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Une
seule certitude : la mondialisation impose des solidarités entre tous les pays
Selon le Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés, depuis 2014, 13 500 personnes ont trouvé la mort en mer Méditerranée. Et ce ne sont que les chiffres officiels des réfugiés qui sont morts noyés, sans compter les autres pertes non recensées, tant sont nombreuses les flottilles qui tentent de quitter les rivages africains pour trouver refuge en Europe. Les causes du départ de nombreux africains et des réfugiés d'autres régions et continents vers l'Europe sont connues : la plupart tentent par ce moyen de fuir des guerres sanglantes où les principales victimes sont les populations civiles. Les conflits qui se sont multipliés depuis plusieurs année en Méditerranée (Syrie, Libye, Kurdistan?), en Afrique (Érythrée, Somalie, Niger...) et en Asie centrale (Afghanistan) ont provoqué d'importants mouvements de population jusqu'aux frontières de l'Europe. Mécaniquement, les demandes de droit d'asile en France (possibilité pour un individu en danger de trouver refuge dans un autre pays), ont connu une augmentation spectaculaire depuis sept ans (de 36.900 à 73.700). L'autre raison des départs est la persistance de situations de misère prolongée et qui vont en s'aggravant. L'explosion démographique du continent africain ne peut pas être compensée par son développement économique, trop lent même si les chiffres croissance actuels des pays africains sont en général positifs. Dans les prochaines décennies, un flux migratoire sans précédent pourrait déferler vers l'Europe : le rapport démographique entre l'Europe et l'Afrique dans les prévisions actuels, serait ainsi dans trente ans de un à cinq, soit 450 millions d'Européens pour 2,5 milliards d'Africains (contre 1 milliard aujourd'hui). L'Afrique compte d'ores et déjà de 400 à 500 millions de pauvres, qui n'ont pas même l'électricité? Le risque en voie de confirmation, d'un réchauffement général de la planète accroit encore les risques de l'existence de vastes régions africaines totalement arides ou d'autres au contraire qui seraient confrontées à des vagues d'inondations permanentes. Le flux migratoire observé aujourd'hui et dont l'augmentation est crainte demain, nourrit une inquiétude dans les populations européennes d'accueil, favorisant des réactions de rejet et nourrissant la croissance de mouvements d'extrême droite racistes et porteurs de violence. Ces réactions de rejet s'expliquent également par le fait que les couches populaires européennes (et une partie des classes moyennes) connaissent depuis plusieurs décennies une stagnation voire un reflux de leurs revenus, que le chômage reste à un niveau élevé dans la plupart des pays. Dans ce contexte, l'immigré ou le réfugié apparait comme un concurrent potentiel à faible exigence salarial, sur des offres d'emploi qui restent rares. Net ralentissement du flux migratoire ! Et pourtant ! Et pourtant ! Les chiffres les plus récents indiquent en effet un net ralentissement du flux migratoire vers l'Europe. Selon un rapport « Analyse des risques 2018 » de l'agence européenne des frontières Frontex, rapporté par l'AFP, le nombre de franchissements illégaux des frontières de l'Union européenne a connu une forte baisse de 60 % en 2017, par rapport à l'année précédente. Se basant sur les chiffres fournis par les pays membres de l'Union, Frontex rapporte que 204 219 franchissements des frontières européennes ont été détectés l'an passé contre 511 074 en 2016 et 1,8 million en 2015. Cette chute a été observée surtout sur la route de la Méditerranée orientale (et par conséquent sur celle des Balkans occidentaux), et sur celle de la Méditerranée centrale. Mais la route de la Méditerranée occidentale via essentiellement le Maroc et l'Espagne, a enregistré une hausse significative. Autre fait négatif, le nombre des franchissements dépasse tous les chiffres d'avant 2014 et montre que « la pression sur les frontières extérieures de l'UE demeure élevée », relève Frontex. En Méditerranée centrale, la tendance s'est ainsi renversée soudain en juillet 2017, après un premier semestre où le niveau des migrations était resté approximativement aussi élevé qu'en 2016. Ce changement, qui a vu en juillet une baisse à moins de 50 % ? puis en août à environ 30 % ? du niveau de juin, était « dû surtout à l'évolution de la situation intérieure en Libye », précise Frontex. Mais au cours du troisième et du quatrième trimestre 2017 le nombre de bateaux quittant les rives tunisiennes ou algériennes s'est accru. Et sur la route de la Méditerranée occidentale, le nombre de migrants détectés a plus que doublé en 2017 par rapport à 2016. Des problèmes internes au Maroc, principal pays de transit pour les migrants voulant gagner l'Espagne, ont poussé à une hausse du nombre de départs, avec le recours, à partir du deuxième trimestre, à des bateaux pouvant transporter un grand nombre de migrants. Enfin, vers la fin de l'année, le nombre de migrants venant d'Afrique, en particulier de Marocains, Algériens et Tunisiens, a rapidement augmenté, portant le total des Africains à près de deux tiers des migrants illégaux arrivant sur les rives de l'Union européenne. À l'est, au contraire, les chiffres concernant les Érythréens, les Somaliens et les Éthiopiens sont tombés en gros à un quart de ce qu'ils avaient été en 2016. Et la situation en France ? Contrairement aux idées largement répandues dans la population de ce pays, la France n'est pas spécialement une terre d'accueil. Selon la publication de BSI Economics de 2013, la population de la France était constituée à cette date, de 12 % d'étrangers, ce qui place le pays dans une moyenne basse, dépassée par le Royaume Uni, l'Allemagne (13%) ou la Suède (16%). Selon l'OCDE, la France se situe ainsi au 17e rang des pays développés pour la part d'immigrés dans la population. Au total 6 millions d'immigrés, soit 8,9% de la population dont 2,3 millions ont acquis la nationalité française. Et encore il faut savoir que parmi les immigrés entrés en France en 2012, près d'un sur deux est né dans un pays européen et trois sur dix dans un pays africain. L'immigration d'origine européenne est majoritairement portugaise, britannique, espagnole, italienne ou allemande. Ces cinq pays représentent 57 % des entrées d'immigrés nés en Europe et un quart de l'ensemble des entrées en 2012. Les nouveaux immigrés d'origine africaine viennent quant à eux pour moitié des pays du Maghreb. Enfin, les nouveaux immigrés nés en Chine (3 % des entrées en 2012) sont presque aussi nombreux que ceux nés en Allemagne. Par ailleurs, « s'il faut proposer un ordre de grandeur du nombre de migrants irréguliers vivant en France, mieux vaut le situer entre l'estimation haute tirée de l'AME (Aide médicale de l'État,) et l'estimation basse empruntée au modèle méditerranéen. La fourchette ainsi tracée va de 6 % à 10 % de la population immigrée, autour d'un demi-million de personnes, moins de 1 % de la population du pays », note Nemo, un chroniqueur du site Mediapart. On est loin des chiffres fantasmés qui circulent dans la population : les Français interrogés en 2010 par le Transatlantic Trend Survey estimaient que la part des immigrés dans la population en France était de 24 % alors qu'elle n'était que de 8,5 %. Cette surestimation du nombre d'immigrés qui résident dans leurs pays n'est d'ailleurs pas propre aux Français. Les Allemands et les Américains, par exemple, estiment le pourcentage d'immigrés dans leur population respective à 22% et 37 %, bien au-delà des 13 % réels. Au résultat, la France a reçu en 2017 plus de 100.000 demandes d?asile (contre 186.644 en Allemagne) et accordé sa protection à 43.000 personnes au titre du statut de réfugié et de la protection subsidiaire, selon l?Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Sur la même période, 14.859 étrangers en situation irrégulière ont fait l?objet d?une expulsion forcée, en hausse de 14,6 % par rapport 2016, et 85.408 étrangers ont été repoussés aux frontières françaises dans le cadre du rétablissement des contrôles en vigueur depuis 2015, selon les chiffres du ministère de l?Intérieur. Et Gérard Colomb sort son plan-plan ! Gérard Colomb est le ministre de l'Intérieur du gouvernement présidé par Emmanuel Macron. Ancien maire socialiste de la ville de Lyon, très libéral sur le plan économique et parfois jugé plutôt conservateur sur le reste, il fut l'un des premiers à rallier la candidature Macron. Il vient de proposer un nouveau projet de loi sur l'immigration et les réfugiés qui est loin d'être progressiste. Ce projet de loi « pour une immigration maîtrisée et un droit d?asile effectif » a été présenté en conseil des ministres, afin notamment de réduire le délai de la procédure d?asile et d?expulser plus systématiquement ceux auxquels il a été refusé. « Dans les sondages, le «premier flic de France» fait partie des ministres les mieux (ou les moins mal) perçus . Mais Place Beauvau (siège du ministère de l'Intérieur), on s'inquiète de voir grandir, jusque dans une partie de la majorité, l'image d'un Colomb croque - mitaine, visage le plus sévère du nouveau pouvoir. «Il est vu comme quelqu'un qui applique la politique de Macron, mais qui l'applique sans gants, juge un socialiste lyonnais. Avant, il était à la droite du PS. Aujourd'hui, il est à la droite de LREM (le mouvement d'Emmanuel Macron)», comme le rapporte le quotidien Libération. Ce texte doit permettre « de sortir de la situation actuelle où on accueille mal ceux à qui on doit l'accueil, et on n'éloigne pas ceux qui n'ont aucun titre à rester en France », a résumé lundi 19 février, le Premier ministre Édouard Philippe. S'il contient quelques effectivement mesures d'améliorations des droits, l'essentiel est cependant de nature restrictive : réduction des délais de demande du droit d'asile, complications juridiques pour le faire. Le texte crée aussi un « délit de franchissement non autorisé des frontières extérieures de l'espace Schengen » puni d'un an de prison, vraisemblablement pensé pour décourager les arrivées via les Comores ou la Guyane. Il sanctionne de façon identique ceux qui entrent en France sans passer « pendant des horaires d'ouverture » par un des quelque 285 points de passage frontaliers qui existent désormais sur le territoire depuis l'état d'urgence. On y retrouve aussi l'augmentation de 16 à 24 heures de la durée de la retenue administrative pour vérifier le titre de séjour. Le refus de prise d'empreintes sera désormais assorti d'une interdiction du territoire. « Surtout, le texte précise et durcit une disposition très contestée : la durée maximale de rétention sera bien portée de 45 à 90 jours, voire à 135 jours dans certains cas. De plus, un étranger qui sollicite une aide au retour pourra être placé en rétention. Enfin, durant son transfert au centre de rétention, le migrant n'aura plus le droit d'exercer son droit à communiquer. Le document renforce également le régime de l'assignation à résidence et celui de l'interdiction de retour », résume Nathalie Birchem, du Quotidien La Croix. Ces mesures sont très éloignées du concept du droit d'asile qui existe dans la Constitution française. Seront-elles efficaces en cas de nouveaux conflits ou de dérèglements climatiques majeurs touchant l'Afrique ou d'autres régions ? On peut fortement en douter. On n'en est pas là mais tout doit passer d'ores et déjà par l'intégration en Europe des populations migrantes (emploi, éducation, santé, reconnaissance sociale?) et le développement économique et la paix civile (réduire notamment les guerres dans lesquelles les Occidentaux sont souvent à l'origine) dans les pays que ces populations sont obligées de fuir pour survivre. Ce qui passe par une politique active de coopération entre l'Union européenne et ces pays et régions frontalières qui sont des terres de migration. On n'en est loin puisque sur ce dossier, il n'existe en effet, aucune politique commune réelle entre les différents pays européens. L'Italie, principalement, l'Espagne sont géographiquement les pays de l'UE qui accueillent le plus le flot des réfugiés « illégaux » et qui cherchent des solutions auprès de l'Union européenne. A ces pays, la réponse de l'UE est simple : « Démerdez-vous ! ». |
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