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Combat de l'Algérie pour un Conseil de sécurité plus représentatif: Plaidoyer pour l'élargissement en faveur de l'Afrique

par Salah Lakoues

La proposition des États-Unis d'élargir le Conseil de sécurité de l'ONU à deux membres africains sans droit de veto soulève plusieurs questions et critiques, notamment en ce qui concerne la perception d'un traitement inégal à l'égard des pays africains.

1. Le droit de veto : un instrument de domination

L'absence de droit de veto pour les nouveaux membres africains est perçue par beaucoup comme un acte de mépris et un déni de l'égalité des nations. Le veto est l'un des éléments fondamentaux qui confèrent un pouvoir réel aux membres permanents du Conseil de sécurité. Sans ce droit, les nouveaux membres africains seraient limités à une influence marginale, sans pouvoir bloquer ou opposer leur avis sur les décisions cruciales qui affectent la paix et la sécurité mondiales.

En ce sens, ne pas accorder le droit de veto à l'Afrique revient à maintenir une forme de domination des anciennes puissances coloniales sur le continent, tout en donnant l'illusion d'une représentation élargie. Cela reflète une conception déséquilibrée de la gouvernance internationale, où certains pays sont traités comme des acteurs de second rang, malgré l'importance croissante du continent africain dans les affaires internationales.

2. Le poids géopolitique de l'Afrique négligé

L'Afrique est un continent de plus de 1,3 milliard d'habitants, avec des ressources naturelles stratégiques, des économies émergentes, et une influence croissante dans les affaires internationales. Toutefois, la structure actuelle du Conseil de sécurité, dominée par les grandes puissances occidentales et leurs alliés, ne reflète pas l'évolution du monde multipolaire où l'Afrique joue un rôle central dans les dynamiques géopolitiques, notamment en matière de sécurité et de développement. La proposition de membres sans droit de veto peut être interprétée comme une tentative de maintenir cette dynamique déséquilibrée, empêchant l'Afrique de jouer un rôle égal dans la prise de décision internationale, tout en feignant une réforme.

3. Le sentiment de mépris et de néocolonialisme

De nombreux Africains et leurs dirigeants pourraient voir dans cette proposition une forme subtile de néocolonialisme. L'idée que les membres africains seraient présents au Conseil de sécurité, mais sans avoir accès au même niveau d'autorité que les autres membres, renforce le sentiment que les grandes puissances continuent de voir l'Afrique comme un continent subordonné. Ce traitement différencié alimente le ressentiment contre un ordre mondial qui semble perpétuer les hiérarchies héritées de l'époque coloniale.

4. La réponse africaine : Une demande de justice

Les pays africains réclament depuis des années une réforme du Conseil de sécurité qui reflète mieux la réalité géopolitique actuelle. Le Groupe des 54 pays africains a clairement exprimé son souhait d'avoir une représentation permanente avec tous les droits, y compris le droit de veto. La proposition américaine, en excluant le droit de veto, ne répond donc pas à ces aspirations et semble ignorer les demandes légitimes du continent africain pour une représentation équitable et pleine au sein des instances internationales.

5. Un monde multipolaire en évolution

Le refus d'accorder aux pays africains le droit de veto pourrait également renforcer la fracture entre le Nord et le Sud. Le Sud global, dont l'Afrique fait partie, aspire à un monde multipolaire où la prise de décision internationale serait plus démocratique et inclusive. En maintenant un déséquilibre de pouvoir au sein du Conseil de sécurité, les États-Unis et leurs alliés risquent d'accroître la méfiance entre les grandes puissances et les pays en développement, favorisant ainsi l'émergence d'alternatives à l'ordre mondial occidental, comme les BRICS, où l'Afrique pourrait trouver une meilleure reconnaissance de son poids géopolitique.

La proposition des États-Unis d'élargir le Conseil de sécurité de l'ONU sans accorder le droit de veto aux membres africains est largement perçue comme une manœuvre dilatoire qui perpétue l'injustice historique et les inégalités de pouvoir dans le système international. Pour que la réforme du Conseil soit véritablement significative et respectueuse des aspirations des nations africaines, elle doit inclure des droits égaux pour tous les membres permanents, y compris le droit de veto, afin de garantir une véritable égalité dans la prise de décision mondiale.

Une véritable réforme des organisations internationales telles que le FMI, la Banque mondiale, l'OMC, l'OMS, et d'autres est effectivement indispensable pour donner un sens au multilatéralisme dans le monde contemporain. Actuellement, ces institutions sont souvent perçues comme étant biaisées en faveur des puissances occidentales, et leur structure de gouvernance ne reflète pas l'équilibre mondial actuel, marqué par l'émergence de nouvelles puissances économiques et politiques, notamment du Sud global. Voici pourquoi une réforme est nécessaire :

1. Le besoin d'une gouvernance plus équitable

La plupart des grandes organisations internationales sont dominées par les pays riches, principalement les États-Unis, l'Union européenne et leurs alliés. Par exemple, au FMI et à la Banque mondiale, les décisions sont largement influencées par les pays ayant les contributions financières les plus importantes. Cela crée un déséquilibre où les pays en développement, pourtant les plus affectés par les politiques de ces institutions, ont peu de voix. Une réforme nécessiterait une révision du système de vote pour donner plus de poids aux pays émergents et en développement.

2. Une architecture économique mondiale obsolète

Les institutions financières internationales, notamment le FMI et la Banque mondiale, fonctionnent sur des principes et des structures hérités de l'après-guerre, qui ne correspondent plus à l'ordre économique actuel. Par exemple, le FMI impose souvent des programmes d'austérité aux pays en crise, ce qui aggrave parfois la situation économique et sociale. Une réforme s'impose pour réorienter ces institutions vers des politiques de développement plus inclusives et adaptées aux réalités locales, en prenant en compte les enjeux environnementaux et les objectifs de développement durable.

3. Réduire les asymétries commerciales : le rôle de l'OMC

L'Organisation mondiale du commerce (OMC), bien qu'ayant pour objectif de promouvoir un commerce libre et équitable, est souvent critiquée pour favoriser les pays les plus industrialisés. Les pays en développement réclament des règles commerciales plus justes qui tiennent compte des besoins de leurs économies locales, notamment en matière de protection de certains secteurs stratégiques et de soutien à l'industrialisation. Une réforme de l'OMC devrait viser à rétablir un véritable équilibre dans les négociations commerciales et à promouvoir un commerce qui aide les pays pauvres à se développer, plutôt que de les contraindre à une ouverture complète et immédiate de leurs marchés.

4. Une réponse mondiale aux crises sanitaires : L'OMS

La crise de la Covid-19 a mis en évidence les limites de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), non seulement en matière de préparation aux pandémies, mais aussi en termes d'accès inégal aux vaccins et aux traitements. La réforme de l'OMS doit inclure un renforcement de ses pouvoirs pour garantir une meilleure coordination internationale et un accès équitable aux soins de santé. Cela inclut une meilleure représentation des pays en développement dans la prise de décision afin que les politiques sanitaires mondiales répondent mieux à leurs besoins.

5. Promouvoir un véritable multilatéralisme inclusif

Le multilatéralisme actuel est souvent critiqué pour être un outil de maintien de l'hégémonie des grandes puissances occidentales. Pourtant, un véritable multilatéralisme suppose une gestion collective et inclusive des affaires mondiales, où toutes les voix, y compris celles des pays du Sud, sont entendues et respectées. Les organisations internationales doivent être réformées pour refléter cette vision en intégrant davantage les intérêts des économies émergentes et en permettant une gouvernance plus participative.

6. La montée des blocs alternatifs : BRICS, UA, ASEAN

En l'absence de réformes des organisations internationales, de nombreux pays se tournent vers des alternatives comme les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), l'Union africaine (UA) ou l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN). Ces organisations offrent des forums où les pays du Sud global peuvent mieux faire valoir leurs intérêts. Si les institutions internationales traditionnelles ne se réforment pas, elles risquent de perdre leur légitimité et leur pertinence, au profit de ces nouveaux blocs.

7. Vers une réforme globale pour un monde multipolaire

Dans un monde multipolaire, il est crucial que les organisations internationales ne soient pas uniquement les instruments des grandes puissances économiques, mais qu'elles servent également les intérêts des pays en développement. Cela nécessite des réformes structurelles qui démocratisent la gouvernance de ces institutions, tout en favorisant des politiques qui tiennent compte des réalités économiques, sociales et écologiques actuelles.

Conclusion

Une réforme des organisations internationales est cruciale pour garantir que le multilatéralisme soit véritablement inclusif et équitable. Ces réformes doivent aboutir à une redistribution du pouvoir de décision, une meilleure prise en compte des réalités locales, et une réponse plus efficace aux défis mondiaux tels que la pauvreté, les inégalités, et le changement climatique. Faute de telles réformes, ces institutions risquent de devenir obsolètes et de perdre leur pertinence dans un monde en pleine mutation.