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Suite et fin
L'EAU, SOURCE DE VIE, PERIMETRES AGRICOLES ET CONTRAT DE PERFORMANCE Etat des lieux : les potentialités hydriques ne manquent pas : le barrage de Djorf-Torba (360 millions de m3), digues de retenues, forages, sources, oueds, drayât etc.? attendent d'être exploitées rationnellement. Le périmètre d'Abadla, la plaine de la Zouzfana et les divers autres périmètres et parcelles mis en valeur ces dernières années sont à ajouter aux cultures pratiquées de façon ancestrale dans vallée de la Saoura : les agriculteurs de la wilaya de Béchar ne peuvent être exclus ni minorés dans le cadre du contrat de performance avec le ministère de l'Agriculture. Les productions aussi bien maraîchères que céréalières, mêmes modestes par rapport à celles des wilayas du Nord peuvent faire l'objet d'un développement approprié et intégrées à l'économie régionale et nationale. Avant «le pneu», les populations de la région vivaient bien desdites potentialités !? L'Arabie Saoudite avec un climat désertique plus rude que le nôtre arrive bien à exporter des céréales !? Pour rappel, la seule plaine d'Abadla était présagée dans les années soixante-dix pour être la «Californie de l'Algérie». Actuellement 16 000 hectares sont en sommeil (en friche) dont seulement 2400 sont «mis en valeur» mais sont mal exploités: remontées de sel, inexistence de drains pour évacuer ledit sel d'où détérioration irréversible des sols, ensablement des parcelles cultivées et des canaux d'irrigation, développement de mauvaises herbes (le tamaris en particulier fait des ravages). Les terres des plaines de Zouzfana et d'Oum Chgag, les zones d'épandage du Guir à Meski (Kénadsa) sont d'une fertilité insoupçonnable et constituaient avec Abadla les principaux greniers de la région. Si ces grands pourvoyeurs de blés ne sont pas mis en valeur dans le futur proche en vue de l'après-pétrole, quand est-ce que cette région vivra de ses propres potentialités sans dépendre de ses sœurs du nord du pays ? UNE POPULATION QUI VIT ENTIEREMENT AUX CROCHETS DE L'ETAT La majeure partie de la population de Béchar vit au chef-lieu de la wilaya. Celui-ci compte à peu près quelque 200 000 habitants (soit les 2/3 environ de la population totale de la wilaya). Le reste (un peu plus de 70 000 habitants) est disséminé entre les ksour du nord, Abadla, Tabelbala et la vallée de la Saoura. Depuis la fermeture des mines de charbon de Kénadsa dans les années 60, la région ne compte aucune industrie et ne produit intrinsèquement rien ! Nous avons vu ci-dessus que la production agricole malgré des investissements non négligeables, demeure dérisoire, n'arrive pas à décoller hormis chez quelques individualités qui ont produit des efforts méritoires. Mais ces pionniers se comptent sur les doigts d'une seule main. Donc toute la population de la wilaya vit grâce aux dépenses de l'Etat (civiles et militaires). Même les collectivités locales (la wilaya et ses 21 communes) ne subsistent que grâce aux subsides de l'Etat. Quelques unités publiques «à caractère industriel» insignifiantes, ont fait leur apparition avant d'être liquidées et dissoutes définitivement : en tout et pour tout 2 menuiseries, 1 imprimerie et 1 briqueterie, une minoterie. Ainsi, à une population à l'origine fière, altière, mais besogneuse dans le sens noble du terme, a-t-on inculqué irrémédiablement la mentalité d'assistée. Jeunes et moins jeunes cherchent des emplois administratifs non pour produire mais pour profiter de la rente. Il serait à ce titre intéressant de savoir au niveau des administrations publiques «qui recrute qui ?». Sans jeu de mot, nous ne visons pas ici le népotisme devenu une vertu théologale (encore une !), car le responsable qui n'en use pas peut passer socialement pour «un demeuré», mais le serait certainement aux yeux de sa propre famille. Là nous visons le recrutement du personnel nécessaire au bon fonctionnement des services. La gestion des ressources humaines est désormais une science ! Recruter pour quelles tâches, combien, pour faire quoi, selon quelque organigramme, dans quel but, avec quel effectif optimal ? Nous serions certainement étonné par le nombre de gens qui seraient payés pour ne rien faire, ou par ceux qui viennent seulement émarger en fin de mois mais feraient tout autre chose dans la vie. Les notions de production et de productivité sont quasiment étrangères à la quasi-totalité de nos administrations, voire à notre culture. La rente couvre et efface les aspérités. Bien évidemment ceci n'exclue pas le chômage chronique. Quelques projets (fort insuffisants d'ailleurs pour une création massive d'emplois) ont suscité espoir. Il s'agit d'un projet de création d'une cimenterie à BEN-ZIREG (50 km au nord de Béchar sur la route d'Oran) que financerait la SONATRACH et l'exploitation d'un gisement de manganèse à GUETTARA au nord de ABADLA (sud-est de Béchar), confiée à une entreprise chinoise. Ces deux projets qui semblent avoir été finalisés n'ont pas encore vu le jour. Et le verront-ils ? La question reste posée. D'autres potentialités existent. La région recèle un potentiel minier et carrières important. Des études de la SONAREM ont mis en évidence plusieurs indices de substances métalliques telles que : cuivre, zinc, plomb et manganèse (cf ci-dessus). Par ailleurs il est important de signaler la présence de substances utiles prouvées nécessaires à la production de matériaux de construction (parpaing, briques rouges, pierres taillées? Certaines études datant des années 60-70 doivent sommeiller dans quelques dossiers poussiéreux au fin fond des tiroirs d'archives des services concernés. Il s'agit en particulier de projets d'exploitation à Kénadsa de gisements : - De gypse - De chaux - De kaolin (argile pure pour la fabrication d'ustensiles en porcelaine fine) Mais en dehors de ces projets connus qui n'ont jamais vu le jour, il reste néanmoins curieux tout de même qu'aucun investisseur (public ou privé) ne se soit aventuré en cette contrée apparemment hostile mais qui présente cependant des opportunités certaines, et ce, à l'exception d'un entrepreneur privé, natif de la région qui a installé avec des efforts méritoires une minoterie à Béchar et une usine de production d'eau de source sous le label de «eau de MOUGHEL». Cette usine a connu un début d'exploitation réussi, voire fulgurant, qui avait fait descendre le prix du pack de 6 bouteilles d'eau d'un litre et demi sous la barre des 100 DA. Mais ne voilà-t-il pas que certaines difficultés sont apparues. Pour des accusations que nous nous refusons de commenter, vue que l'affaire a acquis «l'autorité de la chose jugée» le propriétaire de ladite usine fut traduit en justice et condamné à deux ans de prison ferme qu'il purge actuellement à la prison de Béchar et son usine fut fermée. Si, des investisseurs ne se bousculent pas au portillon pour créer des entreprises ici, l'on devait se poser la question pourquoi ? Est-ce encore une fois l'effet du «repoussoir bureaucratique» ou est-ce pour toute autre chose ? Nous savons que l'exploitation des carrières (gypse, chaux, argile? par exemple) est fort possible et ne demande pas d'investissements onéreux : du temps de la colonisation, un certain RENAUD exploitait à Béchar même une carrière de chaux vive et de gypse. Un autre, Georges CHEVAUX créa à partir de rien une ferme qui existe de nos jours sous le nom de «Jardin de Janvier» et qui sert aux expériences botaniques. Si, il y a plus de 70 ans des hommes ont réussi ici même à créer des entreprises à partir de rien pourquoi en 2011 où nous disposons de tout, ce serait impossible? LA SANTE Il y a eu certes des améliorations en ce qui concerne les équipements et matériels d'intervention voire même un léger mieux en ce qui concerne la prise en charge des malades. Mais «la houle» ne quitte pas le secteur. Quelque 800 agents vacataires payés à l'heure depuis des années sont maintenus dans une situation précaire et comble de la précarité n'ont pas été payés pendant plus de 11 mois. Non seulement le secteur refuse de les régulariser mais se permet de les priver de leurs misérables salaires pendant une longue durée. Aux dires mêmes des responsables hospitaliers, ces agents (chauffeurs, agents de sécurité, cuisiniers, femmes de ménage..) sont indispensables au bon fonctionnement des établissements de santé, sans lesquels ses structures cesseraient de fonctionner. A l'hôpital Mohamed BOUDIAF, «Mère et Enfant» la direction est souvent aux prises avec sa section syndicale qui l'accuse «de mauvaise gestion, de corruption et d'abus administratif» (Elwatan du 02.03.11). A l'hôpital 240 lits «Tourabi Boujemaa», si les murs, le sol et les escaliers sont apparemment propres, les lavabos et les toilettes sont sales. Il n'y a pas d'eau chaude, voire des fois pas d'eau du tout. Les malades qui ne peuvent se lever sont obligés d'avoir leur propre pot de chambre et même un garde malade pour les aider à se mouvoir et subvenir à leurs besoins urgents parce que l'infirmier de garde (surtout la nuit), étant seul, ne peut pas s'occuper de tous les patients à la fois. En outre, les grabataires ne disposent pas de sonnettes d'appel (alarme), celles-ci ne fonctionnant pas. Les consoles lampes de chevet au-dessus de la tête des malades sont pleines de poussière laissant croire que jamais le chiffon ne passe jamais à ce niveau. Dans certaines chambres des tuyaux d'évacuation des eaux usées passent entre le plafond et le faux-plafond, aussi en cas de fuites de ces conduites on peut facilement imaginer le désastre. Toujours au même hôpital, par suite d'un défaut technique, un ascenseur est tombé en chute libre au fond de son trou avec un agent vacataire dedans. Une malheureuse fille affectée aux cuisines, qui s'est retrouvée ballottée dans cet engin infernal avec ses marmites. Elle fut extraite difficilement de la cage métallique d'où elle s'en est sortie avec plusieurs contusions dont elle garde encore les séquelles. On lui aurait demandé de se taire et comme elle était vacataire et espérait être régularisée, elle s'est tue. A ce jour. Espérons qu'elle est régularisée au jour d'aujourd'hui. En tout état de cause, un pareil incident s'il arrive à se reproduire, risque d'être à l'origine d'un drame dont l'établissement peut faire l'économie. L'hygiène de nos toilettes laisse à désirer. Celle de nos hôpitaux encore pire. Là, il s'agirait d'un problème et d'un tabou nationaux. Nous n'avons pas la culture de la chasse d'eau. Peut- être à cause des pénuries d'eau que nous avons subies sur une longue durée, mais sûrement, à cause de l'origine rurale de l'Algérien. Celui-ci est devenu un citadin pas tout à fait «déruralisé», autrement dit un vrai rurbain archétypal. Cela dénote aussi les carences de l'école que l'on ne peut par ailleurs charger de tous nos maux. L'exception n'infirmant pas la règle, il n'est pas rare qu'il puisse exister des «ruraux» plus «civilisés» que beaucoup de citadins. Même dans les nouvelles constructions la chasse d'eau est bannie des projets. A la cuvette turque souvent choisie d'office, on préfèrera lui associer un simple robinet d'eau courante qu'une chasse. Au-dessous de ce robinet placé à portée de main, on posera un carafon en plastique, qui deviendra à la longue une boîte de conserve crasseuse à force de passer par toutes les mains et de traîner par terre. Cette boîte serait certes suffisante pour «les petites ablutions» à la rigueur mais pas pour nettoyer la cuvette. Cette opération exige beaucoup d'eau et une brosse pour «finir le travail». Avec la chasse d'eau, c'est 10 litres d'eau qui se précipitent d'un coup dans le trou de la cuvette entraînant un maximum de matières fécales et d'urine, cuvette que l'on finit de nettoyer à la brosse ! Pourtant cela est d'une simplicité enfantine, pourquoi refusons-nous d'y penser ? Une chasse d'eau qui fonctionne à plein-temps empêche le cumul des mauvaises odeurs et celles des urines qui séjournent trop longtemps sont à l'origine des pires exhalaisons nauséeuses. A fortiori dans un hôpital, comment voulez-vous avoir des WC propres lorsqu'il n'y a qu'un seul WC pour plusieurs malades et pas d'eau ? L'établissement participe ainsi à la création de nids microbiens qui viennent aggraver toutes sortes d'infections notamment nosocomiales possibles et imaginables sans oublier celle pour laquelle le malade est hospitalisé. Il s'agit là de culture que nous devons acquérir dans notre intérêt et celui de nos enfants, sous peine de traîner encore longtemps derrière le monde civilisé. |