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Ce 7 septembre,
des forces politiques françaises, notamment de gauche, appellent à manifester
et à contester le choix effectué par le président français de nommer Michel
Barnier comme nouveau Premier ministre.
Essayons de comprendre, par cette incursion de ce côté-ci de la Méditerranée dans ce qui constitue une affaire éminemment franco-française, l'emballement actuel de l'actualité politique de ce pays. Après presque deux mois d'attente, la France a enfin son nouveau Premier ministre. Un Français de souche, proche de la France du terroir, catholique et à la bouille plutôt sympathique. La nomination de cet ancien ministre des Affaires étrangères n'a pas été une sinécure et a été le fruit d'un long processus conduit par un président français soucieux, avant tout, de finir son second et dernier mandat de façon sereine et dans un pays stable. L'épreuve de la cohabitation politique est généralement redoutée par tous les présidents en exercice. Mais s'agit-il réellement d'une cohabitation politique ou juste une nouvelle prouesse d'un chef de l'Etat français friand d'une navigation politique à géométrie variable? C'est que l'attente de cette nomination a été longue, suscité l'impatience et provoqué le courroux d'une partie de la classe politique, le président français ayant été accusé de tous les maux et de se comporter comme un véritable monarque. Michel Barnier est issu du parti des républicains, devenu un petit parti, à l'issue des dernières élections législatives françaises, et en est même l'un des membres fondateurs. Très attaché à la préservation de l'identité de son pays ce Savoyard de naissance partage par affection certains thèmes chers à l'extrême droite et se propose avec force de conviction d'en défricher quelques-uns. Contenir la vague migratoire et protéger la famille ne sont pas les seuls sujets de prédilection de ce nouveau Premier ministre. La cartographie politique issue des dernières législatives laissait entrevoir la probable nomination d'un Premier ministre issu des rangs de la gauche mais la constitution de trois blocs politiques, sans majorité absolue à l'Assemblée française a laissé la porte ouverte à toutes sortes d'alternatives qui n'ont, semble-t-il, pas plu aux forces de gauche rassemblées sous la bannière du nouveau front populaire. Ces dernières le disent, le répètent et l'exprimeront, sans doute, de vive voix dans la rue. Mais quelle est la réalité des résultats de ce scrutin et quels sont les éléments qui ont rendu possible cette nomination à Matignon ? Les résultats par parti politique issus du vote des dernières législatives en France, et ce sont ceux-là qui comptent puisque les coalitions ont souvent vocation à se désintégrer, donnent l'extrême droite française comme étant la première force politique à l'Assemblée française. La force politique proche du président français, venant en troisième position tandis que la coalition, dite du nouveau front populaire, première à l'Assemblée et ce si l'on comptabilise ses quatre composantes : socialiste, écologiste, communiste et France insoumise. Si l'on déclame chacune de ces composantes par leur nombre de députés, la meilleure d'entre elles, la France insoumise, se situe loin de l'extrême droite qui en obtient le double. Le fait que ce nouveau front de gauche ait longtemps tarder à désigner son candidat pour le poste de Premier ministre a clairement signifié que les divisions qui le traversent sont loin d'être insignifiantes et ont donné de la force et des idées à ceux qui ont travaillé à la recherche et à la constitution d'une autre alternance incarnée, aujourd'hui, par Michel Barnier qui va certainement gouverner la France avec le soutien discret mais significatif du Rassemblement national. Les erreurs stratégiques qui ont permis au scénario actuel de se déployer ont été commises par le parti de la France insoumise qui jouissait pourtant d'un préjugé favorable et d'un indéfectible soutien au sein de la classe populaire, notamment par son soutien notable à la Cause palestinienne et sa dénonciation du génocide palestinien commis par l'entité sioniste. La première erreur a été commise lors de la constitution du nouveau front populaire. Afin que cette alliance puisse voir le jour dans l'urgence de faire barrage au Rassemblement national, une autre erreur stratégique puisque l'extrême droite représente des dizaines de millions de Français et, est donc parfaitement représentative, les investitures aux élections legistalitives ont été effectuées dans la précipitation et la France insoumise a dû payer un lourd tribu puisque se délestant de nombreuses circonscriptions qui lui revenaient au profit notamment du parti socialité dont tout le monde connait la volatilité des positions politiques et le fort courant sioniste qui le traverse. Le parti socialiste qui était cliniquement mort a trouvé en la générosité de la France insoumise une bouée inespérée qui lui a permis d'éviter le naufrage politique et la longue hibernation. Une autre erreur monumentale a été commise, l'appel au désistement systématique au deuxième tour au profit du candidat n'appartenant pas au Rassemblement national mais classé second au premier tour. Ce choix stratégique dicté par un incompréhensible acharnement anti Rassemblement national a finalement profité au camp présidentiel dont la famille politique était créditée, elle aussi, d'un mauvais score voire d'une véritable bérézina. Cette erreur stratégique a constitué un cadeau inespéré pour l'ancienne majorité présidentielle. Ces erreurs de stratégie politique et électorale de la France insoumise se sont finalement retournées contre elle, l'ancienne majorité présidentielle ayant, au final, choisi d'aller chercher ailleurs ... De la trahison. Même pas Juste de l'exercice politique puisque comme disait déjà l'autre, il n y a pas d'amis en politique. La stratégie anti Rassemblement national s'est avérée non productive parce que le centre de gravité politique de l'Hexagone est désormais et pour longtemps encore ancré à droite voire plus encore. Michel Barnier est également l'incarnation de cette France qui se situe désormais à droite et qui veut conduire le projet de redressement de son pays. Mais l'on ne peut juger de rien. De ce côté-ci de la Méditerranée, nous avons l'habitude des voltefaces, des renoncements et souvent du double langage de nombreux responsables politiques français. L'arrivée inéluctable de l'extrême droite au pouvoir en France de l'extrême droite aura peut-être le mérite de provoquer les décantations nécessaires dans de nombreux aspects de la politique française. Et de ce côte-ci de la Méditerranée, nous qui aimons aussi et défendons ce pays, arrosé du sang de nos millions de martyrs, saurons aussi dire les choses avec franchise et avec force de conviction. |
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