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«...Cette variante inouïe du terrorisme religieux devenue universelle, serait-elle exploitée par les ultras de l'islamophobie pour faire perdre aux musulmans toute «appétit» à l'Islam politique, au point de réclamer la Laïcité comme unique voie à la paix et à la concorde civile ? De l'autre, si un jour les Algériens auront à choisir entre «le vivre en commun», menacé par le radicalisme religieux ou ethnique et le chaos ou la disparition de l'État-nation, une forme de laïcité algérienne, plus tolérante et respectueuse de notre profondeur historique amizigho-arabo-musulmane qui ne soit pas forcement «orthodoxe», une laïcité «amie des religions» doit être débattue comme une alternative sérieuse et ne pas imposer des choix aussi fondamentaux à l'ensemble d'une société qui porte des préjugés sur la laïcité sans revenir vers elle, et les faire passer via rafistolages constitutionnels bien maquillés, ou des décisions présidentiels à caractère non provocateur, ou lancer le pays dans une autre aventure militaire aux conséquences non calculées, uniquement pour apaiser les» crainte» des amis laïcs d'outre?mer, face à ce qu'ils considèrent comme menace de l'Islam politique, ou bien utiliser la laïcité comme prétexte pour bloquer la démocratie elle même. En fait, le piratage de la laïcité par la raison d'État est aussi désastreux que l'absence de la laïcité elle même...». Si la Démocratie considère que le régime militaire est un despotisme abominable qu'il faut cantonner à ses limites, remettre à sa vraie place, celle de la défense du pays du danger étranger, la Laïcité quant à elle, dans sa forme la plus «orthodoxe» considère que, le régime théocratique cause l'immobilité sociale est présente une menace à la pluralité, à la concorde civile, c'est une forme de despotisme aussi redoutable que le militaire. En «théorie» démocratie et laïcité travaillent ensemble pur une société civile moderne, celle du « vivre en commun», par opposition à une société absolument despotique, à caractère militaire, ethnique ou religieux, celle de la parole unique, de la pensée unique et du leader unique. La Laïcité, invention française est à méditer, se convertissant en une sorte «de passion française», les valeurs laïques font que la France soit en alerte, reste irritable et méfiante vis-à-vis du rôle que pourra jouer le religieux dans l'espace public, suscitant chez elle une polémique, voire un défi idéologique et philosophique majeur. En fait, démocratie et laïcité sont nées des articles 1er et 10 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui stipule que : «Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi», exprimant ainsi l'esprit des libertés de conscience, l'État se doit d'être impartiale face aux religions, ce que la constitution de 1946 ira à confirmer, pour la 1er fois être citoyen ne signifiait plus être chrétien, pour des gens qui n'avait pas conscience d'appartenir à l'Europe mais à la Chrétienté jusqu'au XVe siècle , quand le pape Pie II (1458-1464) demanda aux habitants du continent à se souder les coudes face aux ottomans. De l'autre, La vraie vocation de la démocratie n'est-elle pas de traduire le choix de la majorité du peuple quant aux principes moraux et éthiques qui rassemblent la société, inspirées des lignes fondatrices et directrices de l'histoire et des cultures de la nation? En Europe particulièrement, la portée judéo-chrétienne est fortement enracinée au sein des spécificités nationales de chaque pays, avec l'appel de certains à la citer dans la constitution de l'union. La laïcité n'est pas définit d'une façon homogène en Europe, en France où elle est réputée être la plus «orthodoxe» et sur base de laquelle depuis 1905 fut construite la citoyenneté sur fondements philosophiques et juridiques, constitutionnalisée en 1946, alors que l'Allemagne, le Royaume uni , l'Italie ne partagent pas les mêmes spécificité et définition, les modèles «laïcs» européens exhibent donc des formes variées, contrairement à ce qui se passe en France, la plupart des démocraties européennes adoptent un raisonnement plus calme au sujets de la place du religieux au sein de la société civile et des institutions publiques, bien souvent c'est la reconnaissance des religions et la définition de leur champs d'action qui est au centre du principe de laïcité. La séparation des Églises et de l'État est à l'origine de la laïcité en France, où elle est pratiquée d'ailleurs d'une façon variée. Bien que lorsque celle-ci fut une puissance coloniale, elle n'a pas tenté d'exporter sa laïcité dans les territoires sous contrôle, bien au contraire, elle plaça les colonies françaises sous régime du concordat (1) et la religion islamique fut exploitée afin de préserver la paix sociale dans ces colonies, allant à créer un statut de droit local(2) et affichant une tolérance aux traditions religieuses locales, notamment à certaines «zawiyas non rebelles «, «marabouts» et «derwichs», allant à élever au rang de notables certaines personnalités religieuses réputées pour leur influence sur la population locale, l'Islam, réduit ainsi à ses aspects les plus «folkloriques» ne devra présenter aucune menace pour l'occupant et sa mission «théoriquement «civilisatrice et d'émancipation. A l'instar de Tocqueville qui louait la démocratie américaine en disant : «..J'avais vu, parmi nous (Europe), l'esprit de religion et celui de liberté marcher presque toujours en sens contraire. Ici, je les ai trouvés intimement unis l'un à l'autre. Ils régnaient ensemble sur le même sol.»(3) Alors qu'en Algérie coloniale, il voyait dans le religieux un obstacle à l'émancipation des indigènes «L'histoire nous montre d'ailleurs qu'on n'a jamais pu faire faire en commun de grandes choses aux Arabes que par ce procédé (la religion)» disait-il (4), d'illustres laïcs français tels Jules ferry le père de l'école laïque, André Morice, Jean Jaurès disait que, la colonisation est un processus gagnant-gagnant et n'eurent aucun problème d'ordre moral ou de cohérence avec l'esprit républicain à la cautionner, voyant en elle la seule façon de civiliser ces races «inférieures», d'autres laïcs bien algériens ceux-là, zélés, sentant les craintes de certains laïcs français, ont choisi de tirer» le frein sec au processus électoral de 1991, entraînant le militaire dans une aventure suicidaire qui coûtera la vie à énormément d'algériens, pour qu'au bout du compte, l'Algérie ni en Laïcité ni en démocratie. En théorie, La laïcité française telle qu'elle est perçue, est d'ordre «philosophique d'émancipation, visant à libérer les esprits de la mesquinerie idéologique et de l'obscurantisme religieux» C'est la mission qu'elle s'est définie, se voyant devoir la défendre en intra comme en extra-muros, surtout dans le monde arabo-musulman, l'Algérie, pays qui fut la plus importante colonie française, la plus proche de l'hexagone, en plus, ce sont des pays» historiquement francophones», dont la classe gouvernante se trouve plus attentive aux craintes françaises vis-à-vis de l'émergence de» contres valeurs françaises», se portent vecteurs des valeurs «de l'ancien colonisateur». Les peuples quant à eux, n'ont jamais été impliqués dans le débat, si débat eut lieu? Ainsi, le débat sur la démocratie ou la Laïcité, se trouve confiné dans la sphère de l'élite gouvernante et dans les salons des ambassades, plutôt que dans les agoras de nos cités sinon, utilisés contrairement à leurs vrais sens et buts, par certains partisans du tout religieux ou du tout militaire. L'histoire de l'affrontement de l'État et de l'Église, est en partie à l'origine de la non compréhension de la Laïcité chez certains, la percevant tantôt comme ayant des tentations antireligieuses, tantôt la confondant à l'athéisme carrément, comme ça se passe chez nous musulmans, croyant à tort que le but ultime de Laïcité et de chasser Dieu de son domaine ou bien, c'est une forme d'inquisition chrétienne bis contre l'islam. Il n'est pas inutile de rappeler que le rôle qu'a joué l'Église en Europe médiévale fut désastreux, considérée comme la seule force qui supervisait implacablement, s'ingérait indécemment dans tous les aspects de la vie publique et individuelle européenne. Copernic (1473-1543), le père de l'héliocentrisme (5), craignant pour sa vie, publia son œuvre en 1543 en prenant soin de la dédier au Pape. Galilée (1564-1642), accusé d'hérésie disait : «l'intention du Saint-Esprit est de nous enseigner comment on doit aller au ciel et non comment va le ciel», en 1633 le vieillard du signer sa rétraction en murmurant «et pourtant elle tourne!»; Il n'est réhabilité par le Pape Jean-Paul II que le : 31 octobre 1992. Johannes Keppler, traité lui aussi de blasphémateur par les protestants pour son ouvrage sur l'héliocentrisme, bien qu'il trouva finalement refuge chez les Jésuites connus pour leurs respect des sciences. Étienne Dolet, écrivain, imprimeur, et humaniste français, accusé d'athéisme, victime de «l'autodafé»(6), brûlé avec ses livres le : 3 Août 1546 sur le bûcher des imprimeurs à la place Maubert, ainsi, d'éminents esprits des sciences, des lettres et des arts furent victimes d'une lecture ridicule et obscurantiste des textes religieux, admis jadis pour des vérités absolues. Vrai ou légende, l'Europe médiévale aurait débattue sur : si la femme possédait bien une âme ou non au second concile de Mâcon ?. Et avec la façon de voir et concevoir le monde du 16ème siècle, la question est posée en Europe: les indiens sont-ils de «véritables êtres humains»? Sujet débattu par la fameuse controverse de Valladolid(7). Réhabilités jadis dans leurs humanité par le Pape en 1537, néanmoins le légat du Pape déclara par la suite que les africains eux sont moins humains que les Indiens. Le marchandage des lettres d'indulgences(8), critiquée par Luther, comptait parmi l'une des querelles qui causeront la séparation entre catholicisme et protestantisme. l'Église, qui tantôt gouvernait seule, tantôt via des monarques sacrés à Reims devenus «Les lieutenants de Dieu sur terre», trop soucieux du contrôle de leur sujets via le religieux pour pouvoir asseoir leur autorité en dehors de celle de Rome, l'obscurantisme avait alors un nom : le religieux, qu'il fallait remettre à sa vraie sphère, afin qu'il cesse de perturber la vie publique, de freiner l'émancipation et le progrès de la société humaine à cette époque des lumières et imposer à tort sa conception obscurantiste du monde, c'est ce qu'a réussi merveilleusement la révolution française le 14 Juillet 1789. En refusant la modernité, l'émancipation, l'ouverture vers l'autre, en devenant hermétiques aux débats et se limitant à des lectures strictement dogmatiques et anachroniques de notre religion, valable pour toute époque et tout lieu et qui dit valable, dit flexibilité et adaptation. Nous musulmans, vivons en fait notre période moyenâgeuse de décadence et d'obscurantisme multidirectionnelle, comparable à celle vécue par l'Europe médiévale, nous sommes devenus captifs de nos traditions séculaires, dictées par la pensée» bédouine», qui nous impose son mode de vie et de culte, s'ingérant indécemment dans tous les aspects de la vie individuelle et publique, nous sommes figés dans le temps comme un mammouth piégé dans les glaces et auxquelles on se cramponne plus qu'a la foi elle-même. Les courants islamiques s'entretuent entre eux et au sein du même courant «Madhab», l'émergence inquiétante de l'idéologie du «takfir», notre version à nous de l'hérésie chrétienne médiévale, laquelle en l'absence de «clergé» ou d'autorité morale qui veille sur la vie religieuse «Sunnite», est plus dangereuse que l'inquisition, par une simple «fatwa» mal placée, le plus commun des mortels peut se convertir en inquisiteur de son propre chef, le terrorisme, la prise d'otages, notre façon de voir et concevoir le monde qui nous entoure, de réagir à ce que nous considérons comme atteintes à nos symboles religieux, débattre de sujets aussi ridicules tel que : la femme doit-elle prendre le volent ou non? Transmet au monde un état d'esprit rétrograde, non intelligent, une image défigurée de notre culture et ne fait qu'alimenter l'islamophobie. Je crains qu'arrive un temps où nous ne pouvons vivre ensemble sans nous maudire les un les autres, «le vivre en commun» est dangereusement menacé par l'exercice de cette forme du religieux. Si nous continuons ainsi , de refuser tout dialogue, de corriger notre pensée religieuse, revoir notre rapport au sacré et sortir de cette forme de credo archaïque et strictement émotionnel à un autre conjuguant rationalité et modernité s'agissant du temporel, nous allons entrer tout droit dans une phase d'autodestruction, si elle n'est pas déjà entamée. Aurions-nous besoin d'un autre Al-Ghazâlî qui apportera avec courage et ténacité, un éclairage moderne, une approche rationnelle dans le respect des libertés et consciences individuelles, plus conforme à l'esprit de notre religion et plus cohérente avec l'héritage Andalou, où savoir et tolérance rayonnaient de tout leurs éclats, au point où nos savants furent considérés et à juste titre d'ailleurs «comme les passeurs de civilisations» inspirateurs de la renaissance elle-même, comble de malheur, nous avons aidé l'Europe à sortir de l'obscurantisme, mais en s'est jeter dedans depuis. Et comme disait Guy Georges: «?En d'autres termes, le fondement commun à la laïcité et à la démocratie est l'égalité des droits dans la richesse des différences; et non l'égalité des différences dans la diversité des droits». Note : (1) le régime concordataire ou concordat est le régime organisant les rapports entre les différentes religions et l'État dans toute la France de 1801 à 1905, date de la séparation des Églises et de l'État ; sauf en Alsace-Lorraine et les Dom-Tom, où il est toujours en vigueur (2) Sénatus-consulte du 14 juillet 1865 article 1er «L'indigène musulman est français, néanmoins il continuera à être régi par la loi musulmane.» (3) de la Démocratie en Amérique, Tocqueville. (4) lettre d'Algérie, Travail sur l'Algérie, Tocqueville 1841 (5) l'héliocentrisme, pensée basée sur le fait que c'est la terre qui tourne autour du soleil (6) acte de foi, cérémonie d'exécution par le feu d'hérétiques opérée jadis par l'inquisition espagnole et portugaise pour ceux qui refusaient de se rétracter. (7) faits se situant vers 1550 en Espagne. (8) rémission accordée par l'Église à peine temporelle dues aux péchés pardonnés. |