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La prochaine élection présidentielle ne sera pas à la hauteur du modèle démocratique vanté à la «Obamania» par la coalition présidentielle. Les électeurs en majorité indécis ou totalement désintéressés semblent pris en écharpe par la pauvreté du discours politique d'une campagne électorale avide de toute analyse critique valable, mais qui se présente comme un méta kick-off de fin d'exercice lors duquel on parle bilan et on évite de parler boulot. Il se trouve qu'en dépit des moyens de propagande matériels, la convoitise de l'électeur requiert la célébrité, la proximité, la simplicité et la jubilation. La peopolisation de l'événement est une nouveauté. Désormais, on entend retentir les voix des chanteuses et on voit multiplier les mises en scène de certains sportifs, tandis qu'on continue à scruter un silence délibéré du côté des éléphants de la politique. Certes, les jeunes électeurs ont gagné en maturité et désormais ne se font plus rouler dans la farine des discours populistes islamiste, régionaliste ou nationaliste. Ces menus ne font plus recette et risquent de transformer le rendez-vous du 9 avril en non-événement. Si tel est le cas, le nouveau président de la République risque de labourer pendant des années pour se racheter une crédibilité auprès des Algériennes et des Algériens. En tout cas, les électeurs sont de deux avis : pro-Bouteflika ou anti-Bouteflika, et dans les deux cas, Bouteflika est, malgré lui, le centre d'intérêt. Les premiers sont conquis par la machine électorale du président sortant, et les autres sont convoités, sans stratégie et sans programme, par des candidats qui font surface à chaque fois qu'un événement électoral se décide. La campagne présidentielle me fait penser à un conflit opposant une armée classique suréquipée à 5 guérillas différentes, d'un côté on bombarde et on maintient l'ordre pour pérenniser le régime, de l'autre on se retranche et on surprend pour le déstabiliser. Néanmoins, le spectacle le plus insolite se passe du côté de la chaîne unique qui agit comme une cellule de maîtrise de la communication du président sortant. Les Rendez-vous politiques télévisés manquent énormément d'analyse objective et impartiale. Décidément, les questions taillées sur mesure et bien entendu sur commande, présentées par un journaliste inerte et typé bon élève, n'émanent qu'à des propos démagogiques et des réponses grossièrement évasives au point où le journaliste ne se souvient, dans le meilleur des cas, de sa question, une fois que son invité parachève son plaidoyer ratatouillé d'un million de logements et farci aux trois millions d'emplois. Concernant l'emploi, c'est simple, on n'ira pas chercher trop loin, regardons chacun de son côté, au sein de sa famille, dans son quartier ou dans son entourage, et voyons voir comment le taux de chômage est seulement de 11,3%. Autrement dit, prenez une liste de 10 personnes que vous connaissez, comptez le nombre de chômeurs, et si vous trouvez plus d'un chômeur, c'est que vous êtes au-dessus de la moyenne nationale ! Je sais que cette approche fait hurler les statisticiens, et tant pis si ça suscite leur réaction ! Car personnellement j'ai hurlé comme un torturé de la villa Susini quand j'ai appris que l'Office national des statistiques (ONS) fait remarquer que le chômage a enregistré une légère baisse en 2008 (11,3%) par rapport à 2007 (11,8%) tout en soulignant que les jeunes ayant moins de 35 ans constituent la majeure partie des sans-emploi avec un taux de 87,8%. Les gens crèvent la dalle, la jeunesse remplit les stades de foot pendant les heures de travail, les rues bouillonnent de SDF sans toit et de jeunes sans emploi, et à chaque fois, pour apaiser les tensions et faire croire que tout va super bien, un intermittent du spectacle se rend à l'ENTV pour nous faire passer la pilule au profit de ses bienfaiteurs ! Dommage, la présence de candidats de petite pointure face à Bouteflika rend la course à El-Mouradia une sorte de course inéquitable et sans suspense, à l'image d'un match de foot rediffusé tard dans la soirée et dont on connaît déjà le résultat ! Enfin, entre un président sortant qui détient les clés des pouvoirs politique, militaire, économique et médiatique, et dont le Premier ministre cultive un pouvoir magique des chiffres ronds et des statistiques subjectives ! Comment voulez-vous que Moussa Touati ait 1% de chance d'endosser le costume présidentiel ! Vraiment, il faut être dupe pour croire, ne serait-ce l'ombre d'une seconde, à de tels ragots. Revenons à Ouyahia et ses promesses d'un million de logements, 3 millions de postes d'emploi et j'en passe. Ce dernier brigue en ce moment sa troisième nomination à Kasr Es-Houkouma ! Tiens, c'est drôle, il nous est familier ce chiffre «3», n'est-ce pas ? Un vieux dicton dit : un train peut en cacher un autre. Est-ce, alors, un triplement-nominé Premier ministre qui annonce un triplement-élu président ? Est-ce que la nomination d'Ouyahia à la troisième fois n'est que la première partie du grand spectacle ? Pour ceux qui ne connaissent pas ce concept, la première partie est une sorte de passation de flambeau entre artistes. Un grand artiste célèbre lance un autre plus jeune et moins expérimenté en lui donnant l'opportunité de jouer sa première pour divertir le public et l'échauffer avant que le vrai spectacle ne commence. En tout cas, cette première fut bien suivie par une bonne partie de nos concitoyens dont la récursivité d'un processus de dévolution censé être linéaire et non pas réflexif ne pose absolument aucun problème ? Fut-elle, alors, une expérimentation visant à estimer la sensibilité et à évaluer l'hostilité de nos compatriotes à de tels phénomènes ? Fut-elle une instrumentation politique visant à exhiber la pseudo-diversité au sommet de l'Etat ? Enfin, l'affirmation d'une hypothèse n'empêche en aucun cas la fondation d'une autre. Une chose est sûre, «la trinité 3 en 1» de l'alliance présidentielle a définitivement enterré le rôle des députés de l'Assemblée nationale. Désormais, le citoyen pense que cette APN s'est transformée en une chambre d'enregistrement des chorégraphies gymnastiques de la levée de main ! Sinon, comment peut-on imaginer une alliance sans vagues entre un nationaliste, un islamiste et un nationaliste-bis ?! Comment peut-on imaginer un compromis entre trois mouvances et deux idéologies orthogonales, l'une instrumentalisant la religion et l'autre la révolution ?! En tout cas, bien serré au milieu, l'islamiste semble être pris en sandwich. Est-il vraiment pris en otage ? Franchement, quand il s'agit d'un parti islamiste dont le fond de commerce de l'époque de Nahnah était de contester le marchandage, l'affairisme et toute forme de forcing politique, je ne peux que prédire une extinction tragique du MSP lors des prochaines législatives, car par opposition à son histoire et à ses fondements, ce mouvement va droit dans le mur. A ce moment-là, Abou Djerra Soltani saura avec amertume ce qu'est le baiser mortel du dragon ! Il comprendra surtout qu'un bon capitaine veille et surveille en permanence sa ligne de flottaison en vue qu'elle soit suffisamment basse, car les icebergs sont nombreux sur le chemin du pouvoir, le vent souffle fort, la mer est houleuse et la nature ne fait pas de cadeau. De surcroît, les partis les plus influents sur la scène politique ont préféré le pacs selon les préceptes de la loi du silence à l'égard de l'union 3 en 1 du FLN-RND-MSP. D'autres à l'égard du FNA, Nahda et ses dérivées sombrent en hibernation et disparaissent d'un coup de la scène comme un serpent de mer, et aussitôt refont surface aux moments opportuns de grignotement. Et enfin d'autres comme le PT qui troque au fur et à mesure les tons de la révolte avec les temps du ralliement, et ce, proportionnellement au nombre de sièges gagnés à l'APN. Là aussi le PT risque de se faire «péter» lors des prochaines échéances. L'hémorragie des cadres démissionnaires à d'ores et déjà commencé et les effets domino suivront sans doute au lendemain de la défaite fort probable. D'autre part, voilà que des partis politiques se sont inter-annulés à l'image du RCD qui continue depuis plusieurs années à déboulonner un FFS largement mieux ancré en Kabylie mais qui devient fantomatique et de plus en plus transparent sur la scène politique en usant de la recette du boycott et pour soi-disant sanctionner le pouvoir en place ! Dois-je rappeler qu'il ne faut jamais mettre tous les oeufs dans le même sac. Nous avons vu en France, aux Etats-Unis et partout dans le monde que des altermondialistes, des communistes, des socialistes, des républicains, des capitalistes ainsi que toutes les autres mouvances, ont toujours été mobilisés et préparés aux rendez-vous électoraux, car c'est le moment opportun pour faire savoir et valoir ses idées au lieu d'exercer la facilité, que jadis boycotter et vivre en paix en Suisse avec les souvenirs et les regrets de la place de dauphin du FIS ! Mes chers compatriotes, soyez sûrs, je ne suis pas en train de mettre mon intégrité sous la guillotine pour caresser dans le sens des poil la main d'un quelconque politique. Je dois avouer que j'ai tenu dans ce manuscrit des propos durs envers Bouteflika et ses alliés. Mais, je dois quand même rendre à César ce qui est à César. L'homme a d'innombrables points forts. Déjà, je lui reconnais beaucoup de courage d'avoir assumé le projet de concorde civile et rétabli la sécurité. Je lui reconnais plus de talent et de savoir-faire que tous ses prédécesseurs et surtout beaucoup plus de volonté et de déterminisme pour faire accéder notre pays au statut de partenaire sérieux des Européens, des Américains et des Asiatiques. Il n'a pas eu peur de sortir l'argent des caisses et l'investir dans le cadre du programme de relance économique. Il n'a pas eu peur de dire : «Nous avons commis des erreurs» dans le cadre de ce même programme, malgré que certains profitent de cette déclaration et la déclinent comme une preuve de désordre ou a minima une confession d'incapacité ; je la vois comme étant le fruit d'un retour d'expérience constructif. Un homme sage apprend de ses erreurs, le plus sage apprend des erreurs des autres. Justement, en faisant un retour d'expérience sur la législative précédente et sur ce qui s'est passé dans les autres pays démocratiques, j'ai constitué une conviction dure comme fer que le boycott n'a jamais porté de solution. Je crois même que voter blanc est plus démocratique que boycotter les urnes. Les habitués du boycott ne sont pas porteurs de projet alternatif ni d'un message constructif. C'est simplement le choix de la facilité et l'envie de l'affrontement oppositionniste régi du principe «Maâza walaw tarat». De surcroît le RCD, considéré un des ténors du boycott, prend un tournant inacceptable. Décidément, ce parti est entré en contradiction avec ses valeurs : rassemblement, culture et démocratie. Car pour rassembler il faut être paternel, accommodant et consensuel et non pas exhibitionniste, inconvenant et choquant à l'image de l'apôtre de la comédie indécente «Les Algériens sont tous des mécaniciens», de son auteur Fellag qui continue depuis 15 ans à tourner en rond et à faire de l'Algérien son bouc émissaire, et par pudeur et respect envers mes compatriotes, je n'ose pas dire son animal de cirque. Vraiment, la culture est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale. Je regrette que le chauvinisme anti-Bouteflika se soit transformé en des actes répugnants et antirépublicains. Mettre le drapeau national en berne aurait suffi, mais l'ôter et le remplacer par un drapeau noir est le summum de la bêtise et des agissements, non seulement politiques mais aussi immoraux. Non Ya Si Saïd Saâdi, un homme politique qui s'est déjà présenté deux fois aux présidentielles (1995 et 2004) doit être responsable et exemplaire. La radicalisation de vos choix politiques n'apporte pas de solution à notre pays, mais elle porte atteinte aux hommes et aux femmes intègres ayant sacrifié leurs vies pour que le drapeau que vous avez noirci flotte très haut sous le ciel de la liberté. Mais nom de Dieu, dans quel pays vivons-nous ? Depuis un an des actes de profanation ont été commis dans plusieurs mosquées de la ville d'El-Eulma. Ces apostats ont souillé avec leurs urines et excréments des livres du saint Coran ! Je me demande pourquoi le ministre des Affaires religieuses ne s'est pas préoccupé de cette affaire que je qualifierais d'encore plus blasphématoire que les caricatures du Prophète, que paix et salut soient sur lui. On aimerait bien le voir émettre une fatwa à l'image de celle pondue pour inciter les citoyens d'aller aux urnes, et dont d'ailleurs je n'approuve ni le fondement ni le contexte. Néanmoins, sans se mettre dans le même registre que Gholam-Lah, ni dans celui de l'ex-FIS et son slogan «Sawtouka amana tousaalu anha yawm al Qiyama !». Je le dis à ma manière : le 9 avril, sans hésiter, allez voter pour celui que vous évaluez le plus apte à gouverner le pays. Faites votre choix, même si tout comme moi, vous croyez que Bouteflika est largement favori. Exercez votre citoyenneté, participez à l'événement et laissez votre empreinte. Le candidat idéal n'existe pas, ni en Algérie ni ailleurs. Alors, collectez le maximum d'informations sur les 6 candidats, analysez-les, évaluez et élisez celui ou celle qui a le meilleur score ! Espérons que notre futur président soit disposé à améliorer le pouvoir d'achat et l'égalité des chances, et ce, main dans la main avec son gouvernement, et avec la complicité de toutes les Algériennes et les Algériens. Ensemble, on doit rétablir un rapport de confiance entre gouverneur et gouverné. On doit se battre pour la restauration de l'islam authentique dans notre pays secoué par l'innovation et le sectarisme. On doit essentiellement préserver notre culture arabo-musulmane des menaces délibérées de déracinement. On doit s'engager aussi à défendre les valeurs nationales et à préserver les symboles de notre nation dont l'amazighité. En économie, on doit imposer un contrôle judiciaire sur les entreprises d'espionnage et d'intelligence économique qui emploient souvent des méthodes contestables. On doit impérativement intensifier les contrôles financiers et lutter contre les dépassements et notamment sur le transfert de devises et la fraude fiscale. Il faut négocier les taux de réinvestissement, et s'opposer aux rapatriements massifs des gains des entreprises étrangères dans leur pays d'origine, chose qui nuit considérablement à la stabilité économique de notre pays. La relance économique n'est pas un but en soi, l'amélioration du niveau de vie de nos compatriotes prime sur tout le reste. A cet effet, les entreprises étrangères doivent s'engager dans la création des postes d'emploi et doivent aussi oeuvrer pour un transfert de technologie, et ce, en étroite collaboration avec l'agence de l'emploi en vue de recruter des jeunes en pré-emploi, en emploi voire même leur dispenser des sessions de formation et de qualification. Ces dernières mesures mettront fin aux solutions dites «clés en mains» qui mettent en difficulté toutes les parties prenantes à commencer par les sociétés étrangères. Les partenaires étrangers ont besoin d'interlocuteurs qualifiés. Nos techniciens doivent maîtriser en toute autonomie les systèmes technologiques pendant les phases de mise en production, exploitation, maintenance et démantèlement. L'Etat doit détenir des experts métiers chargés d'homologation des systèmes technologiques et assurant le dernier regard péremptoire sur le respect des référentiels nationaux de sécurité, de qualité et d'environnement. Il faut aussi mener une campagne de sensibilisation auprès des jeunes pour les convaincre à s'inscrire à l'agence de l'emploi et de leur réserver une prime d'aide à l'intégration ou la réintégration dans la vie active ! Il convient de lancer un contrat trip-type : «Formation rémunérée - Pré-emploi de qualification - Emploi». L'agence de l'emploi doit accompagner tous ceux qui veulent réussir. Le SMIC doit être revu à la hausse. Cette hausse variable dépend du bonus ou du malus accordé lors de l'évaluation annuelle des individus et du progrès de l'entreprise (chiffre d'affaires, création d'emploi, etc.). Le marché parallèle créé par la main d'œuvre étrangère et principalement chinoise doit être réduit à néant pour redonner la vie aux petites et moyennes entreprises locales. Tout dépassement doit être passible d'une amende dissuasive et de la possibilité d'expulsion du territoire national. Le cumul des activités doit être interdit, et tous les moyens devront être mis à disposition pour faire face à l'extinction des artisans locaux en raison de la forte disponibilité et de la négociabilité des acteurs étrangers. Cependant, nous devons faire preuve de patience et de sacrifice et admettre avec générosité et réalisme que l'Algérie d'aujourd'hui ne se construit pas pour les jeunes d'aujourd'hui, même pas pour ceux de demain, et c'est encore pas trop sûr pour les générations futures, qui assumeront malheureusement nos choix et nos erreurs et hériteront un bout de notre désordre et un bon morceau de notre misère, car dans l'Algérie d'aujourd'hui, il se trouve que tailler sur mesure la Constitution est plus envisageable que consolider légèrement le cours d'une jeunesse vouée dès l'adolescence à un échec démesuré. Dans l'Algérie d'aujourd'hui, les chances du président de la République d'arracher d'en haut un tout dernier voire avant-dernier mandat dépasse largement les chances d'un Algérien d'en bas de trouver tout simplement un premier emploi ! (*) International Consultant in Management Systems |