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«Brûlure de mes
entrailles plutôt que la séparation d'avec ma patrie!»(1) Ce vieil adage du
terroir, coassé par un batracien, jaillissant de la berge de son étang vaseux
et boueux, est digne d'une fable de La Fontaine.
Cette maxime, gorgée de connotations, nous fait sentir tout l'amour viscéral qui rattache l'homme à sa patrie. Ce sera toujours, avec une intense émotion, que l'exilé évoquera les lieux chéris de son enfance, de sa prime jeunesse, de son bonheur premier, de sa patrie perdue. Atteint par le mal du pays, il ressent une nostalgie lancinante, éprouve le besoin vital de faire un pèlerinage et de puiser sa vitalité aux sources de sa terre bien aimée. Revoir sa région natale réjouit son cœur, enchante son regard, rend ses jours sereins et apaise son âme. Le cordon ombilical ne se rompt jamais, et tout exilé ne souhaite-t-il pas, un jour, être rapatrié, pour reposer en paix, parmi le siens ? Ne souhaite-il pas que son corps se fonde dans la terre de ses ancêtres ? L'encyclopédie Larousse nous fournit les informations suivantes sur l'étymologie du mot patrie : vocable provenant du latin patria et signifiant, le pays où on est né, ou, auquel on appartient comme citoyen. Pays que l'on aime, par-dessus tout. Un autre proverbe insiste sur l'amour qu'on porte à son pays : «à tous les cœurs bien nés, que la patrie est chère !» C'est l'exclamation que pousse un personnage de Voltaire, lorsqu'il revoit la ville où s'est écoulée son enfance et d'où il a été banni. On cite souvent cette maxime, pour rappeler l'amour que nous inspire le pays où nous sommes nés. Les Académiciens signalent une différence de sens, entre Etat et Patrie, et avancent, avec pertinence, que ces deux termes ne sont guère synonymes. L'Etat représente un ensemble de personnes, vivant sous l'autorité et la protection des mêmes lois. De plus, chaque Etat est souverain, c'est à dire, politiquement indépendant, à l'égard des autres Etats. La Patrie ne peut exister que par les sentiments et la volonté. C'est l'ensemble de personnes qui sont associées de cœur et de volonté, que leurs aspirations à former un état soit satisfaite ou non. On ne pourrait mieux faire, que de citer le cas de la Pologne qui disparait, comme Etat, pendant plus d'un siècle, mais ne cesse jamais d'exister, en tant que Patrie. Quand les aspirations nationales reçoivent pleine satisfaction, l'Etat, c'est la Patrie politiquement organisée. La patrie, c'est également, la collectivité considérée dans son patrimoine, à la fois matériel et spirituel, dans l'ensemble de son activité législative, économique, militaire, diplomatique, intellectuelle, esthétique et morale, dans ses mœurs et ses coutumes, dans sa langue ou ses langues, dans ses sentiments. Entre ses membres, ayant depuis longtemps de nombreux intérêts communs et affinités, se tisse une étroite solidarité et se crée une véritable communauté d'aspirations. La Patrie est le milieu où se développe la capacité de se consacrer et de se dévouer à des fins plus larges et plus durables que notre bien personnel ou que le bonheur des autres : la Patrie est l'école du dévouement, du sacrifice, de l'abnégation pleinement méritoire. D'ailleurs, à mesure que le patriotisme se développe et s'approfondit, nous prenons une conscience plus haute de la personnalité morale de notre patrie et du caractère respectable de celle des autres. «Le véritable patriotisme, n'est pas l'amour du sol, mais l'amour du passé»(1) Convoitée pour sa situation géographique, pour la douceur de son climat et les richesses agricoles, notre patrie, l'Algérie ,connait, au courant des siècles, de nombreuse invasions comme le souligne l'extrait suivant : «Carthage, Rome, la France n'ont pas conquis l'Afrique du Nord pour y répandre, comme les Musulmans, une idée ou une doctrine, mais pour exploiter ses richesses agricoles, y implanter un excédent de population, puiser les matières premières nécessaires à leurs manufactures et usines. C'étaient là, les causes primordiales qui ont amené ces peuples à attacher une importance, toute particulière, à la terre africaine.»(2) Ces peuples imposent leur langue à la population locale : c'est ainsi que la langue du pays est reléguée, supplantée par celle du nouvel arrivant. La langue punique, imposée pendant des siècles, est supplantée par le latin qui devient langue officielle, langue dont on se sert dans les rapports avec les autorités. A cette époque-là, il est aussi la langue religieuse du catholicisme naissant. Cette nécessité, résultant de l'état politique et religieux, n'empêche pas les Berbères de rester fermement attachés à leur mode d'expression, à leurs mœurs et coutumes. Saint Augustin le Berbère écrit la Cité de Dieu en latin, mais pour dire ses sermons à ses compatriotes, pour les sensibiliser davantage, il s'adresse à eux, dans sa (et leur) langue maternelle. L'Islam apporte sa religion et sa langue, l'arabe, qui bientôt, à son tour, évince le latin. Arabes et Berbères se retrouvent unis par des liens d'intérêts comme le fait ressortir ce passage : «en 643, les Arabes ne constituaient qu'une minorité parmi les Berbères?progressivement intégrés par les mariages arabo- berbères. Leur influence véhiculée par la religion et un système social cohérents commençait à plonger profondément ses racines.»(3) Après l'agression de 1830, la France, elle aussi, impose l'utilisation exclusive de la langue française, dans les écoles et les administrations, si bien que les classes dirigeantes des pays colonisés doivent construire leur ascension sociale, sur la rupture de la langue maternelle. Après la conquête territoriale, la France espère réaliser la conquête morale, c'est-à-dire, gagner, sans retour, la confiance et l'affection des Algériens. Par la politique d'assimilation, elle veut effacer les traits distinctifs de la société algérienne. Le puissant moyen dont elle dispose est l'école : celle-ci fait de l'autochtone un modelage, selon son gré, un fidèle serviteur de l'administration française. Dans un rapport sur l'instruction publique, établi par l'inspecteur Lepescheux, on peut lire : «la barrière entre eux et nous n'est pas infranchissable ; elle s'abaisse tous les jours, et disparait tout à fait, quand les générations naissantes parleront, avec nous, la même langue, la langue française, d'où la nécessité de l'organisation de bonnes écoles qui, au point de vue politique, vaudrait bien mieux, pour la pacification de l'Algérie, que deux batailles». autrement dit, c'est la politique d'assimilation, une assimilation subtilement menée, artificiellement conçue, dans cette vaste école du modelage qui a, pour unique objectif, de faire de l'autochtone «un Arabe de sang et de couleur, un Français de pensée et d'opinion.» Sans adapter son enseignement à la réalité algérienne, la France importe, tel quel, son système éducatif avec ses écoles, ses cours, ses programmes et ses stratégies pédagogiques. Aucune différence entre le lycée Henri IV de Paris, ou l'école d'un village de Normandie, entre le lycée Bugeaud d'Alger, de Saint Augustin de Bône ou celui de Lamoricière, d'Oran ! Entrons dans un de ces établissements : on assiste à l'explication d'un morceau choisi de la pièce d'Andromaque, on parlera de Richelieu, de Colbert, de la Révolution française et des affluents de la Garonne ! Dans les écoles, aucune ne référence à l'Algérie qui nous environne : ni les personnages historiques, ni les chants bédouins, ni le paysage du Sahara et de ses dunes n'entrent en classe. C'est en français que se donne, dès le jeune âge, l'enseignement. Tout se passe comme si l'on entreprend de convertir en masse, au français, toute la jeunesse algérienne. «Parler français, c'est nous dit-on, penser français.» Les penseurs musulmans dénoncent ces mesures arbitraires et incitent le peuple à se joindre à eux pour combattre cette décision. Quelques deux cents dévots citadins de Tlemcen et de Nédroma, selon la tradition des exilés pour la foi, cherchent à rejoindre la Syrie. ?L'exode de Tlemcen commence à partir de 1911.' On peut lire dans la Défense du sept juin 1938 le texte suivant : «tous les groupements et la presse musulmane dénoncèrent la nouvelle atteinte à la langue arabe, au Coran et à l'Islam. C'est une atteinte à la liberté de conscience et de culte.» Or, pour que la patrie continue à vivre, il faut, avant tout, préserver la langue comme le souligne l'extrait suivant : «la langue qu'il faut conserver, qu'il faut sauver, pour laquelle il faut obtenir le respect, au moins le respect qui lui est dû, de la part de ceux qui, par un préjugé d'éducation, ou d'habitude, la méconnaissent, la dédaignent et vont jusqu'à lui faire la guerre? Il doit savoir, notre peuple, que la langue qu'il parle, fut la langue poétique et littéraire, la langue de l'amour, la langue du savoir, des libertés et de la civilisation.»(4) Poursuivant sur le même ordre d'idée, l'auteur de la citation précédente soutient avec insistance que «la langue est le portrait de tout un peuple, elle est la bible de son histoire, le monument vivant de sa personnalité.»(4) Une fois indépendante, l'Algérie se fixe comme objectif premier, de reconquérir ses langues avec le concours du peuple qui les parle. C'est au prix d'une lutte acharnée et quotidienne que notre Patrie reconquiert son autonomie linguistique. L'amazigh et l'arabe, langues nationales, jouent un rôle d'unification et deviennent le symbole d'identification ethnique et culturelle. La nuit coloniale s'éternise, le peuple algérien vit dans l'injustice et subit l'oppression. «Que me servirait, comme à tout le peuple, que ma patrie fut puissante et formidable, si, triste et inquiet, j'y vivais dans l'oppression ?» souligne La Bruyère. Vous vous demandez, si, sans doute, il y a des hommes capables de braver la mort pour défendre la Patrie et vaincre l'ennemi ? En effet, chaque fois que la Patrie est en danger, elle trouve, parmi ses enfants, des hommes et des femmes pour lutter contre l'adversaire. Ils réussissent, le plus souvent, par leur vaillance et la confiance en leur cause, à chasser l'envahisseur et à libérer la terre sacrée de la mère Patrie. Rappelez-vous Koseila, Kahine, Okba Ibn Nafaa, Abou-El Mouhadjer et Tarik Ibn Ziyed dont le peuple algérien est le digne descendant! Tous semblent nous confier ce message : «nous voulons que notre peuple, au lieu de croupir dans l'ignorance de sa propre histoire, de sa grandeur passée, de sa personnalité, apprenne enfin ses titres de noblesse, apprenne que ses pères se sont toujours considérés comme une race, apprenne qu'ils surent vivre en hommes libres et toujours se défendre comme tels.»(5) Par expérience, nous savons qu'un peuple qui sait se défendre, reste toujours, même vaincu, un grand peuple. C'est ce que nous murmurent nos ancêtres : «Peuple vaillant, voilà ce que nous voulons t'apprendre : à ne pas rougir, devant personne comme un vaincu, à ne pas rougir de ton histoire, à ne pas rougir de ta Patrie, à ne pas rougir de ta nature, à reprendre ton rang, ton premier rang parmi les peuples du Midi.» (5) Dès l'agression de 1830, des hommes pleins d'élan et de courage affrontent le colonialisme. Connaissez-vous Abdelkader Ibn Moheiddine? Une âme pure et forte, le fondateur de la Nation Algérienne. Il déclare la Patrie en danger, se saisit de l'étendard de la guerre sainte harangue ses hommes et les galvanise de la manière suivante : pour vaincre l'ennemi de la patrie, que faut-il ? «De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace !» Et Abdelkader fut audacieux et souvent victorieux devant les troupes françaises. Entretenant les audaces, le grand flambeau de la révolte est soulevé, en 1871, par El Mokrani, chef de la résistance kabyle qui, après son échec, aurait pu penser : «nous avons perdu une bataille mais sûrement pas la guerre.» Dès lors, la lutte anticoloniale se porte sur un autre terrain et nécessite près d'un siècle, pour aboutir à la libération de notre Patrie. L'oppression et l'inégalité sont à leur comble, la population musulmane refuse l'humiliation, la servitude et manifeste sa résistance par des revendications politiques. L'élite algérienne, nourrie par les idées de Rousseau et de Voltaire, et s'inspirant des principes de la Révolution Française, demande l'égalité et la liberté. L'extrait suivant nous renseigne sur les aspirations des patriotes algériens : «nous voulons voir ce peuple participer à la gestion de ses intérêts, collaborer sur la base de l'égalité absolue, du respect de sa langue, de ses traditions et de sa religion, conformément à la déclaration de 1830.» (6) Une politique de promesses jamais tenues, pousse la population au paroxysme de la souffrance et du désespoir. Le peuple algérien renouvelle sa protestation ferme et véhémente réclamant : «un traitement juste et humanitaire? demande avec insistance la disparition de toute entrave à la liberté de l'enseignement, de la religion et de l'arabe, conformément au désir unanime de la population musulmane.» (6) Un chef arabe dénonce ?un mal réel', dont les conséquences sont graves pour l'avenir de l'œuvre française en pays arabes et musulmans. «En 1891, le député Burdeau, dans un rapport consciencieux, relevait les erreurs de la politique de francisation, arme préférée des colons contre les Musulmans? l'année suivante, le Sénat décida de mener une grande enquête en Algérie. La Commission d'Enquête des XVIII Sénateurs, dirigée par Jules Ferry. Elle recueillit de nombreux témoignages et conclut, presque unanimement, à une condamnation des méthodes en usage, dans la colonie. Défenseur acharné de l'expansion coloniale, Jules Ferry sait, cependant, se montrer sensible au sort misérable réservé aux populations dominées : «il déplora en termes vifs les méfaits de l'assimilation administrative, la politique de refoulement des Arabes, les séquestres, les rigueurs du régime forestier, «l'esprit d'accaparement» et l'exclusivisme des Français d'Algérie.» Sans retour, il condamne l'état d'esprit du colon vis-à-vis du peuple vaincu : «il est difficile de faire entendre au colon européen qu'il existe d'autres droits que les siens, en pays arabe, et que l'indigène n'est pas une race taillable et corvéable à merci.»(6) bis Quelques décennies plus tard, le gouverneur M. Viollette, propose un projet de loi qui accorde à l'élite indigène l'égalité politique et le droit de vote avec les Français. Ces mesures soulèvent l'hostilité et l'indignation des Français d'Algérie. ?M. Viollette l'Arabe ?est immédiatement rappelé en novembre 1927 Dans son livre prophétique, de 1931, ?l'Algérie vivra-t-elle ?? M .Viollette affirme que si l'Algérie devait rester le fief exclusif des colons, elle serait «dans vingt ans» perdue pour la France. L'avenir n'allait pas tarder à lui donner raison(7) Dès lors, les évènements se précipitent. En effet, Les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata accentuent le malaise, et accélèrent fatalement, la rupture définitive. Devant le mépris humiliant des autorités, le peuple se résout à la nécessité de s'unir, face aux forces coloniales. Pour recouvrer son indépendance, il conclut qu'il n'y a d'autre recours, que la lutte armée. Le premier novembre 1954, le vent violent de la révolte souffle, déracinant tout sur son passage. «Quand on met une digue au ruisseau, on en fait un torrent. De même que la violence d'un torrent s'accroit avec l'orage, l'impétuosité et la fougue de la révolte augmentent, à mesure que se multiplient les brimades administratives, les contraintes judiciaires, les abus de l'autorité et un jour viendra où le courant emportera tous les obstacles qu'on aura dressés sur son passage. ,» (7) bis Du sommet des montagnes, de la chaumière la plus éloignée, du douar le plus isolé, s'élève la voix d'hommes libres, réclamant l'indépendance de l'Algérie. Des militants, par milliers, résistent en se saisissant d'armes. Ils prennent le maquis et dans les djebels, dans les bois, dans les campagnes et même dans les villes, ils tiennent tête à un ennemi bien mieux équipé, bien mieux exercé, qu'eux ,et que cette lutte rend de plus en plus féroce. Dans les bourgades et les villages, tous ont foi en des lendemains meilleurs. Les patriotes se défendent avec tant d'énergie que l'adversaire recule : «La victoire est à celui qui sait tenir le dernier quart d'heure.»(8) Le triomphe nous coûte très cher : des hommes, des femmes, très jeunes tels que Ahmed Zabana, Zirout Youcef, Hassiba Ben Bouali et, tant et tant d'autres, meurent sur le champ d'honneur. Cependant leur sacrifice n'est pas vain. En cette année 2012, les Algériens célèbrent le cinquantième anniversaire de l'Indépendance de leur pays. Après de lourds sacrifices, l'heure bénie de la victoire sonne pour l'éveil politique des masses, la poésie populaire joue en rôle édifiant, efficace. Méfiez- vous des ménestrels! «Leur mémoire est sèche comme le diss, leurs yeux ouverts sur le présent, et leur souffle remonte de la nuit du passé.»(9) Ces trouvères visionnaires ne rêvent pas, ils observent, décrivent, analysent et dénoncent. Dans la poussière des douars, dans les cafés maures, dans le brouhaha des souks, parmi une foule nombreuse qui accourt pour écouter, la voix passionnée du meddah, ponctuée par le son du tambourin, raconte les déboires du peuple algérien : «L'injustice nous tyrannise sans trêve, telle un incendie qui fait rage Nos paysans sont écrasés, nos terres accaparées, La lumière s'est changée en ténèbres, Le jour est devenu aussi long que l'année, Ecris pour moi la satire de ce siècle et date-là.» (10) «Les Français viennent s'implanter chez nous comme des vers dans la viande. Au début, comme le chacal, ils s'effacent ; puis, comme le renard, ils se glissent furtivement, enfin, comme le scorpion, ils nous piquent, sournoisement, et laissent sur nous une blessure noire.»(11) Légendes, chants patriotiques, proverbes, contes nous disent toute la vie passée du peuple avec ses aspirations, ses plaintes, ses joies, et ses luttes quotidiennes. «Mourir pour son pays est un si digne sort !» Corneille. Qui sert son pays n'a pas besoin d'aïeux(Voltaire). Ce vers est comme la devise de ceux qui sont les fils de leur œuvre. On le rappelle pour marquer, que les services rendus à la patrie, portent en eux-mêmes, les titres de noblesse. Proverbe populaire : ils auront beau nous mâcher et remâcher, ils ne nous avalerons pas. Hadith : l'amour de la Patrie procède de la foi. Algérie, terre illustre de nos ancêtres, que des hommes audacieux ont reconquise, hissons ton bel étendard, en songeant aux enfants de la Patrie qui sacrifient leur jeunesse et leur vie ! Tous ont entre vingt et vingt cinq ans et possèdent une solide instruction. Accordons une souvenance fraternelle à tous les Algériens arrachés à leur pays, condamnés à la déportation, condamnés, souvent à mourir, loin, très loin de leurs proches et de leur terre, qui au bagne de Cayenne, qui au bagne de Calédonie ! Adressons une pieuse pensée aux milliers de patriotes qui meurent dans les geôles de l'ennemi, sans avoir jamais cédé: un drame poignant par les douleurs ressenties et les humiliations supportées. Montagne des Lions, ravin de la femme sauvage, mausolée de Sidi El-Houari et de Sidi Boumediene, cascades de l'Ourit, somptueuse baie d'Alger au rivage bleu-pervenche, mausolée de Sidi Abderrahmane, exquise fraicheur sylvestre des sommets de Lalla Khadîdja, Djudjura, monts de Chréa enneigés, l'historique vallée de la Soummam, Constantine, l'antique Cirta, les Aurès où continuent encore de résonner la voix de nos martyrs, palmiers élancés de l'oasis de Bou-Saada, coucher de soleil de Taghit l'enchanteresse , Hoggar, Taoughazout, refuge du célèbre historien Ibn Khaldun, heure violette du crépuscule, frêles fleurs des champs, ne ravivez- vous pas tous les souvenirs de ma patrie ? Vous, «Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?» Patrie, notre passion, pour toi, est une religion ! Bibliographie: 1 «:harg btani ouala frag aoutani.» cet adage, plein de bon sens ,devrait faire méditer bien de jeunes candidats à l'exil. 1 bis: Fustel de Coulanges, in Encyclopédie Larousse. 2 :A. Benachenou, régime des terres et structures agraires au Maghreb p 3 3 : Hervé Gueneron, Libye, p 27.Que sais-je ? Presse Universitaire Française. 4, 5 Marcel Bonnet,'L'Empire du Soleil', la Provence de Frédéric Mistral, la vie et l'œuvre du poète, p 25-26 6 ,7: Charles- Robert Ageron, histoire de l'Algérie contemporaine, p 48, p 76 Que sais-je? 6 bis, 7 bis, 8:Mahfoud Kaddache : histoire du nationalisme algérien, question nationale et politique algérienne-1911-1951, p 590, 53, 549 8, 9, 10, 11 :Assia Djebbar, poèmes sur l'Algérie p 79, 35 M. Jules Ferry 1832-1893, fut ministre de l'Instruction Publique. La loi de 1882 rend l'école laïque, gratuite et obligatoire. M.L'Inspecteur Lepescheux, est nommé en aout 1832 et assumera cette charge jusqu'à la création du rectorat en 1848. Taillable : qui est soumis à l'impôt arbitraire du seigneur. (La taille) Corvéable : qui est soumis à un travail gratuit au seigneur. (La corvée) |