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De la Russie à la
Chine, les alliés de Nicolas Maduro
D'après les médias occidentaux, si la Russie et la Chine soutiennent le président Maduro, c'est en raison uniquement du pétrole. Il est vrai que pour la Russie avoir pied sur le continent américain est stratégiquement important. Il est vrai aussi que le soutien de la Chine et de la Russie représente la meilleure protection du gouvernement vénézuélien contre la tentation d'une intervention militaire nord-américaine : « Vladimir Poutine avait fermement mis en garde le président américain, Donald Trump, contre une telle option, assurant que la Russie réagirait à une «flagrante violation des normes fondamentales du droit international». La Chine s'est, à son tour, inquiétée à plusieurs reprises des «tentatives d'ingérence de pays étrangers dans les affaires intérieures» du Venezuela. Juan Guaido est conscient qu'il lui faut tenter de fissurer ces alliances (...) Mais il faudra probablement plus que des mots pour convaincre les dirigeants des deux pays. (...) Rosneft a ainsi acquis des participations dans au moins cinq champs pétroliers, et le droit exclusif d'exploiter deux gisements off-shore de gaz » (7). « En outre, PDVSA, la compagnie pétrolière nationale vénézuélienne, s'est engagé à lui céder 49 % de Citgo, sa très lucrative filiale nord-américaine, si elle n'arrivait pas à rembourser un prêt russe de près de deux milliards de dollars. En échange, la Russie a avancé plus de 17 milliards de dollars au régime chaviste depuis 2006, essentiellement à travers des prêts à PDVSA. Une grande partie a été remboursée en pétrole (...) Pékin a un intérêt économique similaire à soutenir le pouvoir en place. Depuis 2007, la Chine a prêté plus de 50 milliards de dollars au régime chaviste. Là encore, les largesses chinoises étaient motivées par les ressources pétrolières du pays sud-américain. «La Chine est le plus gros consommateur de pétrole au monde, et ses investissements au Venezuela étaient destinés à lui garantir une source d'approvisionnement sûre», souligne le site japonais The Diplomat, spécialisé dans les questions de géopolitique asiatique. Un arrangement qui a bien fonctionné durant le règne d'Hugo Chavez, mais dont les limites ont commencé à se faire sentir lorsque son successeur, Nicolas Maduro, n'a pas réussi à empêcher la descente aux enfers économiques du pays » (7). La réalité des relations Venezuela - Etats-Unis Sait on que 41 % du pétrole du Venezuela est vendu aux Etats-Unis ? « Le discours dominant des médias alternatifs écrit Andrew Korybko selon lequel Washington veut imposer un régime fantoche pro-américain au Venezuela pour contrôler tout le pétrole du pays n'a pas beaucoup de sens si l'on considère qu'elle achète déjà 41% des exportations totales d'après l'Agence de l'information énergétique sur le commerce énergétique entre les deux au 7 janvier 2019. Selon le rapport, les Etats-Unis sont le premier client du Venezuela, tandis que le Venezuela est le troisième plus gros fournisseur d'importations de pétrole brut des États-Unis, de sorte que Washington obtient déjà tout ce dont il a besoin de Caracas en l'état. En plus d'assurer un contrôle géopolitique total sur le bassin des Caraïbes et d'affronter idéologiquement le socialisme, les Etats-Unis veulent obtenir une influence prédominante sur le Venezuela afin de l'intégrer dans une structure parallèle de type OPEP pour contester l'arrangement conjoint OPEP + russo-saoudien selon les prévisions de l'auteur fin 2016 concernant la formation du cartel North American-South American Petroleum Exporting Countries (NASAPEC). Cette entité fonctionnerait comme la composante énergétique de la « forteresse américaine » et pourrait exercer une forte pression à long terme sur le marché pétrolier international aux dépens de la Russie et de l'Arabie saoudite. Si l'on ajoute à cela les plans d'investissement conjoints des États-Unis et du Qatar dans le GNL, il est clair que les États-Unis sont en train de faire un jeu de puissance mondial pour le contrôle de l'industrie mondiale de l'énergie, ce qui pourrait avoir des conséquences très négatives pour la Russie » (8). « Le risque potentiel poursuit Andrew Korybko, est que la Russie perde beaucoup de revenus à long terme si les États-Unis parviennent à maintenir les prix du pétrole et du gaz à un bas niveau, ce qui pourrait se combiner avec les coûts accrus associés à la nouvelle course aux armements provoquée par le retrait de Washington du Traité INF pour exercer une pression immense sur Moscou afin de « compromettre » son principal rival géopolitique(...) L'héritage ultime du président Poutine repose sur sa capacité à tenir les nombreuses promesses socio-économiques qu'il a faites à ses compatriotes au cours de sa campagne de réélection l'année dernière, même si toutes reposaient sur l'hypothèse que les futurs marchés du pétrole et du GNL resteraient stables et largement sous le contrôle de la Russie, ainsi que sur le fait que les progrès des missiles hypersoniques du pays pourraient empêcher le déclenchement d'une nouvelle et coûteuse course aux armes. Les mesures énergétiques et militaires américaines susmentionnées ont brisé ces présomptions et pourraient mettre en péril les plans soigneusement élaborés par le dirigeant russe pour améliorer les moyens d'existence de tous ses compatriotes même si, pour l'instant, le pire scénario est encore loin d'être certain, en attendant le résultat de la crise au Venezuela, ce qui explique pourquoi la Russie souhaite tant « faire office d'intermédiaire » entre son gouvernement et « son opposition ». (8) La destruction du Venezuela cache la bulle du gaz de schiste Pourquoi cette hâte inconvenante à faire sauter le Venezuela ? Pour Dimitri Orlov, l'explication est simple : il s'agit du pétrole. « Cela fera une grande différence pour les États-Unis sur le plan économique si les compagnies pétrolières américaines peuvent investir et produire du pétrole au Venezuela », a déclaré John Bolton dans une émission sur Fox News. Vous voyez, le pétrole vénézuélien ne peut être produit de façon rentable sans des prix élevés du pétrole ? si élevés que de nombreux consommateurs dépendant du pétrole feraient faillite ? mais il peut certainement être produit en quantités beaucoup plus importantes et avec d'énormes pertes financières. D'énormes pertes financières ne gêneraient certainement pas les compagnies pétrolières américaines qui ont jusqu'à présent généré une perte de 300 milliards de dollars en utilisant la fracturation hydraulique, financée par le pillage de l'épargne-retraite des Américains, en imposant aux générations futures une lourde dette et d'autres plans néfastes. (...) Les États-Unis sont déjà bien au-delà de la faillite, mais leurs dirigeants sont prêts à tout pour faire durer la fête pendant encore quelque temps » (9). « Voilà le vrai problème poursuit Dimitry Orlov. La plupart des puits les plus productifs ont déjà été exploités ; les nouveaux puits s'épuisent plus rapidement et produisent moins tout en coûtant plus cher ; les prochaines vagues de fracturation, si elles se produisaient, gaspilleraient 500 milliards de dollars, puis 1 000, puis 2 000... Le rythme de forage ralentit déjà et a commencé à ralentir même lorsque les prix du pétrole étaient encore élevés. Pendant ce temps, le pic de production de pétrole conventionnel (non fracturé) a eu lieu en 2005-2006 et seuls quelques pays n'ont pas encore atteint leur pic. La Russie a annoncé qu'elle commencerait à réduire sa production dans seulement deux ans et l'Arabie saoudite n'a plus de capacité disponible ». (9) Une pénurie de pétrole assez importante s'annonce, et elle affectera plus particulièrement les États-Unis, qui brûlent 20% du pétrole mondial (avec seulement 5% de la population mondiale). Une fois l'effondrement survenu, les États-Unis passeront de 2,5 millions de barils par jour devant être importés à au moins 10 millions de barils devant être importés, mais ce pétrole n'existera plus. Auparavant, les États-Unis étaient capables de résoudre ce problème en faisant exploser des pays et en volant leur pétrole : la destruction de l'Irak et de la Libye a permis aux compagnies pétrolières américaines de se remettre sur pied pendant un certain temps et a empêché l'effondrement du système financier. Auparavant, les États-Unis avaient eu recours à diverses ruses pour légitimer leur agression contre les pays riches en pétrole et le vol subséquent de leurs ressources naturelles. Il y avait cette fiole de talc hautement toxique que Colin Powell a secouée à l'ONU pour que le Conseil de sécurité vote en faveur de la destruction de l'Irak et du vol de son pétrole. Il y a eu l'histoire inventée d'atrocités humanitaires en Libye pour obtenir les votes en faveur d'une zone d'exclusion aérienne Mais avec le Venezuela, il n'y a pas de feuille de vigne. (...) » (9) Un autre exemple de géostratégie de la force : Le Nord Stream 2 De par le monde le slogan « America first » est plus que jamais d'actualité. On remarque que les Américains sont aussi à la manoeuvre pour asphyxier l'Europe en lui interdisant d'acheter du gaz russe ; globalement l'Europe s'exécute On sait que le Nord Strame 2 est un projet russo-allemand que la France sur instruction menace de torpiller C'est confirmé. La France va faire faux-bond à l'Allemagne sur le Nord Stream 2 . Philippe Sébille-Lopez, analyste au cabinet Géopolia. écrit «Nous ne voulons pas renforcer notre dépendance vis-à-vis de la Russie, nous ne voulons pas nuire aux intérêts des pays de l'UE comme la Pologne et la Slovaquie». Pour Philippe Sébille-Lopez, les principaux arguments avancés par Paris selon l'article du Süddeutsche Zeitung- à savoir de ne pas faire faux-bond à nos partenaires européens de l'Est- seraient peu justifiés dès lors que le choix de la Pologne en faveur du GNL américain est lui aussi politique. (...)Un choix de Varsovie «clairement dans la stratégie de Washington», visant à réduire la dépendance au gaz russe avec du GNL américain, «quitte à en payer le prix en termes économiques puisque le GNL américain devrait être plus cher que le gaz russe acheminé par gazoduc» ajoute notre intervenant. « On peut comprendre que le président autrichien accuse les USA de traiter l'UE «comme des colonies» La dépendance au gaz russe est régulièrement mise en avant, notamment par plusieurs ambassadeurs américains en Europe. Depuis plusieurs semaines, ils ont multiplié les avertissements et même les menaces à l'encontre des entreprises européennes qui continueraient à participer à la construction du gazoduc, si celui-ci n'était pas annulé » (10). La réalité économique du Venezuela S'il est connu que l'Occident cherche à tout prix par une diabolisation excessive un changement de pouvoir, il n'en demeure pas moins vrai que la situation économique est très délicate. Selon la Professeur Rhoda E. Howard-Hassmann le Venezuela est au bord du chaos. C'est la famine ! Nous rapportons ses propos : « Début février, le groupe de Lima, a appelé à l'acheminement urgent de l'aide humanitaire et aux gouvernements internationaux de s'abstenir de faire des affaires avec la nation «dans le pétrole, l'or et d'autres actifs». En novembre 2018, trois millions de personnes avaient fui le Venezuela, principalement à cause de la pénurie de nourriture et de médicaments. Cela représente près de 10% des 32 millions d'habitants que compte le Venezuela. À la mi-2017, 60% de la population vivait dans une pauvreté extrême. Au début de 2018, plus de la moitié des Vénézuéliens avaient subi une perte de poids importante et 90% ont déclaré qu'ils n'avaient pas assez d'argent pour se nourrir » (11). Pour la professeur Rhoda E. Howard-Hassmann : « la pénurie de nourriture est une conséquence prévisible des politiques que l'ancien président du Venezuela, Hugo Chávez et Maduro, ont imposées au cours des deux dernières décennies. Chávez a été élu président du Venezuela en 1999. Il a essayé de distribuer de la nourriture aux Vénézuéliens pauvres et, de 1999 à 2007, les conditions de vie de la population se sont améliorées. Alors que les pénuries alimentaires commençaient à se faire sentir, Chávez a utilisé les revenus générés par la société pétrolière publique Petróleos de Venezuela (PDVSA) pour importer des denrées alimentaires, au lieu de laisser PDVSA conserver ses revenus pour pouvoir réinvestir dans les infrastructures Avec le déclin des infrastructures et des gestionnaires incompétents, la production de pétrole du Venezuela a chuté. Dans le même temps, le prix international du pétrole a baissé. Les recettes pétrolières ne pourraient donc pas être utilisées pour financer les importations de produits alimentaires afin de remplacer celles qui ne sont plus produites à la maison. La combinaison de la réduction de la production et de la réduction des importations a permis aux pénuries alimentaires de commencer dès 2007. Les disponibilités alimentaires ont encore diminué au cours des dernières années. Chávez est décédé en 2013. Il a été remplacé par Nicolás Maduro, qui a poursuivi et intensifié la politique de Chávez. » (11) « En 2017, la malnutrition a, déclenchant les troubles politiques qui secouent actuellement le pays. L'approvisionnement alimentaire est maintenant fortement contrôlé par le marché noir. Il est également contrôlé par des hommes d'affaires corrompus qui retardent la libération des aliments importés pour faire monter les prix. Ces hommes d'affaires sont souvent des militaires, qui sont aussi les copains de Maduro (...) Parmi les nombreuses violations des droits de l'homme et crimes contre l'humanité mentionnés, il y avait «la violation du droit de jouir du plus haut niveau de santé possible et d'une nourriture suffisante». (...) Dans l'intervalle, comme l'empereur Néron tripotant Rome pendant qu'elle est incendiée, Maduro continue de tripoter l'économie du Venezuela. Il impose arbitrairement des dévaluations monétaires et des augmentations salariales ridiculement basses (11). Et en Algérie ? Voilà la réalité de la géopolitique de l'énergie. Mutatis mutandis nous vivons la même situation . Un pouvoir qui depuis vingt ans n'a pas permit la sortie de la rente , plus dépendant que jamais des convulsions erratiques d'un baril de pétrole. Un gouvernement qui achète la paix sociale par des subventions tous azimuts qui fait dans le social, ne crée pas de richesse et qui arrive aux mêmes travers , la corruption, la fragilisation de la compagnie nationale. Nous donnons l'impression que nous sommes des «clandestins» «spectateurs» de notre destin qui grapillons à la marge, au jour le jour sans vision d'avenir ! Le monde avance vite dans tous les domaines (science puissance technologie et économie de la connaissance). En Algérie nous stagnons en nous installant dans les temps morts tout en priant que la rente continue a couvrir notre gabegie. C'est le sort des pays rentiers en errance car il n'y a pas de vision du futur. Nous ne sommes pas invulnérables ! On peut très bien penser à un scénario à la vénézuelienne si les prix du pétrole continuent à ce rythme. Le bas de laine pouvant descendre à moins de 30 milliards d'ici 2022. Si de plus nous ne maitrisons pas la dépense Nous aurons des inflations à deux voire trois chiffres Nous serons alors mûrs pour l'occupation multiforme. Nous avons besoin de changer totalement de paradigme. Le monde actuel nous commande d'avoir un cap non pas pour perpétuer un système de gouvernance qui a atteint ses limites mais pour préparer un futur pour cette jeunesse en panne d'espérance et qui ne demande qu'à donner la pleine mesure de son talent C'est dire si les défis sont immenses ! *Professeur 7.https://www.france24.com/fr/20190208-russie-chine-venezuela-alliance-limite-maduro-guaido 8.Andrew Korybko http://lesakerfrancophone.fr/pourquoi-les-etats-unis-voudraient-ils-du-petrole-du-venezuela 9.Dmitry Orlov http://lesakerfrancophone.fr/pourquoi-le-venezuela-doit-il-etre-detruit 10.https://fr.sputniknews.com/international/201902071039945277-Macron-Allemagne-gazoduc-NordStream2/ 11.https://theconversation.com/venezuela-denial-of-food-is-a-human-rights-crime-110832 |