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Depuis ces
dernières années, les importations pharmaceutiques de l'Algérie ont connu une
croissance considérable, de ce fait elles ont augmenté de 10,44% en 2014,
atteignant 2,3 milliards USD en 2013 et 2,6 milliards USD en 2014. Cette hausse
s'est traduite par un volume total d'importations de 34.142 tonnes en 2013 et
33.593 tonnes en 2014.
Et si quand même les politiques de substitution des importations étaient toutefois en train de clairement progresser, l'Algérie n'a pu toutefois opérer une réduction de l'ensemble de ces pressions financières sectorielles essentiellement dûe à son couteux système universel de soins. Aux fins d'illustration, alors que les médicaments prescrits-qui représentent l'essentiel des dépenses - étaient estimés à 93,17% du total des importations de produits pharmaceutiques, les importations d'antibiotiques ont atteint à elles seules, une valeur de 68,3 millions USD en 2014, alors qu'en 2013, elles ne représentaient que 56,8 millions USD. Cette augmentation significative des coûts d'importation de plus de 16% s'est vue principalement attribuée aux variations des demandes saisonnières sur le marché algérien du médicament, un marché connu pour sa forte volatilité. Cette nette dépendance à l'importation des produits pharmaceutiques s'est finalement transformée en un lobbying énorme- mu autant par la commercialité que le nationalisme- en faveur d'une substitution aux importations, et d'une localisation préférant les génériques aux médicaments princeps couteux. La production pharmaceutique locale en Algérie a ainsi augmenté au cours des cinq dernières années pour atteindre une valeur de 1 milliard USD, et ce principalement en raison du fait que plus de 48 importateurs de médicaments exploitaient désormais plus de 75 unités de production locale. Cependant malgré ce bourgeonnement d'opérateurs locaux dans la production pharmaceutique, les factures d'importations de médicaments n'en finissaient pas leur trajectoire ascendante. Bien que le Ministère de la Santé ait prévu que les producteurs locaux couvriraient 70% de la demande nationale d'ici 2017, ces producteurs n'ont pu seulement couvrir qu'entre 35 et 40% des besoins locaux. Si la raison essentielle à cet écart résidait dans le fait que la production locale était aussi bien déstructurée que désorganisée, la deuxième raison résidait dans l'augmentation du volume des pratiques de concurrence déloyale, de nombreuses entreprises ne faisant que reproduire des produits standards sans valeur ajoutée en termes de variation ou différentiation significative. Il est très regrettable que l'industrie pharmaceutique algérienne naissante n'ait pu utiliser de manière plus rentable les politiques de substitution et maintes subventions d'accompagnement consenties par l'Etat, telles que les déréglementations de prix, les exonérations fiscales sur les équipements importés. Celles-ci étaient destinées non seulement à développer une production locale de produits pharmaceutiques complexes à forte valeur ajoutée et à forte intensité capitalistique, mais étaient également destinées à dévoiler les pratiques déloyales de certains producteurs de médicaments. Malheureusement donc, les soins de santé publics en Algérie sont toujours restés caractérisés par un secteur de croissance à deux chiffres à faible valorisation, un marché atteignant 3 milliards USD en 2017, une couverture médicale d'une population estimée à plus de 38 millions, couverture basée sur un budget de remboursement provenant des revenus de la rente pétrolière et gazière. En fait, l'Algérie n'avait pas et n'a encore pas réussi à identifier les voies et moyens les plus appropriées afin de repenser de manière radicale son système de santé, à promouvoir une production nationale avancée aussi bien qualitativement que quantitativement, à adopter ou adapter les meilleurs modèles et expériences internationales en matière de politiques fiscales et d'investissements moteurs du développement et de la localisation de la production pharmaceutique. La production pharmaceutique algérienne a néanmoins pu couvrir 70% de la consommation locale en 2016 et ce par l'intermédiaire de 314 producteurs privés, 150 grossistes-distributeurs, et 9600 pharmaciens, dans un marché estimé à 3,7 USD. Il était aussi estimé que 60% de la population algérienne utilisait 13 millions de cartes de santé Chifa ?ceci représentant 68% des dépenses de sécurité sociale- poussant les factures d'importations de produits pharmaceutiques à augmenter de 2,4% en 2016 pour atteindre 2 milliards USD. En effet, la forte croissance démographique, les soins de santé gratuits, les faibles revenus en devises fortes ont manifestement transformé les factures algériennes d'importation de produits pharmaceutiques en une charge financière des plus importantes, légitimant ainsi l'impératif de contrôle des dépenses médicamenteuses et la promotion d'une industrie pharmaceutique locale. L'INDUSTRIALISATION PAR SUBSTITUTION DES IMPORTATIONS En Algérie, le modèle de remplacement progressif des importations par la production nationale, a été basé sur un trépied impliquant gouvernement, fabricants locaux et partenaires étrangers. Dans le cas de l'Algérie, seulement durant la décennie passée on importait presque tous les produits pharmaceutiques, mais en raison d'une protection étatique grandissante de la fabrication locale qui a obligé les multinationales du médicament à localiser leur production, l'Algérie produit aujourd'hui plus de 50% de sa consommation nationale de produits pharmaceutiques. Étant donné la capacité potentielle de production médicamenteuse de l'Algérie, il serait possible que sa prochaine étape à venir soit de se positionner en exportateur net vers des marchés voisins. En fait, l'Algérie est déjà considérée comme une plateforme de production et rampe de lancement pour les exportations pharmaceutiques vers d'autres pays africains et grâce aux capacités de production, normes de qualité et prix compétitifs. Pour le moment, le mandat principal de l'industrie pharmaceutique nationale - eu égard aux responsabilités socio-économiques immédiates - est d'être responsable du développement, de la production et de la commercialisation des médicaments et de couvrir au mieux les gros besoins nationaux. Cependant, cet impératif prioritaire de satisfaction des besoins nationaux n'exclut pas que les entreprises nationales qui opèrent dans l'industrie du médicament sont dûment requises- en plus du brevetage de routine et des tests garantissant la sécurité et l'efficacité- de se conformer aux lois et réglementations régissant la production, la distribution et la consommation des médicaments brevetés ou génériques. A suivre... *Prof.(Ph.D., USA) - MBR SCHOOL OF GOVERNMENT (DUBAI, UAE) |