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La révolution de sable

par Moncef Wafi

Les réseaux sociaux partagent ces derniers jours des vidéos de walis qui se déplacent en personne pour superviser l'opération de reconquête des plages, prises en otage par des bandes mafieuses qui ont privatisé l'espace public, rackettant impunément les estivants. Ces interventions musclées ne peuvent que satisfaire les Algériens fatigués de l'incapacité chronique de l'administration à cristalliser sur terrain les décisions politiques prises en haut lieu. Si pour le moment ces actions ne sont pas généralisées, elles ont au moins le mérite d'exister dans un climat social délétère qui ne cesse de se détériorer surtout avec l'annonce de nouvelles augmentations à l'horizon 2018 touchant particulièrement le carburant.

Ces sorties sur terrain ne doivent surtout pas nous faire oublier que ces hommes ne font que leur devoir, payés grassement par l'Etat, et que si la situation de colonisation des plages existe, une partie de la responsabilité leur incombe si ce n'est la totalité. En effet, censés représenter personnellement le président de la République, certains walis ont parfois failli dans leurs missions. Le ministre de l'Intérieur aura été ferme ces derniers jours, responsabilisant directement les autorités locales dans la gestion de ce dossier. Il les a instruits de sortir de leurs bureaux climatisés pour mieux appréhender le quotidien des Algériens. On voit nettement la trace de Tebboune dans cette décision salutaire à plus d'un point.

Le wali a pourtant toutes les latitudes de réquisitionner la force publique pour faire respecter la loi mais il se trouve que certains responsables évitent la confrontation pour ne pas attirer l'attention sur eux et leur gestion. La volonté d'une paix sociale à tout prix contribue également à cette situation de déliquescence des institutions. Les Algériens n'arrivent tout simplement pas à comprendre comment une poignée de voyous, connus des services de sécurité, peuvent faire la loi en toute impunité. La première impression est que l'Etat se désintéresse de leurs problèmes sinon comment expliquer à un père de famille qu'il doit payer pour profiter de la mer. Tous les commis de l'Etat doivent suivre l'exemple de ces quelques walis qui ont pris la tête de la riposte pour récupérer l'espace commun, propriété de tout un peuple. Une révolution de sable qui en appelle d'autres, on l'espère.