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Air Algérie est une entreprise
mal gérée avec une pléthore d'effectifs. C'est le constat fait au plus haut
niveau de l'État par le président de la République. Pour cela, le mode de
gestion de cette entreprise est à revoir complètement, de manière à la rendre
compétitive à l'international, tout en veillant à réduire le nombre de ses
agences commerciales à l'étranger, et en optant pour les nouvelles technologies
de l'information et de la communication (NTIC).
Cette contribution met en lumière les domaines que nous avons identifiés comme prioritaires pour assurer l'amélioration de la performance d'Air Algérie. Tout cela s'explique par le fait qu'aujourd'hui, je suis le seul porteur d'un projet qui permettra à cette entreprise de se hisser au niveau des meilleures compagnies mondiales. Ce projet est à votre disposition pour en faire un très bon usage. Le transport aérien se caractérise par une activité de service où les coûts salariaux et les coûts fixes élevés représentant respectivement à peu près, complètement variables entre compagnies, 30% et 70% des coûts d'exploitation. Ceci imposera au producteur d'adapter le mieux possible la production à la demande instantanée. C'est également un secteur fortement capitalistique dans lequel les investissements d'infrastructures et de flottes sont importants. De plus, l'intensité concurrentielle du secteur est renforcée par l'existence de systèmes d'informations utilisés à l'échelle planétaire (Sabre ou Amadeus par exemple) qui contraignent les acteurs à une transparence totale des tarifs. Le transport aérien est une activité fortement soumise à la conjoncture économique internationale, la crise sanitaire en est une parfaite illustration. Le pilotage à vue par la compagnie a été la réponse à cet environnement particulier qui suppose une vision et une stratégie bien orientées. Par ailleurs, la crise actuelle dans son caractère sans précédent remet en cause les concepts fondamentaux de la performance dont les outils de mesure se trouvent inexistants à Air Algérie, et ouvre des perspectives pour la mise en place d'une organisation en matière d'évaluation du concept de performance. Le concept de performance dans le transport aérien est déterminé par un trafic aérien pro-cyclique, influencé par le revenu personnel disponible demeurant très sensible aux perturbations à court terme. Les approches traditionnelles pour ne pas dire historique de la notion de performance pour une compagnie aérienne comme Air Algérie ne lui ont pas permis de traverser les dernières décades avec l'efficacité et l'efficience requises. Air Algérie a traversé plusieurs décennies sans construire pour autant un modèle de performance clairement identifié. A titre d'exemple, la mesure financière pour l'analyse de la compagnie Air Algérie porte sur la liquidité à court terme, particulièrement dans le contexte de déprime généralisée du secteur. Une focalisation sur l'attribut liquidité à court terme permet de porter un jugement sur les difficultés attendues pouvant être un obstacle majeur au développement de la compagnie. Air Algérie affiche un ratio de liquidité très faible, indicateur de mesure de la faiblesse de la compagnie qui révèlera que ses obligations à court terme ne peuvent être satisfaites. Le renforcement de la liquidité passe par des actions urgentes à la disposition de la compagnie. Une révision de sa politique de distribution à l'étranger représentée par ses unités et agences qui accumulent une dépense de fonctionnement de 60 millions de dollars, son externalisation apportera des gains pour la compagnie et produit une meilleure efficacité et efficience à ce volet, la rémunération des agences de voyages portée par une application d'un taux entre 5% et 7% sur le volume des ventes nettes, alors que les compagnies aériennes appliquent le principe d'un taux zéro, la généralisation de la rémunération des employés en fonction d'une performance réelle à l'instar de expatriés, la renégociation de l'ensemble des contrats de prestataires de services dont le volume est significatif, les écarts de prix liés au recours trop fréquent aux achats en urgence et aux AOG liés, d'une part, à des lacunes de planification et, d'autre part, à une procédure de gestion des achats lourds limitant la réactivité des acheteurs, constituent les actions à caractère urgent susceptible de renforcer les liquidités de la compagnie. Dans un contexte très particulier induit par la crise sanitaire, toute démarche, pour minimiser les impacts de cette crise et assurer le succès à court et moyen terme de toute entreprise de transport, doit porter essentiellement sur les points suivants, à l'exclusion de tout audit : 1. gérer les liquidités et la solvabilité de l'entreprise impactées par cette crise; 2. stabiliser et améliorer les revenus; 3. développement des outils pour la gestion des risques. La performance économique d'Air Algérie produit une marge financière très fragile et donc une rentabilité aléatoire. Les décisions des dirigeants d'Air Algérie et la position de l'entreprise dans un marché aérien en crise ont constitué les sources de cette contre-performance. Les acteurs et responsables de cette contre-performance assurent encore la gouvernance de la compagnie, vont probablement reproduire sans aucun doute les réflexes dominants de l'époque. Les récents avatars financiers d'Air Algérie, notamment en pertes de chiffres d'affaires réelles et les résultats économiques négatifs récurrents, conduisent à se poser la question suivante : Sur quels critères de performance, la compagnie Air Algérie va-t-elle pouvoir développer sa survie ? Les crises socioéconomiques présentes tout au long du développement de la compagnie Air Algérie, cependant celle qui se développe actuellement cumule non seulement une crise de demande, une crise structurelle, voire systémique des marchés qui produisent un assèchement des liquidités de la compagnie, et une baisse tendancielle de la consommation. Air Algérie se trouve confrontée à une multiplication de facteurs exogènes et endogènes perturbateurs qui, progressivement, remettent en cause l'essence même de son existence. Une approche détachée d'une gouvernance prévalant et dominante dans le passé est nécessaire pour assurer la survie de la compagnie Air Algérie, sinon un échec est programmé. Air Algérie est appelée à proposer un nouveau projet d'entreprise «de la compagnie nationale... au leader sur ses marchés». Ce plan contient : 1. Un premier volet relatif à la «préférence client» notamment par la qualité des prestations proposées, - la création de contrat de performance interne qui responsabilise le personnel, - une fidélisation des produits et de nouveaux services (vente en ligne généralisée). 2. Un deuxième volet consiste à développer les atouts de la compagnie, notamment avec le développement et la mise en place du hub d'Alger. 3. Un troisième volet concerne la capacité de la compagnie à attirer de nouveaux capitaux privés, la modernisation de sa flotte, et la recherche de la rentabilité notamment avec l'usage de systèmes d'informations internes (type SAP). 4. Enfin, le dernier volet concerne l'organisation sociale de l'entreprise par une concertation dynamique. Ils seront (les volets) complétés par : 1. inaugurer une nouvelle conception plus contractuelle entre l'État et Air Algérie. Avec la crise économique, la rupture technologique se déplace de l'aviation vers la gestion de l'entreprise. L'approche équilibrée à privilégier pour le régulateur (ministère des Transports à travers la DACM) pour l'Algérie pour déterminer son intérêt national doit mettre l'accent sur le bien-être d'Air Algérie comme point de départ. A partir de là, tout assouplissement de la politique pour permettre à des compagnies aériennes étrangères d'avoir un accès accru sera mesuré en fonction de son incidence négative potentielle sur les routes existantes et potentielles d'Air Algérie. La mutation de l'activité de transport aérien nécessite une bonne coordination entre les efforts de la compagnie Air Algérie et ceux de l'État dans son rôle de régulateur. L'accord pour plus de 20 vols hebdomadaires a été donné sur le marché Turquie, 14 vols sur la Tunisie, offres pour les compagnies Low-cost. Cette inflation de l'offre ne peut être bénéfique que pour les compagnies étrangères, car cela leur permettra de récupérer du trafic Air Algérie sur d'autres lignes pour la desserte desquelles notre compagnie ne dispose pas de facilités d'intervention. Il convient de rappeler que l'origine du trafic dans sa quasi-totalité est l'Algérie. 2. Renforcer son organisation fondée sur ses trois activités clés : le transport de passagers, le cargo et la maintenance. 3. Créer un Comité de management stratégique, instance dirigeante du groupe, en charge de la stratégie commune. Les enjeux de ce comité sont d'accompagner la compagnie dans sa démarche notamment : - la construction d'un réseau d'envergure mondiale, maintenir et élargir son autonomie financière et investir dans des équipements de haut niveau technique, développer en permanence la satisfaction du client et permettre une organisation interne (direction et personnel) la plus homogène possible. - Le salut pour Air Algérie réside donc dans la rationalisation de l'utilisation de sa flotte. La demande aérienne étant peu élastique à la taille du réseau, il est peu efficient de chercher à étendre son réseau pour obtenir des subventions kilométriques de l'État; il vaut mieux se concentrer sur le perfectionnement des lignes rémunératrices, avec l'optimisation de la gestion de flotte. De plus, l'établissement d'un réseau d'alliances résultera potentiellement dans des bénéfices tangibles pour Air Algérie. Les multiplications d'accords de coopération entre firmes rivales fait évoluer le jeu concurrentiel. Aujourd'hui, les firmes pratiquent une concurrence sur certains domaines et coopèrent sur d'autres. Il devient important pour la compagnie Air Algérie d'approcher des compagnies aériennes pour concrétiser la volonté de sa consolidation. Pour cette approche, et d'assurer les conditions optimales de ce rapprochement, il faut que le partenaire soit complémentaire en termes de réseau et de positionnement commercial mais dans le même temps indépendant et coordonné en termes fonctionnels. Code - sharing Air Algérie devrait chercher à mettre en place des accords de code-sharing avec des compagnies aériennes afin d'étendre son offre de services et son potentiel de revenus. Les accords de code-share requièrent de disposer de niveaux de service et de performance similaires afin d'éviter la cannibalisation de la base de clients par le partenaire. Par conséquent, Air Algérie doit tout d'abord mettre à niveau ses services sur les routes concernées avant de concrétiser des accords. Alliances stratégiques Il est encore trop tôt pour établir des alliances stratégiques avec quelques transporteurs étrangers quels qu'ils soient, et ce, jusqu'à moyen terme (3 ans). Agréments / partage de systèmes d'informations : les effets d'échelle sont particulièrement importants avec des systèmes d'information (le coût marginal de l'installation du software est de 0, même s'il convient de ne pas ignorer les coûts de formation à leur utilisation). Pour cette raison, Air Algérie doit acheter des systèmes d'information d'une compagnie qui les a testés ou peut-être même développés elle-même (ex : KLM avec qui Air Algérie entretient des contrats de sous-traitance composants et moteurs). Ces compagnies peuvent fournir à Air Algérie aussi bien un Système de gestion de maintenance que les autres systèmes de gestion identifiés comme priorité. Ces types d'accords peuvent être étendus afin d'inclure la redéfinition des processus et la capture et analyse d'informations ainsi que la formation nécessaire à l'utilisation de ces systèmes. Le problème de l'efficacité des entreprises publiques est largement débattu par de nombreux économistes notamment avec de récents travaux qui arrivent à isoler plusieurs facteurs de performances : l'appartenance au secteur public d'une compagnie aérienne réduit l'efficacité dans l'allocation des ressources obtenues par le jeu du marché du transport aérien. Une compagnie aérienne publique souffre donc d'un déficit structurel de compétitivité. Le mouvement d'assouplissement des règles juridiques dans le transport aérien s'inspirant d'une approche libérale préconisant la libre concurrence, conduit dans le moyen terme à autoriser le principe de privatisation de l'entreprise publique ou/et l'ouverture de son capital. L'action de l'ouverture du capital de la compagnie revêt des avantages nombreux, non dépourvus par ailleurs d'inconvénients. Le bilan avantages/coûts serait à la faveur d'une ouverture du capital. - Un apport de valeur supplémentaire par les nouveaux actionnaires pour booster la capacité de l'entreprise : apport d'expertise (technique, stratégique), d'expérience, de réseau et carnet d'adresses. - Un regard extérieur qui permet de prendre du recul, et aide à construire une vision stratégique (présence fréquente dans les organes de gouvernance). - La possibilité de croître par la croissance interne et de la croissance externe. Une bonne trésorerie permet plus facilement de réaliser des acquisitions. - La crédibilité : l'entreprise a souvent besoin d'avoir une certaine crédibilité vis-à-vis de ses clients (notamment les grands comptes) et fournisseurs pour se développer. Un moyen d'asseoir cette crédibilité est d'avoir un capital des investisseurs réputés. - Une sécurité pour l'entreprise. Lever des fonds quand on n'en a pas besoin apporte une part de cette ouverture et sera proposé aux employés selon certaines conditions. - Participer davantage à la vie de l'entreprise, mieux comprendre sa stratégie et ses enjeux financiers, être associés comme actionnaires aux décisions. *Docteur - Consultant et expert international en aviation civile. Ex-Directeur régional d'Air Algérie à Damas (Syrie). Membre éminent de l'Association britannique des consultants en aviation civile. |