq rassemblements régionaux à Tizi Ouzou, à Oran, à Sétif, à Bejaia et à Jijel. Partout où je me suis rendu, c'est un même langage qui m'a été tenu : ces élections ne présagent rien de bon pour le pays, elles ne lui seront d'aucune utilité et le mieux est de s'en tenir à l'écart. C'est ce que nous avons fait et nous ne le regrettons absolument pas, car chaque jour qui passe vient confirmer pour tous le caractère inutile, stérile, dérisoire et provocateur de ces élections. Au vu de la tournure pour le moins peu ragoûtante prise par la prochaine échéance électorale, même ceux qui dans nos rangs étaient favorablement disposés à son égard conviennent aujourd'hui que la non-participation était le choix de la lucidité et de la sagesse. La prochaine échéance électorale ne prépare pas la réhabilitation de l'Assemblée nationale, elle précipite son déclassement. Ailleurs dans le monde, les noms que l'on associe aux élections sont ceux de la souveraineté populaire, de la légitimité et de l'alternance au pouvoir. Et quels noms associe-t-on à nos élections ? Ce sont ceux de «l'argent douteux», des quotas et de la fraude. Auparavant, les élections étaient décriées après la proclamation de leurs résultats dictés frauduleusement. Aujourd'hui, c'est avant même leur tenue qu'elles suscitent les contestations, les indignations et les condamnations. Avec chaque jour qui passe, la prochaine échéance électorale apporte son lot de pratiques honteuses et indignes et s'en trouve totalement discréditée et décrédibilisée avant l'heure. Cette réalité affligeante a transformé le choix majoritaire de la non participation en conviction désormais unanimement partagée au sein de notre parti qui n'a de ce fait connu ni les remous que certains lui prédisaient ni encore moins l'hémorragie sur laquelle d'autres avaient parié. Croyez-moi, notre choix nous a valu, bien au contraire, un surcroît de sympathie et de soutien de la part de nos compatriotes. Avec sa décision, notre parti est sorti grandi à leurs yeux. - L'on vous sait avoir été personnellement favorable à l'option du boycott au motif qu'en Algérie «les élections se suivent et se ressemblent et sortent du même moule de la tricherie politique et de la fraude électorale». Si telle est votre appréciation sur le processus électoral en Algérie pourquoi alors avez-vous accepté d'être candidat en 2004 et 2014 à des élections qui sortaient du même moule en question ? Je vous prie de croire que j'ai tout fait pour garder ma préférence pour moi au point de ne pas prendre part au vote du Comité central. Je suis foncièrement démocrate et je crois à la décision démocratique. J'ai, ainsi, solennellement déclaré devant le Bureau politique que la décision du Comité central, quelle qu'elle soit, sera scrupuleusement respectée. Je vous le réaffirme, aujourd'hui, si l'option de la participation l'avait emporté, j'aurai veillé personnellement à son respect le plus strict. J'ai pour ligne de conduite d'aider à bâtir un parti démocratique et cela passe par la prise démocratique de la décision et par son respect. En mon âme et conscience, je crois que je me suis acquitté de ce devoir. Pour en revenir au cœur de votre question, je souhaite observer qu'entre des présidentielles et des législatives, il y a une différence de taille. En droit comme en fait, les présidentielles sont une entreprise individuelle. Les législatives sont une entreprise collective. A l'occasion des présidentielles, c'est un homme ou une femme qui se présente au suffrage direct de ses compatriotes. Il s'agit d'un choix individuel et personnel. Cela a été le cas, pour moi, en 2004 comme en 2014. Pour les législatives, la situation est radicalement différente. A une entreprise collective, décision collective. La décision de non participation de Talaie El Hourriyet à la prochaine échéance électorale n'a pas été la décision d'un homme seul mais celle d'un parti. Ce sont les structures locales dûment consultées et les structures dirigeantes qui ont conjointement préparé puis décidé de la position de notre parti au sujet des législatives à venir. Voilà toute la différence, et c'est une grande différence, entre mon positionnement personnel à l'égard des présidentielles de 2004 et 2014 et le positionnement collectif de notre parti à l'égard des législatives de 2017. - Sans être dans la course électorale, vous donnez l'impression de ne pas rester à l'écart du débat qu'elle suscite et même de vouloir lui insuffler des intonations dont se garderont peut-être certains des concurrents. Que seront les contenus de vos interventions en l'occurrence ? Je n'ai pas caché mon sentiment à l'égard des prochaines législatives. Pour moi, elles sont une pure perte de temps. Elles ne servent à rien. Au mieux elles seront de nul effet sur les crises actuelles. Au pire, à Dieu ne plaise, elles alimenteront leur aggravation. Voilà pour le constat. J'en tire personnellement comme conclusion que chaque instant passé à parler de ces élections est un instant perdu pour celui qui veut entretenir ses compatriotes des vrais problèmes, des vrais défis et des vrais enjeux d'avenir pour notre pays. Comme je viens de vous le rappeler, depuis la décision prise par notre parti de ne pas participer aux prochaines législatives j'ai animé cinq rassemblements à travers le territoire national. A toutes ces occasions, j'ai observé une stricte discipline à ne pas traiter des élections. Ce sujet n'est pas mon centre d'intérêt mais il n'est pas non plus celui de nos compatriotes. Comme j'ai eu à le constater, ces élections sont à mille lieux des angoisses et des préoccupations des Algériennes et des Algériens. Ils les regardent de très loin, amusés, indignés ou choqués. Mais beaucoup ne les prennent pas au sérieux et n'y entrevoient pas la moindre lueur d'espoir. Alors, je parle à nos compatriotes de ce qu'ils voient de leurs propres yeux et de ce qu'ils ressentent au plus profond d'eux-mêmes. Je leur parle de l'impasse politique actuelle exceptionnellement grave qui met l'Etat national dans une situation d'affaiblissement et de vulnérabilité menaçant sa pérennité même. Je leur parle d'une gouvernance politique en état de faillite, à bout de souffle, à court d'idées et qui ne tient plus la route. Je leur parle de ce que l'on appelle improprement une économie nationale laissée en jachère et dont le redressement est manifestement au-dessus des capacités de la gouvernance politique en place. Je leur parle de notre société déboussolée, dévitalisée et, plus grave que tout, mise dans un état de banqueroute morale. Ce faisant, je m'acquitte envers nos compatriotes d'un devoir de vérité. Car la vérité que l'on ne cache pas et que l'on regarde en face avec lucidité et courage est le point de départ du redressement et du salut. Je dis, donc, à nos compatriotes que la situation de notre pays est grave mais qu'elle n'est pas désespérée, loin de là. Nous avons toujours intacts nos forces et nos atouts. Ce qui nous manque toujours avec le régime politique en place, c'est une gouvernance politique capable d'en faire le meilleur usage. Et ce meilleur usage c'est quoi ? C'est l'entrée de notre pays dans l'ère de la modernité politique ; c'est la refondation de notre système économique ; c'est redonner à notre société l'envie de se battre pour de nouvelles ambitions et d'avancer vers de nouveaux horizons portée par un projet national inclusif et rassembleur. Cette alternative-là existe. Nous en proposons les grandes lignes comme les moindres détails. Et c'est notre honneur de la porter sans reniement et sans défaillance. - Contrairement à d'autres absents de la course électorale, le parti Talaie el Hourriyet n'appelle pas les électeurs au boycott et n'a pas décrété que la décision de prendre part au scrutin, adoptée par ses partenaires au sein de l'ICSO, a sonné le glas de cette instance rassembleuse de l'opposition, vous continuez au contraire à plaider son maintien au risque de passer pour un politique naïf fermant les yeux sur l'inconstance de ses alliés de circonstance. Nous n'appelons pas au boycott pour la simple raison qu'il y a meilleur que nous pour le faire : c'est le régime politique en place lui-même. Avec ce qu'il représente et avec sa manière de faire inégalable, il ferait succomber à la tentation du boycott même les mieux disposés et les plus indulgents à son égard. Alors laissons-le faire puisqu'il s'acquitte si bien de cette mission et nous fait économiser notre temps que nous consacrons à plus utile et à plus bénéfique pour notre pays. Nos compatriotes ont toutes les raisons du monde de se tenir à distance respectable d'élections indignes d'eux et dégradantes pour eux. Ces raisons, ils les connaissent parfaitement et n'ont besoin de personne pour les leur expliquer. Pour ce qui concerne la problématique de l'opposition telle qu'elle se pose dans notre pays, il y a certaines réalités qui sont essentielles pour moi et que je ne quitte jamais des yeux. La première réalité est que la démocratie n'en est pas une sans une opposition forte et c'est par la construction d'une opposition forte que notre pays préparera son entrée dans la modernité démocratique. L'opposition n'est pas synonyme de monolithisme. Elle peut être traversée par des différences ou des divergences, l'important étant, en toutes circonstances, de savoir distinguer l'essentiel de l'accessoire. La deuxième réalité est que la situation générale critique dans laquelle se trouve notre pays exige une opposition unie et soudée. Les menaces que le régime politique en place fait peser sur le pays sont si lourdes que l'existence d'une opposition est indispensable pour servir, à tout le moins, de digue ou de rempart face à ce saut dans l'inconnu auquel nous destine une gouvernance politique que ne guide plus que son instinct de survie. La troisième réalité est que le projet de changement démocratique a besoin d'une opposition pour le porter. Ce changement démocratique ne viendra certainement pas d'un régime politique gagné subitement par les vertus démocratiques ou converti miraculeusement aux bienfaits de la modernité politique. Dans ces conditions nous devons faire la part entre ce qui est primordial et ce qui est secondaire. En l'espèce, ce qui est primordial pour nous c'est le projet démocratique et notre capacité à continuer à rassembler autour de lui toutes les forces politiques et sociales qui s'y identifient ou s'y reconnaissent. Voilà le véritable enjeu. Et c'est autour de cet enjeu que la nécessaire décantation à venir s'effectuera. Je n'ai pas pour l'ICSO ou pour son nom un attachement irraisonné. Ce cadre, car ce n'est qu'un cadre, peut se décomposer. Mais il importe qu'il se recompose ; il peut se déconfigurer pour se reconfigurer. Là n'est pas l'essentiel. L'essentiel est dans une opposition unie autour du projet de transition démocratique. Aller dans le sens de l'Histoire c'est garder ce cap-là. - Le boycott des élections vient d'être puni d'une interdiction de parole dans les médias. Qu'en pensez-vous ? Cette interdiction m'inspire des réflexions très simples. Nos gouvernants ont du mal à se défaire de la mentalité du commissaire du peuple. Ils ne sont pas encore sortis de l'âge de pierre de l'unicité de pensée et d'action. Le pluralisme les effraie. Ils ne savent pas ou ne veulent pas savoir ce qu'il représente et ce qu'il induit. Hier un ministre menaçait de retrait d'agrément les partis ayant décidé de ne pas prendre part aux élections. Aujourd'hui, c'est un autre ministre qui s'arroge arbitrairement le droit d'interdire de parole ces mêmes partis, y compris dans les médias indépendants. Le régime politique en place a le mérite de la cohérence. Lorsqu'il viole la Constitution et les lois de la République, il ne s'arrête pas à mi-chemin. Lorsqu'il décide d'exercer ses représailles contre un acte éminemment politique comme la non participation aux élections, il ne le fait pas à moitié. Et lorsqu'il verse dans la forfaiture, l'arbitraire et l'abus de pouvoir pour punir un choix politique, il va jusqu'au bout. Ce même gouvernement dont les membres font feu de tout bois pour sanctionner des positionnements essentiellement politiques, ne bouge pas le petit doigt pour mettre le holà aux scandales qui entachent de toutes parts les législatives à venir. Le gouvernement ne se pose pas les bonnes questions et il ne leur apporte donc pas les bonnes réponses. Ce n'est pas cela qui l'intéresse. Ce qui l'intéresse, plus que tout, c'est de sauver les apparences. Si nos gouvernants se posaient les bonnes questions ils reconnaîtraient humblement qu'ils sont les premiers responsables de cette situation où certains partis et avec eux une grande majorité de nos compatriotes expriment leur rejet d'élections façonnées par la tricherie politique et la fraude électorale. Si nos gouvernants se posaient les bonnes questions ils conviendraient que certains partis et avec eux beaucoup de nos compatriotes refusent d'être de simples figurants dans un scénario électoral dont ils sont les seuls maîtres de son prologue à son épilogue. Et si nos gouvernants se posaient les bonnes questions, ils sauraient que ces mêmes partis et nos compatriotes ne sont pas dupes et n'entendent pas être des faire-valoir dans une opération électorale dans laquelle le régime politique en place trouve son compte mais qui ne les concerne ni de près ni de loin. - Les partisans du boycott sont devenus l'objet d'un véritable tir de barrage de la part du pouvoir en place et de ses satellites. Ils sont notamment accusés de manquer à leur devoir patriotique et de vouloir mener le pays vers le chaos. Que leur répondez-vous ? J'ai déjà connu cela. Aux dernières élections présidentielles, j'ai été présenté au ministre espagnol des Affaires étrangères comme un dangereux terroriste. Et pour faire bonne mesure, j'ai même été accusé de constituer un arsenal de guerre en provenance de Libye. De telles accusations sont si outrancières qu'elles ne peuvent susciter des sentiments de consternation et d'indignation. Le patriotisme coule dans mes veines. La stabilité de l'Algérie est pour moi une cause sacrée. Je n'ai rien à justifier et rien à prouver. Je continue à m'interdire de suivre le régime en place sur la voie de la division et la violence politique. Qui peut croire sérieusement que la stabilité du pays est menacée par la non participation aux élections ? Cette stabilité serait bien fragile s'il ne suffisait que de cela pour la remettre en cause. Non, la stabilité du pays est menacée, de manière réelle, par l'impasse politique, par la crise économique et par la montée des tensions sociales. Cette vérité que le régime politique en place ne pourra jamais travestir. Tous nos compatriotes la connaissent parfaitement. Plus sérieusement, je crois que le régime politique en place et ses thuriféraires devraient se sortir d'un paradoxe. Si nous ne comptions pas, si nous ne représentions rien, si nous n'étions qu'une quantité négligeable, pourquoi sommes-nous devenus leur hantise ? Si le peuple est de leur côté et que nous sommes isolés, pourquoi font-ils de nous leur obsession de chaque instant ? Et si nous ne sommes que de simples empêcheurs de tourner en rond, pourquoi notre non participation les effraie-t-elle à ce point ? La vérité est que le régime politique en place sait qu'il est dans une impasse ; qu'il y a conduit le pays tout entier avec lui et qu'il ne voit pas par quel bout en sortir. S'il n'y avait que le boycott à résoudre, le régime politique en place l'aurait fait en un tour de main. C'est une affaire d'écriture, pas plus. Comme d'habitude, d'un trait de plume il aurait fait élever le taux de participation au niveau qu'il souhaite. Mais, pour lui, il ne s'agit pas de cela. Il s'agit de cette impasse politique totale dont l'échéance électorale à venir ne changera absolument aucune donnée. Nous ne dérangeons pas le régime politique en place parce que nous ne participons pas aux élections. Nous le dérangeons parce que nous ne voulons pas participer à son propre sauvetage. Nous le dérangeons parce que nous refusons de lui servir d'appoint et que nous sommes porteurs de l'alternative qu'il craint par-dessus tout. Ce n'est pas notre non participation qui indispose le régime politique en place au plus haut point. C'est l'alternative que nous portons. La férocité de ces attaques et la bassesse de ces accusations qui prêtent plus à rire qu'à pleurer ne s'expliquent que par cela, rien que par cela. Quant à ceux qui croient s'attirer les bonnes grâces du pouvoir en place en s'en prenant à nous et rivalisent dans l'outrage et l'offense dans l'espoir d'améliorer leurs quotas électoraux, je ne leur voue rien d'autre qu'une profonde et totale indifférence. - Quand ils parlent de vous, les citoyens lambda se partagent entre ceux qui vous font reproche d'être un «opposant de façade» qui aurait en réalité toujours un pied dans le système et ses clans et ceux qui se disent convaincus qu'ayant définitivement rompu avec eux vous avez courageusement opté pour la militance en faveur du changement. Qu'est-ce que cela vous inspire ? Bien sûr, un homme public se juge sur sa personnalité autant que sur son projet politique. Mon parcours personnel dure depuis quarante ans. Sur cette durée, j'ai consacré 20 ans à la profession d'avocat, 14 ans à l'opposition et 6 ans au pouvoir. En effet, j'ai été ministre de la Justice et Chef du Gouvernement pendant une durée cumulée de 6 ans pendant laquelle je me suis senti en mission pour faire avancer la cause de la modernité, de la rénovation et des réformes en laquelle j'ai toujours cru et je crois toujours. A chaque fois que j'ai constaté que ma mission ne pouvait plus être remplie j'en ai tiré les conclusions, j'ai pris mes responsabilités et je suis parti l'esprit serein et la conscience tranquille. Je ne me suis pas accroché au poste. Je n'ai pas fermé les yeux. Je ne me suis pas bouché les oreilles. Je n'ai pas tenu ma langue. Je n'ai pas avalé de couleuvres. Si j'avais accepté de faire tout cela, je serais aujourd'hui aux postes les plus privilégiés du système dont vous parlez. Mais il se trouve que j'ai les principes, les valeurs et les convictions chevillés au corps. Je ne fais que ce en quoi je crois. Je suis ainsi fait, je ne sais pas donner le change. Quoi qu'on en dise, je crois que dans la politique il y a place pour la rectitude et pour la droiture et qu'il y a place aussi pour la sincérité des convictions pour la fidélité aux engagements et pour le respect de la parole donnée. Ces valeurs-là me sont chères et elles comptent pour moi plus que tout. Je ne crois pas en avoir dévié et je n'en dévie toujours pas. Croyez-vous qu'un homme qui aurait toujours un pied dans le système porterait contre lui d'aussi franches mises en cause dans l'impasse politique, dans la déconfiture économique et dans la déshérence sociale dont pâtit notre pays ? Un homme qui aurait toujours un pied dans le système dirait-il de lui qu'il représente la principale menace pour la pérennité de l'Etat national, pour la cohésion de la Nation et pour l'harmonie de notre société ? Et un homme qui aurait toujours un pied dans le système prétendrait-il être porteur de son alternative ? Je ne suis pas dans l'affectif ou dans le passionnel. Je ne fais pas une réaction de rejet instinctif ou paranoïaque au régime politique. Je n'ai pas de comptes particuliers à régler avec lui. Je n'ai pas de revanche à prendre sur lui. Je constate simplement qu'il fait mal au pays, qu'il lui cause beaucoup de tort et je le dis honnêtement. Et tout aussi simplement, je crois comme beaucoup que le pays est en danger et que je n'ai pas le droit de me taire. - Il n'en paraît pas moins vrai qu'après avoir été sans concession avec le régime reconduit par l'élection présidentielle de 2014 dont le caractère «frauduleux» a fait l'objet de votre part d'un «livre blanc» vous paraissez ces derniers temps être moins radical dans vos revendications et même prêt à un dialogue avec ce régime dont la finalité serait une transition pacifique et ordonnée qui ne l'exclurait nullement. Simple impression ou repositionnement dicté par le réalisme ? Je suis un homme de dialogue et je crois aux vertus du dialogue national. Pour moi, le dialogue national n'est pas seulement une panacée pour temps de grandes crises. Il doit être une préoccupation permanente dans la gestion de toutes les grandes affaires de la Nation. Les pays les plus stables, les plus sûrs et les plus prospères sont précisément ceux où le dialogue national, le consensus national ou, à défaut, l'accord national le plus large sont une quête de tous les instants. L'on avance mieux et plus vite par le dialogue, la concertation et le compromis que par les passages en force, les diktats et le fait accompli. L'on avance mieux et plus vite rassemblés qu'en rang dispersés. L'on est toujours plus forts unis que désunis. Il se trouve, hélas, que notre pays est dans une impasse politique totale ; qu'il fait face à une crise économique exceptionnellement grave et qu'il est confronté à une dangereuse montée des tensions sociales. Une situation d'une telle gravité ne mérite-t-elle pas un dialogue national ? Pour beaucoup moins que cela des nations en appellent à l'union sacrée, à l'unité nationale, au dialogue national et au consensus national. Pourquoi ferions-nous exception ? Oui, je suis pour le dialogue national, aujourd'hui comme demain et comme toujours, dès lors qu'il est conçu pour prendre à bras-le-corps tous nos problèmes et les régler. Je ne suis pas dans une guerre de tranchée avec le régime politique en place. Je lui reproche d'avoir failli mais je ne nourris aucune rancœur particulière envers lui. Je n'ai pas d'ennemis politiques. Je n'ai même pas d'adversaires politiques. Pour moi, il n'y a que les enfants d'une même nation qui sont aussi patriotes les uns que les autres, qui aiment leur pays les uns autant que les autres, qui lui veulent du bien les uns comme les autres et qui doivent pouvoir s'unir pour le sauver lorsqu'il est en danger comme il l'est aujourd'hui. Qui pourrait, sans se renier et sans faillir, déserter une table qui nous réunirait pour parler des crises politiques, économiques et sociales qui menacent notre pays ? Qui pourrait refuser d'apporter sa contribution à leur prise en charge et à leur règlement ? Et qui pourrait fuir ses responsabilités et manquer à son devoir dès lors qu'il s'agira d'un dialogue national pour un nouveau projet national unificateur et rassembleur ? En tout cas pas moi, car l'Algérie vaut bien cet effort et ce sacrifice. Ces clarifications apportées, parlons maintenant de la radicalité supposée de mes revendications. En quoi la revendication d'une transition démocratique ordonnée, consensuelle, graduelle et apaisée est-elle radicale ? En quoi le fait de constater que notre pays est dans une impasse politique totale et de souhaiter l'en sortir par une entrée rapide dans la modernité politique constitue-t-il une demande radicale ? En quoi le fait de relever que notre économie est en perdition et que seule la rénovation la sauvera procède-t-il d'une exigence radicale ? En quoi le fait de souligner que notre société est déboussolée, dévitalisée et en perte de repères moraux et de référents éthiques et qu'elle a besoin d'un nouveau projet national dans lequel elle se reconnaît et qui la rassemble participe-t-il de cette prétendue radicalité ? Les maux politiques, économiques et sociaux dont souffre notre pays sont trop visibles pour les taire, trop graves pour les réduire à des troubles passagers et trop profonds pour espérer les guérir par des médications de confort. Ce que certains peuvent prendre pour de la radicalité me semble être en fait le courage et la lucidité de dire que les problèmes de notre pays sont graves et complexes et que leur gravité et leur complexité exigent plus, beaucoup plus, que de poser un cautère sur une jambe de bois. - Vous avez déclaré que «notre parti (Talaie el Hourriyet) est porteur d'un projet politique et d'une alternative politique dont les fondements, l'essence et la raison d'être résident dans la modernité politique, dans la rénovation économique et dans la réforme sociale. Pouvez-vous en décliner les grands axes pour les lecteurs du Quotidien d'Oran ? Pour moi la quintessence de la modernité politique c'est l'Etat de droit. Notre pays entrera dans la modernité politique dès lors qu'il jettera les fondations de l'Etat de droit. L'Etat de droit ce sont les droits et les libertés protégés et promus. C'est la citoyenneté réhabilitée. C'est la souveraineté populaire respectée. Ce sont la Constitution et les lois de la République qui ne sont pas foulées au pied. Ce sont les équilibres entre les pouvoirs qui ne sont pas transgressés. C'est un Parlement qui cesse d'être une chambre d'enregistrement. C'est une justice indépendante. Ce sont des gouvernants dont la responsabilité politique peut être engagée, qui sont contrôlables et contrôlés et qui rendent des comptes. C'est l'alternance pacifique au pouvoir. Ce sont des élections auxquelles l'on aura fait recouvrer leur crédibilité aux yeux de nos compatriotes. Et c'est la légitimité qui doit retrouver un droit de cité dans nos institutions qui agiraient alors dans la certitude d'être représentatives et détentrices de la confiance de nos compatriotes. Voilà les têtes de chapitre du grand livre de la modernité politique que nous pouvons commencer à écrire ensemble pour le bien de notre pays. Quant à la rénovation économique, elle n'est pas séparable de la modernité politique. Le renouveau économique ne peut pas naître de l'archaïsme politique. Le renouveau économique viendra main dans la main avec la modernité politique. Nous n'avons pas encore une économie nationale digne de ce nom. C'est-à-dire un système créateur de richesse cohérent et performant. Ce que l'on appelle abusivement une économie nationale n'est en fait qu'un attelage hétéroclite composé du résidu de l'économie administrative, de la vaste sphère informelle et de l'embryon d'une économie dite de marché mais que tient fermement la main visible du régime politique en place. Au bilan de ce régime politique, il n'y a qu'une économie dysfonctionnelle, clientéliste et rentière, c'est-à-dire une économie oisive et paresseuse. C'est cette économie-là qu'il importe de rénover de fond en comble. Par l'arrêt de la politisation clientéliste de l'acte économique. Par l'avènement de l'Etat stratège au lieu et place de l'Etat distributeur de rente. Par la dé-bureaucratisation de l'acte de création de richesse. Par la stabilisation de son encadrement juridique. Par la profonde réforme de notre système bancaire. Par la création d'un véritable marché financier. Par la modernisation d'un système fiscal injuste et ineffectif. Par l'élimination des barrières infranchissables érigées face à l'investissement qu'il soit national ou étranger. Par des stratégies nationales véritablement concertées dans le domaine de l'industrie, de l'énergie, de l'agriculture et du tourisme, ces gisements toujours dormants de la véritable richesse nécessaire au décollage économique et social de notre pays. Ce sont-là les véritables réformes structurelles qu'il faut conduire en urgence, car sans elles notre pays restera condamné à s'épuiser à chercher à joindre les deux bouts à chaque retournement de la conjoncture énergétique mondiale. Mais les réformes d'une telle ampleur ne peuvent pas être conduites dans n'importe quelles conditions. Elles exigent avant tout de la légitimité, du courage et de la volonté politique. La modernité politique et le renouveau économique ne sont pas une fin. Ils sont un moyen de bâtir une société des droits et des libertés, une société dynamique, juste et solidaire. Notre société est atteinte des fléaux de la dévalorisation de l'effort, de la course à l'argent facile, de la corruption, du régionalisme, du favoritisme, du népotisme et du clanisme. C'est une société où dominent les égoïsmes, les individualismes et le repli sur soi. C'est une société que le régime politique en place a divisée contre elle-même. Les sociétés se rassemblent autour d'ambitions communes, d'aspirations partagées et d'un projet national qu'elles ont envie de porter ensemble. Kennedy a promis la Lune aux Américains et il les a rassemblés autour de ce projet. Promettons leur propre lune aux Algériennes et aux Algériens, celle de l'Etat de droit et de l'Etat citoyen dont nous sèmerions ensemble les graines dès maintenant pour que les générations futures en récoltent les fruits plus tard. - Revenons, si vous le voulez bien, à l'économie. Les licences d'importation et le montage des véhicules ont dominé le débat économique dernièrement. Qu'en pensez-vous ? A défaut d'une grande vision stratégique, nos gouvernants regardent notre situation économique se dégrader par le bout de la lorgnette. Dans deux mois et demi, la crise économique entrera dans sa quatrième année sans le moindre projet national de riposte à l'horizon. L'on nous parle d'un programme présidentiel que certains disent soutenir mais qui n'existe pas. L'on nous parle aussi d'un plan quinquennal de développement 2015-2019 mais qui lui non plus n'a jamais vu le jour. L'on nous parle, enfin, d'un nouveau modèle de croissance dont personne n'a vu la plus petite trace plus d'un an après son annonce. Il y a donc une crise économique exceptionnellement grave. Mais, en face, il n'y a toujours pas l'ombre d'une stratégie nationale de riposte à sa mesure. A vue de nez, nos gouvernants ont commencé par estimer que cette crise était passagère et qu'il fallait attendre le passage de l'orage ; mais cette crise s'est installée dans la durée. Puis, ils ont considéré que nos réserves de change confortables et un Fonds de Régulation des Recettes bien nanti suffiraient à amortir les chocs financiers. Mais le Fonds de Régulation des Recettes s'est tari et les réserves de change suivent la même voie sans que nous disposions d'indications sérieuses et crédibles sur la soutenabilité de la dépense publique sur le moyen et le long terme ; la trajectoire budgétaire 2017-2019 prétendument suivie est, en effet, manifestement très peu convaincante. Puis nos gouvernants ont parié sur la mise en conformité fiscale et l'emprunt national qui se sont soldés par l'échec retentissant que l'on sait. Toutes ces politiques menées à vue de nez ont été autant de paris perdus et nos gouvernants n'ont plus désormais, en guise de vision ou de stratégie économique, que le matraquage fiscal, la saignée du budget d'équipement et la réduction autoritaire des importations. Avouez que c'est plutôt indigent comme pensée économique et plutôt court comme politique économique ! La sévérité de la crise économique exige un véritable Etat stratège. Nous n'avons droit qu'à un Gouvernement qui ne sait rien faire d'autre que compter les sous, c'est-à-dire un Gouvernement boutiquier et des gouvernants transformés en agents comptables. Vous n'entendrez jamais ces gouvernants nous entretenir des dysfonctionnements structurels de notre économie. Vous ne les entendrez pas non plus parler des réformes structurelles que je viens d'évoquer et qu'il faut entreprendre au plus tôt. Le monde entre dans la révolution post-industrielle et nos gouvernants ont toujours la mentalité de l'ère pré- industrielle. Le monde entier parle de numérique, de robotique, d'intelligence artificielle et de nanotechnologies. Nos gouvernants, quant à eux, sont occupés par les contingentements des bananes, des pommes, de la mayonnaise et du ketchup. Avec des politiques de ce genre-là, ce n'est pas une économie émergente que nos gouvernants nous préparent, c'est une économie citadelle vivant hors de son environnement et de son temps. Alors qu'ailleurs des économies conquérantes partent à l'assaut des marchés du monde, nos gouvernants pensent, à tort, pouvoir bâtir cette économie citadelle dans un pays qui dépend de l'étranger pour la satisfaction de 80% de ses besoins et dont 70% des calories composant l'alimentation de sa population proviennent d'en dehors de ses frontières. Tout le manque de sérieux, d'inventivité et de performance est dans ces réalités-là. Tout le reste n'est qu'agitation, gesticulation et poudre aux yeux. C'est pour cela que je dis et je le redis : l'archaïsme politique ne produira pas le renouveau économique. - Autant les partis d'opposition ont quelque chose à dire s'agissant de la situation et des problèmes du pays (ce qui n'est pas leur faire reproche) autant on ne les entend pratiquement pas sur les questions régionales et internationales. Comme si en ce domaine ils trouvent que le gouvernement et la diplomatie algérienne ont des positions sur ces sujets qu'ils partagent pleinement. Etes-vous en accord sur ce plan avec les positions officielles s'agissant par exemple du soutien inconditionnel à la cause palestinienne, des conflits du Sahara occidental, en Syrie et au Yémen et, bien sûr, en Libye ? Pour ce qui me concerne, j'ai été souvent interrogé par les médias internationaux sur des questions de politique étrangère et j'y ai toujours répondu. C'est ainsi que j'ai eu à me prononcer sur des sujets aussi divers que ceux de la question du Sahara occidental, des relations de notre pays avec le Maroc et de la fermeture de la frontière algéro- marocaine, de la situation en Libye, de la situation sécuritaire au Sahel, du terrorisme international et du dossier syrien. Je reçois aussi des ambassadeurs accrédités à Alger et je m'entretiens de ces sujets avec eux. Mon projet pour les dernières présidentielles a consacré de longs développements à la politique étrangère et à la sécurité nationale. Depuis la création de notre parti, son comité central consacre systématiquement une résolution aux questions régionales et internationales. Vous avez néanmoins raison. Les thèmes diplomatiques restent le parent pauvre du débat politique national. Mais dans le même temps, il faut bien admettre que notre situation intérieure est grave au point qu'elle accapare toutes les attentions et qu'elle peut reléguer les préoccupations internationales au second plan. Cela se comprend, mais ne se justifie peut-être pas. Vous m'offrez l'occasion de parler de notre diplomatie et je souhaite relever à cet égard que toute diplomatie est à l'image du pays qu'elle sert. L'état de notre diplomatie est, donc, à l'image de l'état de notre pays. Un Etat sûr, stable et prospère projette, au dehors, une diplomatie active et influente. Par contre, un Etat affaibli et précarisé ne peut qu'affaiblir sa diplomatie et la précariser avec lui. Je veux être plus précis. Un Etat comme le notre, affaibli institutionnellement, en perdition économiquement et instable socialement, ne peut raisonnablement pas prétendre développer une politique étrangère écoutée, respectée et tenue en ligne de compte. Un régime politique en perte de vitesse génère une diplomatie en perte d'influence. L'entrée dans la modernité politique dont je parle passe aussi par notre diplomatie. Notre diplomatie doit redevenir une diplomatie d'Etat et non la diplomatie d'un régime politique quel qu'il soit. Elle doit être exclusivement au service des intérêts de la Nation et de rien d'autre. Elle doit redevenir forte du consensus national le plus large. |