|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
La visite d'Etat
qu'effectue aujourd'hui le président tunisien en Algérie oblige à mettre sur la
table des discussions algéro-tunisiennes le dossier
libyen mais aussi la cause palestinienne que le président américain veut solder
par «la transaction du siècle» après avoir programmé la déconfiture du monde arabe
et musulman dans son ensemble.
Découlant de fait du non-règlement de la question palestinienne et ce depuis plus de 70 ans, l'émiettement du monde arabe et musulman entrepris violemment par les administrations israélo-américaines est très avancé. La Libye en figure comme étape ultime pour transformer l'Afrique du Nord en une zone de turbulences sécuritaires comme l'est la bande sahélo-sahélienne. Les faits, actes et propos qui le prouvent sont sans appel. Le 8 novembre 2019, le site Madaniya dirigé par René Naba, journaliste franco-libanais et analyste politique de renommée mondiale, publiait sous la plume de Haytham Manna, président de l'Institut scandinave des droits de l'Homme (ISDH) ce récit : «En janvier 2019, un publiciste palestinien Lou'ay Deeb Badeer, ancien directeur du GNRD (Global Network for Rights and Development), ONG à but non lucratif, reconverti dans les transactions pétrolières à Stavanger (Norvège) dont il est membre de son conseil municipal, a été convié à la Maison Blanche pour un entretien informel avec un membre de l'administration républicaine. Le fonctionnaire de la Maison Blanche lui dit d'emblée : la transaction du siècle vise à démanteler le monde arabe. Les Etats-Unis s'opposent à la constitution d'une Unité Arabe pour les raisons suivantes : disposant d'une superficie de 13,3 millions de kilomètres carrés, soit 3 fois la superficie de l'Union Européenne et 8,9 % de la surface des terres émergées du monde, le Monde arabe assure une production quotidienne de pétrole de 24 millions de barils/jour. Puissance balistique des pays arabes Avec une population de 378 millions d'habitants, soit autant que les Etats-Unis, il dispose de surcroît d'une puissance balistique de l'ordre de 3.194.000 missiles, soit le double de l'arsenal balistique américain, autant que la Russie et infiniment plus que la Corée du Nord. Selon la revue américaine «Global Fire Power», le classement s'établit comme suit : Egypte 1.481.000 missiles balistiques, Syrie 650.000 missiles, Yémen 423.000, Arabie Saoudite 322.000, Algérie 176.000, Libye: 100.000, Jordanie 88.000, Maroc: 72.000, Irak: 59.000. Ce décompte n'inclut pas l'arsenal du Hezbollah libanais, du Hamas palestinien, des Houthistes du Yémen ou de la milice chiite irakienne Al Hached Al Chaabi, ni les dizaines de milliers de drones équipés de charges explosives. Les Etats-Unis sont hostiles au projet OBOR, la version moderne de la route de la soie, qu'ils combattent. Ils s'appliquent à désarticuler le BRICS (Brésil, Inde, Chine, Russie, Afrique du Sud) (...). S'il existe une barrière naturelle avec la Chine de plusieurs milliers de kilomètres - l'océan Pacifique -, il n'en existe pratiquement aucune avec le Monde arabe, à l'exception de la mer Méditerranée. Une barrière dérisoire. L'Unité du Monde arabe va servir de levier à l'unité du Monde islamique. La conjonction de la triple menace de la Chine, de la Russie et du Monde arabo-musulman pourrait mettre en péril la civilisation occidentale. Pour cette raison les Etats-Unis s'opposeront à toute forme d'Unité Arabe». René Naba rappelait le 27 novembre 2017 sur son site Madaniya sous le titre «Centenaire Balfour : la Palestine cent ans après» que «l'implantation du Foyer National Juif en Palestine a été précédée de la colonisation par la France de l'Algérie en 1830, du protectorat de la France sur la Tunisie en 1881, du protectorat anglais sur l'Égypte en 1882. Les pays du Golfe ou «la servitude volontaire» Elle est concomitante du Mandat français sur la Syrie et le Liban en 1920 et du Mandat anglais sur l'Irak et la Palestine». Il constate que «Soixante-dix ans après l'indépendance des pays arabes, la présence militaire occidentale est plus forte qu'à l'époque coloniale. L'ensemble arabo-musulman est ainsi enserré dans un maillage, sans doute l'un des plus denses au monde». Qu'on en juge écrit-il encore : le Qatar abrite la base du Centcom, la plus importante base américaine du tiers-monde dont la zone de compétence s'étend de l'Afghanistan au Maroc et au Bahreïn, le QG de la Vème flotte américaine opérant dans la zone Golfe - océan Indien. Zone de pré positionnement des troupes américaines dans le Golfe, le Koweït sert de base arrière pour le ravitaillement stratégique des troupes combattantes américaines dans la zone. L'Arabie Saoudite abrite sur la base du prince Sultan, - dont la superficie excède la superficie de Paris, les avions radars Awacs - et le Maroc, la base aérienne de Kenitra pour la surveillance aérienne depuis la rive arabe du passage de Gibraltar. Enfin, le Sultanat d'Oman, sur l'île de Massirah relevant de sa souveraineté, une base aéronavale anglaise verrouille la jonction océan Indien - Golfe arabo-persique. Au passage, relevons que la quasi-totalité des monarchies arabes se trouvent en situation de subordination ou, pour être charitable, de «servitude volontaire» vis-à-vis des puissances occidentales. L'importance de l'implantation du Foyer National Juif en Palestine apparaît rétrospectivement ainsi comme un élément du maillage». Il explique qu'«au-delà de la théorie du vacuum, la stratégie occidentale a toujours cherché à découpler la zone du Golfe de la zone méditerranéenne du monde arabe, c'est-à-dire la zone d'abondance repue et docile de la zone de pénurie, découpler sa chasse gardée pétrolière de la turbulence de la démographie frondeuse de la Méditerranée, découpler les problèmes du Golfe arabo-persique du conflit israélo-arabe (...)». |